ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"545"> laxative en quatre prises, que l'on boit de deux en deux heures.

Pour faire dans le scorbut un gargarisme propre aux gencives, on peut prendre esprit de cochléaria & esprit de vin, ana une once, suc de limon deux onces, eau de cresson quatre onces, mais il est aisé de combiner & de multiplier, suivant les cas, ces sortes d'ordonnances à l'infini.

Les limons sont plus acides au goût, que les oranges & les citrons; c'est pourquoi il est vraissemblable, qu'ils sont plus rafraichissans. Du reste, tout ce qu'on a dit du citron, de ses vertus, de ses usages & de ses préparations, s'applique également au fruit du limonnier.

Il abonde dans les îles orientales & occidentales. On trouve en particulier à Tunquin, deux sortes de limons, les uns jaunes, les autres verds; mais tous si aigres, qu'il n'est pas possible d'en manger, sans se gâter l'estomac. Ces fruits ne sont pas cependant inutiles aux Tunquinois, ni aux autres peuples des Indes. Non - seulement ils s'en servent, comme nous de l'eau - forte, pour nettoyer le cuivre, le laiton & autres métaux, quand ils veulent les mettre en état d'être dorés; mais aussi pour les teintures, & surtout pour teintures en soie.

Un autre usage qu'ils en tirent, est pour blanchir le linge; l'on en met dans les lessives, particulierement des toiles fines, ce qui leur donne un blanc & un éclat admirable, comme on peut le remarquer principalement dans toutes les toiles de coton du Mogol, qui ne se blanchissent qu'avec le jus de ces sortes de limons.

Nos teinturiers se servent aussi du suc de limon en Europe, pour changer diverses couleurs & les rendre plus fixes. Les lettres que l'on écrit avec ce suc sur du papier, paroissent lorsqu'on les approche du feu. C'est une espece d'encre sympathique; mais il y en a d'autres bien plus curieuses. Voyez Encre sympathique.

On peut consulter sur les limons tous les auteurs cités au mot Citronnier, & entr'autres Ferrarius, qui en a le mieux traité. (D. J.)

Limon (Page 9:545)

Limon, s. m. (terme de Charron). Ces limons sont les deux maîtres brins d'une charrette, qui sont de la longueur de quatorze ou quinze piés sur quatre ou cinq pouces de circonférence; cela forme en même tems le fond de la charrette & le brancart pour mettre en limon: ces deux limons sont joints ensemble à la distance de cinq piés, par quatre ou six éparts sur lesquels on pose les planches du fond. Les limons sont troués en dessus, à la distance de six pouces pour placer les roulons des ridelles. Voyez nos Pl. du Charron.

Limons de traverse, terme de Charron; ce sont les morceaux de bois, longs d'environ huit ou dix piés, dans lesquels s'enchâssent les roulons par le milieu & qui terminent les ridelles par en - haut; il y en a ordinairement deux de chaque côté. Voyez nos Pl. du Charron, qui représentent une charrette.

Limon (Page 9:545)

Limon, du latin limus, tourné de travers (coupe des pierres) signifie, la pierre ou piece de bois qui termine & soutient les marches d'une rampe, sur laquelle on pose une balustrade de pierre ou de fer pour servir d'appui à ceux qui montent. Cette piece est droite dans les rampes droites, & gauche par ses surfaces supérieure & inférieure, dans les parties tournantes des escaliers.

Limon (Page 9:545)

Limon, (Charpente), est une piece de charpente omeplat, c'est - à - dire plus que plat, laquelle sert dans les escaliers à soutenir le bout des marches qui portent dedans, & qui portent par les bouts dans les noyaux ou courbes des escaliers. Voyez les fig. des Pl. de Charpente.

Limon (Page 9:545)

Limon, faux, (Charpent.) est celui qui se met dans les angles des baies, des portes & des croisées, & dans lequel les marches sont assemblées, comme dans les limons.

Limonade (Page 9:545)

Limonade, s. f. (Pharmac. Mat. méd. & diete) La limonade est une liqueur aussi agréable que salutaire, dont nous avons exposé les propriétés médicinales à l'article Citron. Voyez cet article.

Pour faire de la bonne limonade, il faut prendre des citrons frais & bien sains, les partager par le milieu, en exprimer le suc, en les serrant entre les mains, étendre ce suc dans suffisante quantité d'eau pour qu'il ne lui reste qu'une saveur aigrelette légere, une agréable acidité; passer cette liqueur sur le champ à travers un linge très - propre, pour en séparer les pepins & une partie de la pulpe du citron qui peut s'en être détachée en les exprimant, & qui en séjournant dans la liqueur y porteroit une amertume désagréable, ou bien ôter l'écorce des citrons; partager leur pulpe par le milieu, les enfermer dans un linge blanc, les exprimer fortement & ajouter de l'eau jusqu'à agréable acidité; de quelque façon qu'on s'y soit pris pour obtenir la liqueur aigrelette & dépurée, on l'édulcore ensuite avec suffisante quantité de sucre, dont on aura frotté une petite partie contre une écorce de citron, pour aromatiser agréablement la liqueur par le moyen de l'oleo - saccharum, qu'on aura formé par cette manoeuvre.

Remarquez que cette maniere d'aromatiser la limonade est plus commode & meilleure que la méthode ordinaire & plus connue des limonadiers, qui consiste à y faire infuser quelques jets de citron, qui fournissent toujours un peu d'extrait amer & dur. (b)

LIMONADIER (Page 9:545)

LIMONADIER, s. m. (Com.) marchand de liqueurs; ils ont été érigés en corps de jurande en 1673; leurs statuts sont de 1676. Ils ont quatre jurés, dont deux changent tous les ans: les apprentifs sont brevetés pardevant notaire; ils servent trois ans, & font chef - d'oeuvre. Les fils de maîtres en sont exempts; ils peuvent faire & vendre de l'eau - de - vie & autres liqueurs, en gros & en détail. Ils ne font maintenant qu'une communauté avec les caffetiers.

LIMONEUX (Page 9:545)

LIMONEUX, adj. (Gram. & Agricult.) On dit d'une terre qui a été couverte autrefois des eaux d'une riviere, qu'elle est limoneuse; d'un lieu abreuvé d'eaux croupissantes, dont la terre est détrempée, qu'il est limoneux; des eaux & du fond d'une riviere, qu'ils sont limoneux.

LIMONIADE (Page 9:545)

LIMONIADE, (Mythol.) Limonias; les Limoniades étoient les nymphes des prés, du mot grec LIMW/N, un pré; ces nymphes étoient sujettes à la mort, comme les Pans & les Faunes. (D. J.)

LIMONIATES (Page 9:545)

LIMONIATES, (Hist. nat.) nom dont Pline s'est servi pour désigner une espece d'émeraude.

LIMONIER (Page 9:545)

LIMONIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) limon, genre de plante dont les feuilles & les fleurs ressemblent à celles du citronier, mais dont le fruit a la forme d'un oeuf & la chair moins épaisse; il est divisé en plusieursloges qui sont remplies de suc & de vésicules, & qui renferme des semences. Ajoûtez à ces caracteres le port du limonier qui suffit aux jardiniers pour le distinguer de l'oranger & du citronnier. Tournefort, inst. rei herb. voyez Plante.

Limonier (Page 9:545)

Limonier, limon, arbre toujours verd, de moyenne grandeur, qui vient de lui - même dans les grandes Indes, & dans l'Amérique méridionale. Dans ces pays, cet arbre s'éleve à environ trente piés, sur trois ou quatre de circonférence. Il est toujours tortu, noueux, branchu & très - mal - fait, à moins qu'il ne soit dirigé dans sa jeunesse. Son écorce est brune, seche, ferme & unie. Ses feuilles sont grandes, longues & pointues, sans aucun talon ou appendice au bas. Elles sont fermes, lisses & unies, [p. 546] d'un verd tendre & jaunâtre très - brillant. L'arbre donne pendant l'été des fleurs blanches en dedans, purpurines en dehors; elles sont rassemblées en bouquets, & plus grandes que celles des orangers & des citronniers. Le fruit que produit la fleur est oblong, terminé en pointe, & assez semblable pour la forme & la grosseur à celui du citronnier; si ce n'est qu'il a des verrucités ou proéminences qui le rendent plus ou moins informe. Sous une écorce jaune, moëlleuse & épaisse, ce fruit est divisé en plusieurs cellules, rempli d'un suc aigre ou doux, selon la qualité des especes; & ces cavités contiennent aussi la semence qui doit multiplier l'arbre. C'est principalement par la forme irréguliere de son fruit qu'on distingue le limonier du citronier; & on fait la distinction de l'un & de l'autre d'avec l'oranger, par leurs feuilles qui n'ont point de talon ou d'appendice. Cet arbre est à - peu - près de la nature des orangers, mais son accroissement est plus prompt, ses fruits viennent plutôt à maturité; il est un peu plus robuste, & il lui faut des arrosemens plus abondans. La feuille, la fleur, le fruit, & toutes les parties de cet arbre ont une odeur aromatique très - agréable.

Les bonnes especes de limons se multiplient par la greffe en écusson, ou en approche sur des limons venus de graine, ou sur le citronnier; mais ces greffes viennent difficilement sur des sujets d'oranger. A cet égard le citronnier est encore ce qu'il y a de mieux, parce qu'il croît plus vîte que le limonier, & cette force de seve facilite la reprise des écussons, & les fait pousser vigoureusement. Il faut à cet arbre même culture & mêmes soins qu'aux orangers: ainsi, pour éviter les répétitions, voyez Oranger.

Les especes de limons les plus remarquables sont;

Le limon aigre & le limon doux: ce sont les especes les plus communes.

Le limonier à feuilles dorées, & celui à feuilles argentées. Ces deux variétés sont délicates; il leur faut quelques soins de plus qu'aux autres pour empêcher leurs feuilles de tomber.

Le limon en forme de poire; c'est l'espece la plus rare.

Le limon impérial; ce fruit est très - gros, très beau, & d'une agréable odeur.

La pomme d'Adam. Cette espece étant plus délicate que les autres, demande aussi plus de soins pendant l'hiver, autrement son fruit seroit sujet à tomber dans cette saison.

Le limonier sauvage. Cet arbre est épineux; ses feuilles sont d'un verd foncé, & joliment découpées sur ses bords.

Le limon sillonné. Ce fruit n'est pas si bon, & n'a pas tant de suc que le limon commun.

Le limon double. Cette espece est plus curieuse que bonne: ce sont deux fruits réunis, dont l'un sort de l'autre.

La lime aigre & la lime douce, sont deux especes rares & délicates, auxquelles il faut de grands soins pendant l'hiver, si on veut leur faire porter du fruit.

Le limonier à fleur double. Cette production n'est pas bien constante dans cet arbre; il porte souvent autant de fleurs simples que de fleurs doubles.

Si l'on veut avoir de plus amples connoissances de ces especes de limons, ainsi que de beaucoup d'autres variétés que l'on cultive en Italie, on peut consulter les hespérides de Ferrarius, qui a traité complettement de ces sortes d'arbres. Article de M. d'Aubenton.

Limonier (Page 9:546)

Limonier, (Maréchallerie.) on appelle ainsi un cheval de voiture attelé entre deux limons. Voyez Limon.

LIMONIUM (Page 9:546)

LIMONIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en oeillet, composée ordinairement de plusieurs pétales qui sortent d'un calice fait en forme d'entonnoir. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite une semence oblongue, enveloppée d'un calice ou d'une capsule. Il y a des especes de ce genre, dont les fleurs sont monopétales, en forme d'entonnoir & découpées. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

LIMOSINAGE (Page 9:546)

LIMOSINAGE, s. m. (Maçon.) c'est toute maçonnerie faites de moilons brutes à bain de mortier, c'est - à - dire en plein mortier, & dressée au cordeau avec paremens brutes, à laquelle les Limosins travaillent ordinairement dans les fondations: on appelle aussi cette sorte d'ouvrage, limosinerie.

LIMOURS (Page 9:546)

LIMOURS, (Géog.) petite ville de France dans le Hurepoix; au diocèse de Paris, à 8 lieues S. O. de Paris. Long. 20. 3. lat. 48. 31.

LIMOUSIN (Page 9:546)

LIMOUSIN, s. m. ou le LIMOSIN, (Géog.) en latin Lemovicia; province de France, bornée nord par la Manche & par l'Auvergne, sud par le Quercy, ouest par le Périgord.

Ce pays & sa capitale tirent leurs noms du peuple Lemovices, qui étoient les plus vaillans d'entre les Celtes du tems de César, ayant soutenu opiniâtrement le parti de Vercengétorix. Auguste, dans la division qu'il fit de la Gaule, les attribua à l'Aquitaine. Présentement le Limousin se divise en haut & bas; le climat du haut est froid, parce qu'il est montueux; mais le bas Limousin est fort tempéré, & donne de bons vins: dans quelques endroits, le pays est couvert de forêts de chataigniers. Il a des mines de plomb, de cuivre, d'étain, d'acier & de fer; mais son principal commerce consiste en bestiaux & en chevaux. Il y a trois grands fiefs titrés dans cette province; le vicomté de Turenne, le duché - pairie de Vantadour & le duché - pairie de Noailles. Tout le Limousin est régi par le Droit écrit, le Droit romain, & est du ressort du parlement de Bordeaux.

C'est ici le lieu de dire un mot d'un pape Grégoire XI. & de quatre hommes de lettres; Martial d'Auvergne, Jean d'Aurat, Jacques Merlin, & Pierre de Montmaur, nés tous cinq en Limousin, mais dans des endroits obscurs ou ignorés. Martial d'Auvergne, procureur au parlement de Paris, sur la fin du xv. siecle s'est fait connoître par ses arrêts d'amour, imprimés de nos jours très - joliment en Hollande in - 8°. avec des commentaires ingénieux.

D'Aurat, en latin Auratus, servit dans ce royaume au rétablissement des lettres grecques sous François I. A l'âge de 72 ans il se remaria avec une jeune fille de 20 ans, & dit plaisamment à ses amis qu'il falloit lui permettre cette faute comme une licence poétique. Il eut un fils de ce mariage, & mourut la même année, en 1588.

Merlin fleurissoit aussi sous le même prince. L'on trouve de l'exactitude & de la sincérité dans sa collection des conciles, & il a l'honneur d'y avoir songéle premier. Il publia les oeuvres d'Origène, avec l'apologie complette de ce pere de l'Eglise, qui n'est pas une besogne aisée; il mourut en 1541.

Montmaur, professeur en langue grecque à Paris, au commencement du siecle passé, mourut en 1648. On ignore pourquoi tous les meilleurs poëtes & les meilleurs esprits du tems conspirerent contre lui, sans qu'il y ait donné lieu par aucun écrit satyrique, ou par un mauvais caractere. Il ne paroît même pas qu'il fût méprisable, du - moins du côté de l'esprit, car il savoit faire dans l'occasion des reparties très spirituelles. On raconte qu'un jour chez le président de Mesmes, il se forma contre lui une grande cabale, soutenue par un avocat fils d'un huissier. Dès que Montmaur parut, cet avocat lui cria, guerre, guerre. Vous dégénerez bien, lui dit Montmaur, car votre pere ne fait que crier paix - là, paix - là: ce coup de foudre accabla le chef des conjurés. Une autre

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