ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"747"> de voir que cette fête vint à reprendre une telle vogue, qu'elle ait été continuée sous les empereurs chrétiens; & que lorsqu'enfin le pape Gélase ne voulut plus la tolérer, l'an 496 de J. C. il se trouva des chrétiens parmi les sénateurs mêmes qui tâcherent de la maintenir, comme il paroît par l'apologie que ce pape écrivit contr'eux, & que Baronius nous a conservée toute entiere au tome VI. de ses oeuvres, ad annum 496, n°. 28 & seq.

Je sinis par remarquer avec Plutarque, que plusieurs femmes ne se sauvoient point devant les luperques, & que loin de craindre les coups de fouet de leurs courroies, elles s'y exposoient au contraire volontairement, dans l'espérance de devenir fécondes si elles étoient stériles, ou d'accoucher plus heureusement si elles étoient grosses.

Le mot lupercale vient peut être de lupus, un loup, parce qu'on sacrifioit au dieu Pan un chien, ennemi du loup, pour prier ce dieu de garantir les troupeaux contre les loups.

L'usage de quelques jeunes gens qui couroient dans cette fête presque nuds, s'établit, dit - on, en mémoire de ce qu'un jour qu'on célebroit les lupercales, on vint avertir le peuple que quelques voleurs s'étoient jettés sur les troupeaux de la campagne; à ce récit plusieurs spectateurs se deshabillerent pour courir plus vîte après ces voleurs, eurent le bonheur de les atteindre & de sauver leur betail.

On peut ici consulter Denys d'Halicarnasse, l. I. Tite - Live, lib. I. cap. v. Plutarque, dans la vie de Romulus, d'Antoine, & dans les questions romaines; Ovide, sastes, liv. II. Justin, lib. XLIII. Varron, lib. V. Valere - Maxime, Servius sur l'Enéide, lib. VIII. v. 342 & 663. Scaliger, Meursius, Rosinus, Vossius & plusieurs autres. (D. J.)

LUPERQUES (Page 9:747)

LUPERQUES, s. m. pl. luperci, (Littér.) prêtres préposés au culte particulier du dieu Pan, & qui célébroient les lupercales. Comme on attribuoit leur institution à Romulus, ces prêtres passoient pour les plus anciens qui ayent été établis à Rome.

Ils étoient divisés en deux communautés, celle des Quintiliens & celle des Fabiens, pour perpetuer, dit on, la mémoire d'un Quintilius & d'un Fabius, qui avoient été les chefs, l'un du parti de Romnlus, & l'autre de celui de Rémus. Cicéron, dans son discours pour Coelius, traite le corps des luperques de société agreste, formée avant que les hommes fussent humanisés & policés. Cependant César, qui avoit besoin de créatures dans tous les ordres, fit ériger par son crédit & en son honneur, un troisieme college de luperques, auquel il attribua de bons revenus. Cette troisieme communauté fut nommée celle des Juliens, à la gloire du fondateur: c'est ce que nous apprennent Dion, liv. XLIV. & Suétone dans sa vie de César, ch. ixxvj.

Marc Antoine pour flatter son ami, se fit aggréger à ce troisieme collége; & quoiqu'il fût consul, il se rendit, graissé d'onguens & ceint par le corps d'une peau de brebis, à la place publique, où il monta sur la tribune dans cet ajustement, pour y haranguer le peuple. Cicéron en plein sénat lui reprocha cette indécence, que n'avoit jamais commise avant lui, non seulement aucun consul, mais pas même aucun prêteur, édile ou tribun du peuple. Marc - Antoine tâcha de justifier sa conduite par sa qualité de luperque, mais Cicéron lui répondit que la qualité de consul qu'il avoit alors devoit l'emporter sur celle de luperque, & que personne n'ignoroit que le consulat ne fût une dignité de tout le peuple, dont il falloit conserver par - tout la majesté, sans la deshonorer comme il avoit fait.

Pour ce qui regarde les cérémonies que les luperques devoient observer en sacrifiant, elles étoient lans doute assez singulieres, vu qu'entr'autres cho<cb-> ses il y falloit deux jeunes garçons de famille noble qui se missent à rire avec éclat lorsque l'un des luperques leur avoit touché le front avec un couteau sanglant, & que l'autre le leur avoit essuyé avec de la laine trempée dans du lait. Voyez là - dessus Plutarque dans la vie de Romulus.

Quant aux raisons pour quoi ces prêtres étoient nuds avec une simple ceinture pendant le service divin, voyez Ovide, qui en rapporte un grand nombre au II. liv. des fastes. Il y en a une plaisante tirée de la méprise de Faunus, c'est à - dire du dieu Pan, amoureux d'Omphale, qui voyageoit avec Hercule. Elle s'amusa le soir à changer d'habit avec le héros; Faunus, dit Ovide, après avoir fait le recit de cette avanture, prit en horreur les habits qui l'avoient trompé, & voulut que ses prêtres n'en portassent point pendant la cérémonie de son culte. (D. J.)

LUPIAE (Page 9:747)

LUPIAE, (Géog. anc.) *LOUPIAS2, selon Strabon, lib. VI. p. 282, & Lupia, selon Pline, liv. III. ch. vj. ancienne ville d'Italie dans la Calabre, sur la côte de la mer, entre Brindes & Otrante. C'étoit une colonie romaine: on croit que c'est présentement la Tour de Saint - Catalde.

LUPIN (Page 9:747)

LUPIN, s. m. lupinus, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur légumineuse; il sort du calice un pistil, qui devient dans la suite une silique remplie de semences plates dans des especes de ce genre, & rondes dans d'autres. Ajoutez à ces caracteres que les feuilles sont disposées en éventail, ou en main ouverte sur leur pedicule. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Parlons à présent des especes de lupins. M. de Tournefort en compte dix - sept, qui sont toutes agréables par la variété de leurs fleurs & de leurs graines. La plus commune que nous allons décrire, est le lupin cultivé à fleurs blanches, lupinus sativus, flore albo, C. B. P. 347. J. R. H. 392.

Sa racine est ordinairement unique, ligneuse & garnie de plusieurs fibres capillaires. Sa tige est haute d'une coudée ou d'une coudée & demie, médiocrement épaisse, droite, cylindrique, un peu velue, creuse & remplie de moelle. Après que les fleurs placées au sommet de cette tige sont séchées, il s'éleve trois rameaux au - dessous, dont chacun donne assez souvent deux autres rameaux, quelquefois trois de la même maniere, sur - tout lorsque le lupin a été semé dans le tems convenable, & que l'été est chaud.

Ses feuilles sont alternes ou placées sans ordre, portées sur des queues longues de deux ou trois lignes, composées le plus souvent de segmens oblongs, étroits qui naissent de l'extrémité de la queue dans le même point, comme dans la quinte - feuille. On peut les nommer assez bien feuilles en éventails, ou feuilles en main ouverte. Elles sont d'un verd foncé, entieres à leur bord, velues en - dessous, & garnies d'un duvet blanc & comme argenté; les bords de leurs segmens s'approchent & se resserrent au coucher du soleil, s'inclinent vers la queue & se réfléchissent vers la terre.

Les fleurs sont rangées en épic au sommet des tiges; elles sont légumineuses, blanches, portées sur des pédicules courts. Il sort de leur calice un pistil, qui se change en une gousse épaisse, large, applatie, longue environ de trois pouces, droite, plus petite que la feve, pulpeuse, jaunâtre, un peu velue en - dehors, lisse en - dedans.

Cette gousse contient cinq ou six graines assez grandes, orbiculaires, un peu anguleuses, applaties. Elles renferment une plantule fort apparente, & sont creusées légerement en nombril du côté qu'elles tiennent à la gousse, blanchâtres en - dehors, jaunâtres en - dedans, & fort ameres.

On seme cette plante dans les pays chauds de la [p. 748] France, en Italie, en Espagne & en Portugal. La farine de sa graine est de quelque usage en médecine dans les cataplâmes résolutifs.

On cultive les lupins en Toscane, non - seulement pour servir de nourriture au peuple, mais encore pour engraisser les terres. On les employoit déja au même usage du tems de Pline, qui les vante comme un excellent fumier pour engraisser les champs & vignobles. On les seme en Angleterre parmi les panais pour la nourriture du bétail.

On cultive les plus belles especes de lupins à fleurs bleues, jaunes, pourpres, incarnates, pour des bordures de jardins, où elles donnent un coup - d'oeil agréable, en produisant pendant long tems une succession de fleurs, lorsqu'on les seme en Avril, en Mai & Juin dans le même endroit où l'on veut les laisser à demeure; voyez Miller qui vous apprendra les détails, tandis que je vais dire un mot de l'usage que les anciens ont fait de la graine, qu'ils nommoient lupin comme nous. (D. J.)

Lupin (Page 9:748)

Lupin, (Littér.) en latin lupinus ou lupinum, semence de lupin.

Du tems de Galien, on faisoit souvent usage des graines de lupin pour la table; aujourd'hui on n'en mange plus. Lorsqu'on les macere dans l'eau chaude, ils perdent leur amertume & deviennent agréables au goût. On les mangeoit cuits avec de la saumure simple, ou avec de la saumure & du vinaigre, ou même assaissonnés seulement avec un peu de sel. Pline rapporte que Protogene travaillant à ce chef d'oeuvre du Jalyse, pour l'amour duquel Démétrius manqua depuis de prendre Rhodes, ne voulut pendant long - tems se nourrir que de lupins simplement apprêtés, de peur que d'autres mets ne lui rendissent les sens moins libres; je ne conseillerois pas ce régime à tous les Artistes, mais je loue le principe qui guidoit le rival d'Apelle & l'ami d'Aristote.

Les comédiens & les joueurs à Rome se servoient quelquefois de lupins, au lieu d'argent; & on y imprimoit une certaine marque pour obvier aux friponneries: cette monnoie fictive couroit entr'eux, pour représenter une certaine valeur qui ne passoit que dans leur société. De là vient qu'Horace, ep. VII. l. I. dit qu'un homme sensé connoît la différence qu'il y a entre l'argent & les lupins.

Nec tamen ignorat quid distent oera lupinis.

Il y a un passage assez plaisant à ce sujet dans le Poenulus de Plaute, act. III. sce ze II. le voici:

Aga. Agite, inspicite, aurum est. Col. Profecto, Spectatores, comicum! Macerato hoc pingues fiunt auro, in barbariâ boves.

« Aga, c'est de l'or. Col. oui, ma foi, messieurs, c'est de l'or de comédie; c'est de cet or dont on se sert en Italie pour engraisser les boeufs ».

Il paroît par une loi de Justinien, liv. I. cod. titre de Alcatoribus, que les joueurs se servoient souvent de lupins, au lieu d'argent, comme nous nous servons de jettons: « Si quelqu'un, dit la loi, a perdu au jeu des lupins ou d'autres marques, celui qui a gagné ne pourra s'en faire payer la valeur ».

Je ne said'où vient l'origine de lupin; mais je ne puis la tirer du grec LU\PH, tristesse, parce que les anciens Grecs ne font point mention de ce légume; il n'étoit connu qu'en Italie; c'est donc plutôt à cause de son amertume, que Virgile appelle lupin, triste, triste. On corrigeoit, comme j'ai dit, ce défaut en faisant cuire la graine dans de l'eau bouillante que l'on jettoit; ensuite on les égouttoit bien & on les apprétoit. (D. J.)

Lupin (Page 9:748)

Lupin, (Mat. med.) on n'emploie que la semence de cette plante; elle a une saveur herbacée, amere, très - desagréable.

Galien & Pline assûrent que de leur tems les lupins étoient un aliment assez ordinaire; le dernier de ces auteurs rapporte que Protogene n'avoit vécu que de lupins pendant le tems qu'il étoit occupé à peindre un célebre tableau. Plusieurs modernes ont avancé au contraire avec Averroés, que la graine de lupin prise intérieurement étoit un poison, & ont rapporté des faits sur lesquels ils ont appuyé cette opinion: mais ces faits sont peu concluans, & s'il est vrai que les lupins avalés avec toute leur amertume naturelle ayent occasionné une irritation considérable dans les organes de la digestion, & même quelques agitations convulsives dans les sujets foibles; il est au moins très - vraissemblable que ce légume n'a aucune qualité dangereuse, lorsqu'il a perdu son amertume, dont on le dépouille facilement en le faisant macérer dans de l'eau. Quoi qu'il en soit, nos paysans même les plus pauvres n'en mangent pas, nos Peintres ne s'avisent pas de se mettre au lupin pour toute nourriture lorsqu'ils exécutent les plus grands ouvrages, & on ne les ordonne point intérieurement comme remede.

On n'emploie les lupins qu'extérieurement, soit en décoction, soit en substance, & réduits en farine. La décoction de lupins, appliquee en fomentation, passe pour guerir les dartres, la teigne & les autres maladies de la peau. La farine de lupin est une des quatre farines résolutives. Voyez Farines resolutives, les quatre. (b)

LUPINASTRE (Page 9:748)

LUPINASTRE, s. m. lupinaster, (Botan.) nouveau genre de plante établi par Buxbaum, qui lui a donné ce nom à cause de sa ressemblance aux caracteres du lupin.

Les fleurs du lupinastre sont légumineuses, d'un pourpre bleu; elles s'élevent hors du calice, forment une tête, & sont soutenues par un long pédicule qui sort des aisselles des feuilles; le calice est divisé en plusieurs segmens; les tiges ne montent qu'à la hauteur de sept ou huit pouces; les feuilles sont en éventail, ou en main ouverte, longues, d'un verd bleuâtre, finement dentelées & élégamment cannelées. Elles naissent au nombre de six, sept ou huit portées sur une queue, qui part d'une membrane jaunâtre, dont la tige est revêtue; les gousses sont longues, applaties; les graines sont noires & taillées en forme de rein. Cette plante croit en abondance sur les bords du Volga. Voyez les Mémoires de Petersbourg, vol. II. p. 346. (D. J.)

LUQUOISE (Page 9:748)

LUQUOISE, s. f. (Commerce.) sorte d'étoffe de soie; elle est montée à huit lisses, & elle a autant de lisses pour rabattre, qu'elle en a pour lever, de maniere qu'à chaque coup de la tête on fait baisser une lisse de rabat, & on passe la navette de la même couleur, ce qui fait un diminutif du lustrine. Voyez l'article Lustrine. La chaîne en est très - menue, ainsi que la trame.

LUSACE, la (Page 9:748)

LUSACE, la, Lusatia, & en allemand Lausnitz, (Géog.) province d'Allemagne dans la Saxe, bornée N. par le Brandebourg, E. par la Silésie, S. par la Bohème, O. par la Misnie. On la divise en haute & en basse. La haute appartient à l'électeur de Saxe depuis 1636. Bautzen, ou Budissen en est la capitale. La basse est partagée entre le roi de Prusse, l'électeur de Saxe & le duc de Mersebourg. M. Spener prétend que la Lusace a été nommée par les anciens auteurs, pagus Luzizorum; &, en effet, la description donnée par Dirmar de Lucizi pagus convient fort à ce pays. Comme la Lusace contient six villes, savoir Gorlitz, Bautsen, Sittau, Camitz, Luben & Guben, les Allemands l'appellent quelquefois die sechs Stoedten, c'est - à - dire les six villes. L'empereur Henri I. l'érigea en marquisat, & Henri IV. l'annexa à la Bohème. Voyez Heiss, Hist. de l'empire, liv. VI. chap. viij.

Quoique la Lusace soit une assez grande province, on peut dire que M. Tschirnaus lui a fait honneur

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