ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"527"> lement sa ligne qu'il tient à la main. Le bateau est à la voile. L'appât est entraîné avec rapidité; & le poisson qui le suit, le gobe d'autant plus avidement.

Plus il fait de vent, plus les pêcheurs chargent le bas de leur ligne de plommée, afin que la traîne en soit moins précipitée. On ne pêche de cette maniere que les poissons blancs, comme bart, loubines, mulets, rougets, morues, maquereaux, &c.

De la pêche du maquereau à la ligne, à la perche, à la mer & au large des côtes. Il y a à saint Jacut onze petits bateaux pêcheurs du port au plus de cinq ou six tonneaux, montés ordinairement de huit, neuf, à dix hommes d'équipage, qui font en mer la pêche avec les folles, les demi - folles, ou roussetieres, les cordes grosses & moyennes, & la pêche de la ligne au doigt pour le maquereau, & de la ligne à la perche. Leurs bateaux ont deux mâts; chaque mât une voile. Ils s'éloignent quelquefois en mer de dix, douze à quinze lieues. Quand ils sont au lieu de la pêche, chacun prend sa ligne qui a sept à huit piés de long, & pêche les uns à bas bord, les autres à stribord. Le bateau a amené ses deux voiles, & dérive à la marée.

Cette pêche du maquereau dure environ cinq à six semaines. Elle commence à la saint Jean, & finit au commencement d'Août. Chaque équipage prend par jour favorable jusqu'à cinq à six mille maquereaux. Les uns se servent de la perche, d'autres de la ligne au doigt; mais le plomb de celle - ci n'est environ que d'une demi - once.

Comme la manoeuvre de cette seconde maniere est moins embarrassante que celle à la perche, les pêcheurs quittent de jour en jour leur perche pour se servir de la ligne au doigt.

Ces pêcheurs affarent ou bortent le maquereau avec des sauterelles ou puces de mer, que leurs femmes, filles, veuves & enfans pêchent de marée à autre, pour en fournir les équipages des bateaux. Ils substituent à cet appât de petits morceaux de maquereaux qu'ils levent vers la queue.

LIGNEUL (Page 9:527)

LIGNEUL, s. m. (Cordonnier, Bourrelier, &c.) c'est du fil de chanvre jaune, plié en plusieurs doubles & frotté de poix, dont on se sert pour coudre le cuir, & qu'on emploie aux usages les plus grossiers.

LIGNEUX (Page 9:527)

LIGNEUX, adj. (Bot.) c'est par cette épithete qu'on désigne la partie solide & intérieure des plantes & des arbres. On dit une fibre ligneuse. Si le corps ligneux est coupé horisontalement, on y apperçoit des cercles concentriques de différentes épaisseurs. Ligneux se dit aussi de ce qui tient à la nature du bois, comme de la coque de la noix, des racines de certaines plantes.

LIGNITE (Page 9:527)

LIGNITE, s. f. (Hist. nat.) nom donné par un auteur italien, nommé Ludovico Doleo, à une pierre qu'il dit avoir comme des veines de bois & la transparence de verre.

LIGNITZ (Page 9:527)

LIGNITZ, Lignicium, (Géograph.) ville forte de Bohème, dans la Silésie, capitale d'une principauté de même nom. On a prétendu qu'elle avoit été fondée par les Lygiens; mais ce peuple n'avoit point de villes, & d'ailleurs nous ne savons pas assez précisément quel pays il occupoit. Ceux qui croient que Lignitz est l'Hegetmatia de Ptolomée, ne sont pas mieux fondés, puisque du tems de ce géographe la Germanie au - delà du Rhin étoit aussi sans villes; les urnes & autres monumens que l'on a découverts aux environs de Lignitz, ne prouvent point une origine romaine; les Sarmates & les Slaves brûloient leurs morts, de même que les Romains; & de plus, on trouve ces sortes d'antiquités dans toute la Silésie. Enfin Lignitz n'étoit qu'un village quand Boleslas, surnommé le Haut, l'entoura de murs, & en fit une ville. Elle est sur le ruisseau de Cat à 2 milles N. de Jawer, à 7 N. O. de Breslaw, & autant S. de Glogaw. Long. 33. 50. lat. 51. 55.

Un gentilhomme, né à Lignitz, Gaspard de Schwencfeld, fit beaucoup de bruit dans le xvj. fiecle, par ses erreurs & son sanatisme. Il finit ses jours à Ulm en 1561, âgé de 71 ans. Mais les perfécutions continuelles qu'il essuya pendant sa vie, lui procurerent, après sa mort, un grand nombre de sectateurs; alors tous ses ouvrages dispersés furent recueillis avec soin, & réimprimés ensemble en 1592, en quatre volumes in 4°. Il y soutient que l'administration des sacremens est inutile au salut; que la manducation du corps & du sang de Jesus - Christ se fait par la foi; qu'il ne faut baptiser personne avant sa conversion; qu'il suffit de se confesser à notre Sauveur; que celui - là seul est un vrai chrétien qui est illuminé; que la parole de Dieu est Jesus - Christ en nous; cette derniere proposition est un non - sense, diroient les Anglois, & je crois qu'ils auroient raison. (D. J.)

Lignitz (Page 9:527)

Lignitz, terre de, (Hist. nat. Mat. médicale.) terre bolaire jaune, très fine, qui se trouve près de la ville de Lignitz en Silésie, elle est d'une couleur très - vive; sa surface est unie; elle ne fait point effervescence avec les acides; calcinée, elle devient brune & non rouge. On en fait usage dans la Médecine.

LIGNON (Page 9:527)

LIGNON, (Géog.) riviere de France dans le haut Forez; elle a sa source aux confins de l'Auvergne, au - dessus de Thiers, & se jette dans la Loire, proche de Feurs: mais elle tire son plus grand lustre de ce que M. d'Urfé a choisi ses bords pour y mettre la scene des bergers de son Astrée, ce qui a fait dire à M. de Fontenelle:

O rives du Lignon! ô plaines du Forez! Lieux consacrés aux amours les plus tendres! Montbrison, Marcilly, noms toujours pleins d'attrais! Que n'êtes - vous peuplés d'Hylas & de Sylvandres? (D. J.)

LIGNY (Page 9:527)

LIGNY, (Géog.) en latin moderne Lincium, Liniacum ou Ligniacum, ville de France avec titre de comté dans le duché de Bar, dont elle est la plus considérable après la capitale. Longuerue vous en donnera toute l'histoire. Ligny est sur l'Orney, à trois lieues S. E. de Bar - le - duc, huit O. de Toul, ciquante - deux S. E. de Paris. Long. 23. 2. lat. 48. 36. (D. J.)

LIGOR (Page 9:527)

LIGOR, (Géog.) ville d'Asie, capitale d'un petit pays de même nom, sur la côte orientale de la presqu'île de Malaca, avec un port difficile d'entrée & un magasin de la compagnie hollandoise. Elle appartient, ainsi que le pays, au roi de Siam. Long. 118. 30. lat. 7. 40. (D. J.)

LIGUE (Page 9:527)

LIGUE, (Gramm.) union ou confédération entre des princes ou des particuliers pour attaquer ou pour se défendre mutuellement.

Ligue (Page 9:527)

Ligue, la, (Hist. de France.) on nomme ainsi par excellence toutes les confédérations qui se formerent dans les troubles du royaume contre Henri III. & contre Henri IV. depuis 1576 jusqu'en 1593.

On appella ces factions la sainte union ou la sainte ligue; les zélés catholiques en furent les instrumens, les nouveaux religieux les trompettes, & les lorrains les conducteurs. La mollesse d'HenriIII. lui laissa prendre l'accroissement, & la reine mere y donna la main; le pape & le roi d'Espagne la soutintent de toute leur autorité; ce dernier à cause de la liaison des calvinistes de France avec les confédérés des pays - bas; l'autre par la crainte qu'il eut de ces mêmes huguenots, qui, s'ils devenoient les plus forts, auroient bientôt sappé sa puissance. Abrégeons [p. 528] tous ces faits que j'ai recueillis par la lecture de plus de trente historiens.

Depuis le massacre de la saint Barthélemi; le royaume étoit tombé dans une affreuse confusion, à laquelle Henri III. mit le comble à son retour de Pologne. La nation fut accablée d'édits bursaux, les campagnes désolées par la soldatesque, les villes par la rapacité des financiers, l'Eglise par la simonie & le scandale.

Cet excès d'opprobre enhardit le duc Henri de Guise à former la ligue projettée par son oncle le cardinal de Lorraine, & à s'élever sur les ruines d'un état si mal - gouverné. Il étoit devenu le chef de la maison de Lorraine en France, ayant le crédit en main, & vivant dans un tems où tout respiroit les factions; Henri de Guise étoit fait pour elle. Il avoit, dit - on, toutes les qualités de son pere avec une ambition plus adroite, plus artificieuse & plus effrénée, telle enfin qu'après avoir causé mille maux au royaume, il tomba dans le précipice.

On lui donne la plus belle figure du monde, une éloquence insinuante, qui dans le particulier triomphoit de tous les coeurs; une libéralité qui alloit jusqu'à la profusion, un train magnifique, une politesse infinie, & un air de dignité dans toutes ses actions; fin & prudent dans les conseils, prompt dans l'exécution, secret ou plutôt dissimulé sous l'apparence de la franchise; du reste accoutumé à souffrir également le froid & le chaud, la faim & la soif, dormant peu, travaillant sans cesse, & si habile à manier les affaires, que les plus importantes ne sembloient être pour lui qu'un badinage. La France, dit Balzac, étoit folle de cet homme - là; car c'est trop peu de dire amoureuse; une telle passion alloit bien près de l'idolâtrie. Un courtisan de ce regne prétendoit que les huguenots étoient de la ligue quand ils regardoient le duc de Guise. C'est de son pere & de lui que la maréchale de Retz disoit, qu'auprès d'eux tous les autres princes paroissoient peuple.

On vantoit aussi la générosité de son coeur; mais il n'en donna pas un exemple, quand il investit lui - même la maison de l'amiral Coligny, &, qu'attendant dans la cour l'exécution de l'assassinat de ce grand homme, qu'il fit commettre par son valet (Breme), il cria qu'on jettât le cadavre par les fenêtres, pour s'en assurer & le voir à ses piés: tel étoit le duc de Guise, à qui la soif de régner applanit tous les chemins du crime.

Il commença par proposer la ligue dans Paris, fit courir chez les bourgeois, qu'il avoit déja gagnés par ses largesses, des papiers qui contenoient un projet d'association, pour défendre la religion, le roi & la liberté de l'état, c'est - à - dire pour opprimer à la fois la fois le roi & l'état, par les armes de la religion; la ligue fut ensuite signée solemnellement à Péronne, & dans presque toute la Picardie, par les menées & le credit de d'Humieres gouverneur de la province. Il ne fut pas difficile d'engager la Champagne & la Bourgogne dans cette association, les Guises y étoient absolus. La Tremouille y porta le Poitou, & bientôt après toutes les autres provinces y entrerent.

Le roi craignant que les états ne nommassent le duc de Guise à la tête du parti qui vouloit lui ravir la liberté, crut faire un coup d'état, en signant lui - même la ligue, de peur qu'elle ne l'écrasât. Il devint, de roi, chef de cabale, & de pere commun, ennemi de ses propres sujets. Il ignoroit que les princes doivent veiller sur les ligues, & n'y jamais entrer. Les rois sont la planéte centrale qui entraîne tous les globes dans son tourbillon: ceux - ci ont un mouvement particulier, mais toujours lent & subordonné à la marche uniforme & rapide du premier mobile. En vain, dans la suite, Henri III. voulut arrêter les progrès de cette ligue: il ne sut pas y travailler ni l'éteindre; elle éclata contre lui, & fut cause de sa perte.

Comme le premier dessein de la ligue étoit la ruine des calvinistes, on ne manqua pas d'en communiquer avec dom Juan d'Autriche, qui, allant prendre possession des Pays - Bas, se rendit déguisé à Paris, pour en concerter avec le duc de Guise: on se conduisit de même avec le légat du pape. En conséquence la guerre se renouvela contre les protestans; mais le roi s'étant embarqué trop légérement dans ces nouvelles hostilités, fit bien - tôt la paix, & créa l'ordre du S. Esprit, comptant, par le serment auquel s'engageoient les nouveaux chevaliers, d'avoir un moyen sûr pour s'opposer aux desseins de la ligue. Cependant dans le même tems, il se rendit odieux & méprisable, par son genre de vie efféminée, par ses confrairies, par ses pénitences, & par ses profusions pour ses favoris qui l'engagerent à établir sans nécessité des édits bursaux, & à les faire vérifier par son parlement.

Les peuples voyant que du trône & du sanctuaire de la Justice, il ne sortoit plus que des édits d'oppression, perdirent peu à peu le respect & l'affection qu'ils portoient au prince & au parlement. Les chefs de la ligue ne manquerent pas de s'en prévaloir, & en recueillant ces édits onéreux, d'attiser le mépris & l'aversion du peuple.

Henri III. ne regnoit plus: ses mignons disposoient insolemment & souverainement des finances, pendant que la ligue catholique & les confédérés protestans se faisoient la guerre malgré lui dans les provinces; les maladies contagieuses & la famine se joignoient à tant de fléaux. C'est dans ces momens de calamités, que, pour opposer des favoris au duc de Guise, il dépensa quatre millions aux nôces du duc de Joyeuse. De nouveaux impôts qu'il mit à ce sujet, changerent les marques d'affection en haine & en indignation publique.

Dans ces conjonctures, le duc d'Anjou son frere, vint dans les Pays - Bas, chercher au milieu d'une désolation non moins funeste, une principauté qu'il perdit par une tirannique imprudence, que sa mort suivit de près.

Cette mort rendant le roi de Navarre le plus proche héritier de la couronne, parce qu'on regardoit comme une chose certaine, qu'Henri III. n'auroit point d'enfans, servit de prétexte au duc de Guise, pour se déclarer chef de la ligue, en faisant craindre aux François d'avoir pour roi un prince séparé de l'Eglise. En même tems, le pape fulmina contre le roi de Navarre & le prince de Condé, cette fameuse bulle dans laquelle il les appelle génération bâtarde & détestable de la maison de Bourbon; il les déclare en conséquence déchus de tout droit & de toute succession. La ligue profitant de cette bulle, força le roi à poursuivre son beau - frere qui vouloit le secourir, & à seconder le duc de Guise qui vouloit le détrôner.

Ce duc, de son côté, persuada au vieux cardinal de Bourbon, oncle du roi de Navarre, que la couronne le regardoit, afin de se donner le tems, à l'abri de ce nom, d'agir pour lui - même. Le vieux cardinal, charmé de se croire l'héritier présomptif de la couronne, vint à aimer le duc de Guise comme son soutien, à haïr le roi de Navarre son neveu, comme son rival, & à lever l'étendart de la ligue contre l'autorité royale, sans ménagement, sans crainte & sans mesure.

Il fit plus; il prit en 1585, dans un manifeste public, le titre de premier prince du sang, & recommandoit aux François de maintenir la couronne dans la branche catholique. Le manifeste étoit appuyé des noms de plusieurs princes, & entr'autres, de ceux

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