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Louis d'or (Page 9:700)
Les louis d'or fabriqués alors & depuis, étoient à vingt - deux karats, & par conséquent plus foibles d'un karat que les écus d'or. Le louis d'or du poids de trois deniers six grains trébuchant, valoit dix livres; celui de deux deniers quinze grains trébuchant, valoit cinq livres.
Mais il ne faut pas oublier de remarquer ici qu'on fabriqua pour la premiere fois en 1640, la majeure partie des louis d'or au moulin, dont enfin l'utilité fut reconnue & protégée par le chancelier Séguier, contre les oppositions & les cabales qui duroient depuis vingt - cinq ans, & qui avoient obligé Briot, l'auteur de cette invention, à la porter en Angleterre, où on n'hésita pas à l'adopter sur le champ.
On fit aussi dans ce tems - là, des demi - louis, des doubles louis, des quadruples, & des pieces de dix louis; mais ces deux dernieres especes ne furent que des pieces de plaisir, & n'ont point eu cours dans le commerce. Le célebre Warrin en avoit fait les coins; jamais les monnoies n'ont été si belles ni si bien monnoyées, que pendant que cet habile homme en a eu l'intendance.
Les louis d'or, ou comme nous les nommons simplement, les louis, n'ont changé ni de poids ni de titre, quoique leur prix idéal soit augmenté. Ceux qu'on fait aujourd'hui sont les mêmes, ou doivent être les mêmes que ceux qu'on faisoit sous Louis XIII. en 1640.
On trouvera, si l'on en est curieux, dans le Blanc,
Boizard, & autres écrivains modernes, les différens
changemens idéaux qui sont arrivés au prix du louis
d'or, sous le regne de Louis XIV. & de Louis XV.
jusqu'à ce jour; mais il vaudra mieux lire les mots
LOUISBOURG (Page 9:700)
LOUISBOURG, (Géogr.) petite ville de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, capitale
de l'Isle royale; on la nommoit précédemment
le Havre à l'Anglois. Elle est située au détroit,
ou passage de Fronsac, qui sépare l'Isle royale de
l'Acadie, sur une langue de terre qui forme l'entrée
du port, & qui est très - bien fortifiée; le port est
aussi défendu par plusieurs batteries; d'ailleurs le
gouverneur de l'Isle royale, le conseil & l'étatmajor,
avec une bonne garnison, font leur résidence
à Louisbourg. Cependant elle fut prise en 1746
par les Anglois, après cinquante jours d'une vigoureuse
défense. Ce ne fut point une opération du cabinet
des ministres de Londres, comme le remarque
M. de Voltaire; ce fut le fruit de la hardiesse des négocians
établis dans la nouvelle Angleterre. Ils armerent
quatre mille hommes, les soudoyerent, les
approvisionnerent, & leur fournirent des vaisseaux
de transport. Tant une nation commerçante & guerriere
est capable de grandes choses! La long. de
Louisbourg, à l'égard de Paris, est de 4
Louisbourg a été reprise de nouveau par les Anglois en 1758.
LOUP (Page 9:700)
LOUP, lupus, s. m. (Hist. nat. Zool.) animal quadrupede qui a beaucoup de rapport avec les grands chiens mâtins, pour la taille, les proportions du corps, & la conformation intérieure. Le principal trait qui distingue la face du loup de celle du mâtin, est dans la direction de l'ouverture des paupieres qui est fort inclinée, au lieu d'être horisontale, comme dans les chiens. Les oreilles sont droites. Le loup a le corps plus gros que le mâtin, les jambes plus courtes, la tête plus large, le front moins élevé, le museau un peu plus court & plus gros, les yeux plus petits & plus éloignés l'un de l'autre. Il paroît plus robuste, plus fort & plus gros; mais la longueur du poil contribue beaucoup à cette apparence, principalement le poil de la tête qui est au - devant de l'ouverture des oreilles, celui du cou, du dos, des fesses, & de la queue qui est fort grosse. Les couleurs du poil sont le noir, le fauve, le gris, & le blanc mêlé différemment sur différentes parties. Le loup est très - carnassier, naturellement grossier & poltron, mais ingénieux par le besoin & hardi par nécessité. Il attaque en plein jour les animaux qu'il peut emporter, tels que les agneaux, les chevreaux, les petits chiens, quoiqu'ils soient sous la garde de l'homme. Mais lorsqu'il a été maltraité par les hommes ou par les chiens, il ne sort que la nuit; il rôde autour des habitations; il attaque les bergeries; il creuse la terre pour passer sous les portes; & lorsqu'il est entré, il met tout à mort avant de choisir & d'emporter sa proie. Lorsqu'il n'a pu rien trouver dans les lieux habités, il se met en quête au fond des bois; il poursuit les animaux sauvages; enfin, dans l'extrême besoin, il se jette sur les femmes & les enfans, & même sur les hommes. Les loups qui se sont accoûtumés à manger de la chair humaine en suivant les armées, attaquent les hommes par préférence: on les appelle loups - garoux, c'est - à - dire loup dont il faut se garer. Quoique le loup ressemble beaucoup au chien par la conformation du corps, cependant ils sont antipathiques par nature, & ennemis par instinct. Les jeunes chiens fuient les loups; les chiens qui ont assez de force, les combattent à toute outrance. Si le loup est plus fort, il dévore sa proie: au contraire le chien abandonne le loup qu'il a tué; il sert de pâture à d'autres loups, car ces animaux s'entre - dévorent: s'il s'en trouve un qui soit griévement blessé, les autres s'attroupent pour l'achever. On apprivoise de jeunes loups; mais avec l'âge ils reprennent leur caractere féroce, & retournent, s'ils le peuvent, à leur état sauvage. Les louves deviennent en chaleur dans l'hiver; les vieilles à la fin de Décembre, & les jeunes au mois de Février ou au commencement de Mars. Leur chaleur ne dure que douze ou quinze jours. Elles portent pendant environ trois mois & demi; elles font ordinairement cinq ou six petits, quelquefois sept, huit, & même neuf, & jamais moins de trois. Elles mettent bas au fond d'un bois, dans un fort, sur une grande quantité de mousse qu'elles y apportent pour servir de lit à leurs petits. Ils naissent les yeux fermés comme les chiens; la mere les alaite pendant quelques semaines, & leur donne ensuite de la chair qu'elle a mâchée. Au bout de six semaines ou deux mois, ils sortent avec la mere qui les mene boire; ils la suivent ainsi pendant plusieurs mois; elle les ramene au gîte; les cache, lorsqu'elle craint quelque danger; & si on les attaque, elle les défend avec fureur. Les mâles & les femelles sont en état d'engendrer à l'âge d'environ deux ans; ils vivent quinze ou vingt ans. La couleur & le poil de ces animaux changent suivant les différens climats, & varie quelque<pb-> [p. 701]
Loup (Page 9:701)
Avec une grande vigueur jointe à une grande sagacité, le loup fourniroit facilement à ses besoins, si l'homme n'y mettoit pas mille obstacles; mais il est contraint de passer tout le jour retiré dans les bois pour se dérober à la vûe de son ennemi: il y dort d'un sommeil inquiet & leger, & il ne commence à vivre qu'au moment où l'homme revenu de ses travaux, laisse régner le silence dans les campagnes. Alors il se met en quête; & marchant toujours le nez au vent, il est averti de fort loin du lieu où il doit trouver sa proie: dans les pays où les bois sont peuplés de bêtes fauves, la chasse lui procure aisément de quoi vivre. Un loup seul abat les plus gros cerfs. Lorsqu'il est rassasié, il enterre ce qui lui reste, pour le retrouver au besoin; mais il ne revient jamais à ces restes que quand la chasse a été malheureuse. Lorsque les bêtes fauves manquent, le loup attaque les troupeaux, cherche dans les campagnes quelque cheval ou quelque âne égaré: il est très - friand sur - tout de la chair de l'ânon.
Si les précautions des bergers & la vigilance des chiens mettent les troupeaux hors d'insulte; devenu hardi par nécessité, il s'approche des habitans, cherche à pénétrer dans les basse cours, enleve les volailles, & dévore les chiens qui n'ont pas la force ou l'habitude de se défendre contre lui. Lorsque la disette rend sa faim plus pressante, il attaque les enfans, les femmes; & même après s'y être accoûtumé par degré, il se rend redoutable aux hommes faits. Malgré ces excés, cet animal vorace est souvent exposé à mourir de faim. Lorsqu'il est trahi par ses talens pour la rapine, il est contraint d'avaler de la glaise, de la terre, afin, comme l'a remarqué M. de Buffon, de lester son estomac & de donner à cette membrane importante l'étendue & la contension nécessaires, pour que le ressort ne manque pas à toute la machine.
Il doit à ce secours l'avantage d'exister peut - être quelques jours encore; & il lui doit la vie, lorsque pendant ce tems le hazard lui offre une meilleure nourriture qui le répare.
Les loups restent en famille tant qu'ils sont jeunes, parce qu'ils ont besoin d'être ensemble pour s'aider réciproquement à vivre. Lorsque vers l'âge de dix - huit mois ils ont acquis de la force & qu'ils
La vigueur & la finesse de sens dont les loups sont doués, leur donnant beaucoup de facilité pour attaquer à force ouverte ou surprendre leur proie, ils ne sont pas communément forcés à beaucoup d'industrie: il n'est pas nécessaire que leur mémoire, quant à cet objet, soit chargée d'un grand nombre de faits, ni qu'ils en tirent des inductions bien compliquées. Mais si le pays, quoiqu'abondant en gibier, est assiégé de pieges; le vieux loup instruit par l'expérience, est forcé à des craintes qui balancent son appétit: il marche toujours entre le double écueil ou de donner dans l'embuche ou de mourir de faim. Son instinct acquiert alors de l'étendue; sa marche est precautionnée; tous ses sens excités par un intérêt aussi vif veillent à sa garde, & il est très - difficile de surprendre sa défiance.
On a pour chasser le loup des équipages de chiens
courans, composés comme ceux avec lesquels on
chasse les bêtes fauves. Voyez
La raison des retours qui sont familiers à la plupart des bêtes fauves qu'on chasse, est pour les uns la foiblesse, & pour d'autres la crainte de s'égaret dans des lieux inconnus. Les cerfs nés dans un pays, ne s'écartent guere quand ils sont chassés de l'enceinte des trois ou quatre lieues qu'ils connoissent. Mais lorsque dans le tems du rut, l'effervescence amoureuse & la disette de femelles les a forcés de quitter le lieu de leur naissance, pour chercher au loin la jouissance & le plaisir; s'ils sont attaqués, on les voit aussi - tôt prendre leur parti & refuir sans retour dans les bois d'où ils étoient venus. Or, le loup connoît toujours une grande étendue de pays; souvent il parcourt vingt lieues dans une seule nuit. Né vagabond & inquiet, il n'est retenu que par l'abondance de gibier; & cet attrait est aisément détruit par le bruit des chiens & la nécessité de se dérober à leur poursuite.
On va en quête avec le limier pour détourner le
loup aussi bien que pour le cerf, mais il faut beaucoup
plus de précautions pour s'assurer du premier.
On peut approcher assez pres du cerf sans le faire
lever de la reposée, mais le moindre bruit fait partir
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