ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"757"> les vertus mêmes des payens sont des crimes; que nous ne sommes justes que par l'imputation des mérites & de la justice de Jesus - Christ. Il blâmoit le jeune & l'abstinence de la viande, les voeux monastiques & le célibat des personnes consacrées à Dieu.

Il est sorti du luthéranisme trente neuf sectes toutes différentes; savoir les Confessionistes appellés Miricains, les Antinomiens, les Samosatenses, les Inferains, les Antidiaphoristes, les Antisw enkfeldiens, les Antosandrins, les Anticalvinistes, les Imposeurs des mains, les Bissacramentaux, les Trisacramentaux, les Confessionistes, les Mous - philosophes, les Maionistes, les Adiaphoristes, les Quadrisacramentaux, les Luthero - Calvinistes, les Anmétistes, les Mediosandrins, les Confessionistes opiniâtres & Récalcitrants, les Sufeldiens, les Onandrins, les Stanoan riens, les Antisancariens, les Zuingliens simples, les Zuingliens significatifs, les Carlostatiens, les Tropistes évargiques, les Arrabonaires, les Sucéfeldiens spirituels, les Servetiens, les Davitiques ou Davidi - Georgiens, & les Memnonites. Jovet, tome I. p. 475. Dictionn. de Trévoux.

LUTHÉRIEN (Page 9:757)

LUTHÉRIEN, (Théol.) celui qui suit, qui professe le luthéranisme, les sentimens de Luther. Voyez Luthéranisme.

Les Luthériens sont aujourd'hui de tous les Protestans les moins éloignés de l'Eglise catholique; ils sont divisés en plusieurs sectes, dont les principales se trouvent aux articles suivans, & à leur rang dans le cours de cet ouvrage.

Luthérien mitigé, celui qui a adouci la doctrine de Luther, ou qui suit la doctrine de Luther adoucie. Melanchthon est le premier des luthériens mitigés.

Luthérien relaché, c'est un des noms que l'on donna à ceux qui suivirent l'interim & qui firent trois partis différens, celui de Melanchthon, celui de Pacius ou Pefessinger, & de l'université de Léipsic, & celui des théologiens de Franconie. Voyez Interim & Adiaphoristes.

Luthérien rigide, celui qui soutient encore l'ancien luthéranisme de Luther & des premiers luthériens.

Il n'y a, principalement sur la prédestination & la grace, plus ou presque plus de luthériens rigices. Le chef des luthériens rigides fut Flaccius Illyricus. le premier des quatre auteurs de l'histoire ecclé iastique divisée en centuries, & connue sous le nom de centuries ou centuriateurs de Magdebourg. Il ne pouvoit souffrir que l'on apportât quelque changement à la doctrine de Luther.

Luthero - Calviniste, celui ou celle qui soutient les opinions de Luther conjointement avec celles de Calvin, autant qu'on peut les concilier, ce qui est impossible en quelques points, sur - tout sur la présence réelle.

Luthero - Osiandrien, celui ou celle qui fait un mélange de la doctrine de Luther & de Luc Osiander.

Luthero - Papiste, c'est le nom qu'on a donné aux luthériens qui se servoient d'excommunication contre les sacramentaires.

Luthero - Zuinglien, celui ou celle qui mêle les dogmes de Zuingle à ceux de Luther.

Les Luthero - Zuingliens eurent pour chef Martin Bucer, de Schelestadt en Alsace, où il naquit en 1491, & qui, de dominicain qu'il étoit, se fit, par une double apostasie, comme disent les Catholiques, luthérien.

Les Luthero - Zuingliens firent moins un mélange de la doctrine de Luther & de Zuingle, qu'une société de luthériens & de zuingliens qui se toléroient mutuellement, & convinrent ensemble de souffrir les dogmes les uns des autres. Dictionn. de Trévoux.

Luthérien (Page 9:757)

Luthérien, s. m. On appelle, en terme d'arts, luthérien un joueur de luth. Il n'y a jamais eu en cette partie d'homme plus fameux & plus distingué qu'Anaxenor. Non - seulement les citoyens de Thiane lui rendirent des honneurs extraordinaires, mais Marc - Antoine, qui étoit enchanté des talens de cet artiste, lui donna des gardes & le revenu de quatre villes: enfin après sa mort on lui fit dresser une statue. Voyez pour preuve Strabon, liv. XXIV.

Jacob, connu sous le nom du Polonois, a été regardé comme le premier joueur de luth du xvij. siecle. Ballard imprima quantiré de pieces de sa composition, parmi lesquelles les gaillardes sont celles que les Musiciens estiment davantage.

Les Gautiers marcherent sur les traces du Polonois, & ont été les derniers joueurs de luth de réputation. La difficulté de bien toucher cet instrument de musique à cordes, & son peu d'usage dans les concerts, l'ont fait abandonner. On lui a préféré le violon, qui est plus facile à manier, & qui produit d'ailleurs des sons plus agréables, plus cadencés & plus harmonieux. (D. J.)

LUTIN (Page 9:757)

LUTIN, s. m. (Hist. des superst.) Un lutin est, dans l'esprit des gens superstitieux, un esprit malin, inquiétant, nuisible, qui ne paroît que de nuit, pour tourmenter & faire du mal, du dégât, du désordre.

Les noms de lutin, de phantôme, de spectre, de revenant & autres semblables, abondent dans les pays à proportion de leur stupidité & de leur barbarie. C'est pour cela qu'autrefois il y avoit dans presque toutes les villes du royaume, des noms particuliers des lutins de chacune de ces villes, dont on se servoit encore plus malheureusement pour faire peur aux enfans. C'étoit le moine bouru à Paris, la mala - bestia à Toulouse, le mulet - odet à Orléans, le loup - garou à Blois, le roi Hugon à Tours, Fortépaule à Dijon, &c. On faisoit de ces noms ridicules l'épouventail des femmellettes, ainsi que le cannevas de mille fables absurdes; & il faut bien que cela fût très - répandu, puisque M. de Thou n'a pas dédaigné d'en parler dans son histoire. Ce qui prouve que nous vivons dans des tems plus éclairés, c'est que tous ces noms ont disparu: rendons en grace à la Philosophie, aux études & aux gens de lettres. (D. J.)

LUTRIN (Page 9:757)

LUTRIN, s. m. terme d'église, pupitre sur lequel on met les livres d'église, & auprès duquel les chantres s'assemblent; mais ce mot est principalement consacré au pupitre, qui est placé au milieu du choeur. Nos peres l'ont appellé leteri, lettri, létrin, du mot grec LID=TRON, dit du Cange, parce que c'étoit le lieu où on lisoit l'évangile. Entre les beautés de détail dont est rempli le poëme du lutrin de M. Despréaux, on doit compter celle de la description du lutrin même. Le poëte, après avoir parlé du choeur de l'église, ajoute:

Sur ce rang d'ais serrés qui forment sa clôture, Fut jadis un lutrin d'inégale structure, Dont les flancs élargis de leur vaste contour Ombrageoient pleinement tous les lieux d'alentour: Derriere ce lutrin, ainsi qu'au fond d'un antre, A peine sur son banc on discernoit le chantre; Tandis qu'à l'autre banc, le prélat radieux Découvert au grand jour, attiroit tous les yeux, &c.

Boileau pouvoit se vanter d'avoir le talent d'annoblir en poésie les choses les plus communes, & c'est en cela, c'est dans le choix des termes & des tours que consiste son grand mérite. (D. J.)

LUTTE (Page 9:757)

LUTTE, s. f. (Art gymnastique.) combat de deux hommes corps à corps, pour éprouver leur force & voir qui terrassera son adversaire.

C'étoit un des plus illustres exercices palestriques des anciens. Les Grecs, qui l'ont cultivé avec le plus de soin & qui l'ont porté à la plus haute perfection, le nommoient PALH, mot que nos Grammairiens modernes dérivent de PALLEI=N, secouer, agiter, ou de PALOS2, de la boue, à cause de la poussiere dont [p. 758] se frottoient les lutteurs: du - moins les autres étymologies rapportées par Plutarque ne sont pas plus heureuses. Quant au mot lucta des Latins, on ne sait s'il vient de lucere pris au sens de solvere, résoudre, relâcher, ou de luxare, démettre, déboëter, ou de quelqu'autre source.

Mais sans nous arrêter à ces futilités, recherchons l'origine de la lutte & ses préparatifs: après cela nous indiquerons les principales especes de luttes & les descriptions qui nous en restent; ensuite nous déterminerons en quel tems les lutteurs furent admis aux jeux publics de la Grece; enfin nous repasserons en revûe ceux qui s'y sont le plus distingués. Les auteurs latins de l'art gymnastique ont épuisé cette matiere; mais M. Burette en particulier l'a traitée dans les mémoires de Littérature avec le plus de netteté & l'érudition la plus agréable: il va nous prêter ses lumieres.

La lutte chez les Grecs, de même que chez les autres peuples, ne se montra dans ses commencemens qu'un exercice grossier, où la pesanteur du corps & la force des muscles avoient la meilleure part. Les hommes les plus robustes & de la taille la plus avantageuse, étoient presque sûrs d'y vaincre, & l'on ne connoissoit point encore la supériorité que pouvoit donner dans cette espece de combat beaucoup de souplesse & de dextérité jointes à une force médiocre.

La lutte considérée dans cette premiere simplicité, peut passer pour un des plus anciens exercices ou des premieres manieres de se battre; car il est à croire que les hommes devenus ennemis les uns des autres, ont commencé par se colleter & s'attaquer à coups de poings, avant que de mettre en oeuvre des armes plus offensives. Telle étoit la lutte dans les siecles héroïques & fabuleux de la Grece, dans ces tems feconds en hommes féroces, qui n'avoient d'autres lois que celle du plus fort.

On reconnoît à ce portrait ces fameux scélérats qui infestoient, par leurs brigandages, les provinces de la Grece, & dont quelques - uns contraignoient les voyageurs à lutter contr'eux, malgré l'inégalité de leurs forces, & les tuoient après les avoir vaincus. Hercule & Thésée travaillerent successivement à purger la terre de ces monstres, employant d'ordinaire pour les vaincre & pour les punir, les mêmes moyens dont ces barbares s'étoient servis pour immoler tant de victimes à leur cruauté. C'est ainsi que ces deux héros vainquirent à la lutte Antée & Cercyon, inventeurs de ce combat, selon Platon, & auxquels il en coûta la vie pour avoir osé se mesurer contre de si redoutables adversaires.

Thésée fut le premier, au rapport de Pausanias, qui joignit l'adresse à la force dans la lutte, & qui établit des écoles publiques appellées palestres, où des maîtres l'enseignoient aux jeunes gens. Comme cet exercice fit partie des jeux isthmiques, rétablis par ce héros, & qu'il fut admis dans presque tous ceux que l'on célébroit en Grece & ailleurs, les athletes n'oublierent rien pour s'y rendre habiles; & le desir de remporter les prix les rendit ingénieux à imaginer de nouvelles ruses & de nouveaux mouvemens, qui en perfectionnant la lutte les missent en état de s'y distinguer. Ce n'est donc que depuis Thésée que la lutte, qui avoit été jusqu'alors un exercice informe, fut réduite en art, & se trouva dans tout son lustre.

Les frictions & les onctions, si communes dans les gymnases, parurent être dans l'art athlétique des préparatifs admirables pour ce combat en particulier. Comme il étoit question dans la lutte de faire valoir toute la force & toute la souplesse des membres, on eut recours aux moyens les plus efficaces pour réunir ces deux qualités. Les frictions en ou<cb-> vrant les pores & en facilitant la transpiration, rendent la circulation du sang plus rapide, & procurent en même tems une distribution plus abondante des esprits animaux dans tous les muscles du corps. Or l'on sait que la force de ces organes dépend de cette abondance, jointe à la fermeté du tissu des fibres; d'un autre côté, les onctions qui succédoient aux frictions produisoient deux bons effets: l'un d'empêcher, en bouchant les pores, une trop grande dissipation d'esprits, qui eût bientôt mis les athletes hors de combat; l'autre de donner aux muscles, à leurs tendons, & aux ligamens des jointures, une plus grande flexibilité, & par - là de prévenir la rupture de quelques - unes de ces parties dans les extensions outrées auxquelles la lutte les exposoit.

Mais comme ces onctions, en rendant la peau des lutteurs trop glissante, leur ôtoit la facilité de se colleter & de se prendre au corps avec succès, ils remédioient à cet inconvénient, tantôt en se roulant dans la poussiere de la palestre, ce que Lucien exprime plaisamment en disant, les uns se vautrent dans la boue comme des pourceaux, tantôt en se couvrant réciproquement d'un sable très - fin, reservé pour cet usage dans les xistes & sous les portiques des gymnases. Ceux - ci, ajoute le même Lucien & dans le même style, prenant le sable qui est dans cette fosse, se le jettent les uns aux autres comme des coqs. Ils se frottoient aussi de poussiere après les onctions, pour essuyer & sécher la sueur dont ils se trouvoient tout trempés au fort de la lutte, & qui leur faisoit quitter prise trop facilement. Ce moyen servoit encore à les préserver des impressions du froid; car cet enduit de poussiere mêlé d'huile & de sueur, empêchoit l'air de les saisir, & mettoit par - là ces athletes à couvert des maladies ordinaires à ceux qui se refroidissent trop promptement après s'être fort échauffés.

Les lutteurs ainsi préparés en venoient aux mains. On les apparioit deux à deux, & il se faisoit quelquefois plusieurs luttes en même tems. A Sparte, les personnes de différent sexe luttoient les unes contre les autres; & Athénée observe que la même chose se pratiquoit dans l'île de Chio.

Le but que l'on se proposoit dans la lutte, où l'on combattoit de pié ferme, étoit de renverser son adversaire, de le terrasser, en grec KATABA\LLEIN; de - là vient que la lutte s'appelloit KATABLHTIKH\, l'art de jetter par terre.

Pour y parvenir, ils employoient la force, l'adresse & la ruse; ces moyens de force & d'adresse se réduisoient à s'empoigner réciproquement les bras, en grec QRA\SSEIN; à se retirer en avant, A)PAGEIN; à se pousser & à se renverser en arriere, W=\QEI/N & A)NATRE\PE/IN; à se donner des contorsions & à s'entrelacer les membres, LUGI/ZEIN; à se prendre au collet, & à se serrer la gorge jusqu'à s'ôter la respiration, A)\GXE/IN & A)POPNI/GE/H; à s'embrasser étroitement & se secouer, A)GKOINIZEIN; à se plier obliquement & sur les côtés, PLAGIA\ZEIN; à se prendre au corps & à s'élever en l'air, à se heurter du front comme des béliers, SUNARA\TTEIN TA\ ME/TWPA; enfin à se tordre le cou, TRAXHLI/ZEIN.

Tous ces mots grecs qu'on peut se dispenser de lire, & plusieurs autres que je supprime pour ne pas ennuyer le lecteur, étoient consacrés à la lutte, & se trouvent dans Pollux & dans Hésychius.

Parmi les tours de souplesse & les ruses ordinaires aux lutteurs, nommées en grec PALA/IS2MATA, je ne dois pas oublier celui qui consistoit à se rendre maître des jambes de son antagoniste; cela s'exprimoit en grec par différens verbes, U(POSK/ELIZEIN, PTERNI/ZEIN, A)GKURI/ZEIN, qui reviennent aux mots françois, supplanter, donner le croc en jambe; Dion, ou plutôt Xiphilin son abréviateur, remarque dans la vie d'Adrien,

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