ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"793"> vîte. Mâcher se dit au figuré. Je lui ai donné sa besogne toute mâchée. Il y a des peuples septentrionaux qui tuent leurs peres quand ils n'ont plus de dents. Un habitant de ces contrées demandoit à un des nôtres ce que nous faisions de nos vieillards quand ils ne mâchoient plus. Il auroit pû lui répondre, nous mâchons pour eux. Il ne faut quelquefois qu'un mot frappant qui reveille dans un souverain le sentiment de l'humanité, pour lui faire reconnoître & abolir des usages barbares.

Macher son mors (Page 9:793)

Macher son mors, (Maréchal.) se dit d'un cheval qui remue son mors dans sa bouche, comme s'il vouloit le mâcher. Cette action attire du cerveau une écume blanche & liée, qui témoigne qu'il a de la vigueur & de la santé, & qui lui humecte & rafraîchit continuellement la bouche.

MACHEROPSON (Page 9:793)

MACHEROPSON, s. m. (Hist. anc.) voyez Machaera.

MACHETTE (Page 9:793)

MACHETTE, (Ornith.) voyez Hulotte.

MACHICOULIS ou MASSICOULIS (Page 9:793)

MACHICOULIS ou MASSICOULIS, s. m. sont en termes de Fortification, des murs dont la partie extérieure avance d'environ 8 ou 10 pouces sur l'inférieure; elle est soutenue par des especes de suports de pierre de taille, disposés de maniere qu'entre leurs intervalles on peut découvrir le pié du mur sans être découvert par l'ennemi. Ces machicoulis étoient fort en usage dans l'ancienne fortification. Dans la nouvelle on s'en sert quelquefois aux redoutes de maçonnerie, placées dans des endroits éloignés des places: comme ces sortes d'ouvrages ne sont pas flanqués, l'ennemi pourroit les détruire aisément par la mine, si l'accès du pié du mur lui étoit permis; c'est un inconvénient auquel on remédie par les machicoulis. Voyez Redoutes a machicoulis. On n'emploie pas cet ouvrage dans les lieux destinés à resister au canon, mais dans les forts qu'on veut conserver & mettre à l'abri des partis.

MACHIAN (Page 9:793)

MACHIAN, (Géog.) l'une des îles Moluques, dans l'Océan oriental: elle a environ 7 lieues de tour. Long. 144. 50. lat. 16. (D. J.)

MACHIAVELISME (Page 9:793)

MACHIAVELISME, s. m. (Hst. de la Philos.) espece de politique détestable qu'on peut rendre en deux mots, par l'art de tyranniser, dont Machiavel le florentin a répandu les principes dans ses ouvrages.

Machiavel fut un homme d'un génie profond & d'une érudition très - variée. Il sut les langues anciennes & modernes. Il posséda l'histoire. Il s'occupa de la morale & de la politique. Il ne négligea pas les lettres. Il écrivit quelques comédies qui ne sont pas sans mérite. On prétend qu'il apprit à regner à César Borgia. Ce qu'il y a de certain, c'est que la puissance despotique de la maison des Médicis lui fut odieuse, & que cette haine, qu'il étoit si bien dans ses principes de dissimuler, l'exposa à de longues & cruelles persécutions. On le soupçonna d'être entré dans la conjuration de Soderini. Il fut pris & mis en prison; mais le courage avec lequel il resista aux tourmens de la question qu'il subit, lui sauva la vie. Les Médicis qui ne purent le perdre dans cette occasion, le protégerent, & l'engagerent par leurs bienfaits à écrire l'histoire. Il le fit; l'expérience du passé ne le rendit pas plus circonspect. Il trempa encore dans le projet que quelques citoyens formerent d'assassiner le cardinal Jules de Médicis, qui fut dans la suite élevé au souverain pontificat sous le nom de Clément VII. On ne put lui opposer que les éloges continuels qu'il avoit fait de Brutus & Cassius. S'il n'y en avoit pas assez pour le condamner à mort, il y en avoit autant & plus qu'il n'en falloit pour le châtier par la perte de ses pensions: ce qui lui arriva. Ce nouvel échec le précipita dans la misere, qu'il supporta pendant quelque tems. Il mourut à l'âge de 48 ans, l'an 1527, d'un médicament qu'il s'administra lui même comme un préservatif contre la maladie. Il laissa un fils appellé Luc Machiavel. Ses derniers discours, s'il est permis d'y ajoûter foi, furent de la derniere impiété. Il disoit qu'il aimoit mieux être dans l'enfer avec Socrate, Alcibiade, César, Pompée, & les autres grands hommes de l'antiquité, que dans le ciel avec les fondateurs du christianisme.

Nous avons de lui huit livres de l'histoire de Florence, sept livres de l'art de la guerre, quatre de la répuplique, trois de discours sur Tite - Live, la vie de Castruccio, deux comédies, & les traités du prince & du sénateur.

Il y a peu d'ouvrages qui ait fait autant de bruit que le traité du prince: c'est - là qu'il enseigne aux souverains à fouler auxpiés la religion, les regles de la justice, la sainteté des pacts & tout ce qu'il y a de sacré, lorsque l'intérêt l'exigera. On pourroit intituler le quinzieme & le vingt - cinquieme chapitres, des circonstances où il convient au prince d'être un scélérat.

Comment expliquer qu'un des plus ardens défenseurs de la monarchie soit devenu tout - à - coup un infâme apologiste de la tyrannie? le voici. Au reste, je n'expose ici mon sentiment que comme une idée qui n'est pas tout - à - fait destituée de vraissemblance. Lorsque Machiavel écrivit son traité du prince, c'est comme s'il eût dit à ses concitoyens, lisez bien cet ouvrage. Si vous acceptez jamais un maître, il sera tel que je vous le peins: voilà la bête féroce à laquelle vous vous abandonnerez. Ainsi ce fut la faute de ses contemporains, s'ils méconnurent son but: ils prirent une satyre pour un éloge. Bacon le chancelier ne s'y est pas trompé, lui, lorsqu'il a dit: cet homme n'apprend rien aux tyrans. ils ne savent que trop bien ce qu'ils ont à faire, mais il instruit les peuples de ce qu'ils ont à redouter. Est quod gratias agamus Machiavello & hujus modi scriptoribus, qui apertè & indissimulanter proferunt quod homines facere soleant, non quod debeant. Quoi qu'il en soit, on ne peut guère douter qu'au moins Machiavel n'ait pressenti que tôt ou tard il s'éleveroit un cri général contre son ouvrage, & que ses adversaires ne réussiroient jamais à démontrer que son prince n'étoit pas une image fidele de la plûpart de ceux qui ont commandé aux hommes avec le plus d'éclat.

J'ai oui dire qu'un philosophe interrogé par un grand prince sur une réfutation qu'il venoit de publier du machiavelisme, lui avoit répondu: « sire, je pense que la premiere leçon que Machiavel eût donné à son disciple, c'eût été de réfuter son ouvrage ».

MACHIAVELISTE (Page 9:793)

MACHIAVELISTE, s. m. (Gramm. & Moral.) homme qui suit dans sa conduite les principes de Machiavel, qui consistent à tendre à ses avantages particuliers par quelques voies que ce soit. Il y a des Machiavelistes dans tous les états.

MACHICATOIRE (Page 9:793)

MACHICATOIRE, s. m. (Gramm. & Méd.) toute substance médicamenteuse qu'on ordonne à un malade de tenir dans sa bouche, & de mâcher, soit qu'il en doive avaler, soit qu'il en doive rejetter le suc. Le tabac est un machicatoire.

MACHICORE (Page 9:793)

MACHICORE, (Géog.) grand pays de l'île de Madagascar: sa longueur peut avoir, selon Flacourt, 70 lieues de l'est à l'ouest, & autant du nord au sud; il a environ 50 lieues de large; mais tout ce pays des Machicores a été ruiné par les guerres, sans qu'on l'ait cultivé depuis. Les habitans vivent dans les bois, & se nourrissent de racines, & des boeufs sauvages qu'ils peuvent attraper. (D. J.)

MACHICOT (Page 9:793)

MACHICOT, s. m. (Hist. eccles.) c'est, dit le dictionnaire de Trévoux, un officier de l'église de Notre - Dame de Paris, qui est moins que les bénéficiers, & plus que les chantres à gage. Ils portent chappe aux fêtes semi - doubles, & tiennent choeur. [p. 794] De machicot on a fait le verbe machicoter, qui signifie altérer le chant, soit en le rendant plus léger, soit en le rendant plus simple ou plus composé, soit en prenant les notes de l'accord, en un mot en ajoûtant de l'agrément à la mélodie & à l'harmonie.

MACHINAL (Page 9:794)

MACHINAL, adj. (Gram.) ce que la machine exécute d'elle - même, sans aucune participation de notre volonté: deux exemples suffiront pour faire distinguer le mouvement machinal, du mouvement qu'on appelle libre ou volontaire. Lorsque je fais un faux pas, & que je vais tomber du côté droit, je jette en avant & du côté opposé mon bras gauche, & je le jette avec la plus grande vîtesse que je peux; qu'en arrive - t - il? C'est que par ce moyen non réfléchi je diminue d'autant la force de ma chûte. Je pense que cet artifice est la suite d'une infinité d'expériences faites dès la premiere jeunesse, que nous apprenons sans presque nous en appercevoir, à tomber le moins rudement qu'il est possible dès nos premiers ans, & que ne sachant plus comment cette habitude s'est formée, nous croyons, dans un âge plus avancé, que c'est une qualité innée de la machine; c'est une chimere que cette idée. Il y a sans doute actuellement quelque femme dans la société, déterminée à s'aller jetter ce soir entre les bras de son amant, & qui n'y manquera pas. Si je suppose cent mille femmes tout - à - fait semblables à cette premiere femme, de même âge, de même état, ayant des amans tous semblables, le même tempérament, la même vie antérieure, dans un espace conditionné de la même maniere; il est certain qu'un être élevé au - dessus de ces cent mille femmes les verroit toutes agir de la même maniere, toutes se porter entre les bras de leurs amans, à la même heure, au même moment, de la même maniere: une armée qui fait l'exercice & qui est commandée dans ses mouvemens; des capucins de carte qui tombent tous les uns à la file des autres, ne se ressembleroint pas davantage; le moment où nous agissons paroissant si parfaitement dépendre du moment qui l'a précédé, & celui - ci du précédent encore; cependant toutes ces femmes sont libres, & il ne faut pas confondre leurs actions quand elles se rendent à leurs amans, avec leur action, quand elles se secourent machinalement dans une chûte. Si l'on ne faisoit aucune distinction réelle entre ces deux cas, il s'ensuivroit que notre vie n'est qu'une suite d'instans nécessairement tels, & nécessairement enchaînés les uns aux autres; que notre volonté n'est qu'un acquiescement nécessaire à être ce que nous sommes nécessairement dans chacun de ces instans, & que notre liberté est un mot vuide de sens: mais en examinant les choses en nous - mêmes, quand nous parlons de nos actions & de celles des autres, quand nous les louons ou que nous les blamons, nous ne sommes certainement pas de cet avis.

MACHINATION (Page 9:794)

MACHINATION, (Droit françois.) La machination est une action par laquelle on dresse une embuche à quelqu'un, pour le surprendre par adresse, ou par artifice; l'attentat est un outrage & violence qu'on fait à quelqu'un. Suivant l'ordonnance de Blois, il faut pour établir la peine de l'assassinat, réunir la machination & l'attentat; « nous voulons, dit l'ordonnance, la seule machination & attentat, être punis de peine de mort la conjonction &, est copulative: mais selon l'ordonnance criminelle, pour être puni de la peine de l'assassinat, la machination seule suffit, encore qu'il n'y ait eû que la seule machination, ou le seul attentat; ou, est une conjonction disjonctive & alternative.

Suivant donc la jurisprudence de France, il n'est pas nécessaire que l'assassin ait attenté immédiatement à la vie de celui qui est l'objet de son dessein criminel, il suffit qu'il ait machiné l'assassinat. En con<cb-> séquence, par arrêt du parlement, un riche juif ayant engagé son valet à donner des coups de bâton à un joueur d'instrumens, amant de sa maîtr esse, ils furent tous deux condamnés à être roués, ce qui fut exécuté réellement à l'égard du valet, & en effigie à l'égard du maître: on punit donc alors la machination, qui n'avoit été suivie d'aucun attentat. M. de Montesquieu fait voir que cette loi est trop dure. (D. J.)

MACHINE (Page 9:794)

MACHINE, s. f. (Hydraul.) Dans un sens général signifie ce qui sert à augmenter & à regler les forces mouvantes, ou quelque instrument destiné à produire du mouvement de façon à épargner ou du tems dans l'exécution de cet effet, ou de la force dans la cause. Voyez Mouvement & Force.

Ce mot vient du grec MHXANH/, machine, invention, art. Ainsi une machine consiste encore plûtôt dans l'art & dans l'invention que dans la force & dans la solidité des matériaux.

Les machines se divisent en simples & composées; il y a six machines simples auxquelles toutes les autres machines peuvent se réduire, la balance & le levier, dont on ne fait qu'une seule espece, le treuil, la poulie, le plan incliné, le coin & la vis. Voyez Balance, Levier, &c. On pourroit même réduire ces six machines à trois, le levier, le plan incliné & le coin; car le treuil & la poulie se rapportent au levier, & la vis au plan incliné & au levier. Quoi qu'il en soit, à ces six machines simples M. Varignon en ajoute une septieme qu'il appelle machine funiculaire, voyez Funiculaire.

Machine composée, c'est celle qui est en effet composée de plusieurs machines simples combinées ensemble.

Le nombre des machines composées est à - présent presqu'infini, & cependant les anciens semblent en quelque maniere avoir surpassé de beaucoup les modernes à cet égard; car leurs machines de guerre, d'architecture, &c. telles qu'elles nous sont décrites, paroissent supérieures aux nôtres.

Il est vrai que par rapport aux machines de guerre, elles ont cessé d'être si nécessaires depuis l'invention de la poudre, par le moyen de laquelle on a fait en un moment ce que les béliers des anciens & leurs autres machines avoient bien de la peine à faire en plusieurs jours.

Les machines dont Archimede se servit pendant le siége de Syracuse, ont été fameuses dans l'antiquité; cependant on révoque en doute aujourd'hui la plus grande partie de ce qu'on en raconte. Nous avons de très - grands recueils de machines anciennes & modernes, & parmi ces recueils, un des principaux est celui des machines approuvées par l'académie des Sciences, imprimé en 6 volumes in - 4°. On peut aussi consulter les recueils de Ramelli, de Lupold, & celui des machines de Zabaglia, homme sans lettres, qui par son seul génie a excellé dans cette partie.

Machine architectonique est un assemblage de pieces de bois tellement disposées, qu'au moyen de cordes & de poulies un petit nombre d'hommes peut élever de grands fardeaux & les mettre en place, telles sont les grues, les crics, &c. Voyez Grue, Cric, &c.

On a de la peine à concevoir de quelles machines les anciens peuvent s'être servis pour avoir élevé des pierres aussi immenses que celles qu'on trouve dans quelques bâtimens anciens.

Lorsque les Espagnols firent la conquête du Pérou, ils furent surpris qu'un peuple qu'ils croyoient sauvage & ignorant, fût parvenu à élever des masses énormes, à bâtir des murailles dont les pierres n'étoient pas moindres que de dix piés en quarré, sans avoir d'autres moyens de charrier qu'à force de bras,

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