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Brûler un livre: sorte de punition & de flétrissure fort en usage parmi les Romains: on en commettoit le soin aux triumvirs, quelquefois aux préteurs ou aux édiles. Un certain Labienus, que son génie tourné à la satyre fit surnommer Rabienus, fut, dit - on, le premier contre les ouvrages duquel on sévit de la sorte. Ses ennemis obtinrent un senatûs - consulte, par lequel il fut ordonné que tous les ouvrages qu'avoit composés cet auteur pendant plusieurs années, seroient recherchés pour être brûlés: chose étrange & nouvelle, s'écrie, Séneque, sévir contre les Sciences! Res nova & insueta, supplicium de studiis sumi! exclamation au reste froide & puérile; puisqu'en ces occasions ce n'est pas contre les Sciences, mais contre l'abus des Sciences que sévit l'autorité publique. On ajoute que Cassius Servius ami de Labienus, entendant prononcer cet arrêt, dit qu'il falloit aussi le brûler, lui qui avoit gravé ces livres dans sa mémoire: nunc me vivum comburi oportet, qui illos didici; & que Labienus ne pouvant survivre à ses ouvrages, s'enferma dans le tombeau de ses ancêtres, & y mourut de langueur. Voyez Tacit. in agric. cap. ij. n. j. Val. Max. lib. I. cap. j. n. xij. Tacit. Annal. lib. IV. c. xxxv. n. iv. Seneq. Controv. in proefat. parag. 5. Rhodig. antiq. Lect. cap. xiij. lib. II. Salm. ad Pamirol. tom. I. tit. xxij. pag. 68. Pitiscus, Lect. antiq. tom. II. pag. 84. On trouve plusieurs autres preuves de cet usage de condamner les livres au feu dans Reimm. Idea system. ant. litter. pag. 389. & suiv.
A l'égard de la matiere des livres, on croit que
d'abord on grava les caracteres sur de la pierre;
témoins les tables de la loi données à Moïse, qu'on
regarde comme le plus ancien livre dont il soit fait
mention: ensuite on les traça sur des feuilles de palmier,
sur l'écorce intérieure & extérieure du tilleul,
sur celle de la plante d'Egypte nommée papyrus. On
se servit encore de tablettes minces enduites de cire,
sur lesquelles on traçoit les caracteres avec un stilet
ou poinçon, ou de peaux, sur - tout de celles des
boucs & des moutons dont on fit ensuite le parchemin.
Le plomb, la toile, la soie, la corne, & enfin
le papier, furent successivement les matieres sur lesquelles
on écrivit. V. Calmet, Dissert. I. sur la Gen.
Comment. t. I. diction. de la Bible, t. l. p. 316. Dupin,
Libr. Dissert. IV. pag. 70. hist. de l'acad. des Inscript.
Bibliot. ecles. tom. XIX. p. 381. Barthole, de legend.
t. III. p. 103. Schwatrz, de ornam. Libr. Dissert. I.
Reimm. Idea Sep. antiq. Litter. pag. 235. & 286. &
suiv. Montfaucon, Paleogr. liv. II. chap. viij. p. 180.
& suiv. Guiland, papir. memb. 3. Voyez l'article
Les parties des végétaux furent long - tems la
matiere dont on faisoit les livres, & c'est même de
ces végétaux que sont pris la plûpart des noms &
des termes qui concernent les livres, comme le nom
grec
Les premiers livres étoient en forme de bloc &
de tables dont il est fait mention dans l'écriture sous
le nom de sepher, qui a été traduit par les Septante
Quand les anciens avoient des matieres un peu
longues à traiter, ils se servoient plus commodément
de feuilles ou de peaux cousues les unes au
bout des autres, qu'on nommoit rouleaux, appellés
pour cela par les Latins volumina, & par les
Grecs
La forme des livres est présentement quarrée,
composée de feuillets séparés; les anciens faisoient
peu d'usage de cette forme, ils ne l'ignoroient pourtant
pas. Elle avoit été inventée par Attale, roi de
Pergame, à qui l'on attribue aussi l'invention du
parchemin. Les plus anciens manuscrits que nous
connoissions sont tous de cette forme quarrée, & le
P. Montfaucon assure que de tous les manuscrits
grecs qu'il a vûs, il n'en a trouvé que deux qui fussent
en forme de rouleau. Paleograp. groec. lib. I. ch.
iv. p. 26. Reimm. idea system. antiq. litter. pag. 227.
Item pag. 242. Schwartz, de ornam. lib. Dissert. II.
Voyez l'article
Ces rouleaux ou volumes étoient composés de
plusieurs feuilles attachées les unes aux autres &
roulées autour d'un bâton qu'on nommoit umbilicus,
qui servoit comme de centre à la colonne ou cylindre
que formoit le rouleau. Le côté extérieur des
feuilles s'appelloit frons, les extrémités du bâton se
nommoient cornua, & étoient ordinairement décorés
de petits morceaux d'argent, d'ivoire, même
d'or & de pierres précieuses; le mot
A la forme des livres appartient aussi l'arrangement de leur partie intérieure, ou l'ordre & la disposition des points ou matieres, & des lettres en lignes & en pages, avec des marges & d'autres dépendances. Cet ordre a varié; d'abord les lettres étoient seulement séparées en lignes, elles le furent ensuite en mots séparés, qui furent distribués par points & alinea, en périodes, sections, paragraphes chapitres, & autres divisions. En quelques pays, comme parmi les orientaux, les lignes vont de droite à gauche; parmi les peuples de l'occident & du nord, elles vont de gauche à droite. D'autres, comme les Grecs, du moins en certaines occasions, écrivoient la premiere ligne de gauche à droite, la seconde de droite à gauche, & ainsi alternativement. Dans d'autres pays les lignes sont couchées de haut en bas à côté les unes des autres, comme chez les Chinois. Dans certains livres les pages sont entieres & uniformes, dans d'autres elles sont divisées par colonnes; dans quelques - uns elles sont divisées en [p. 603]
A la fin de chaque livre les Juifs ajoûtoient le nombre de versets qui y étoient contenus, & à la fin du Pentateuque le nombre des sections, afin qu'il pût être transmis dans son entier à la postérité; les Massoretes & les Mahométans ont encore fait plus. Les premiers ont marqué le nombre des mots, des lettres, des versets & des chapitres de l'ancien Testament, & les autres en ont usé de même à l'égard de l'alcoran.
Les dénominations des livres sont différentes, selon
leur usage & leur autorité. On peut les distinguer
en livres humains, c'est - à - dire, qui sont composés
par des hommes, & livres divins, qui ont été
dictés par la Divinité même. On appelle aussi cette
derniere sorte de livres, livres sacrés ou inspirés.
Voyez
Les Mahométans comptent cent quatre livres divins, dictés ou donnés par Dieu lui - même à ses prophetes, savoir dix à Adam, cinquante à Seth, trente à Enoch, dix à Abraham, un à Moïse, savoir le Pentateuque tel qu'il étoit avant que les Juifs & les Chrétiens l'eussent corrompu; un à Jesus - Christ, & c'est l'Evangile; à David un, qui comprend les Pseaumes; & un à Mahomet, savoir l'alcoran: quiconque parmi eux rejette ces livres soit en tout soit en partie, même un verset ou un mot, est regardé comme infidele. Ils comptent pour marque de la divinité d'un livre, quand Dieu parle lui - même & non quand d'autres parlent de Dieu à la troisieme personne, comme cela se rencontre dans nos livres de l'ancien & du nouveau Testament, qu'ils rejettent comme des compositions purement humaines, ou du moins fort altérées. Voyez Reland de relig. Mahomet. liv. I. c. iv. pag. 21. & suiv. Isem. ibid. liv. II. § 26. pag. 231.
Livres sibyllins; c'étoient des livres composés par
de prétendues prophétesses du paganisme, appellées
Sybilles, lesquels étoient déposés à Rome dans le
capitole, sous la garde des duumvirs. Voy. Lomeier.
de Bibl. c. xiij. pag. 377. Voyez aussi
Livres canoniques; ce sont ceux qui sont reçus par
l'Eglise, comme faisant partie de l'Ecriture sainte:
tels sont les livres de l'ancien & du nouveau Testament. Voyez
Livres apocryphes; ce sont ceux qui sont exclus
du rang des canoniques, ou faussement attribués à
certains auteurs. Voyez
Livres authentiques; l'on appelle ainsi ceux qui sont véritablement des auteurs auxquels on les attribue, ou qui sont décisifs & d'autorité; tels sont parmi les livres de Droit le code, le digeste. Voyez Bacon, de aug. Scient. lib VIII. c. iij. Works, t. I. pag. 257.
Livres auxiliaires; sont ceux qui quoique moins essentiels en eux - mêmes, servent à en composer ou à en expliquer d'autres, comme dans l'étude des lois, les livres des instituts, les formules, les maximes, &c.
Livres élémentaires; on appelle ainsi ceux qui contiennent les premiers & les plus simples principes des sciences, tels sont les rudimens, les méthodes, les grammaires, &c. par où on les distingue des livres d'un ordre supérieur, qui tendent à aider ou à éclairer ceux qui ont des sciences une teinture plus forte. Voyez les mém. de Trévoux, ann. 1734, pag. 804.
Livres de bibliotheque; on nomme ainsi des livres qu'on ne lit point de suite, mais qu'on consulte au besoin, comme les dictionnaires, les commentaires, &c.
Livres exotériques; nom que les savans donnent à quelques ouvrages destinés à l'usage des lecteurs ordinaires ou du peuple.
Livres acroamatiques; ce sont ceux qui traitent de matieres sublimes ou cachées, qui sont seulement à la portée des savans ou de ceux qui veulent approfondir les sciences. Voyez Reimm. Idea system. ant. litter. pag. 136.
Livres défendus; on appelle ainsi ceux qui sont
prohibés & condamnés par les évêques, comme
contenant des hérésies ou des maximes contraires
aux bonnes moeurs. V. Bingham, orig. ecles. lib. XVI.
chap. xj. part. II. Pasc. de Var. mod. mor. trad. c. iij.
p. 250. & 298. Dictionn. univers. de Trev. tom. III.
pag. 1507. Platt. Instr. hist. theolog. tom. II. pag. 65.
Henman, Via ad hist. litt. cap. iv. parag. 63. p. 162.
Voyez
Livres publics, libri publici; ce sont les actes des
tems passés & des transactions gardées par autorité
publique. Voyez le Dictionn. de Trevoux t. I. p. 1509.
Voyez aussi
Livres d'église; ce sont ceux dont on se sert dans les offices publics de la religion, comme sont le pontifical, l'antiphonier, le graduel, le lectionnaire, le pseautier, le livre d'évangile, le missel, l'ordinal, le rituel, le processional, le cérémonial, le bréviaire; & dans l'église grecque, le monologue, l'euchologue, le tropologue, &c. Il y a aussi un livre de paix qu'on porte à baiser au clergé pendant la messe: c'est ordinairement le livre des évangiles.
Livres de - plein chant; sont ceux qui contiennent les pseaumes, les antiennes, les répons & autres prieres que l'on chante & qui sont notées.
Livres de liturgie; ce sont ceux qui contiennent,
non toutes les liturgies de l'église grecque, mais
seulement les quatre qui sont présentement en usage,
savoir les liturgies de S. Basile, de S. Chrysostome,
celle des Présanctifiés,
Les livres d'église en Angleterre qui étoient en
usage dès le milieu du x. siecle, étoient selon qu'ils
sont nommés dans les canons d'Elsric, la Bible, le
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