ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"759"> que cette adresse ne fut pas inutile aux soldats romains, dans un de leurs combats contre les Jaziges.

Telle étoit la lutte dans laquelle les athlètes combattoient debout, & qui se terminoit par la chûte ou le renversement à terre de l'un des deux combattans. Mais lorsqu'il arrivoit que l'athlete terrassé entraînoit dans sa chûte son antagoniste, soit par adresse, soit autrement, le combat recommençoit de nouveau, & ils luttoient couchés sur le sable, se roulant l'un sur l'autre, & s'entrelaçant en mille façons jusqu'à ce que l'un des deux gagnant le dessus, contraignît son adversaire à demander quartier & à se consesser vaincu.

Une troisieme espece de lutte se nommoit A)KROXEIRISMO\S2, parce que les athletes n'y employoient que l'extrémité de leurs mains sans se prendre au corps, comme dans les deux autres especes. Il paroît que l'A\KROXEIRISMO\S2 étoit un prélude de la véritable lutte, par lequel les athletes essayoient réciproquement leurs forces, & commençoient à dénouer leurs bras.

En effet, cet exercice consistoit à se croiser les doigts, en se les serrant fortement, à se pousser en joignant les paumes des mains, à se tordre les poignets & les jointures des bras, sans seconder ces divers efforts par le secours d'aucun autre membre; & la victoire demeuroit à celui qui obligeoit son concurrent à demander quartier. Pausanias parle de l'athlete léontisque, qui ne terrassoit jamais son adversaire dans cette sorte de combat, mais le contraignoit seulement en lui serrant les doigts de se confesser vaincu.

Cette sorte de lutte, qui faisoit aussi partie du pancrace, étoit connue d'Hipocrate, lequel, dans le II. livre du régime, l'appelle A)KROKEIRI/N, & lui attribue la vertu d'exténuer le reste du corps & de rendre les bras plus charnus.

Comme nous ne pouvons plus voir ces sortes de combats, & que le tems des spectacles de la lutte est passé, le soul moyen d'y suppléer à quelques égards, c'est de consulter pour nous en faire une idée, ce que la gravure & la sculpture nous ont conservé de monumens qui nous représentent quelques parties de l'ancienne gymnastique, & sur - tout de recourir aux descriptions que les poëtes nous en ont laissées, & qui sont autant de peintures parlantes, propres à mettre sous les yeux de notre imagination les choses que nous ne pouvons envisager d'une autre maniere.

La description que fait Homere, Iliade, l. XXIII. vers. 708 & suivans, de la lutte d'Ajax & d'Ulysse, l'emporte sur tous les autres pour la force, pour le naturel & pour la précision. La lutte d'Hercule & d'Achéloüs, si fameuse dans la fable, a servi de matiere au tableau poétique qu'Ovide en a fait dans le neuvieme de ses métamorphoses. On peut voir aussi de quelle maniere Lucain dans sa pharsale, l. IV. vers. 610. & suivans, décrit la lutte d'Hercule & d'Antée. La lutte de Tydée & d'Agyllée, peinte par Stace dans sa Thébaïde, liv. VI. vers. 847. est sur - tout remarquable par la disproportion des combattans, dont l'un est d'une taille gigantesque, & l'autre d'une taille petite & ramassée.

Ces quatre portraits méritent d'autant mieux d'être consultés sur la lutte, qu'en nous présentant tous ce même objet dont le spectacle étoit autrefois si célebre, ils le montrent à notre imagination par différens côtés, & par - là servent à nous le faire connoître plus parfaitement; de sorte qu'en rassemblant ce que chacun renferme de plus particulier, on trouve presque toutes les circonstances qui caracterisoient cette espece d'exercice.

Le lecteur est encore le maître d'y joindre une cinquieme description, laquelle, quoiqu'en prose, peut figurer avec la poësie. Elle se trouve au XVI. livre de l'histoire éthiopique d'Héliodore, ingénieux & aimable romancier grec du iv. siecle. Cette peinture représente une lutte qui tient, en quelque sorte, du Pancrace, & qui se passe entre Théagene le héros du roman, & une espece de géant éthiopien.

Après avoir considéré la lutte en elle - même, & renvoyé les curieux à la lecture des descriptions qui nous en restent, indiquons dans quel tems on a commencé d'admettre cet exercice dans la solemnité des jeux publics, dont il faisoit un des principaux spectacles.

Nous apprenons de Pausanias que la lutte faisoit partie des jeux olympiques dès le tems de l'Hercule de Thebes, puisque ce héros en remporta le prix. Mais Iphitus ayant rétabli la cérémonie de ces jeux qui, depuis Hercule, avoit été fort négligée; les différentes especes de combats n'y rentrerent que successivement, en sorte que ce ne fut que dans la xviij. olympiade qu'on y vit paroître des lutteurs; & le lacédémonien Eurybate fut le premier qu'on y déclara vainqueur à la lutte. On n'y proposa des prix pour la lutte des jeunes gens que dans la xxxvij. olympiade, & le lacédémonien Hiposthene y reçut la premiere couronne. Les lutteurs & les pancratiens n'eurent entrée dans les jeux pythiques que beaucoup plus tard, c'est - à - dire dans la xlviij. olympiade. A l'égard des jeux Néméens & des Isthmiques, Pausanias ni aucun auteur ne nous apprennent, de ma connoissance, en quel tems la lutte commença de s'y introduire.

Les prix que l'on proposoit aux lutteurs dans ces jeux publics, ne leur étoient accordés qu'à certaines conditions. Il falloit combattre trois fois de suite, & terrasser au - moins deux fois son antagoniste pour être digne de la palme. Un lutteur pouvoit donc sans honte être renversé une fois, mais il ne le pouvoit être une seconde, sans perdre l'espérance de la victoire.

Entre les fameux Athletes, qui furent plusieurs fois couronnés aux jeux de la Grece, l'histoire a immortalisé les noms de Milon, de Chilon, de Polydamas & de Théagene.

Milon étoit de Crotone, & fleurissoit du tems des Tarquins. Sa force étonnante & ses victoires athlétiques ont été célébrées par Diodore, Strabon, Athénée, Philostrate, Galien, Elien, Eustathe, Cicéron, Valere - Maxime, Pline, Solin, & plusieurs autres. Mais Pausanias est celui qui paroît s'être le plus intéressé à la gloire de cet illustre athlete, par le détail dans lequel il est entré dans le second livre de ses éliaques, sur ce qui le concerne. Il nous apprend entr'autres particularités, que Milon remporta six palmes aux jeux olympiques, toutes à la lutte, l'une desquelles lui fut adjugée lorsqu'il n'étoit encore qu'enfant; qu'il en gagna une en luttant contre les jeunes gens, & six en luttant contre des hommes faits aux jeux pythiens; que s'étant présenté une septieme fois à Olympie pour la lutte, il ne put y combattre, faute d'y trouver un antagoniste qui voulût se mesurer à lui.

Le même Historien raconte ensuite plusieurs exemples de la force incomparable de cet athlete. Il portoit sur ses épaules sa propre statue, faite par le sculpteur Daméas son compatriote. Il empoignoit une grenade, de maniere que, sans l'écraser, il la serroit suffisamment pour la retenir, malgré les efforts de ceux qui tâchoient de la lui arracher. Il n'y avoit que sa maîtresse, dit Elien en badinant, qui pût, en cette occasion, lui faire quitter prise.

Pausanias ajoute que Milon se tenoit si ferme sur un disque qu'on avoit huilé, pour le rendre plus glissant, qu'il étoit comme impossible de l'y ébranler. Lorsqu'appuyant son coude sur son côté, il pré<pb-> [p. 760] sentoit la main droite ouverte, les doigts serrés l'un contre l'autre, à l'exception du pouce qu'il élevoit, il n'y avoit presque force d'homme qui pût lui écarter le petit doigt des trois autres. Cet athlete si robuste, ce vainqueur des Sybarites, fut néanmoins obligé de reconnoître que sa force étoit inférieure à celle du berger Titorme, qu'il rencontra sur les bords d'Evenus, s'il en faut croire Elien.

Le lutteur Chilon, natif de Patras en Achaïe, n'est guere moins fameux que Milon, par le nombre de ses victoires à la lutte. Il fut couronné deux fois à Olympie, une fois à Delphes, quatre fois aux jeux isthmiques, & trois fois aux néméens. Sa statue faite des mains de Lysippe, se voyoit encore à Olympie du tems de Pausanias. Il fut tué dans une bataille, & les Achéens lui éleverent un tombeau à leurs dépens, avec une inscription simple, qui contenoit les faits que je viens de rapporter.

Pausanias parle du pancratiaste Polydamas, non - seulement comme du plus grand homme de son siecle pour la taille, mais il raconte encore de ce célebre athlete des choses presque aussi surprenantes que celles qu'on attribue à Milon. Il mourut, comme lui, par trop de confiance en ses forces. Etant entré avec quelques camarades dans une caverne, pour s'y mettre à couvert de l'excessive chaleur, la voûte de la caverne prête à fondre sur eux, s'entr'ouvrit en plusieurs endroits. Les compagnons de Poly damas prirent la fuite; mais lui moins craintif, ou plus téméraire, éleva ses deux mains, prétendant soutenir la hauteur de pierres qui s'écrouloit, & qui l'accabla de ses ruines.

Je finis ma liste des célebres lutteurs par l'athlete Théagene de Thasos, vainqueur au pancrace, au pugilat & à la course, une fois aux jeux oly mpiques, trois fois aux pythiens, neuf fois aux néméens, & dix fois aux isthmiques. Il remporta tant de prix aux autres jeux de la Grece, que ses conronnes alloient jusqu'au nombre de quatorze cens, selon Pausanias, ou de douze cens, selon Plutarque. (D. J.)

LUTTER (Page 9:760)

LUTTER, (Géog.) petite ville d'Allemagne au duché de Brunswick, remarquable par la victoire que les Impériaux y remporterent sur Christian IV. roi de Danemark, en 1626. Elle est à 2 lieues N. O. de Goslar. Long. 28. 8. latit. 52. 2.

LUTTERWORTH (Page 9:760)

LUTTERWORTH, (Géog.) bourg à marché d'Angleterre en Leicestershire, à 72 milles N. O. de Londres. Long. 15. 26. latit. 52. 26.

Je n'ai parlé de ce bourg, que parce que c'est le lieu de la naissance, de la mort & de la sépulture de Jean Wiclef, décédé en 1384. Il s'étoit déclaré hautement pendant sa vie contre les dogmes de l'Eglise romaine. Son parti déja considérable dans le royaume de la grande Bretagne, étoit étayé de la protection du duc de Lancastre, dont l'autorité n'étoit pas moins grande que celle du roi son frere. Wiclef expliquoit la manducation du corps de notre Seigneur, à - peu - près de la même maniere que Berenger l'avoit expliquée avant lui. Ses sectateurs, qu'on nomma Lollards, s'augmentoient tous les jours; mais ils se multiplierent bien davantage par les persécutions qu'ils essuyerent sous Henri IV. & sous Henri V.

LUTZELSTEIN (Page 9:760)

LUTZELSTEIN, (Géog.) petite ville de la basse Alsace, à 6 lieues de Strasbourg, capitale de la principauté de même nom, appartenante à l'électeur palatin, qui en fait hommage au roi de France.

LUTZEN (Page 9:760)

LUTZEN, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans la haute Saxe, & dans l'évêché de Mersebourg, fameuse par la bataille de 1632, où Gustave Adolphe, roi de Suéde, périt malheureusement. Elle est sur l'Elster, à 2 milles O. de Leipsick. Long. 30.12. latit. 51. 20. (D. J.)

LUVAS ou LUBOS (Page 9:760)

LUVAS ou LUBOS, (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne aux chefs d'une nation guerriere & bar<cb-> bare appellée Gallas, qui depuis très - long tems sont les fléaux des Ethiopiens & des Abyssins, sur qui ils font des incursions très - fréquentes. Ces lubos sont des souverains dont l'autorité ne dure que pendant huit ans. Aussi - tôt que l'un d'eux a été élu, il cherche à se signaler par les ravages & les cruautés qu'il exerce dans quelque province d'Ethiopie. Son pouvoir ne s'étend que sur les affaires militaires; pour les affaires civiles, elles se reglent dans les assemblées ou diètes de la nation, que le lubo a droit de convoquer, mais qui peut de son côté annuller ce qu'il peut avoir fait de contraire aux lois du pays. Il y a, dit - on, environ soixante de ces souverains éphémeres dans la nation des Gallas; ils font une très - pauvre figure dans leur cour, dont le pere Lobo raconte un usage singulier & peu propre à engager les étrangers à s'y rendre. Lorsque le lubo donne audience à quelque étranger, les courtisans qui l'accompagnent tombent sur lui, & lui donnent une bastonnade très - vive qui l'oblige à fuir; lorsqu'il rentre, on le reçoit avec politesse. Le P. Lobo eut le malheur d'essuyer cette cérémonie; en ayant demandé le motif, on lui dit que c'étoit pour faire connoître aux étrangers la valeur & la supériorité des Gallas sur toutes les autres nations.

LUXATION (Page 9:760)

LUXATION, s. f. terme de Chirurgie, déplacement d'un ou de plusieurs os de l'endroit où ils sont naturellement joints. Les luxations sont en général de deux especes par rapport à leurs causes; les unes viennent de causes externes, comme chûtes, coups, sauts, extensions, &c. les autres viennent de causes internes, comme d'un relâchement des ligamens, de la paralysie des muscles, du gonflement des têtes des os, d'une fluxion d'humeurs qui s'est faite tout - à - coup dans l'articulation, & qui en a abreuvé les capsules ligamenteuses ou d'numeurs qui s'y sont accumulées peu à - peu: tel est l'épanchement de la synovie, qui chasse la tête de l'os de sa cavité.

La luxation n'arrive proprement qu'aux os qui ont un mouvement manifeste, comme sont tous ceux dont la jonction est par diarthrose: ceux qui sont articulés par synarthrose, n'ayant qu'un mouvement fort obscur, sont plus sujets à être cassés qu'à se luxer: les os joints par charniere ou gynglime se luxent plus difficilement que ceux dont la jonction est faite par une seule tête & une seule cavité; & ils sont plus sujets à la luxation incomplette qu'à la complette.

On entend par luxation complette celle où la tête d'un os est réellement hors de la cavité de celui qui la recevoit. On reconnoît cette luxation par une tumeur ou éminence que forme la tête de l'os déboîté dans un endroit qui n'est pas destiné à la loger; & par un enfoncement que l'on sent dans l'endroit d'où l'os est sorti. Ces signes sont quelquefois difficiles à appercevoir, sur - tout à la cuisse, lorsqu'il y a gonflement. La luxation complette est aussi accompagnée d'une grande douleur, d'une abolition du mouvement & d'un raccourcissement du membre, si la luxation est en haut; car le membre est plus long dans la luxation qui se fait en - bas.

La luxation incomplette ou partiale, appellée aussi subluxation, est un dérangement des os dans leur contiguité, mais qui se touchent encore par quelque surface. Dans la luxation incomplette, outre la douleur & l'impuissance du membre, qui sont des signes communs & équivoques de luxation, l'on remarque 1°. que le lieu de l'articulation est plus éminent qu'il ne doit être; 2°. que le membre ne change presque pas de figure, ni de longueur; & 3°. que la partie n'est pas plus disposée à se mouvoir d'un côté que de l'autre, à cause que les muscles sont presque également tendus, parce que l'éloignement de l'os n'est pas assez grand pour changer considérablement la

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