ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"698"> est sur une colline, au pié de laquelle coule le Rhindacus des anciens. Voyez Rhindacus.

Quoique Loubat n'ait aujourd'hui qu'environ 200 maisons d'assez mauvaise apparence, habitées par des Turcs & par des Chrétiens, cependant ce lieu a été considérable sous les empereurs grecs. Ses murailles qui sont presque ruinées, étoient défendues par des tours, les unes rondes, les autres pentagones, quelques - unes triangulaires. On y voyoit encore dans le dernier siecle des morceaux de marbre antique, des colonnes, des chapiteaux, des basreliefs & des architraves, le tout brisé & très - mal traité.

L'empereur Jean Comnène, qui parvint à l'empire en 1118, y fit bâtir un château, qui est présentement tout démoli. La ville étoit plus ancienne que cet empereur; car elle fut pillée par les Mahométans sous Andronic Comnène, qui régnoit en 1081. Cet Andronic Comnène envoya une armée à Lopadion, pour ramener à leur devoir les habitans, qui, à l'exemple de ceux de Nicée & de Pruse, avoient abandonné son parti.

Après la prise de Constantinople par le comte de Flandres, Pierre de Bracheux mit en fuite les troupes de Théodore Lascaris, à qui Lopadium resta par la paix qu'il fit avec Henri, successeur de Baudouin, comte de Flandres & premier empereur latin d'Orient.

Quand le grand Ottoman eut défait le gouverneur de Pruse, & les princes voisins qui s'étoient ligués pour arrêter le cours de ses conquêtes, il poursuivit le prince de Feck dans Lopadium, & le fit hacher en morceaux à la vûe de la citadelle.

Enfin Lopadium est aussi fameux dans les annales turques par la victoire qu'Amurat remporta sur son oncle Mustapha, que le Rhindacus l'est dans l'histoire romaine par la défaite de Mithridate. On peut lire Leunclavius & Calchondy le sur cet évenement.

M. Spon a fait bien des fautes en parlant de Lopadi, ou comme il l'appelle Loupadi. Il a eu tort de prendre le lac de Lopadi pour le lac Ascanius des anciens, qui est celui que les Turcs nomment Isnich. Il s'est encore trompé, en assûrant que la riviere de Lopadi se jette dans le Granique.

Il paroît aussi que le même Spon. le sieur Lucas & M. Vaillant sont tous trois dans l'erreur, quand ils ont pris Lopadion ou Loubat pour être l'ancienne Apollonia. Cette fameuse ville, où Apollon étoit sans doute révéré, est aujourd'hui le village d'Abouillona, qui en conserve le nom. Son lac est appellé par Strabon le lac Apolloniate. Voyez les voyages de Tournefort, & le Dict. de la Martiniere aux mots Loubat, Lopadium, Apollonie & Abouillona. (D. J.)

LOUCHET (Page 9:698)

LOUCHET, s. m. (Econ. rustiq.) espece de hoyau ou de bêche propre à fouir la terre. Il est plat, tranchant, droit, & avec son manche il ressemble à une pelle.

LOUDUN (Page 9:698)

LOUDUN, (Géog.) ville de France en Poitou. On la nomme en latin, castrum Lausdunense, Losdunum, Lavesdunum, Laucidunum, & Laudunum.

Macrin & les freres Sainte - Marthe sont les premiers qui, par une licence poétique, ont donné à cette ville le nom de Juliodunum, que Chevreau & quelques autres ont tâché de lui conserver.

Il est certain qu'on doit la mettre au rang des anciennes villes, puisqu'avant l'an 1000, elle figuroit déja comme un lieu considérable, & la principale place du Loudunois soumis à l'obéissance des comtes d'Anjou. Voyez à ce sujet ce qu'en dit Longuerue, dans sa description de la France, I. partie, pag. 151.

Cette ville se fit considérer dans les guerres civiles du seizieme siecle, & par sa situation, & par son château, que Louis XIII. démolit en 1633. Le couvent des Ursulines de Loudun se rendit célebre dans la même année, par l'histoire de la possession imaginaire de plusieurs de ses religieuses, & par la condamnation d'Urbain Grandier, qui fut une des malheureuses victimes de la haine du cardinal de Richelieu. On pourroit opposer ce seul trait de la vie du grand ministre de Louis XIII. à tous les éloges si fades & si bas que lui prodiguent nos académiciens lors de leur réception à l'académie françoise.

Loudun est située sur une montagne à douze lieues N. O. de Poitiers, quinze S. O. de Tours, soixante - deux S. O. de Paris. Long. 17. 42. lat. 47. 2.

Il me reste à dire que cette ville est la patrie de plusieurs gens de lettres, parmi lesquels je ne dois pas oublier de nommer Mis. Bouilland, Chevreau, Macrin, Renaudot, & les freres de Sainte - Marthe.

Bouilland (Ismael) possédoit la Théologie, l'Histoire, les belles - Lettres, & les Mathématiques; j'en ai pour preuve les divers ouvrages qu'il a publiés, & le journal des savans, tom. XXIII. pag. 126. Ses voyages en Italie, en Allemagne, en Pologne, & au Levant, lui procurerent des connoissances qu'on n'acquiert que par ce moyen. Il mourut à Paris en 1694, âgé de quatre - vingt - neuf ans. Son éloge se trouve parmi les hommes illustres de Perrault.

Chevreau (Urbain) savant & bel esprit, qui a eu beaucoup de réputation, mais elle ne s'est pas soutenue; l'histoire du monde, son meilleur ouvrage, souvent réimprimé, fourmille de trop de fautes pour qu'on puisse le louer. M. Chevreau est mort en 1701, à quatre - vingt huit ans.

Macrin (Jean) un des meilleurs poëtes latins du seizieme siecle, au jugement de M. de Thou, qui a fait son éloge; son vrai nom étoit Maigret: il s'appella Macrinus dans ses poésies latines, d'où lui vint le nom de Macrin en françois, qui lui est demeuré. Il mourut de vieillesse dans sa patrie en 1555.

Renaudot (Théophraste) medecin, mort en 1653 à soixante dix ans, commenca le premier en 1631, à publier les nouvelles publiques si connues sous le nom de gazettes. Il a eu pour petit - fils, l'abbé Renaudot, savant dans l'histoire & les langues orientales, mort à Paris en 1720 âgé de soixante - quatorze ans.

Mais les freres jumeaux, Scévole & Louis de Sainte - Marthe, fils du premier Scévole, enterrés tous les deux à Paris a S. Severin dans le même tombeau, furent très - illustres par leur savoir. On a d'eux l'histoire généalogique de la maison de France, la Gallia Christiana pleine d'érudition, & plusieurs autres ouvrages. Scévole mourut à Paris en 1650 à soixante - dix - sept ans, & Louis en 1656.

Leur pere Scévole leur avoit servi d'exemple dans la culture des sciences. C'est lui qui réduisit Poitiers sous l'obeissance d'Henri IV. & qui sauva la ruine de Loudun, où il fin tses jours en 1623, âgé de soixante - dix - huit ans. On doit le mettre au rang des meilleurs poëtes latins de son siecle. C'est une famille bien noble que celle de Sainte - Marthe, car elle n'a produit que des gens de mérite, qui tous ont prolongé leur carriere dans le sein des Muses, jusqu'à la derniere vieillesse. Aucun d'eux n'est mort avant l'âge de soixante dix ans. Nous ne voyons plus de familles aussi heureusement organisées que l'étoit celle des Sainte - Marthe. (D. J.)

LOUDUNOIS, ou LODUNOIS (Page 9:698)

LOUDUNOIS, ou LODUNOIS, (Géog.) contrée de France, dont la capitale est Loudun. La petite riviere de Dive sépare cette contrée de l'Anjou & du Poitou. Le Loudunois a sa coûtume particuliere, à laquelle le parlement a tantôt égard & tantôt point. De Lauriere a fait un commentaire sur cette coûtume, avec une histoire abregée du pays, qui est ce qui nous intéresse le plus ici. (D. J.)

LOUER (Page 9:698)

LOUER, v. act. (Gramm. & Morale.) c'est té<pb-> [p. 699] moigner qu'on pense avantageusement. La louange devroit toujours être l'expression de l'estime. Louer délicatement, c'est faire croire à la louange. Toute louange qui ne porte pas avec elle le caractere de la sincérité, tient de la flaterie ou du persifflage, & par conséquent indique de la malice dans celui qui la donne, & quelque sotise dans celui qui la reçoit. L'homme de sens la rejette & en ressent de l'indignation. Rien ne se prodigue plus entre les hommes que la louange; rien ne se donne avec moins de grace. L'intérêt & la complaisance inondent de protestations, d'exagérations, de faussetés; mais l'envie & la vanité viennent presque toujours à la traverse, & répandent sur la louange un air contraint qui la rend insipide. Ce seroit peut être un paradoxe que de dire qu'il n'y a point de louange qui ne peche ou par le défaut de mérite en celui à qui elle est adressée, ou par défaut de connoissance en celui qui la donne; mais je sais bien que l'écorce d'une belle action, séparée du motif qui l'a inspirée, n'en fait pas le mérite, & que la valeur réelle qui dépend de la raison secrette de celui qui agissoit, & qu'on loue d'avoir agi, nous est souvent inconnue, & plus souvent encore déguisée.

Le louangeur éternel m'ennuie; le railleur impitoyable m'est odieux. Voyez l'article Louange.

Louer (Page 9:699)

Louer, (Comm.) prendre ou donner à louage des terres, des vignes, des maisons & autres immeubles. Il se dit aussi des meubles, des voitures, des bestiaux, & encore des personnes & de leur travail.

Dans tous ces sens on dit dans le commerce louer une boutique, un magasin, une échope dans les rues, une place aux halles, une loge à la foire.

Louer des meubles, des habits chez les Tapissiers & Fripiers; louer un carosse, une litiere, un cheval, une place dans une voiture publique; ce qui appartient aux voituriers, messagers, carossiers, loueurs de chevaux, maquignons, &c.

Enfin louer des compagnons, des garçons, des gens de journée, manouvriers, &c. ce que font les maîtres des communautés des arts & métiers, & les particuliers qui ont quelques travaux à faire faire. Dictionn. de commerce.

LOUER un cable (Page 9:699)

LOUER un cable, ou ROUER in cable, (Marine.) c'est mettre un cable en rond en façon de cerceaux, afin de le tenir prêt à filer lorsqu'il faut mouiller. Les cables doivent toujours être loués dans le vaisseau, parce qu'ils tiennent alors moins de place: lorsqu'on met les cables en bas, il faut les tenir séchement; pour cet effet on met dessous quelques pieces de bois, afin que s'il entre de l'eau dans le lieu où ils sont loués, elle ne les touche pas. C'est le contremaître qui en est chargé.

Autrefois on disoit louer une manoeuvre, mais présentement on dit rouer des manoeuvres. Voy. Rouer.

LOUEUR (Page 9:699)

LOUEUR, s. m. (Comm.) celui qui donne quelque chose à louage; on le dit particulierement des loueurs de chevaux, des loueurs de carrosses.

LOUGH LENE (Page 9:699)

LOUGH LENE, (Hist. nat.) le mot lough en irlandois signifie lac; ainsi lough - Lene veut dire lac de Lene. C'est un lac fingulier d'Irlande dans le comté de Kerry, à la partie méridionale de cette île, qui contient environ trois mille arpens quarrés; on le divise en supérieur & en inférieur. Il est commandé par des montagnes; au haut de l'une, qui s'appelle Mangerton, est un lac dont on ne connoît pas le fond, & qu'en langue du pays on nomme pour cette raison poulle iferon, c'est - à - dire trou d'enfer. Ce lac est sujet à se déborder; alors il en sort des torrens très considérables qui retombent dans le lac inférieur, & qui forment des cascades ou des chûtes d'eau, dont l'aspect est très - singulier. On dit qu'il se trouve des pierres précieuses dans ce lac, & dans son voisinage on rencontre des mines de cuivre & d'argent.

LOUGH - NEAGH (Page 9:699)

LOUGH - NEAGH, (Hist. nat.) ce mot signifie lat de Neagh. C'est le nom d'un lac fameux d'Irlande, situé au nord de cette île, entre les comtés d'Antrim, de Tyrone & d'Ardmach. Il a environ trente milles, c'est - à - dire dix lieues de longueur; & quinze milles, c'est - à - dire cinq lieues de largeur. Il est remarquable par la propriété que quelques auteurs lui ont attribuée de pétrifier & de changer même en fer les corps que l'on y jette. On a, dit - on, observé qu'en enfonçant des pieux de bois dans ce lac, ils étoient au bout d'un certain tems pétrifiés dans la partie qui avoit été enfoncée dans l'eau, tandis que la partie qui étoit restée hors de l'eau, restoit combustible, & dans l'état d'un vrai bois. M. Barron a examiné ce phénomene avec une attention particuliere, & il a trouvé que ce n'est point une incrustation ou un dépôt qui se fait à l'extérieur du bois, comme M. de Buffon l'a cru, mais toute la substance est pénétrée du suc lapidifique & changée en pierre. Les bois pétrifiés que l'on tire de ce lac, sont de deux especes; il y en a qui se changent en une pierre blanche, légere, poreuse & propre à aiguiser les outils. On trouve d'autres bois changés en une pierre noire, dure, pesante, dans laquelle il y a souvent soit à sa surface, soit à son intérieur, des parties ligneuses qui n'ont point été changées en pierre. Ces deux especes de bois pétrisiés conservent le tissu ligneux, & font feu lorsqu'on les frappe avec de l'acier; elles soutiennent le feu le plus violent sans se calciner ni se changer en verre; la seconde espece, après avoir été calcinée, devient blanche, légere & poreuse comme la premiere. On croit que c'est du bois de houx qui a été ainsi pétrifié; mais il paroît que c'est plûtôt un bois résineux, car on dit qu'il répand une odeur agréable lorsqu'on le calcine. Quelques gens ont cru que cette pétrification se faisoit en sept ans de tems, mais ce fait ne paroît point constaté.

La pétrification ne se fait pas seulement dans le lac de lough Neagh, mais encore elle se fait dans la terre qui en approche jusqu'à huit milles de distance, & l'on y trouve des amas de bois enfouis en terre, & parfaitement pétrifiés. Voyez Barton, philosophical lectures.

Boyle dit dans son traité sur l'origine des pierres précieuses, que dans le fond du lac de Neagh, il y a des rochers où sont attachées des crystallisations de différentes couleurs.

LOUGNON (Page 9:699)

LOUGNON, (Géogr.) riviere qui prend sa source dans les montagnes de Vauge, aux confins de la Bourgogne, traverse une partie de ce comté, & se jette dans la Sône à trois lieues au - dessous de Grey.

LOUNIGUIN (Page 9:699)

LOUNIGUIN, s. m. terme de relation, nom donné par les Sauvages d'Amérique, au trajet de terre qui fait la distance du passage d'une riviere à une autre, pendant lequel trajet on est obligé de porter son canot sur la tête ou sur les épaules. Il se trouve aussi des endroits dans les rivieres, où la navigation est empêchée par des sauts, par des chûtes d'eau entre des rochers, qui retrécissent le passage, & rendent le courant si rapide, que l'on est forcé de porter le canot jusqu'à l'endroit où le cours de la riviere permet qu'on en fasse usage; quelquefois le portage du canot est de quelques lieues, & se répete assez souvent; mais ce portage ne fatigue ni n'arrête les Sauvages, à cause de la légéreté de leurs canots. Nous indiquerons ailleurs leur fabrique & leur forme.

LOUIS d'argent (Page 9:699)

LOUIS d'argent, (Monnoie.) piece de monnoie de France qu'on commença de fabriquer sous Louis XIII. en 1641, peu de tems après les louis d'or.

L'ordonnance porte que les louis d'argent seront fabriqués les uns de soixante sols, les autres de trente sols, de quinze sols & de cinq sols, tous au titre de onze deniers de fin, au remede de deux grains. Les louis d'argent de soixante sols, pesant

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