RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"529">
C'est cette même année 1585, que se fit l'établissement des seize, espece de ligue particuliere pour Paris seulement, composée de gens vendus au duc de Guise, & ennemis jurés de la royauté. Leur audace alla si loin, que le lieutenant du prevôt de l'île de France révéla au roi l'entreprise qu'ils avoient formée de lui ôter la couronne & la liberté. Henri III. se contenta de menaces, qui porterent les seize à presser le duc de Guise de revenir à Paris. Le roi écrivit deux lettres au duc, pour lui défendre d'y venir.
M. de Voltaire rapporte à ce sujet une anecdote fort curieuse; il nous apprend qu'Henri III. ordonna qu'on dépêchât ses deux lettres par deux couriers, & que, comme on ne trouva point d'argent dans l'épargne pour cette dépense nécessaire, on mit les lettres à la poste; de sorte que le duc de Guise se rendit à Paris, ayant pour excuse, qu'il n'avoit point reçû d'ordre contraire.
De - là suivit la journée des barricades, trop connue pour en faire le récit; c'est assez de dire que le duc de Guise, se piquant de générosité, rendit les armes aux gardes du roi qui suivant le conseil de sa mere, ou plutôt de sa frayeur, se sauva en grand desordre & à toute bride à Chartres. Le duc, maître de la capitale, négocia avec Catherine de Médicis un traité de paix qui fut tout à l'avantage de la ligue, & à la honte de la royauté.
A peine le roi l'eut conclu, qu'il s'apperçut, quand il n'en fut plus tems, de l'abîme que la reine mere lui avoit creusé, & de l'autorité souveraine des Guises, dont l'audace portée au comble, demandoit quelque coup d'éclat. Ayant donc médité son plan, dans un accès de bile noire à laquelle il étoit sujet en hiver, il convoqua les états de Blois, & là, il fit assassiner le 23 & le 24 Décembre le duc de Guise, & le cardinal son frere.
Les lois, dit très - bien le poëte immorter de l'histoire de la ligue, les lois sont une chose si respectable & si sainte, que si Henri III. en avoit seulement conservé l'apparence, & qu'ayant dans ses mains le duc & le cardinal, il eût mis quelque formalité de justice dans leur mort; sa gloire, & peut - être sa vie eussent été sauvées; mais l'assassinat d'un héros & d'un prêtre le rendirent exécrable aux yeux de tous les catholiques, sans le rendre plus redoutable.
Il commit une seconde faute, en ne courant pas dans l'instant à Paris avec ses troupes. Les ligueurs, ameutés par son absence, & irrités de la mort du duc & du cardinal de Guise, continuerent leurs excès. La Sorbonne s'enhardit à donner un decret qui délioit les sujets du serment de fidélité qu'ils doivent au roi, & le pape l'excommunia. A tous ces attentats, ce prince n'opposa que de la cire & du parchemin.
Cependant le duc de Mayenne en particulier se voyoit chargé à regret de vanger la mort de son frere qu'il n'aimoit pas, & qu'il avoit autrefois appellé en duel. Il sentoit d'ailleurs que tôt ou tard le parti des Ligueurs seroit accablé; mais sa position & son honneur emporterent la balance. Il vint à Paris, & s'y fit déclarer lieutenant général de la couronne de France, par le conseil de l'union: ce conseil de l'union se trouvoit alors composé de 70 personnes.
L'exemple de la capitale entraîna le reste du royaume; Henri III. réduit à l'extrémité, prit le parti, par l'avis de M. de Schomberg, d'appeller à son aide le roi de Navarre qu'il avoit tant persécuté; celui<cb->
Déja les deux rois s'avançoient vers Paris, avec leurs armées réunies, fortes de plus de trente mille hommes; déja le siége de cette ville étoit ordonné, & sa prise immanquable, quand Henri III. fut assassiné, le premier Août 1589, par le frere Jacques Clement, dominiquain: ce prêtre fanatique fut encouragé à ce parricide par son prieur Bourgoin, & par l'esprit de la ligue.
Quelques Historiens ajoutent, que Madame de Montpensier eut grande part à cette hoirible action, moins peut - être par vengeance du sang de son frere, que par un ancien ressentiment que cette dame conservoit dans le coeur, de certains discours libres tenus autrefois par le roi sur son compte, & qui découvroient quelques défauts secrets qu'elle avoit: outrage, dit Mézerai, bien plus impardonnable à l'égard des femmes, que celui qu'on fait à leur honneur.
Personne n'ignore qu'on mit sur les autels de Paris le portrait du parricide; qu'on tira le canon à Rome, à la nouvelle du succès de son crime; enfin, qu'on prononça dans cette capitale du monde - catholique l'éloge du moine assassin.
Henri IV (car il faut maintenant l'appeller ainsi avec M. de Voltaire, puisque ce nom si célebre & si cher est devenu un nom propre) Henri IV. dis - je, changea la face de la ligue. Tout le monde sait comment ce prince, le pere & le vainqueur de son peuple, vint à bout de la détruire. Je me contenterai seulement de remarquer, que le cardinal de Bourbon, dit Charles X. oncle d'Henri IV. mourut dans sa prison le 9 Mai 1590; que le cardinal Cajetan légat à latere, & Mendoze ambassadeur d'Espagne, s'accorderent pour faire tomber la couronne à l'infante d'Espagne, tandis que le duc de Lorraine la vouloit pour lui - même, & que le duc de Mayenne ne songeoit qu'à prolonger son autorité. Sixte V. mourut dégouté de la ligue. Grégoire XIV. publia sans succès, des lettres monitoriales contre Henri IV. en vain le jeune cardinal de Bourbon neveu du dernier mort, tenta de former quelque faction en sa faveur; en vain le duc de Parme voulut soutenir celle d'Espagne, les armes à la main; Henri IV. fut partout victorieux; par - tout il battit les troupes des ligueurs, à Arques, à Ivry, à Fontaine françoise, comme à Coutras. Enfin, reconnu roi, il soumit par ses bienfaits, le royaume à son obéissance: son abjuration porta le dernier coup à cette ligue monstrueuse, qui fait l'événement le plus étrange de toute l'histoire de France.
Aucuns regnes n'ont fourni tant d'anecdotes, tant de piéces fugitives, tant de mémoires, tant de livres, tant de chansons satyriques, tant d'estampes, en un mot, tant de choses singulieres, que les regnes d'Henri III. & d'Henri IV. Et, en admirant le regne de ce dernier monarque, nous ne sommes pas moins avides d'être instruits des faits arrivés sous son prédécesseur, que si nous avions à vivre dans des tems si malheureux. (D. J.)
Ligue (Page 9:529)
La ligue grise, ou la ligue haute, en allemand, graw - bunds, en latin, foedus superius, ou foedus canum, est la plus considérabe des trois, & a communiqué son nom à tout le pays. C'est ici que se trouvent les trois sources du Rhin. Cette ligue est partagée en huit grandes communautés, qui contiennent vingt - deux jurisdictions. Les habitans de la ligue [p. 530]
La ligue de la Caddée, ou maison de Dieu, en
allemand, gotts hansf - bundt, est partagée en onze
grandes communautés, qui se subdivisent en vingt - une
jurisdictions. Dans les affaires générales qui se
nomment autrement dietes, cette ligue a vingt - quatre
voix. Voyez
La ligue des dix jurisdictions, ou dix droitures, tire son nom des dix jurisdictions qui la forment, sous sept communautés générales: tous les habitans de cette derniere ligue, à un ou deux villages près, parlent allemand. (D. J.)
LIGUGEY (Page 9:530)
LIGUGEY, (Géogr.) en latin Locociacum, Locogeiacum, & dans ces derniers tems Ligugiacum. C'est le Lieudiacum qui est le premier monastere des Gaules, dont l'histoire ait parlé. S. Martin, par goût pour la solitude, l'établit à trois lieues de Poitiers, avant son épiscopat, c'est - à - dire avant l'an 371. Devenu évêque, il fonda celui de Marmoutier à environ une lieue de Tours, dans un endroit desert. Ces deux monasteres, alors composés de cellules de bois, furent ruinés avec le tems: celui de Ligugey est devenu, par je ne sai quelle cascade, un prieuré appartenant aux Jésuites; mais celui de Marmoutier forme une abbaye célebre dans l'ordre de S. Benoît, qui produit aux moines dix - huit mille livres de rente annuelle, & seize mille livres à l'abbé. On nomma par excellence ce dernier monastere, à cause du nombre des pasteurs qu'il a donnés à l'Eglise, Majus monasterium, d'où l'on a fait en notre langue Marmoutier. Les bâtimens en sont aujourd'hui magnifiques, & à cet égard il mérite encore le nom qu'il porte. (D. J.)
LIGUIDONISportus (Page 9:530)
LIGUIDONIS
LIGURIE (Page 9:530)
LIGURIE (
Les habitans de la Ligurie tiroient leur origine des Celtes: les Grecs les appelloient Ligus, Lygies, & quelquefois Ligustini; les Romains les nommoient Ligures. Ptolomée vous indiquera les villes de la Ligurie.
Selon le P. Priet, Antiq. ital. part. II. liv. V. la Ligurie comprenoit ce que nous appellons aujourd'hui le marquisat de Saluces, partie du Piémont, la plus grande partie du Montferrat, toute la côte de Gènes, la seigneurie de Mourgues, autrement Monaco, partie du comté de Nice, & la partie du duché de Milan qui est au - deçà du Pô.
Selon le même géographe, les Liguriens étoient divisés en Liguriens chevelus Ligures capillati, & en Liguriens montagnards, Ligures montani. Les Liguriens chevelus occupoient les côtes de la mer, & les Liguriens montagnards habitoient l'Apennin & les Alpes.
Les Liguriens passoient pour des hommes vigoureux, adonnés au travail, vivant de lait, de fromage, & usant, dit Strabon, d'une boisson faite avec de l'orge. Ils supportoient constamment la fatigue & la peine, assuetum malo Ligurem. Virgile néanmoins les dépeint comme des gens faux & fourbes. Claudien insinue la même chose, & Servius les traite de menteurs.
LIGURIENS (Page 9:530)
LIGURIENS, Ligurini, (Géog. anc.) habitans de la Ligurie. Les peuples qui habitoient la vraie Ligu<cb->
LIGUSTICUM mare (Page 9:530)
LIGUSTICUM
EIGYRIENS (Page 9:530)
EIGYRIENS, Ligyrii, (Géog. anc.) peuples anciens de la Thrace; ils avoient un lieu saint consacré à Bacchus, qui rendoit des oracles, au rapport de Macrobe, saturn. lib. I. ch. xviij. (D. J.)
LILAC (Page 9:530)
LILAC, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à
fleur monopétale en forme d'entonnoir, partagée
pour l'ordinaire en quatre parties. Il sort du calice
un pistil attaché comme un clou à la partie postérieure
de la fleur; ce pistil devient dans la suite un
fruit applati en forme de langue, qui se partage en
deux parties, & qui est divisé par une cloison en
deux loges remplies de semences applaties & bordées.
Tournefort, inst. rei herb. Voyez
Lilac (Page 9:530)
On pourroit élever le lilac de semence ou de branches
couchées; mais la voie la plus courte & la
seule usitée, c'est de le multiplier par les rejettons
qui viennent en quantité sur ses racines: le mois
d'Octobre est le vrai tems de les transplanter, parce
que les boutons de cet arbre, qui sont en séve dès
le mois de Décembre, grossissent pendant l'hiver &
s'ouvrent de bonne heure au printems. Plus les lilacs
sont gros, mieux ils reprennent, & ils donnent d'autant
plus de fleurs qu'ils se trouveront dans un terrein
sec & léger, mais ils s'éleveront beaucoup
moins. On en voit souvent qui sont enracinés dans
les murailles, & qui s'y soutiennent à merveille. Il
ne faut d'autre soin à cet arbre que de supprimer les
rejettons qui viennent tous les ans sur ses racines,
& qui affoiblissent la principale tige. On doit aussi
avoir attention de tailler cet arbre avec ménagement,
on se priveroit des fleurs en accourcissant tou<pb->
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.