ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Lunette (Page 9:745)

Lunette, (Corroyeur.) C'est un instrument de fer, dont les corroyeurs & autres ouvriers en cuir se servent pour ratisser & parer les cuirs; elle est de figure sphérique, plate & très - tranchante par sa circonférence extérieure. Il y a au milieu une ouverture ronde assez grande, pour que l'ouvrier puisse y passer la main pour s'en servir. Voyez - en la fig. dans nos Planches du Corroyeur, où l'on a aussi représenté un ouvrier qui pare un cuir avec la lunette.

Lunette (Page 9:745)

Lunette d'une boîte de montre, (Horlog.) c'est cette partie qui contient le crystal. Voyez Boite de montre & la fig. dans nos Pl. de l'Horlogerie.

Lunette (Page 9:745)

Lunette, fer à lunette, (Maréchal.) est celui dont les éponges sont coupées. On se sert de cette espece de fer dans certaines occasions.

Lunettes, ronds de cuir qu'on pose sur les yeux du cheval pour les lui boucher.

Si l'on veut travailler dans un manege un cheval qui a les seimes, il faut le ferrer à lunettes; mais si l'on veut le faire travailler à la campagne, il faut le ferrer à pantoufle. Voyez Seime.

Lunette (Page 9:745)

Lunette, en terme d'Orfev. en grosserie, c'est la partie d'un soleil destinée à recevoir l'hostie. Elle est fermée de deux glaces, & entourée d'un nuage d'où sortent des rayons. Voyez Nuage & Rayons.

Lunette (Page 9:745)

Lunette, en terme de Peaussier, c'est un instrument dont ces ouvriers se servent pour adoucir les peaux du côté de la chair, & en coucher le duvet du même côté.

La lunette est un outil de fer fort mince, rond, & dont le diametre est d'environ dix pouces; elle est évidée au centre de maniere à y placer commodément la main; mais comme cet outil est fort mince, le diametre intérieur est garni de cuir pour ne point blesser l'ouvrier qui s'en sert. Le diametre extérieur est un peu coupant, pour racler aisément la peau, & en enlever toutes les inégalités. Voyez la fig.

Lunette (Page 9:745)

Lunette, (Tourneur.) partie du tour, est un trou quarré, dans lequel sont deux pieces de cuivre ou d'étain qu'on appelle collets, qui y sont retenus par une piece qu'on appelle chaperon, attachée à la poupée avec des vis. Voyez Tour a lunette & les figures.

Lunettes (Page 9:745)

Lunettes, (Verrerie.) c'est ainsi qu'on appelle certaines ouvertures pratiquées aux fourneaux. Voyez l'art. Verrerie.

LUNETTIER (Page 9:745)

LUNETTIER, s. m. (Art méch.) ouvrier qui fait des lunettes, & qui les vend. Comme ce sont à Paris les maîtres miroitiers qui font les lunettes, ils ont pris de là la qualité de maîtres miroitiers - lunettiers. Les marchands merciers en font aussi quelque commerce; mais ils n'en fabriquent point. Voyez Miroitier.

LUNEVILLE (Page 9:745)

LUNEVILLE, (Géogr.) en latin Lunoe - villa ou Lunaris villa, jolie ville de Lorraine, avec un beau château où les ducs de Lorraine, & présentement le roi Stanislas tient sa cour. Ce prince y a établi un bon hôpital & une école de cadets pour l'éducation de jeunes gentilshommes dans l'art militaire. Il a encore embelli cette ville à plusieurs autres égards. Elle est dans une plaine agréable, sur la Vezouze & sur la Meurte, à 5 lieues S. E. de Nancy, 25 O. de Strasbourg, 78 S. E. de Paris. Long. 24d. 10'. 6". lat. 48d. 35'. 23". (D. J.)

LUNISOLAIRE (Page 9:745)

LUNISOLAIRE, adj. (Astronomie.) marque ce qui a rapport à la révolution du soleil & à celle de la lune, considérés ensemble. Voyez Période.

Année lunisolaire est une période d'années formée par la multiplication du cycle lunaire, qui est de 19 ans, & du cycle solaire, qui est de 28. Le produit de ces deux nombres est 532.

Cette période est appellée dionysienne, du nom de Denis le Petit, son inventeur. Quand elle est révolue, les nouvelles & les pleines lunes revsennent à très - peu - pres aux mêmes jours du mols; & chaque jour du mois se retrouve précisément aux mêmes jours de la semaine.

Dans l'ancien calendrier le jour de Pâoues revenoit au même jour du mois au bout de la période dionysienne, parce qu'au bout de cette période la pleine lune de l'équinoxe tomboit au même jour du mois de Mars ou d'Avril, & qu'outre cela l'année avoit la même lettre dominicale. Voyez Année & Période. Chambers. (O)

L'UN SUR L'AUTRE (Page 9:745)

L'UN SUR L'AUTRE, se dit dans le Blason des animaux & autres choses, dont l'une est posée & étendue au - dessus d'une autre.

Caumont en Agenois, d'azur à trois léopards d'or, armés, lampassés & couronnés, l'un sur l'autre.

LUNULE (Page 9:745)

LUNULE, s. f. (Géométr.) figure plane en forme de croissant, terminée par des portions de circonférence de deux cercles qui se coupent à ses extrémités.

Quoiqu'on ne soit point encore venu à bout de trouver la quadrature du cercle en entier, cependant les Géometres ont trouvé moyen de quarrer plusieurs parties du cercle: la premiere quadrature partielle qu'on ait trouvée, a été celle de la lunule: nous la devons à Hippocrate de Chio. Voyez Géometrie.

Soit A E B (Pl. de Géométrie, fig. 8.) un demi-cercle, & G C = G B; avec le rayon B C décrivez un quart de cercle A F B, A E B F A sera la lunule d'Hippocrate.

Or puisque le quarré de B C est double de celui de G B (voyez Hypothenuse) le quart de cercle A F B C sera égal au demi - cercle A E B; ôtant donc de part & d'autre le segment commun A F B G A, la lunule A E B F A se trouvera égale au triangle rectiligne A C B, ou au quarré de G B. Chambers.

Voyez sur la lunule d'Hippocrate & sur Hippocrate même, les memoires de l'académie des sciences de Prusse, année 1748. Voyez aussi l'article Géométrie.

Différens géometres ont prouvé que non - seulement la lunule d'Hippocrate étoit quarrable, mais encore que l'on pouvoit quarrer différentes parties de cette lunule; ce détail nous meneroit trop loin. On peut consulter un petit écrit de M. Clairaut le cadet, qui a pour titre, diverses quadratures circulaires, elliptiques & hyperboliques. (O)

Lunule (Page 9:745)

Lunule, lunula, (Littér.) ornement que les patriciens portoient sur leurs souliers, comme une marque de leur qualité & de l'ancienneré de leur race. Martial nous le prouve lorsque pour caractériser une vieille noblesse il dit, liv. II. épig. 29, non hesterna sedet limatâ lingula plantâ.

Cet ornement, inventé par Numa, étoit, selon l'opinion la plus généralement reçue, une espece d'anneau de boucle d'ivoire qu'on attachoit sur la cheville du pié. Plutarque, dans ses questions romaines, regardoit cette boucle lunaire comme un symbole qui signifioit l'inconstance de la fortune, ou que ceux qui portoient de ces lunules seroient après leur mort élevés au - dessus de l'astre dont elles étoient l'image; mais Isidore, Orig. liv. XIX. ch. xxxjv. prétend plus simplement que cet ornement représentoit la lettre C, pour conserver le souvenir de cent sénateurs établis par Romulus (D. J.)

LUNUS (Page 9:745)

LUNUS, (Art numer.) Le dieu Lunus, appellé *MEN par les Grecs, paroît sur plusieurs médailles de Sardes; il est représenté avec un bonnet phrygien sur sa tête & une pomme de pin à la main: il porte quelquefois un croissant sur les épaules, comme sur deux médailles décrites par Haym. On voit d'un côté la tête du dieu Lunus, avec le bonnet phrygien & le croissant: on lit autour mhn ackhnoc; de l'au<pb-> [p. 746] tre côté, un fleuve couché & appuyé sur son urne, tient de la droite un roseau, & de la gauche une corne d'abondance, avec la légende kap*Dianon b. ne*Wkop*Wn, & à l'exergue, epmoc. L'autre médaille dont parle Haym, a la même tête avec la même légende, & au revers un gouvernail & une corne d'abondance posés l'un sur l'autre en sautoir, avec la légende, kap*Dian*Wn b. ne*Wkop*Wn. Ces deux médailles ont été frappées sous le regne de Septime Severe. Le nom d'ackhnoc est une épithete du dieu Lunus, à qui les peuples de l'Asie donnoient différens surnoms, comme de *Fapnako*S dans le Pont, de kapo*S ou ka*Fh*S, en Carie, de kamapeith*S à Nysa, d'apkaio*S en Pisidie, & suivant ces médailles, d'a*Skhno*S en Lydie. Haym pense que ce nom est composé d'un a privatif, & de *Skhnh, tentorium, & qu'il signifie mensis sive Lunus sine tentorio, parce que la lune ne s'arrête jamais, & est toujours en mouvement. Tous ces noms paroissent être des mots barbares, dont il est inutile de rechercher l'étymologie dans la langue grecque. Quoi qu'il en soit, le culte du dieu Lunus étoit établi en Syrie, en Mésopotamie, dans le Pont, & en plusieurs autres provinces de l'Orient. Mém. des Inscript. tome XVIII. p. 135. (D. J.)

Lunus, s. m. (Mythol. Littér. Médaill.) divinité payenne qui n'est autre chose que la lune; c'est Spartien qui nous l'apprend dans la vie de Caracalla.

Dans plusieurs langues de l'Orient cet astre a un nom masculin, dans d'autres un féminin; & dans quelques - unes, comme en hébreu, il a deux genres, un masculin & un féminin. Delà vient que plusieurs peuples en ont fait un dieu, d'autres une déesse, & quelques - uns une divinité hermaphrodite.

On peut en voir les preuves en lisant les Recherc. curieus. d'antiq. de M. Spon, car je n'ose adresser mes lecteurs à Saumaise, ils seroient trop effarouchés de l'érudition qu'il a pris plaisir de prodiguer à ce sujet dans ses notes sur Spartien, sur Trebellius Pollion, & sur Vopiscus.

C'est assez pour nous de remarquer que les Egyptiens sont les premiers qui de la même divinité ont fait un dieu & une déesse; & leur exemple ayant été suivi par les autres nations, une partie des habitans de l'Asie & ceux de la Mésopotamie en particulier, honorerent la lune comme dieu, tandis que les Grecs, qui lui avoient donné place entre les déesses, l'adoroient sous le nom de Diane.

Mais entre les peuples qui mirent la lune au rang des divinités mâles, les habitans de Charres en Mésopotamie ne doivent pas être oubliés; ils lui rendoient de si grands honneurs, que Caraccalla fit un voyage exprès dans cette ville pour en être témoin.

Les médailles frappées en Carie, en Phrygie, en Pisidie, nous offrent assez souvent le dieu Lunus représenté sous la forme d'un jeune homme, portant sur sa tête un bonnet à l'arménienne, un croissant sur le dos, tenant de la main droite une bride, de la main gauche un flambeau, & ayant un coq à ses piés.

Tristan a eu raison de croire qu'une figure toute semblable qu'il trouva sur une médaille d'Hadrien, devoit être le dieu Lunus; cet auteur n'a pas toujours aussi bien rencontré. C'est aussi sans doute le dieu Lunus qu'on voit sur une pierre gravée du cabinet du Roi: ce dieu est en habit phrygien, son bonnet, sa tunique, son manteau, sa chaussure, indiquent le pays où son culte a dû prendre naissance; & le croissant qui est derriere sa tête le caractérise à ne pouvoir pas le méconnoître. Une longue haste sur laquelle il s'appuie, est une marque de sa puissance. Il porte dans sa main une petite montagne, ou parce que c'est derriere les montagnes que le dieu Lunus disparoît à nos yeux, ou parce que c'est toujours sur les hauteurs que se sont les observations astronomiques. (D. J.)

LUPANNA (Page 9:746)

LUPANNA, (Géogr.) île de la mer Adriatique dans l'état de la petite république de Raguse, proche de l'île de Mezo. Cette petite île a un assez bon port, & elle est très - bien cultivée par les Ragusains. (D. J.)

LUPERCAL (Page 9:746)

LUPERCAL, s. m. (Littér.) nom de la grotte où la fable dit que Rémus & Romulus avoient été alaités par une louve. Cette grotte étoit au pié du mont Palatin, près de l'endroit où Evandre, natif d'Arcadie, avoit long - tems auparavant bâti un temple au dieu Pan, & établi les lycées ou les lupercales en son honneur. Ce temple prit ensuite le nom de lupercal, & les luperques instituées par Romulus, continuerent d'y faire leurs sacrifices au même dieu.

LUPERCALES (Page 9:746)

LUPERCALES, s. f. pl. lupercalia, (Littér. rom.) fête instituée à Rome en l'honneur de Pan. Elle se célébroit, selon Ovide, le troisieme jour après les ides de Février.

Romulus n'a pas eté l'inventeur de cette fête, quoi qu'en dise Valere - Maxime; ce fut Evandre qui l'établit en Italie, où il se retira soixante ans après la guerre de Troie. Comme Pan étoit la grande divinité de l'Arcadie, Evandre, natif d'Arcadie, fonda la fête des lupercales en l'honneur de cette divinité, dans l'endroit où il bâtit des maisons pour la colonie qu'il avoit menée, c'est - à - dire sur le mont Palatin. Voilà le lieu qu'il choisit pour élever un temple au dieu Pan, ensuite il ordonna une fête solemnelle qui se célébroit par des sacrifices offerts à ce dieu, & par des courses de gens nuds portant des fouets à la main dont ils frappoient par amusement ceux qu'ils rencontroient sur leur route. Nous apprenons ces détails d'un passage curieux de Justin, lib. XLIII. cap j. In hujus (montis Palatini) radicibus templum Lycoeo, quem Groeci Pana, Romani Lupercum appellant, constituit Evander. Ipsum dei simulachrum nudum, caprinâ pelle amictum est, quo habitu, nunc Romoe lupercalibus decurritur.

Tout cela se passoit avant que Romulus & Rémus ayent pu songer à la fondation de Rome; mais comme l'on prétendoit qu'une louve les avoit nourris dans l'endroit même qu Evandre avoit consacré au dieu Pan, il ne faut pas douter que ce hasard n'ait engagé Romu us à continuer la fête des lupercales, & à la rendre plus célebre.

Evandre avoit tiré cette fête de la Grece avec son indécence grossiere, puisque des bergers nuds couroient lascivement de côté & d'autre, en frappant les spectateurs de leurs fouets. Romulus institua des luperques exprès pour les préposer au culte particulier de Pan; il les érigea en colléges; il habilla ces prêtres, & les peaux des victimes immolées leur formoient des ceintures, cincti pellibus immolatarum hostiarum jocantes obviam petiverunt, dit Denys d'Halicarnasse, lib. I. Les luperques devoient donc être vêtus & ceints de peaux de brebis, pour être autorisés, en courant dans les rues, à pouvoir insulter les curieux sur leur passage, ce qui faisoit ce jour là l'amusement du petit peuple.

Cependant la cérémonie des lupercales tombant de mode sur la fin de la république, quoique les deux colléges des luperques subsistassent avec tous leurs biens, & que Jules - César eût crée un troisieme college des mêmes prêtres, Auguste ordonna que les lupercales fussent remises en vigueur, & défendit seulement aux jeunes gens qui n'avoient point encore de barbe, de courir les rues avec les luperques un fouet à la main.

On ne devine point la raison qui put déterminer Auguste à rétablir une fête ridicule, puisqu'elle s'abolissoit d'elle même; mais il est encore plus étrange

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