ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"547"> fois que Montmaur dînoit chez le chancelier Seguier, on laissa tomber sur lui un plat de potage en desservant. Il sut se posséder à merveille, & dit en regardant le chancelier, qu'il soupçonna d'être l'auteur de cette piece; summum jus, summa injuria; cette prompte allusion qu'on ne peut rendre en françois est des plus ingénieuses. Enfin les raisons de la conspiration générale contre le malheureux Montmaur, ne sont pas parvenues jusqu'à nous.

Le pape Grégoire XI. limousin comme lui, n'avoit pas autant d'esprit & d'érudition. « On sait les ressorts ridicules qu'employerent les Florentins pour lui persuader de quitter Avignon, & de venir résider à Rome. Ils lui députerent sainte Catherine de Sienne, qui prétendoit avoir épousé J. C. & ils y joignirent les révélations de sainte Brigite, à laquelle un ange dicta plusieurs lettres pour le pontife. Il céda & transfera le saint siége d'Avignon à Rome au bout de 72 ans; mais ce ne fut pas sans plonger l'Europe dans de nouvelles dissensions, dont il ne fut pas le témoin; car il mourut l'année suivante 1378». Essai sur l'Histoire générale, tome II. (D. J.)

LIMPIDE (Page 9:547)

LIMPIDE, adj. LIMPIDITÉ, s. (Gram.) ils ne se disent guere que des fluides: ils en marquent la clarté, la pureté, & l'exrème transparence, Voyez Transparent.

LIMPOURG, ou LIMPURG (Page 9:547)

LIMPOURG, ou LIMPURG, Limpurgum, (Géogr.) petite ville d'Allemagne dans la Wétéravie, autrefois libre & impériale, mais depuis sujette à l'électeur de Trèves. Elle est entre le Wetslar & Nassau, à trois milles germaniques de cette derniere. Long. 25. 48. lat. 58. 18. (D. J.)

LIMUS (Page 9:547)

LIMUS, s. m. (Hist. anc.) espece d'habillement, tel que les victimaires en étoient revêtus dans les sacrifices. Il prenoit au nombril, & descendoit sur les piés, laissant le reste du corps nud. Il étoit bordé par en bas d'une frange de pourpre en falbalas. Limus signifie oblique. Il y avoit des domestiques qu'on appelloit limocincti, de leur habit & de leur ceinture.

LIMYRE (Page 9:547)

LIMYRE, Lymira, (Géog. anc.) ville d'Asie dans la Lycie, située sur les bords d'une riviere du même nom. Limyre, est bien connue dans l'histoire, parce que ce fut dans cette ville, dit Velleius Paterculus, liv. II. thap. cij. que mourut de maladie, l'an 757 de Rome, Caius César, fils d'Agrippa & de Julie, la seule héritiere du nom des Césars. La naissance de ce prince, célébrée dans tout l'empire par des réjouissances publiques en 734, donnoit à Auguste un petit - fils qui pouvoit le consoler de la perte de Marcellus; mais pour le malheur de l'empereur, Caius n'eut pas une plus heureuse destinée. (D. J.)

LIN (Page 9:547)

LIN, linum, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en oeillet; elle a plusieurs pétales disposés en rond, qui sortent d'un calice composé de plusieurs feuilles, & ressemblant en quelque sorte à un tuyau; il sort aussi de ce calice un pistil qui devient ensuite un fruit presque rond, terminé pour l'ordinaire en pointes & composé de plusieurs capsules; elles s'ouvrent du côté du centre du fruit, & elles renferment une semence applatie presqu'ovale, plus pointue par un bout que par l'autre. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Lin (Page 9:547)

Lin, (Botan.) Des 31 especes de lin que distingue Tournefort, nous ne considérerons que la plus commune, le lin ordinaire qu'on seme dans les champs, & qui est nommé par les Botanistes, linum sativum, vulgare, ceruleum, en Anglois manur'd - flax.

Sa racine est fort menue, garnie de peu de fibres; sa tige est cylindrique, simple le plus souvent, creuse, grêle, lisse, haute d'une coudée ou d'une coudée & demie, branchue vers le sommet. Cette tige est revêtue d'une écorce rude; on a découvert en la battant, qu'elle est composée d'un grand nombre de fils très - déliés. Ses feuilles sont pointues, larges de deux ou trois lignes, longues d'environ deux pouces, placées alternativement, ou plutôt sans ordre sur la tige, molles, lisses. Ses fleurs sont jolies, petites, peu durables, & d'un beau bleu. Elles naissent au sommet des tiges, portées sur des pédicules grêles, assez longs. Elles sont disposées en oeillet, composées chacune de cinq pétales, arrondis à leur bord, & rayés. Leur calice est d'une seule piece en forme de tuyau, découpé en cinq parties.

Le pistil qui s'éleve du fond du calice, devient un fruit de la grosseur d'un pois chiche, presque sphérique, & terminé en pointe. Ce fruit est composé de plusieurs capsules en dedans qui s'ouvrent du côté du centre; elles sont remplies de graines applaties, presqu'ovalaires, obtuses d'un côté, pointues de l'autre, lisses, luisantes, & d'une couleur fauve, tirant sur le pourpre.

On seme le lin dans les champs; il fleurit au mois de Juin. Sa graine seule produit un trafic considérable, indépendamment de son emploi en Médecine; mais la culture de la plante est bien précieuse à d'autres égards. De sa petite graine, il s'éleve un tuyau grêle & menu, qui étant brisé, se réduit en filamens, & acquiert par la préparation la mollesse de la laine. On la file ensuite pour la couture, les points ou les dentelles. Enfin, on en fait la toile & le papier qui sont d'un usage immense, & qu'on ne sauroit assez admirer. Voyez donc Lin, (Agriculture.) (D. J.)

Lin sauvage purgatif (Page 9:547)

Lin sauvage purgatif, (Botan.) il est appellé linum catharticum, ou linum sylvestre catharticum, par la plûpart des botanistes, linum pratense, flosculis exiguis, par B. C. P. 21, & par Tournefort J. R. H. 340; en anglois purging flax.

Sa racine est menue, blanche, ligneuse, garnie de quelques fibriles. Ces tiges sont fort grêles, un peu couchées sur terre, mais bientôt après elles s'élevent à la hauteur d'une palme & plus. Elles sont cylindriques, rougeâtres, branchues à leur sommet, & penchées. Ses feuilles inférieures sont arrondies & terminées par une pointe mousse; celles du milieu & du haut des tiges, sont opposées deux à deux, nombreuses, petites, longues d'un demi - pouce, larges de deux ou trois lignes, lisses & sans queue. Ses fleurs sont portées sur de longs pédicules; elles sont blanches, en oeillets, à cinq pétales, pointus & entiers. Elles sont garnies de cinq étamines jaunes, renfermées dans un calice à cinq feuilles. Les capsules séminales qui succedent à la fleur sont petites, cannelées, & contiennent une graine luisante, applatie, oblongue, semblable à celle du lin ordinaire, mais plus menue.

Le lin sauvage croît aux lieux élevés, secs, comme aussi dans les champs parmi les avoines, & fleurit en Juin & Juillet.

Cette plante paroît contenir un sel essentiel tartareux, vitriolique, uni à une grande quantité d'huile fétide. Elle est d'un goût amer, desagréable, & qui excite des nausées. On en fait peu d'usage, parce qu'elle purge violemment, & presque aussi fortement que la gratiole. Le médecin qui s'en serviroit pour l'hydropisie, ne doit jamais la donner que dans les commencemens du mal, & à des corps très - robustes. (D. J.)

Lin incombustible (Page 9:547)

Lin incombustible, (Hist. nat.) c'est un des noms de l'amiante. Voyez Amiante.

Vous trouverez dans cet article les observations les plus vraies & les plus importantes sur cette substance minérale.

Sa nature est très - compacte & très - cotonneuse. Toutes ses parties sont disposées en fibres luisantes, & d'un cendré argentin, très - déliées, arrangées en lignes perpendiculaires, unies par une matiere ter<pb-> [p. 548] reuse, capables d'en être séparées dans l'eau & de résister à l'action du feu.

Cette matiere minérale est un genre de fossile très abondant. Du tems de Pline, on ne l'avoit encore découvert qu'en Egypte, dans les deserts de Judée, dans l'Eubée près de la ville de Corinthe, & dans l'île de Candie, pays dont le lin portoit les noms. Nos modernes en ont aujourd'hui trouvé dans toutes les îles de l'Archipel, en divers endroits de l'Italie, sur - tout aux montagnes de Volterre, en Espagne dans les Pyrénées, dans l'état de Gènes, dans l'île de Corse, en France dans le comté de Foix, à Namur dans les pays - bas, en Baviere, en Angleterre, en Irlande, en Ecosse, &c. Il faut avouer aussi que toutes ces nouvelles découvertes ne nous fournissent guere que des especes d'amiante de rebut, dont on ne sauroit tirer parti dans les Arts.

La maniere de filer cette matiere minérale, est la seule chose qui touche notre curiosité. Quoiqu'elle ait été pratiquée par les anciens orientaux, le secret n'en étoit pas connu des Romains, puisqu'au rapport de Pline, la valeur de l'asbeste filé égaloit le prix des perles les plus cheres; & que du tems de Néron, on regardoit avec admiration, & comme un trésor, une serviette de cette toile que cet empereur possédoit.

Les Grecs n'ont pas été plus éclairés sur l'art de filer l'asbeste; car à l'exception de Strabon qui n'en dit que deux mots, aucun de leurs auteurs ne l'a décrite: cependant, puisque Pline a vu de ses yeux des nappes de lin vif que l'on jettoit au feu pour les nettoyer lorsqu'elles étoient sales; il en résulte qu'on avoit quelque part le secret d'en faire des toiles; & les ouvrages tissus de ce fil, qui ont paru de siecle en siecle, prouvent que ce secret ne s'est pas perdu, & qu'il se trouve du lin incombustible propre à cette manufacture.

En effet, l'histoire moderne nous apprend que Charles - Quint avoit plusieurs serviettes de ce lin, avec lesquelles il donnoit le divertissement aux princes de sa cour, lorsqu'il les régaloit, d'engraisser & de salir ces sortes de serviettes, de les jetter au feu, & de les en retirer nettes & entieres. L'on a vu depuis à Rome, à Venise, à Londres & en d'autres villes, divers particuliers prendre ce plaisir à moins de frais que cet empereur. On a présenté à la société royale un mouchoir de lin vif, qui avoit un demi-pié de long sur demi pié de large; mais on n'indiqua point l'art du procédé, ni d'où l'on avoit tiré le fossile.

Enfin, Ciampini (Jean Justin) né à Rome en 1633, & mort dans la même ville en 1698, a la gloire de nous avoir appris le premier, en 1691, le secret de filer le lin incombustible, & d'en faire de la toile. Le lecteur trouvera le précis de sa méthode au mot Amiante; mais il faut ici transcrire la maniere dont M. Mahudel l'a perfectionné, parce que les objets qui concernent les Arts sont particulierement du ressort de ce Dictionnaire.

Choississez bien, dit ce savant, Mém. de littér. tom. V I. édit. in - 12. l'espece de lin incombustible, dont les fils soient longs & soyeux. Fendez votre minéral délicatement en plusieurs morceaux avec un marteau trenchant. Jettez ces morceaux dans de l'eau chaude. Amman veut qu'on les fasse infuser dans une lessive préparée avec des cendres de chêne pourri, & des cendres gravelées, & qu'on les laisse ensuite macérer environ un mois dans l'eau douce. M. Mahudel prétend que l'eau chaude suffit en y laissant les morceaux d'asbête pendant un tems proportionné à la dureté de leurs parties terreuses: remuez - les ensuite, dit - il, plusieurs fois dans l'eau & divisez - les avec les doigts en plus de parcelles fibreuses que vous pourrez, ensorte qu'elles se trouvent insensiblement dé<cb-> pouillées de l'espece de chaux qui les tenoit unies; cette chaux se détrempant dans l'eau, blanchit l'amiante & l'épaissit. Changez l'eau cinq ou six fois, & jusqu'à ce que vous connnoissiez par sa clarté que les fils seront suffisamment rouis.

Après cette lotion, étendez - les sur une claie de jonc pour en faire égoutter l'eau: exposez les au soleil; & lorsqu'ils seront bien secs, arrangez - les sur deux cardes à dents fort fines, semblables à celles des cardeurs de laine. Séparez - les tous en les cardant doucement, & ramassez la filasse qui est ainsi préparée; alors ajustez - la entre les deux cardes que vous coucherez sur une table, où elles vous tiendront lieu de quenouille, parce que c'est des extrémités de ces cardes que vous tirerez les fils qui se présenteront.

Ayez sur cette table une bobine pleine de lin ordinaire filé très - fin, dont vous tirerez un fil en même tems que vous en tirerez deux ou trois d'amiante; & avec un fuseau assujetti par un peson, vous unirez tous ces fils ensemble, ensorte que ce fil de lin commun soit couvert de ceux d'asbeste, qui par ce moyen ne feront qu'un même corps.

Pour faciliter la filure, on aura de l'huile d'olive dans un mouilloir, où l'on puisse de tems - en - tems tremper le doigt, autant pour les garantir de la corrosion de l'asbeste que pour donner plus de souplesse à ces fils.

Dès qu'on est ainsi parvenu à la maniere d'en allonger le continu, il est aisé en les multipliant ou en les entrelaçant, d'en former les tissus plus ou moins fins, dont on tirera, en les jettant au feu, l'huile & les fils de lin étrangers qui y sont entrés.

On fait actuellement aux Pyrénées des cordons, des jarretieres & des ceintures avec ce fil, qui sont des preuves de la possibilité de les mettre en oeuvre. Il est certain qu'avec un peu plus de soins que n'y donnent les habitans de ces montagnes, & avec de l'asbeste choisie, il s'en feroit des ouvrages très - délicats.

Cependant, quand on pourroit en façonner de ces toiles si vantées par les anciens, de plus belles mêmes que les leurs, & en plus grande quantité, il sera toujours vrai de dire que par la friabilité du minéral dont elle tirent leur origine, elle ne pourront être de durée au service, & n'auront jamais qu'un usage de pure curiosité.

Les engraisser & les salir pour avoir le plaisir de les retirer du feu nettes & entieres, c'est à quoi se rapporte presque tout ce qu'en ont vu les auteurs qui en ont écrit avant & après Pline.

L'usage des chemises, ou des sacs de toile d'amiante, employés au brûlement des morts, pour séparer les cendres de celles des autres matieres combustibles, seroit un point plus intéressant pour l'histoire romaine, s'il étoit bien prouvé. Mais Pline, liv. XIII. chap. j. dit que cette coutume funéraire ne s'observoit qu'à l'égard des rois.

Un autre usage du lin d'asbeste étoit d'en former des meches perpétuelles, qui avoient la propriété d'éclairer toûjours, sans aucune déperdition de leur substance, & sans qu'il fût besoin de les moucher, quelque grande que pût être la quantité d'huile qu'on vouloit qu'elles consumassent. On s'en servoit dans les temples pour les lampes consacrées aux dieux. Louis Vivez, espagnol, qui vivoit au commencement du quinzieme siecle, dit avoir vû employer de ces mêches à Paris. Il est singulier que cet usage commode, & fondé sur une expérience certaine, ne subsiste plus.

M. Mahudel assure avoir observé que les filamens de lin incombustible, sans avoir été même dépouillés par la lotion des parties terreuses qui les unissent, étant mis dans un vase plein de quelque huile ou graisse que l'on voudra, éclairent tant que dure la substance oléagineuse.

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