ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"604"> Pseautier, les Epîtres, l'Evangile, le livre de Messe, le livre de Plein - chant, autrement Antiphonier, le Manuel, le Calendrier, le Martyrologe, le Pénitentiel, & le livre des Leçons. Voyez Johns, lois ecclés. ann. 957. parag. 21.

Les livres d'église chez les Juifs, sont le livre de la Loi, l'Hagiographe, les Prophetes, &c. Le premier de ces livres s'appelle aussi le livre de Moïse, parce que ce législateur l'a composé, & le livre de l'Alliance, parce qu'il contient l'alliance de Dieu avec les Juifs. Dans un sens plus absolu, le livre de la Loi signifie l'original ou l'autographe qui fut trouvé dans le trésor du temple sous le regne de Josias.

On peut distinguer les livres selon leur dessein ou le sujet qu'ils traitent, en historiques, qui racontent les faits ou de la nature ou de l'humanité, & en dogmatiques, qui exposent une doctrine ou des vérités générales. D'autres sont mêlés de dogmes & de faits; on peut les nommer historico - dogmatiques. D'autres recherchent simplement des vérités, ou tout au plus indiquent les raisons par lesquelles ces vérités peuvent être prouvées comme la Géométrie de Mallet. On peut les ranger sous la même classe; mais on donnera le titre de scientifico - dogmatiques, aux ouvrages qui non - seulement enseignent une science, mais encore qui la démontrent comme les élémens d'Euclide. Voyez Volf, Philos. prat. sect. III. chap. j. parag. 7. page 750.

Livres pontificaux, libri pontificales, IERATIKA *BIBLIA; c'étoient parmi les Romains les livres de Numa qui étoient gardés par le grand - prêtre, & dans lesquels étoient décrites les cérémonies des fêtes, des sacrifices, les prieres, & tout ce qui avoit rapport à la religion. On les appelloit aussi indigitamenta, parce qu'ils servoient, pour ainsi dire, à désigner les dieux dont ils contenoient les noms, aussi - bien que les formules & les invocations usitées en diverses occasions. Voyez Lomeier, de Bibl. c. vj. pag. 107. Pitisc. L. Ant. tom. II. pag. 85. voc. libri.

Livres rituels, libri rituales; c'étoient ceux qui enseignoient la maniere de bâtir & de consacrer les villes, les temples, & les autels, les cérémonies des consécrations des murs, des portes principales, des familles, des tribus, des camps. Voyez Lomeier, loc. cit. chap. vj. Pitisc. ubi suprà.

Livres des augures, libri augurales, appellés par Ciceron reconditi: c'étoient ceux qui contenoient la science de prévoir l'avenir par le vol & le chant des oiseaux. Voyez Ciceron, orat. pro domo suâ ad pontif. Servius, sur le V. liv. de l'Enéid. v. 738. Lomeier, lib. cit. lib. VI. pag. 109. Voyez aussi Augure.

Livres des aruspices, libri haruspicini; c'étoient ceux qui contenoient les mysteres & la science de deviner par l'inspection des entrailles des victimes. Voyez Lomeier, loc. cit. voyez Aruspice.

Livres achérontiques; c'étoient ceux dans lesquels étoient contenues les cérémonies de l'acheron; on les nommoit aussi libri etrusci, parce qu'on en faisoit auteur Tagés l'Etrurien, quoique d'autres les attribuassent à Jupiter même. Quelqus - uns croient que ces livres étoient les mêmes que ceux qu'on nommoit libri fatales, & d'autres les confondent avec ceux des haruspices. Voyez Servius, sur le V. liv. de l'Enéid. v. 398. Lomeier, de Bibl. c. vj. pag. 152. Lindenbrog, ad Censorin. cap. xiv.

Livres fulminans, libri fulgurantes; c'étoient ceux qui traitoient du tonnerre, des éclairs, & de l'interprétation qu'on devoit donner à ces météores. Tels étoient ceux qu'on attribuoit à Bigoïs, nymphe d'Etrurie, & qui étoient conservés dans le temple d'Apollon. Voyez Servius, sur le VI. liv. de l'Enéïd. v. 72. Lomeier, Ibid. pag. 3.

Livres fatals, libri fatales, qu'on pourroit appel<cb-> ler autrement livres des destins. C'étoient ceux dans lesquels on supposoit que l'âge ou le terme de la vie des hommes étoit écrit selon la discipline des Etruriens. Les Romains consultoient ces livres dans les calamités publiques, & on y recherchoit la maniere d'expiation propre à appaiser les dieux. Voyez Censorin. de die natal. c. xiv. Lomeier, ch. vj. pag. 112. & Pitiscus, page 85.

Livres noirs; ce sont ceux qui traitent de la magie. On donne aussi ce nom à plusieurs autres livres, soit par rapport à la couleur dont ils sont couverts, soit par rapport aux choses funestes qu'ils contiennent. On en appelle aussi d'autres livres rouges, ou papiers rouges, c'est - à - dire livres de jugement & de condamnation. Voyez Jugement.

Bons livres; ce sont communément les livres de dévotion & de piété, comme les soliloques, les méditations, les prieres. Voyez Shaftsbury, tom. I. caract. pag. 165. & tome III. page 327.

Un bon livre, selon le langage des Libraires, est un livre qui se vend bien; selon les curieux, c'est un livre rare; & selon un homme de bon sens, c'est un livre instructif. Une des cinq principales choses que Rabbi Akiba recommanda à son fils fut, s'il étudioit en Droit, de l'apprendre dans un bon livre, de peur qu'il ne fût obligé d'oublier ce qu'il auroit appris. Voyez Evenius, de furib. Librar. Voyez aussi au commencement de cet article le choix qu'on doit faire des livres.

Livres spirituels: on appelle ainsi ceux qui traitent plus particulierement de la vie spirituelle, pieuse, & chrétienne, & de ses exercices, comme l'oraison mentale, la contemplation, &c. Tels sont les livres de S. Jean Climaque, de S. François de Sales, de sainte Thérese, de Thomas Akempis, de Grenade, &c. Voyez Mystique.

Livres profanes; ce sont ceux qui traitent de toute autre matiere que de la Religion. Voyez Profane.

Par rapport à leurs auteurs, on peut distinguer les livres en anonymes, c'est - à - dire, qui sont sans nom d'auteur. Voyez Anonyme; & en cryptonimes, dont le nom des auteurs est caché sous un anagramme, &c. pseudonymes, qui portent faussement le nom d'un auteur; posthumes, qui sont publiés après la mort de l'auteur; vrais, c'est - à - dire, qui sont réellement écrits par ceux qui s'en disent auteurs, & qui demeurent dans le même état où ils les ont publiés; faux ou supposés, c'est - à - dire, ceux que l'on croit composés par d'autres que par leurs auteurs; falsifiés, ceux qui depuis qu'ils ont été faits sont corrompus par des additions ou des insertions fausses. Voyez Pasch. de variis mod. moral. trad. lib. III. pag. 287. Henman, via ad histor. litter. cap. vj. parag. 4. pag. 334.

Par rapport à leurs qualités, les livres peuvent être distingués en

Livres clairs & détaillés, qui sont ceux du genre dogmatique, où les auteurs définissent exactement tous leurs termes, & emploient ces définitions dans tout le cours de leurs ouvrages.

Livres obscurs, c'est - à - dire, dont tous les mots sont trop génériques, & qui ne sont point définis; en sorte qu'ils ne portent aucune idée claire & précise dans l'esprit du lecteur.

Livres prolixes, qui contiennent des choses étrangeres & inutiles au dessein que l'auteur paroît s'être proposé, comme si dans un traité d'arpentage un auteur donnoit tout Euclide.

Livres utiles, qui traitent des choses nécessaires ou aux connoissances humaines, ou à la conduite des moeurs.

Livres complets, qui contiennent tout ce qui regarde le sujet traité. Relativement complets, c'est - à - dire, qui renferment tout ce qui étoit connu sur le [p. 605] sujet traité pendant un certain tems; ou si un livre est écrit dans une vûe particuliere, on peut dire de lui qu'il est complet, s'il contient justement ce qui est nécessaire pour atteindre à son but. Au contraire, on appelle incomplets, les livres qui manquent de cet arrangement. Voyez Wolf. Log. parag. 815. pag. 818. 20. & 25. &c.

On peut encore donner une division des livres, d'après la matiere dont ils sont composés, & les distinguer

Livres en papier qui sont écrits sur du papier fait de toile ou de coton, ou sur le papyrus des Egyptiens; mais il en reste peu d'écrits de cette derniere maniere. Voyez Montfaucon, Paleograph. groec. lib. I. c. ij. pag. 14. Voyez aussi Papier.

Livres en parchemin, libri in membranâ, ou membranoe, qui sont écrits sur des peaux d'animaux, & principalement de moutons. Voyez Parchemin.

Livres en toile, libri lintei, qui chez les Romains étoient écrits sur des blocs ou des tables couvertes d'une toile. Tels étoient les livres des sibylles, & plusieurs lois, les lettres des princes, les traités, les annales. Voyez Plin. hist. natur. lib. XIII. cap. xij. Dempster, ad Rom. lib. III. ch. xxiv. Lomeier, de bibl. cap. vj. pag. 166.

Livres en cuir, libri in corio, dont fait mention Ulpien, lit. 52. ff. de leg. 3. Guilandus prétend que ce sont les mêmes que ceux qui étoient écrits sur de l'écorce, différente de celle dont on se servoit ordinairement, & qui étoit de tilleul. Scaliger pense plus probablement que ces livres étoient composés de feuilles faites d'une certaine peau, ou de certaines parties des peaux de bêtes, différentes de celles dont on se servoit ordinairement, & qui étoient les peaux ou les parties de la peau du dos des moutons. Guiland. papir. membr. 3. n. 5. Salmuth. ad Pancirol. p. II. tit. XIII. pag. 252. Scaliger. ad Guiland p. 17. Pitisc. L. Ant. tom. II. pag. 84. voc. libri.

Livres en bois, tablettes, libri in schedis: ces livres étoient écrits sur des planches de bois ou des tabletes polies avec le rabot, & ils étoient en usage chez les Romains. Voyez Pitisc. loco citato.

Livres en cire, libri in ceris, dont parle Pline: les auteurs ne sont pas d'accord sur la maniere dont étoient faits ces livres. Hermol. Barbaro croit que ces mots in ceris sont corrompus, & qu'il faut lire in schedis, & il se fonde sur l'autorité d'un ancien manuscrit. D'autres rejettent cette correction, & se fondent sur ce qu'on sait que les Romains couvroient quelquefois leurs planches ou schedoe, d'une legere couche de cire, afin de faire plus aisément des ratures ou des corrections, avantage que n'avoient point les livres in schedis, & conséquemment ceuxci étoient moins propres aux ouvrages qui demandoient de l'élégance & du soin, que les livres en cire, qui sont aussi appellés libri ceroe, ou cerei. Voyez Pitisc. ubi suprà.

Livres en ivoire, libri elephantini; ces livres, selon Turnebe, étoient écrits sur des bandes ou des feuilles d'ivoire. Voyez Salmuth, ad Pancirol. p. II. tit. xiij. pag. 255. Guiland. papyr. membr. 2°. n°. 48. selon Scaliger, ad Guiland. pag. 16. ces livres étoient faits d'intestins d'éléphans. Selon d'autres, c'étoient les livres dans lesquels étoient inscrits les actes du sénat, que les empereurs faisoient conserver. Selon d'autres, c'étoient certaines collections volumineuses en 35 volumes qui contenoient les noms de tous les citoyens des trente - cinq tribus romaines. Fabricius, descript. urb. c. vj. Donat, de urb. rom. lib. II. c. xxiij. Pitisch. L. Ant. loc. cit. pag. 84. & suiv.

Par rapport à leur manufacture, ou au commerce qu'on en fait, on peut distinguer les livres en

Manuscrits qui sont écrits soit de la main de l'auteur, & on les appelle autographes, soit de celle des bibliotécaires & des copistes. Voyez Manuscrits, Bibliotécaire.

Imprimés, qui sont travaillés sous une presse d'imprimeur & avec des caracteres d'imprimerie. Voyez Imprimerie.

Livres en blanc, qui ne sont ni liés ni cousus: livres in - folio, dans lesquels une feuille n'est pliée qu'une fois, & forme deux feuilles ou quatre pages; in - quarto, où le feuillet fait quatre feuilles; in - octavo, où il en fait huit; in - douze, où il en fait douze; in seize, où il en fait seize, & in - 24. où il en fait vingt - quatre.

Par rapport aux circonstances ou aux accidens des livres, on peut les diviser en

Livres perdus, qui sont ceux qui ont péri par l'injure du tems, ou par la malice & par le faux zele des hommes. Tels sont plusieurs livres, même de l'Ecriture, qui avoient été composés par Salomon, & d'autres livres des Prophetes. Voyez Fabric. cod. pseudepig. veter. testam. tom. II. pag. 171. Joseph. Hypotim. liv. V. c. cxx. apud Fabric. lib. cit. p. 247.

Livres promis, ceux que des auteurs ont fait attendre, & n'ont jamais donné au public. Janson ab almeloveen a donné un catalogue des livres promis, mais qui n'ont jamais paru. Voyez Struv. introd. ad notit. rei litter. c. viij. part. XXI. p. 754.

Livres imaginaires, ce sont ceux qui n'ont jamais existé: tel est le livre de tribus impostoribus, dont quelques - uns ont fait tant de bruit, & que d'autres ont supposé existant, auxquels on peut ajouter divers titres de livres imaginaires, dont il est parlé dans M. Baillet & dans d'autres auteurs. Loescher a publié un grand nombre de plans ou de projets de livres, dont plusieurs pourroient être utiles & bien faits, s'ils étoient exécutés d'après ces plans, s'il est possible de faire quelque chose de bien d'après les idées d'un autre, ce qu'on n'a pas encore vû. Voyez Pasch. de var. mod. moral. trad. c. iij. pag. 283. Baillet, des satyres personnelles, Loesch. arcan. litter. projets littéraires. Journal littér. tome I. p. 470.

Livres d'ana & d'anti. Voyez Ana & Anti.

Le but ou le dessein des livres sont différens, selon la nature des ouvrages: les uns sont faits pour montrer l'origine des choses ou pour exposer de nouvelles découvertes, d'autres pour fixer & établir quelque vérité, ou pour pousser une science à un plus haut degré; d'autres pour dégager les esprits des idées fausses, & pour fixer plus précisément les idées des choses; d'autres pour expliquer les noms & les mots dont se servent différentes nations ou qui étoient en usage en différens âges ou parmi différentes sectes; d'autres ont pour but d'éclaircir, de constater la vérité des faits, des événemens, & d'y montrer les voies & les ordres de la providence; d'autres n'embrassent que quelques - unes de ces parties, d'autres en réunissent la plûpart & quelquefois toutes. Voyez Loesch. de Caus. ling. hebr. in proefat.

Les usages des livres ne sont ni moins nombreux ni moins variés: c'est par eux que nous acquérons des connoissances: ils sont les depositaires des lois, de la mémoire, des évenemens, des usages, moeurs, coutumes, &c. le véhicule de toutes les Sciences; la religion même leur doit en partie son établissement & sa conservation. Sans eux, dit Bartholin, « Deus jam silet, Justitia quiescit, torpet Medicina, Philosophia mancaest, litteroe mutoe, omnia tenebris involuta cimmeriis De lib. legend. dissert. I. p. 5.

Les éloges qu'on a donnés aux livres sont infinis: on les représente comme l'asyle de la vérité, qui souvent est bannie des conversations; comme des conseillers toujours prêts à nous instruire chez nous & quand nous voulons, & toujours desintéressés. Ils suppléent au défaut des maîtres, & quelquefois au manque de génie ou d'invention, & élevent quel<pb->

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