ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"758"> naigre, sel & muscade, & on les arrange dans cette sauce.

Les asperges à l'huile demandent encore moins de façon: on les fait cuire à l'eau; on les égoutte, & on les met sur un plat: on a dans une sauciere du vinaigre, de l'huile & du sel, dont chacun se sert.

L'asperge ordinaire, asparagus sativa, C. B. contient beaucoup d'huile & de sel essentiel; on se sert en Medecine de sa semence & de sa racine.

La racine est apéritive, propre à chasser la pierre & le gravier des reins, pour lever les obstructions du mesentere, de la rate, de la matrice, & des reins. C'est un apéritif des plus chauds: on la met au nombre des cinq racines apéritives majeures.

Les baies rouges, seches & en poudre, sont uiles dans la dyssenterie & le crachement de sang.

L'asperge sauvage est odorante, & contient un suc glutineux qui donne une couleur rouge au papier bleu: son suc approche du tartre vitriolé, dissous dans beaucoup de phlegme. La racine est tempérante & apéritive. (N)

ASPERGILLUS (Page 1:758)

ASPERGILLUS, genre de plante qui ne differe du botrytis & du byssus, que par l'arrangement de ses semences; car nous les avons toùjours vûes arrondies ou ovales. Elles sont attachées à de longs filamens, qui sont droits & noüeux, & qui tiennent dans de certaines plantes à un placenta rond ou arrondi; sur d'autres especes ils sont attachés au sommet de la tige, ou aux rameaux, sans aucun placenta, & ils ressemblent aux épis de l'espece de gramen, qu'on nomme vulgairement pié - de poule. Ces filamens tombent d'eux - mêmes quand ils sont mûrs; & alors les semences se séparent les unes des autres. Nova plantarum genera, par M. Micheli. V. Plante. (I)

ASPERIEJO (Page 1:758)

* ASPERIEJO, (Géog. anc. & mod.) ville ruinée d'Espagne au royaume de Valence. Il y a au même royaume un bourg appellé Aspe, bâti des ruines de l'ancienne Aspe. La riviere d'Elerda coule entre Aspe & Asperiejo.

ASPERITÉ (Page 1:758)

ASPERITÉ, s. f. en terme de Physique, est la mêchose qu'âpreté. Voyez Apreté. (O)

ASPEROSA (Page 1:758)

* ASPEROSA, ville de la Turquie en Europe, dans la Romanie, sur la côte de l'Archipel. Lon. 42. 50. lat. 40. 58.

ASPERSION (Page 1:758)

ASPERSION, s. f. (Théol.) du Latin aspergere, formé de ad, & de spargo, je répands.

C'est l'action d'asperger, d'arroser, ou de jetter cà & là avec un goupillon, ou une branche de quelqu'arbrisseau, de l'eau ou quelqu'autre fluide. Voy. Goupillon.

Ce terme est principalement consacré aux cérémonies de la religion, pour expimer l'action du prêtre lorsque dans l'église il répand de l'eau benite fur les assistans ou sur les sépultures des fideles. La plûpart des bénédictions se terminent par une ou plusieurs aspersions. Dans les paroisses, l'aspersion de l'eau bénite précede tous les dimanches la grand'messe.

Quelques - uns ont soûtenu qu'on devoit donner le baptême par aspersion; d'autres prétendoient que ce devoit être par immersion; & cette derniere coûtume a été assez long - tems en usage dans l'Eglise. On ne voit pas que la premiere y ait été pratiquée. Voyez Baptême, Immersion, & Aspersoir. (G)

ASPERSOIR (Page 1:758)

* ASPERSOIR, s. m. (Hist. anc. & mod.) instrument composé d'un manche, garni de crins de cheval chez les anciens, & de soie de porc parmi nous, dont ils se servoient pour s'arroser d'eau lustrale, & dont nous nous servons pour nous arroser d'eau benite. Voyez Antiq. Plan. VIII. fig. 13. un aspersoir. Les payens avoient leurs aspersions, auxquelles ils attribuoient la vertu d'expier & de purifier. Les prêtres & les sacrificateurs se préparoient aux sacrifices; l'ablution étoit une des préparations requises; c'est pourquoi il y avoit à l'entrée des temples, & quelquefois dans les lieux soûterrains, des réservoirs d'eau où ils se lavoient. Cette ablution étoit pour les dieux du ciel; car pour ceux des enfers, ils se contentoient de l'aspersion. Voyez Sacrifices.

ASPERUGO (Page 1:758)

ASPERUGO, rapette, genre de plante à fleur monopétale, faite en forme d'entonnoir, & découpée. Le calice est en forme de godet; il s'applatit de lui - même quand la fleur est tombée: il en sort un pistil qui est attaché à la partie postérieure de la fleur comme un clou, & qui est entouré de quatre embryons. Ces embryons deviennent dans la suite des semences oblongues pour l'ordinaire; elles mûrissent dans le calice, qui devient beaucoup plus grand qu'il n'étoit lorsqu'il soûtenoit la fleur, & qui est alors fort applati, que ses parois se touchent & sont adhérentes. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

ASPHALION (Page 1:758)

* ASPHALION, (Myth.) nom sous lequel les Rhodiens bâtirent un temple à Neptune dans une île qui parut sur la mer, & dont ils se mirent en possession. Il signifie, ferme, stable, & répond au stabilitor des Romains; & Neptune fut révéré dans plusieurs endroits de la Grece sous le nom d'Asphalion. Comme on lui attribuoit le pouvoir d'ébranler la terre, on lui accordoit aussi celui de l'affermir.

ASPHALITE (Page 1:758)

ASPHALITE, terme d'Anatomie, qui se dit de la cinquieme vertebre des lombes. Voyez Vertebre.

On l'appelle ainsi à cause qu'on la conçoit comme le support de toute l'épine. Ce mot est formé de la particule privative A', & SFALLW, je supplante. (L)

ASPHALTE (Page 1:758)

* ASPHALTE, asphaltus, tum. On a donné ce nom au bitume de Judée, parce qu'on le tire du lac Asphaltide; & en général tout bitume solide porte le nom d'asphalte. Par exemple, le bitume que l'on a trouvé en Suisse au commencement de ce siecle, &c.

L'asphalte des Grecs est le bitume des Latins.

Le bitume de Judée est solide & pesant, mais facile à rompre. Sa couleur est brune, & même noire; il est luisant, & d'une odeur résineuse très - forte, surtou lorsqu'on l'a échauffé: il s'enflamme aisément; & il se liquéfie au feu. On trouve ce bitume en plusieurs endroits, mais le plus estimé est celui qui vient de la mer Morte, autrement appellé lac Asphaltique, dans la Judée.

C'est dans ce lieu qu'étoient autrefois Sodome & Gomorre, & les autres villes sur lesquelles Dieu fit tomber une pluie de soufre & de feu pour punir leurs habitans. Il n'est pas dit dans l'Ecriture - sainte que cet endroit ait été alors couvert d'un lac bitumineux; on lit seulement, au 27. & 28. versets du xix. chap. de la Genese, que le lendemain de cet incendie, Abraham regardant Sodome & Gomorre, & tout le pays d'alentour, vit des cendres enflammées qui s'élevoient de la terre comme la fumée d'une fournaise. On voit au xiv. chap. de la Gen. que les rois de Sodome, de Gomorre, & des trois villes voisines, sortirent de chez eux pour aller à la rencontre du roi Chodorlahomor, & des trois autres rois ses alliés pour les combattre, & qu'ils se rencontrerent tous dans la vallée des Bois, où il y avoit beaucoup de puits de bitume. Voyez aussi Tac. Hist. l. V. c. vj.

Il est à croire qu'il sort une grande quantité de bitume du fond du lac Asphaltique; il s'éleve au - dessus, & y surnage. Il est d'abord liquide, & si visqueux, qu'à peine peut - on l'en tirer: mais il s'épaissit peu - à - peu, & il devient aussi dur que la poix seche. On dit que l'odeur puante & pénétrante que rend ce bitume est fort contraire aux habitans du pays, & qu'elle abrege leurs jours; que tous les oiseaux qui passent par - dessus ce lac y tombent morts; & qu'il n'y a aucun poisson dans ces eaux. Les Arabes ramassent ce bitu<pb-> [p. 759] me, lorsqu'il est encore liquide, pour goudronner leurs vaisseaux.

Ils lui ont donné le nom de karabé de Sodome; souvent le mot karabé signifie la même chose que bitume dans leur langue. On a aussi donné au bitume du lac Asphaltique le nom de gomme de funérailles & de mumie; parce que chez les Egyptiens, le peuple employoit ce bitume, & le pissasphalte, pour embaumer les corps morts. Dioscoride dit que le vrai bitume de Judée doit être d'une couleur de pourpre brillante, & qu'on doit rejetter celui qui est noir & mêlé de matieres étrangeres: cependant tout ce que nous en avons aujourd'hui est noir: mais si on le casse en petits morceaux, & si on regarde à travers les parcelles, on apperçoit une petite teinte d'un jaune couleur de safran: c'est peut - être là ce que Dioscoride a voulu dire. Souvent on nous donne du pissasphalte durci au feu dans des chaudieres de cuivre ou de fer, pour le vrai bitume de Judée. On pourroit aussi confondre ce bitume avec la poix noire de Stokholm, parce qu'elle est d'un noir fort luisant: mais elle n'est pas si dure que le bitume de Judée, & elle a, ainsi que le pissasphalte, une odeur puante qui les fait aisément reconnoître.

Après avoir fait connoître le bitume de Judée, il ne nous reste plus qu'à parler de cette sorte de bitume en général, & des asphaltes de nos contrées: c'est ce qu'on trouvera exposé fort au long dans un mémoire fait en 1750, sur les mines d'asphalte en général, & notamment sur celle dite de la Sablonniere, sise dans le ban de Lampersloch, bailliage de Warth, en basse Alsace, entre Haguenau & Weissenbourg, pour rendre compte à M. de Buffon, intendant du jardin du Roi, de cette nouvelle découverte, & de la qualité des marchandises qui se fabriquent à ladite mine, pour servir à l'histoire naturelie, générale & particuliere, &c.

La premiere mine d'asphalte qui ait été connue en Europe sous ce nom - là, est celle de Neufchâtel, en Suisse, dans le val Travers: c'est à M. de la Sablonniere, ancien thrésorier des Ligues Suisses, que l'on a l'obligation de cette découverte. Monseigneur le Duc d'Orléans, régent du royaume, après l'analyse faite des bitumes sortant de cette mine, fit délivrer audit sieur de la Sablonniere, un arrêt du conseil d'état du Roi, par lequel il lui étoit permis de faire entrer dans le royaume toutes les marchandises provenantes de cette mine, sans payer aucuns droits; cet arrêt est tout au long dans le dictionnaire du Commerce, au mot asphalte. Les bitumes qui sortent de cette mine sont de même nature que ceux qui se trouvent à celle de la Sablonniere, avec cette différence que ceux de la mine de Neufchâtel ont filtré dans des rochers de pierre propres à faire de la chaux, & que ceux d'Alsace coulent dans un banc de sable fort profond en terre, où il se trouve entre deux lits de terre glaise: le lit supérieur de ces mines est recouvert d'un chapeau ou banc de pierre noire, d'un à deux piés d'épaisseur, qui se sépare par feuilles de l'épaisseur de l'ardoise. La premiere glaise qui touche à ce banc de pierre est aussi par feuilles: mais elle durcit promptement à l'air, & ressemble assez à la serpentine. La mine de Neufchâtel, en Suisse, n'a point été approfondie; on s'est contenté de casser le rocher apparent & hors de terre. Ce rocher se fond au feu; & en y joignant une dixieme partie de poix, on forme un ciment ou mastic qui dure éternellement dans l'eau, & qui y est impénétrable: mais il ne faut pas qu'il soit exposé à sec à l'ardeur du soleil, parce qu'il mollit au chaud & durcit au froid. Ces deux mouvemens alternes le détachent à la fin de la pierre, & la soudure du joint ne tient plus l'eau. C'est de ce ciment que le principal bassin du Jardin du Roi a été réparé en 1743. (depuis ce tems jusqu'aujourd'hui, il ne s'est point dégradé.) C'est aussi la base de la composition avec laquelle sont réunis les marbres & les bronzes d'un beau vase que M. de la Sablonniere a eu l'honneur de présenter au Roi en 1740: c'est pareillement de ce ciment ou mastic que l'on a réparé les bassins de Versailles, Latone, l'arc de Triomphe & les autres, même le beau vase de marbre blanc qui est dans le parterre du nord à Versailles, sur lequel est en relief le sacrifice d'Iphigénie.

En séparant ces huiles ou bitumes de la pierre à chaux, elles se trouvent pareilles à celles que l'on fabrique actuellement en Alsace: mais la séparation en est beaucoup plus difficile, parce que les petites parties de la pierre à chaux sont si fines, qu'on ne peut tirer l'huile pure que par l'alembic; au lieu que celles d'Alsace, qui ont filtré dans un banc de sable, quittent facilement le sable dont les parties sont lourdes; ce sable détaché par l'eau bouillante, se précipite au fond de la chaudiere où il reste blanc, & l'huile qu'il contenoit surnage & se sépare sans peine de l'eau, avec le séparatoire. Pour dire tout ce que l'on sait de la mine d'asphalte de Neufchâtel, c'est de celle - là que M. de la Sablonniere a fait le pissasphalte avec lequel il a caréné, en 1740, le Mars & la Renommée, vaisseaux de la compagnie des lndes, qui sont partis de l'Orient, le premier pour Pondichery, & le second pour Bengale. Il est vrai que ces deux vaisseaux ont perdu une partie de leur carenne dans le voyage, mais ils sont revenus à l'Orient bien moins piqués de vers que les autres vaisseaux qui avoient eu la carenne ordinaire. Il n'est pas nécessaire d'en dire davantage sur la mine de Neufchâtel; revenons à celle d'Alsace.

Elle a été découverte par sa fontaine minérale nommée en Allemand backelbroun, ou fontaine de poix. Il y a plusieurs auteurs anciens qui ont écrit sur les qualités & propriétés des eaux de cette fontaine, dont le fameux docteur Jacques Théodore de Saverne, Medecin de la ville de Worms, fait un éloge infini; son livre est en Allemand, imprimé à Francfort en 1588; il traite des bains & eaux minérales, & dit des choses admirables de la fontaine nommée backelbroun. Il est vrai que les eaux de cette fontaine ont de grandes propriétés, & que tous les jours elles font des guérisons surprenantes, les gens du pays la bûvant avec confiance, quand ils sont malades. Si cette fontaine s'étoit trouvée à portée de la ville de Londres, quand les eaux de goudron y ont eu une si grande vogue, ses eaux seules auroient fait un revenu considérable. Il est constant que c'est une eau de goudron naturel, qui ne porte avec elle que des parties balsamiques; elle sent peu le goudron; elle est claire comme l'eau de roche, & n'a presque pas de sédiment: cependant elle réchauffe l'estomac, tient le ventre libre & donne de l'appétit en en bûvant trois ou quatre verres le matin à jeun; il y a des gens qui n'en boivent jamais d'autres, & se portent à merveille. - Les bains de cette eau sont tres - bons pour la galle & les maladies de la peau.

C'est donc cette fontaine qui a indiqué la mine d'asphalte où M. de la Sablonniere travaille actuellement: elle charrie, dans ses canaux soûterrains, un bitume noir, & une huile rouge qu'elle pousse de tems en tems sur la superficie des eaux de son bassin; on les voit monter à tous momens & former un bouillon; ces huiles & bitumes s'étendent sur l'eau, & on en peut ramasser tous les jours dix à douze livres, plus cependant en été qu'en hyver. Quand il y en a peu, & que le soleil donne sur la fontaine, ces huiles ont toutes les couleurs de l'arcen - ciel ou du prisme; elles se nuancent & ont des veines & des contours dans le goût de celles de l'albâtre, ce qui fait croire que si elles se répandoient sur des tufs durs & propres à se pétrifier, elles les

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