ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"612"> se trouvent'tous portés de suite sur le grand livre, dont il est d'usage d'employer toujours le même folio au même compte, & de ne point passer au second, que ce premier ne soit rempli. Voyez Savar. liv. cit. p. 571. seq. Malc. c. ij. sect. ij. p. 54.

Le livre d'envoi est celui qu'on tient séparément, pour éviter les ratures fréquentes qu'il faudtoit faire sur le journal, si on y portoit confusément tous les articles reçus, envoyés ou vendus. Ce registre particulier fait aussi qu'on trouve plus aisément qu'on ne feroit dans le grand livre. Or les envois qu'on porte sur ce registre, sont de marchandises achetées & envoyées pour le compte d'un autre, de marchandises vendues par commission, de marchandises envoyées pour être vendues pour notre compte, de marchandises vendues en société, dont nous avons la direction, ou dont d'autres l'ont.

Ce livre contient article par article, dans l'ordre qu'ils ont été fournis, un état de toutes les marchandises qu'un marchand embarque ou pour son compte, ou en qualité de commissionnaire pour celui d'un autre, conforme au connoissement, & de tous les frais faits jusqu'à l'embarquement.

En ce cas, le livre d'envoi n'est qu'une copie de ce qui est écrit sur le grand livre. Après avoir daté ou énoncé l'envoi de cette maniere: embarqué sur tel vaisseau, partant pour tel endroit, les marchandises suivantes, consignées à N. pour notre compte ou par mon ordre, à N. ou bien on le commence par ces mots: envoi des marchandises embarquées, &c. Voyez Mal. loco suprà citato, cap. ij. sect. iij. p. 62.

Le livre d'un facteur ou courtier est celui sur lequel il tient un état des marchandises qu'il a reçues d'autres personnes pour les vendre, & de l'emploi qu'il en a fait. Ce livre doit être chiffré & distingué par folio, comme le grand livre. A gauche est écrit dans un style énonciatif, simple, un état des marchandises reçues, & des charges & conditions; & à droite, celui de la vente & de l'emploi desdites marchandises; en sorte que ceci n'est qu'une copie du compte d'emploi des marchandises porté au grand livre. Si le marchand fait peu de commissions, il peut se passer d'avoir un livre exprès pour cette partie. Voyez Mal. loc. cit. p. 63. Savar. p. 575.

Livre de comptes courans, contient comme le grand livre, un état des dettes tant actives que passives, & sert pour régler avec ses correspondans, avant de porter la clôture de leurs comptes sur le grand livre. C'est proprement un duplicata des comptes courans, qu'on garde pour y avoir recours dans le besoin.

Livre d'acceptations est celui sur lequel sont enregistrées toutes les lettres de change dont on a été prévenu par des lettres d'avis de la part de ses correspondans, à l'effet de savoir lorsqu'il se présentera des lettres de change, si l'on a des ordres pour les accepter ou non. Quand on prend le parti de ne point accepter une lettre de change, on met à côté de l'article où elle est protestée, un P, qui veut dire protestée; si au contraire on l'accepte, on met à côté de l'article un A, ajoutant la date du jour de l'acceptation; & lorsqu'on a transporté cet article sur le livre des dettes, on l'efface sur celui - ci.

Livre de remise, est celui sur lequel on enregistre les lettres de change qu'on renvoie à ses correspondans, pour en tirer le montant. Si elles ont été protestées faute d'acceptation, & qu'elles soient revenues à celui qui les avoit renvoyées, on en fait mention à côté de chaque article, en ajoutant un P en marge, & la date du jour qu'elles sont revenues. Dans la suite on les raye.

Les livres d'acceptation & de remise ont tant de rapport l'un à l'autre, que bien des marchands n'en font qu'un des deux qu'ils chargent en dettes & en reprises, mettant les acceptations du côté des dettes, & les remises du côté des créances.

Livre de dépense, est un état des petites dépenses & achats pour les usages domestiques, dont on fait le total à la fin de chaque mois, pour le porter sur un livre consacré à cet usage. Voyez Savary, p. 577.

Ce livre joint aux différens livres particuliers de commerce, sert à marquer la perte ou le profit qu'on a fait. Il faut placer seuls les articles considérables; mais pour les petits articles de dépense journaliere, on peut n'en mettre que les montans, quoique dans le fond chacun détaille plus ou moins les articles selon qu'il lui plaît. Ce qu'il faut seulement observer ici, qu'à mesure que les articles de ce livre sont soldés, il faut les porter sur un registre particulier, & ce qui en résulte de profit ou de perte sur le grand livre. Voyez Malc. loc. cit. p. 54.

Livre des marchandises. Ce livre est nécessaire pour savoir ce qui est entré dans le magasin, ce qui en est sorti, & ce qui y est encore. A gauche on détaille la quantité, la qualité, & le nombre ou la marque de chacune des marchandises qui y est entrée; & à droite, vis - à - vis de chaque article, ce qui en est sorti de chacun, de cette maniere: [omission: table; to see, consult fac-similé version]

Livre par mois. Ce livre est chiffré par folio, comme le grand livre, & partagé en plusieurs espaces, en tête de chacun desquels est le nom d'un des mois de l'année, en suivant l'ordre naturel, laissant pour chaque mois autant d'espace que vous jugerez nécessaire. A gauche vous mettrez les payemens qui vous doivent être faits dans le mois, & à droite, ceux que vous avez à faire. Vous réserverez à gauche de chaque page une colonne où vous écrirez le jour du payement, & ensuite le nom du débiteur ou créancier, & vous mettrez la somme dans les colonnes à argent. Voyez Malc. p. 64.

Livre de vaisseaux. On en tient un particulier pour chaque vaisseau, qui contient un état des dettes & des créances. Dans la colonne des dettes on met l'avitaillement, l'équipement du vaisseau, & les gages des matelots. Du côté des créances, tout ce que le vaisseau a produit par le fret ou autrement. Ensuite après avoir fait un total de l'une & de l'autre, pour balancer le compte de chaque vaisseau, on le porte sur le journal.

Livre des ouvriers, est un livre que tiennent les directeurs de manufactures qui ont un grand nombre d'ouvrages dans les mains. On y tient un état de dettes & créances pour chaque ouvrier. Sous la colonne des dettes on met les matieres qu'on lui a fournies, & sous celle des créances, les ouvrages qu'il a rendus.

Livre de cargaison, ou plus communément livre de bord, est celui qui est tenu par le secrétaire ou commis du vaisseau, & qui contient un état de toutes les marchandises que porte le vaisseau, pour transporter, vendre ou échanger; le tout conforme à ce qui est porté sur les lettres de cargaison. Voyez Savar. D. Comm. suppl. p. 965. au mot Livre.

Livre de banque. Ce livre est nécessaire dans les villes où il y a banque, comme Venise, Amsterdam, Hambourg, & Londres. On y tient un état des sommes qui ont été payées à la banque, ou de celles qu'on en a reçues. [p. 613]

Livre, sans y ajouter rien de plus, signifie ordinairement le grand livre, quelquefois le journal. C'est en ce sens qu'il faut le prendre, lorsqu'on dit: J'ai porté cette somme sur mon livre; je vous donnerai un extrait de mon livre, &c. Voyez Savary, Dict. de comm. tit. I. p. 569. au mot Livre.

On appelle en Angleterre, livre de tarif, un livre qui se garde au parlement, dans lequel on voit sur quel pié les différentes marchandises doivent être taxées à la douane. Celui qui a force de loi, a été fait l'an 12 de Charles II. & est souscrit par messire Harbottle Grimstone, pour lors président de la chambre des communes. Il y en a cependant un second qu'on ne laisse pas de suivre dans l'usage, quoiqu'il ne soit pas expressément contenu dans le premier souscrit l'an 11 du regne de Georges I. par le chevalier Spencer Compton, pour lors président de la chambre des communes.

Livres (Page 9:613)

Livres, (Commerce.) au pluriel s'entend en termes de commerce, de tous les registres sur lesquels les négocians, marchands & banquiers écrivent par ordre, soit en gros, soit en détail, toutes les affaires de leur négoce, & même leurs affaires domestiques qui y ont rapport.

Les marchands ne peuvent absolument se passer de ces livres; & en France, ils sont obligés par les ordonnances d'en avoir, mais ils en ont besoin de plus ou de moins, selon la qualité du négoce & la quantité des affaires qu'ils font, ou selon la maniere dont ils veulent tenir leurs livres. On les tient ou en parties doubles, ou en parties simples. Presque tous les auteurs conviennent que ce sont les Italiens, & particuliérement le Vénitiens, les Génois & les Florentins qui ont enseigné aux autres nations la maniere de tenir les livres en parties doubles.

Pour tenir les livres en parties simples, ce qui ne convient guere qu'à des merciers ou de petits marchands qui n'ont guere d'affaires; il suffit d'un journal & d'un grand livre, pour écrire les articles de suite, & à mesure que les affaires les fournissent. Mais pour les gros négocians qui tiennent leurs livres à parties doubles, il leur en faut plusieurs, dont nous allons rapporter le nombre, & expliquer l'usage.

Les trois principaux livres pour les parties doubles, sont le mémorial, que l'on nomme aussi brouillon & quelquefois brouillard, le journal, & le grand livre, qu'on appelle autrement livre d'extrait ou livre de raison.

Outre ces trois livres, dont un négociant ne peut se passer, il y en a encore jusqu'à treize autres, qu'on nomme livres d'aides ou livres auxiliaires, dont on ne se sert qu'à proportion des affaires qu'on fait, ou selon le commerce dont on se mêle. Ces treize livres sont:

Le livre de caisse & de bordereaux.

Le livre des échéances, qu'on nomme aussi livre des mois, livre des notes ou d'annotations, ou des payemens ou quelquefois carnet.

Le livre des numeros.

Le livre des factures.

Le livre des comptes courans.

Le livre des commissions, ordres, ou avis.

Le livre des acceptations ou des traites.

Le livre des remises.

Le livre des dépenses.

Le livre des copies de lettres.

Le livre des ports - de - lettres.

Le livre des vaisseaux.

Le livre des ouvriers.

A ces treize qui pourtant peuvent suffire, on peut en ajouter d'autres, suivant la nature du commerce ou la multiplicité des affaires.

Livre mémorial (Page 9:613)

Livre mémorial. Ce livre est ainsi nommé, à cause qu'il sert de mémoire; on l'appelle aussi livre brouillon ou livre brouillard, parce que toutes les affaires du négoce s'y trouvent comme mêlées confusément, &, pour ainsi dire, mêlées ensemble. Le livre mémorial est le premier de tous, & celui duquel se tire ensuite tout ce qui compose les autres, aussi ne peut - on le tenir avec trop d'exactitude & de netteté, sur - tout parce qu'on y a recours dans les contestations qui peuvent survenir pour cause de commerce.

Le livre mémorial peut se tenir en deux manieres: la premiere, en écrivant simplement les affaires à mesure qu'elles se font, comme acheté d'un tel, vendu à un tel, payé à un tel, prêté telle somme, &c. La seconde maniere de le tenir, est en débitant & créditant tout - d'un - coup chaque article: on estime celle ci la meilleure, parce que formant d'abord une espece de journal, elle épargne la peine d'en faire un autre.

Quelques - uns, pour plus d'exactitude, divisent le livre mémorial en quatre autres, qui sont le livre d'achat, le livre de vente, le livre de caisse & le livre de notes. Des négocians qui suivent cet ordre, les uns portent d'abord les articles de ces quatre livres sur le grand livre, sans faire de journal; & les autres, en mettant ces quatre livres au net, en font leur journal, dont ils portent ensuite les articles sur le grand livre.

Livre journal (Page 9:613)

Livre journal. Le nom de ce livre fait assez entendre qu'on y écrit jour par jour toutes les affaires, à mesure qu'elles se font.

Chaque article qu'on porte sur ce livre, doit être composé de sept parties, qui sont la date, le débiteur, le créancier, la somme, la quantité & qualité, l'action ou comment payable, & le prix.

Ordinairement ce livre est un registre in - folio de cinq à six mains de papier, numeroté & reglé d'une ligne du côté de la marge, & de trois de l'autre pour y tirer les sommes.

C'est du livre journal dont l'ordonnance du mois de Mars 1673 entend parler, lorsqu'elle prescrit au tit. III. art. 1. 3. & 5. que les négocians & marchands, tant en gros qu'en détail, ayent un livre qu contienne tout leur négoce, leurs lettres de change, leurs dettes actives & passives, &c. & c'est aussi faute de tenir ce livre & de le représenter, que les négocians, lors des faillites, peuvent être réputés banqueroutiers frauduleux, & en conséquence poursuivis extraordinairement, & condamnés aux peines portées au tit. XI. art. 11. & 12. de la même ordonnance.

Modele d'un article du livre journal.
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Livre grand (Page 9:613)

Livre grand. Ce livre, outre ce nom qui lui vient de ce qu'il est le plus grand de tous les livres dont se servent les négocians, en a encore deux autres, savoir livre d'extrait & livre de raison. On l'ap<cb-> pelle livre d'extrait, à cause qu'on y porte tous les articles extraits du livre journal & livre de raison, parce qu'il rend raison à celui qui le tient de toutes ses affaires.

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