ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"602"> vres de la bibliotheque de Vienne: Lelong celle des livres de l'Écriture: Mattaire celle des livres imprimés avant 1550. Voyez Reimm. Bibl. acroam. in proefat. parag. 1. pag. 3: Bos. ad not. script. eccles. cap. iv. parag. xiij. pag. 124. & seq. Mais à cette foule d'auteurs, sans parler de la Croix - du - Maine, de Duverdier, de Fauchet, de Colomiez, & de nos anciens bibliothécaires, ne pouvons - nous pas opposer MM. Baillet, Dupin, dom Cellier, les auteurs du Journal des savans, les journalistes de Trévoux, l'abbé Desfontaines, & tant d'autres, que nous pourrions revendiquer, comme Bayle, Bernard, Basnage, &c?

Brûler un livre: sorte de punition & de flétrissure fort en usage parmi les Romains: on en commettoit le soin aux triumvirs, quelquefois aux préteurs ou aux édiles. Un certain Labienus, que son génie tourné à la satyre fit surnommer Rabienus, fut, dit - on, le premier contre les ouvrages duquel on sévit de la sorte. Ses ennemis obtinrent un senatûs - consulte, par lequel il fut ordonné que tous les ouvrages qu'avoit composés cet auteur pendant plusieurs années, seroient recherchés pour être brûlés: chose étrange & nouvelle, s'écrie, Séneque, sévir contre les Sciences! Res nova & insueta, supplicium de studiis sumi! exclamation au reste froide & puérile; puisqu'en ces occasions ce n'est pas contre les Sciences, mais contre l'abus des Sciences que sévit l'autorité publique. On ajoute que Cassius Servius ami de Labienus, entendant prononcer cet arrêt, dit qu'il falloit aussi le brûler, lui qui avoit gravé ces livres dans sa mémoire: nunc me vivum comburi oportet, qui illos didici; & que Labienus ne pouvant survivre à ses ouvrages, s'enferma dans le tombeau de ses ancêtres, & y mourut de langueur. Voyez Tacit. in agric. cap. ij. n. j. Val. Max. lib. I. cap. j. n. xij. Tacit. Annal. lib. IV. c. xxxv. n. iv. Seneq. Controv. in proefat. parag. 5. Rhodig. antiq. Lect. cap. xiij. lib. II. Salm. ad Pamirol. tom. I. tit. xxij. pag. 68. Pitiscus, Lect. antiq. tom. II. pag. 84. On trouve plusieurs autres preuves de cet usage de condamner les livres au feu dans Reimm. Idea system. ant. litter. pag. 389. & suiv.

A l'égard de la matiere des livres, on croit que d'abord on grava les caracteres sur de la pierre; témoins les tables de la loi données à Moïse, qu'on regarde comme le plus ancien livre dont il soit fait mention: ensuite on les traça sur des feuilles de palmier, sur l'écorce intérieure & extérieure du tilleul, sur celle de la plante d'Egypte nommée papyrus. On se servit encore de tablettes minces enduites de cire, sur lesquelles on traçoit les caracteres avec un stilet ou poinçon, ou de peaux, sur - tout de celles des boucs & des moutons dont on fit ensuite le parchemin. Le plomb, la toile, la soie, la corne, & enfin le papier, furent successivement les matieres sur lesquelles on écrivit. V. Calmet, Dissert. I. sur la Gen. Comment. t. I. diction. de la Bible, t. l. p. 316. Dupin, Libr. Dissert. IV. pag. 70. hist. de l'acad. des Inscript. Bibliot. ecles. tom. XIX. p. 381. Barthole, de legend. t. III. p. 103. Schwatrz, de ornam. Libr. Dissert. I. Reimm. Idea Sep. antiq. Litter. pag. 235. & 286. & suiv. Montfaucon, Paleogr. liv. II. chap. viij. p. 180. & suiv. Guiland, papir. memb. 3. Voyez l'article Papier.

Les parties des végétaux furent long - tems la matiere dont on faisoit les livres, & c'est même de ces végétaux que sont pris la plûpart des noms & des termes qui concernent les livres, comme le nom grec BIBLOS2: les noms latins folium, tabuloe, liber, d'où nous avons tiré feuillet, tablette, livre, & le mot anglois book. On peut ajoûter que cette coûtume est encore suivie par quelques peuples du nord, tels que les Tartares Kalmouks, chez lesquels les Russiens trouverent en 1721 une bibliotheque dont les livres étoient d'une forme extraordinaire. Ils étoient extrêmement longs & n'avoient presque point de largeur. Les feuillets étoient fort épais, composés d'une espece de coton ou d'écorces d'arbres, enduit d'un double vernis, & dont l'écriture étoit blanche sur un fond noir. Mém. de l'acad. des Bell. Lettr. tom. V. pag. 5. & 6.

Les premiers livres étoient en forme de bloc & de tables dont il est fait mention dans l'écriture sous le nom de sepher, qui a été traduit par les Septante ACONHS2, tables quarrées. Il semble que le livre de l'alliance, celui de la loi, le livre des malédictions, & celui du divorce ayent eu cette forme. Voyez les Commentaires de Calmet sur la Bible.

Quand les anciens avoient des matieres un peu longues à traiter, ils se servoient plus commodément de feuilles ou de peaux cousues les unes au bout des autres, qu'on nommoit rouleaux, appellés pour cela par les Latins volumina, & par les Grecs XOUIAXA, coûtume que les anciens Juifs, les Grecs, les Romains, les Perses, & même les Indiens ont suivie, & qui a continué quelques siecles après la naissance de Jesus - Christ.

La forme des livres est présentement quarrée, composée de feuillets séparés; les anciens faisoient peu d'usage de cette forme, ils ne l'ignoroient pourtant pas. Elle avoit été inventée par Attale, roi de Pergame, à qui l'on attribue aussi l'invention du parchemin. Les plus anciens manuscrits que nous connoissions sont tous de cette forme quarrée, & le P. Montfaucon assure que de tous les manuscrits grecs qu'il a vûs, il n'en a trouvé que deux qui fussent en forme de rouleau. Paleograp. groec. lib. I. ch. iv. p. 26. Reimm. idea system. antiq. litter. pag. 227. Item pag. 242. Schwartz, de ornam. lib. Dissert. II. Voyez l'article Reliure.

Ces rouleaux ou volumes étoient composés de plusieurs feuilles attachées les unes aux autres & roulées autour d'un bâton qu'on nommoit umbilicus, qui servoit comme de centre à la colonne ou cylindre que formoit le rouleau. Le côté extérieur des feuilles s'appelloit frons, les extrémités du bâton se nommoient cornua, & étoient ordinairement décorés de petits morceaux d'argent, d'ivoire, même d'or & de pierres précieuses; le mot *SULLABOS2 étoit écrit sur le côté extérieur. Quand le volume étoit déployé, il pouvoit avoir une verge & demie de large sur quatre ou cinq de long. Voyez Salmuth ad Pancirol. part. I. tit. XLII. pag. 143. & suiv. Wale parerg. acad. pag. 72. Pitrit l. ant. tom. II. pag. 48. Barth. advers. l. XXII. c. 28. & suiv. Idem pag. 251. auxquels on peut ajoûter plusieurs autres auteurs qui ont écrit sur la forme & les ornemens des anciens livres rapportés dans Fabricius, Bibl. antiq. chap. xix. § 7. pag. 607.

A la forme des livres appartient aussi l'arrangement de leur partie intérieure, ou l'ordre & la disposition des points ou matieres, & des lettres en lignes & en pages, avec des marges & d'autres dépendances. Cet ordre a varié; d'abord les lettres étoient seulement séparées en lignes, elles le furent ensuite en mots séparés, qui furent distribués par points & alinea, en périodes, sections, paragraphes chapitres, & autres divisions. En quelques pays, comme parmi les orientaux, les lignes vont de droite à gauche; parmi les peuples de l'occident & du nord, elles vont de gauche à droite. D'autres, comme les Grecs, du moins en certaines occasions, écrivoient la premiere ligne de gauche à droite, la seconde de droite à gauche, & ainsi alternativement. Dans d'autres pays les lignes sont couchées de haut en bas à côté les unes des autres, comme chez les Chinois. Dans certains livres les pages sont entieres & uniformes, dans d'autres elles sont divisées par colonnes; dans quelques - uns elles sont divisées en [p. 603] texte & en notes, soit marginales, soit rejettées au bas de la page. Ordinairement elles portent au bas quelques lettres alphabétiques qui servent à marquer le nombre des feuilles, pour connoître si le livre est entier. On charge quelquefois les pages de sommaires ou de notes: on y ajoûte aussi des ornemens, des lettres initiales, rouges, dorées, ou figurées; des frontispices, des vignettes, des cartes, des estampes, &c. A la fin de chaque livre on met fin ou finis; anciennement on y mettoit un Vappellé coronis, & toutes les feuilles du livre étoient lavées d'huile de cèdre, ou parfumées d'écorce de citron, pour préserver les livres de la corruption. On trouve aussi certaines formules au commencement ou à la fin des livres, comme parmi les Juifs, esto fortis, que l'on trouve à la fin de l'exode, du Lévitique, des nombres, d'Ezéchiel, par lesquels on exhorte le lecteur (disent quelques uns) à lire les livres suivans. Quelquefois on trouvoit à la fin des malédictions contre ceux qui falcifieroient le contenu du livre, & celle de l'apocalypse en fournit un exemple. Les Mahométans placent le nom de Dieu au commencement de tous leurs livres, afin d'attirer sur eux la protection de l'Être suprême, dont ils croyent qu'il suffit d'écrire ou de prononcer le nom pour s'attirer du succès dans ses entreprises. Par la même raison plusieurs lois des anciens empereurs commençoient par cette formule, In nomine Dei. V. Barth. de libr. legend. Dissert. V. pag. 106. & suiv. Montfaucon Paleogr. lib. I. c. xl. Remm. Idea system. antiq. litter. p. 227. Schwart de ornam. libror. Dissert. II. Remm. Id. system. pag. 251. Fabricius Bibl. groec. lib. X. c. v. p. 74. Revel. c. xxij. Alkoran, sect. III. pag. 59. Barthol. lib. cit. pag. 117.

A la fin de chaque livre les Juifs ajoûtoient le nombre de versets qui y étoient contenus, & à la fin du Pentateuque le nombre des sections, afin qu'il pût être transmis dans son entier à la postérité; les Massoretes & les Mahométans ont encore fait plus. Les premiers ont marqué le nombre des mots, des lettres, des versets & des chapitres de l'ancien Testament, & les autres en ont usé de même à l'égard de l'alcoran.

Les dénominations des livres sont différentes, selon leur usage & leur autorité. On peut les distinguer en livres humains, c'est - à - dire, qui sont composés par des hommes, & livres divins, qui ont été dictés par la Divinité même. On appelle aussi cette derniere sorte de livres, livres sacrés ou inspirés. Voyez Révélation, Inspiration.

Les Mahométans comptent cent quatre livres divins, dictés ou donnés par Dieu lui - même à ses prophetes, savoir dix à Adam, cinquante à Seth, trente à Enoch, dix à Abraham, un à Moïse, savoir le Pentateuque tel qu'il étoit avant que les Juifs & les Chrétiens l'eussent corrompu; un à Jesus - Christ, & c'est l'Evangile; à David un, qui comprend les Pseaumes; & un à Mahomet, savoir l'alcoran: quiconque parmi eux rejette ces livres soit en tout soit en partie, même un verset ou un mot, est regardé comme infidele. Ils comptent pour marque de la divinité d'un livre, quand Dieu parle lui - même & non quand d'autres parlent de Dieu à la troisieme personne, comme cela se rencontre dans nos livres de l'ancien & du nouveau Testament, qu'ils rejettent comme des compositions purement humaines, ou du moins fort altérées. Voyez Reland de relig. Mahomet. liv. I. c. iv. pag. 21. & suiv. Isem. ibid. liv. II. § 26. pag. 231.

Livres sibyllins; c'étoient des livres composés par de prétendues prophétesses du paganisme, appellées Sybilles, lesquels étoient déposés à Rome dans le capitole, sous la garde des duumvirs. Voy. Lomeier. de Bibl. c. xiij. pag. 377. Voyez aussi Sibylle.

Livres canoniques; ce sont ceux qui sont reçus par l'Eglise, comme faisant partie de l'Ecriture sainte: tels sont les livres de l'ancien & du nouveau Testament. Voyez Canon, Bible.

Livres apocryphes; ce sont ceux qui sont exclus du rang des canoniques, ou faussement attribués à certains auteurs. Voyez Apocryphe.

Livres authentiques; l'on appelle ainsi ceux qui sont véritablement des auteurs auxquels on les attribue, ou qui sont décisifs & d'autorité; tels sont parmi les livres de Droit le code, le digeste. Voyez Bacon, de aug. Scient. lib VIII. c. iij. Works, t. I. pag. 257.

Livres auxiliaires; sont ceux qui quoique moins essentiels en eux - mêmes, servent à en composer ou à en expliquer d'autres, comme dans l'étude des lois, les livres des instituts, les formules, les maximes, &c.

Livres élémentaires; on appelle ainsi ceux qui contiennent les premiers & les plus simples principes des sciences, tels sont les rudimens, les méthodes, les grammaires, &c. par où on les distingue des livres d'un ordre supérieur, qui tendent à aider ou à éclairer ceux qui ont des sciences une teinture plus forte. Voyez les mém. de Trévoux, ann. 1734, pag. 804.

Livres de bibliotheque; on nomme ainsi des livres qu'on ne lit point de suite, mais qu'on consulte au besoin, comme les dictionnaires, les commentaires, &c.

Livres exotériques; nom que les savans donnent à quelques ouvrages destinés à l'usage des lecteurs ordinaires ou du peuple.

Livres acroamatiques; ce sont ceux qui traitent de matieres sublimes ou cachées, qui sont seulement à la portée des savans ou de ceux qui veulent approfondir les sciences. Voyez Reimm. Idea system. ant. litter. pag. 136.

Livres défendus; on appelle ainsi ceux qui sont prohibés & condamnés par les évêques, comme contenant des hérésies ou des maximes contraires aux bonnes moeurs. V. Bingham, orig. ecles. lib. XVI. chap. xj. part. II. Pasc. de Var. mod. mor. trad. c. iij. p. 250. & 298. Dictionn. univers. de Trev. tom. III. pag. 1507. Platt. Instr. hist. theolog. tom. II. pag. 65. Henman, Via ad hist. litt. cap. iv. parag. 63. p. 162. Voyez Index.

Livres publics, libri publici; ce sont les actes des tems passés & des transactions gardées par autorité publique. Voyez le Dictionn. de Trevoux t. I. p. 1509. Voyez aussi Actes.

Livres d'église; ce sont ceux dont on se sert dans les offices publics de la religion, comme sont le pontifical, l'antiphonier, le graduel, le lectionnaire, le pseautier, le livre d'évangile, le missel, l'ordinal, le rituel, le processional, le cérémonial, le bréviaire; & dans l'église grecque, le monologue, l'euchologue, le tropologue, &c. Il y a aussi un livre de paix qu'on porte à baiser au clergé pendant la messe: c'est ordinairement le livre des évangiles.

Livres de - plein chant; sont ceux qui contiennent les pseaumes, les antiennes, les répons & autres prieres que l'on chante & qui sont notées.

Livres de liturgie; ce sont ceux qui contiennent, non toutes les liturgies de l'église grecque, mais seulement les quatre qui sont présentement en usage, savoir les liturgies de S. Basile, de S. Chrysostome, celle des Présanctifiés, *PROAGIAS2MENON, & celle de saint Jacques, qui n'a lieu que dans l'église de Jérusalem, & seulement une fois l'année. Voyez Pfaff. Introd. histor. theolog. lib. IV. parag. 8. tom. III. pag. 287. Dictionn. univ. de Trev. tom. III. pag. 1507.

Les livres d'église en Angleterre qui étoient en usage dès le milieu du x. siecle, étoient selon qu'ils sont nommés dans les canons d'Elsric, la Bible, le

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