ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"525"> mies, quelque supériorité que ces armées eussent sur les leurs; qu'ils les ont empêché de pénétrer dans le pays, en se présentant toujours de près à leur ennemi, & cela par le choix seul des postes qu'ils ont su prendre. M. le maréchal de Créquy en a usé de même dans des campagnes difficiles contre M. le duc de Lorraine. M. le maréchal de Luxembourg, contre le sentiment duquel l'usage des lignes s'est établi en France, a toujours été persuadé que cet usage étoit pernicieux à un général qui sait la guerre; & il n'a jamais voulu, quelque commodité qui pût en résulter, que son armée campât dans le dedans des lignes. (Q)

Ligne blanche (Page 9:525)

Ligne blanche, linea alba, (Anatomie.) est une espece de bande qui est formée du concours des tendons des muscles obliques & du transverse, & qui partage l'abdomen en deux par le milieu. Voyez Abdomen.

Elle est appellée ligne, parce qu'elle est droite, & blanche, à cause de sa couleur.

La ligne blanche reçoit un rameau de nerf de l'intercostal dans chacune de ses digitations ou dentelures, qui sont visibles à l'oeil, sur - tout dans les personnes maigres.

On donne aussi ce nom à une espece de ligne qui se remarque le long de la partie moyenne & postérieure du pharinx. Voyez Pharinx.

Ligne (Page 9:525)

Ligne de Marcation, (Hist. mod.) ou ligne de division, de partition, établie par les papes pour le partage des Indes entre les Portugais & les Espagnols; l'invention de cette ligne fictice est trop plaisante pour ne la pas transcrire ici d'après l'auteur de l'Essai sur l'hist. générale.

Les Portugais dans le xv. siecle demanderent aux papes la possession de tout ce qu'ils découvriroient dans leurs navigations; la coutume subsistoit de demander des royaumes au saint siege, depuis que Grégoire VII. s'étoit mis en possession de les donner. On croyoit par - là s'assurer contre une usurpation étrangere, & intéresser la religion à ces nouveaux établissemens. Plusieurs pontifes confirmerent donc au Portugal les droits qu'il avoit acquis, & qu'un pontife ne pouvoit lui ôter.

Lorsque les Espagnols commencerent à s'établir dans l'Amérique, le pape Alexandre VI, en 1493, divisa les deux nouveaux mondes, l'américain & l'asiatique, en deux parties. Tout ce qui étoit à l'orient des îles Açores, devoit appartenir au Portugal; tout ce qui étoit à l'occident, fut donné par le saint siege à l'Espagne. On traça une ligne sur le globe qui marqua les limites de ces droits réciproques, & qu'on appella la ligne de marcation, ou la ligne alexandrine; mais le voyage de Magellan dérangea cette ligne. Les îles Marianes, les Philippines, les Molucques, se trouvoient à l'orient des découvertes portugaises. Il falut donc tracer une autre ligne, qu'on nomme la ligne de démarcation; il n'en coûtoit rien à la cour de Rome de marquer & de démarquer.

Toutes ces lignes furent encore dérangées, lorsque les Portugais aborderent au Brésil. Elles ne furent pas plus respectées par les Hollandois qui débarquerent aux Indes orientales, par les François & par les Anglois qui s'établirent ensuite dans l'Amérique septentrionale. Il est vrai qu'ils n'ont fait que glaner après les riches moissons des Espagnols; mais enfin ils y ont eu des établissemens considérables, & ils en ont encore aujourd'hui.

Le funeste effet de toutes ces découvertes & de ces transplantations, a été que nos nations commerçantes se sont fait la guerre en Amérique & en Asie, toutes les fois qu'elles se la sont faites en Europe; & elles ont réciproquement détruit leurs colonies naissantes. Les premiers voyages ont eu pour objet d'unir toutes les nations. Les derniers ont été entre<cb-> pris pour nous détruire au bout du monde; & si l'esprit qui regne dans les conseils des puissances maritimes continue, il n'est pas douteux qu'on doit parvenir au succès de ce projet, dont les peuples de l'Europe payeront la triste dépense. (D. J.)

Ligne (Page 9:525)

Ligne, (Jurisprud.) se prend pour un certain ordre, dans lequel des personnes se trouvent disposées de suite, relativement à la parenté ou affinité qui est entre elles. On distingue plusieurs sortes de lignes.

Ligne ascendante (Page 9:525)

Ligne ascendante, est celle qui comprend les ascendans, soit en directe, comme le fils, le pere, l'ayeul, bisayeul, & toujours en remontant; ou en collatérale, comme le neveu, l'oncle le grand - oncle, &c.

Ligne collaterale (Page 9:525)

Ligne collaterale, est celle qui comprend les parens, lesquels ne descendent pas les uns des autres, mais qui sont joints à latere, comme les freres & soeurs, les cousins & cousines, les oncles, neveux & nieces; & la ligne collatérale est ascendante ou descendante. Voyez Ligne ascendante, & Ligne descendante.

Ligne defaillante (Page 9:525)

Ligne defaillante ou eteinte, est lorsqu'il ne se trouve plus de parens de la ligne dont procede un héritage.

Dans ce cas les coutumes de Bourbonnois, Anjou, Maine & Normandie, font succéder le seigneur à l'exclusion des parens d'une autre ligne. Mais la coutume de Paris, art. 30, & la plûpart des autres coutumes font succéder une ligne au défaut de l'autre par préférence au seigneur.

Ligne descendante (Page 9:525)

Ligne descendante, est celle où l'on considere les parens en descendant, comme en directe le pere, le fils, le petit - fils, &c. & en collatérale, l'oncle, le neveu, le petit - neveu, &c.

Ligne directe (Page 9:525)

Ligne directe, est celle qui comprend les parens ou alliés qui sont joints ensemble en droite ligne, & qui descendent les uns des autres, comme le trisayeul, le bisayeul, l'ayeul, le pere, le fils, le petit - fils, &c.

La ligne directe, est ascendante ou descendante; c'est - à - dire, qu'on considere la ligne directe en remontant ou descendant; en remontant, c'est le fils, le pere, l'ayeul; en descendant, c'est tout le contraire, l'ayoul, le pere, le fils, &c.

Ligne égale (Page 9:525)

Ligne égale, c'est lorsque deux parens collatéraux sont éloignés chacun d'un même nombre de degrés de la souche commune. Voyez Ligne inégale.

Ligne éteinte (Page 9:525)

Ligne éteinte, Voyez Ligne défaillante.

Ligne franche (Page 9:525)

Ligne franche, dans la coutume de Sens, art. 30, s'entend de la ligne de celui des conjoints qui étoit légitime.

Ligne inégale (Page 9:525)

Ligne inégale, c'est lorsque des deux parens collatéraux l'un est plus éloigné que l'autre de la souche commune, comme l'oncle & le neveu, le cousin - germain & le cousin issu de germain.

Ligne maternelle (Page 9:525)

Ligne maternelle, est le côté des parens maternels.

Ligne paternelle (Page 9:525)

Ligne paternelle, est le côté de parens paternels.

Ligne transversale (Page 9:525)

Ligne transversale, est la même chose que ligne collatérale.

Ligne (Page 9:525)

Ligne, (Marine), mettre en ligne. C'est la disposition d'une armée navale sur la même ligne le jour du combat. L'avant - garde, le corps de bataille & l'arriere - garde se mettent sur une seule ligne pour faire face à l'ennemi, & ne point s'embarrasser les uns des autres pour envoyer leurs bordées.

Lorsqu'il s'agit d'évolutions navales, on dit garder sa ligne, venir à sa ligne, marcher en ligne, &c.

Ligne, (Marine), vaisseau de ligne, se dit d'un vaisseau de guerre, assez fort pour se mettre en ligne un jour de combat. [p. 526]

Ligne du fort, (Mar.) en parlant d'un vaisseau, se dit de l'endroit où il est le plus gros.

Ligne de l'eau, (Mar.); c'est l'endroit du bordage jusqu'où l'eau monte, quand le bâtiment a sa charge & qu'il flote.

Ligne, (Mar.); c'est un petit cordage. Les lignes, soit pour sonder ou pour plusieurs autres usages, sont ordinairement de trois cordons, & trois à quatre fils à chaque cordon.

Lignes d'amarrage, (Mar.), ce sont les cordes qui servent à lier & attacher le cable dans l'arganeau, & qui renforcent & assurent les hausieres & les manoeuvres.

Lignes ou équillettes, (Mar.); elles servent à lasser les bonnettes aux grandes voiles.

Lignes de sonde, (Mar.) Voyez Sonde.

Ligne de compte (Page 9:526)

Ligne de compte, terme de commerce & de teneur de livres: il signifie quelquefois chaque article qui compose un registre ou un compte. On dit en ce sens, j'ai mis cette somme en ligne de compte, pour dire, j'en ai chargé mon registre, mon compte. Quelquefois on ne l'entend que de la derniere ligne de chaque article; dans ce sens on dit tirer en ligne des sommes, c'est - à - dire, les mettre vis - à - vis de la derniere ligne de chaque article, dans les différens espaces marqués pour les livres, sols & deniers.

Tirer hors de ligne ou hors ligne: c'est mettre les sommes en marge des articles, devant & proche la derniere ligne. Voyez Livres & Registres. Dict. de commerce.

Lignes (Page 9:526)

Lignes, (Musique), sont ces traits horisontaux & paralleles qui composent la portée, & sur lesquels, ou dans les espaces qui les séparent, on place les différentes notes selon leurs degrés. La portée du plein - chant n'est composée que de quatre lignes; mais en musique, elle en a cinq stables & continuelles, outre les lignes accidentelles qu'on ajoute de tems - en - tems, au - dessus ou au - dessous de la portée, pour les notes qui passent son étendue. Voyez Portée. (S)

Ligne (Page 9:526)

Ligne à plomb, (Architect.) se dit en terme d'ouvrier, d'une ligne perpendiculaire, il l'appelle ainsi, parce qu'il la trace ordinairement par le moyen d'un plomb. Voyez Plomb.

Les mâçons & limosins appellent lignes, une petite cordelette ou ficelle, dont ils se servent pour élever les murs droits, à plomb, & de même épaisseur dans leur longueur.

Ligne (Page 9:526)

Ligne, (être en), en fait d'escrime; on est en ligne, lorsqu'on est diamétralement opposé à l'ennemi, & lorsque la pointe de votre épée est vis - à - vis son estomac.

Ainsi l'on dit vous êtes hors la ligne, votre épée est hors la ligne, pour faire sentir qu'on est déplacé.

Ligne (Page 9:526)

Ligne, en terme d'Imprimerie, est une rangée ou suite de caracteres, renfermée dans l'étendue que donne la justification prise avec le composteur: la page d'impression est composee d'un nombre de lignes qui doivent être bien justifiées, & les mots espacés également.

Ligne (Page 9:526)

Ligne de la done, en terme de Manege, est la ligne circulaire ou ovale que le cheval suit en travaillant autour d'un pilier ou d'un centre imaginaire.

Ligne (Page 9:526)

Ligne du banquet, (Maréch.) c'est celle que les éperonniers s'imaginent en forgeant un mors, pour déterminer la force ou la foiblesse qu'ils veulent donner à la branche, pour la rendre hardie ou flasque.

Ligne (Page 9:526)

Ligne, (Pêche), instrument de pêche, composé d'une forte baguette, d'un cordon & d'un hameçon qu'on amorce, pour prendre du poisson médiocre: cet hameçon est attaché au cordon, qui pend au bout de la baguette; mais la matiere du cordon, son tissu & sa couleur, ne sont pas indifférentes.

Les cordons de fil valent moins que ceux de soie, & ceux - ci moins que ceux de crin de cheval; les uns & les autres veulent être d'une seule matiere, c'est - à - dire, qu'il ne faut point mêler ensemble le fil & la soie, ou la soie & le crin.

Les crins de cheval doivent être ronds & tortillés, de même grosseur & grandeur, autant qu'il est possible; on les trempe une heure dans l'eau après les avoir cordonnés, pour les empêcher de se froncer; ensuite on les retord également, ce qui les renforce beaucoup, pourvû qu'on ne les serre point en les tordant.

Les meilleures couleurs dont on puisse teindre les cordons d'une ligne, sont le blanc ou le gris, pour pêcher dans les eaux claires, & le verd - d'oseille, pour pêcher dans les eaux bourbeuses; mais le verd d'eau pâle seroit encore préférable.

Pour avoir cette derniere couleur, on fera bouillir dans une pinte d'eau d'alun, une poignée de fleurs de souci, dont on ôtera l'écume qui s'éleve dessus dans le bouillonnement; ensuite on mettra dans la liqueur écumée, demi - livre de verd de gris en poudre, qu'on fera bouillir quelque tems. Enfin, on jettera un ou plusieurs cordons de ligne dans cette liqueur, & on les y laissera tremper dix ou douze heures, ils prendront un verd d'eau bleuâtre qui ne se déteindra point. (D. J.)

Ligne (Page 9:526)

Ligne, (Pêche de mer.) ce sont des cordes, à l'extrémité desquelles sont ajustés des ains ou hameçons garnis d'appât qui attirent le poisson. Voyez Hameçon.

Les lignes consistent en une corde menue & forte, sur laquelle de distance en distance sont frappés des piles ou ficelles de huit piés de long qui portent l'ain à leur extrémité; à un pié de distance de l'ain est fixé un petit morceau de liege, que le pêcheur nomme consiron ou cochon. C'est le corsiron qui fait flotter l'ain. Toutes les cordes, tant grosses que petites, sont aussi garnies de liege, soit qu'il faille pêcher à la côte ou à la mer. Voyez Libourne.

De la pêche à la ligne à pié sur les roches. Ceux qui font cette pêche, prennent une perche légere de dix à douze piés de long, au bout de laquelle est frappée une ligne un peu forte, longue d'environ une brasse & demie. A deux piés environ de l'ain est frappé un plomb, pour faire caler bas l'hameçon garni d'appâts différens, selon les saisons. Le pêcheur se plante debout sur la pointe de la roche. Il y place sa perche, de maniere que cette pointe fasse fonction de point d'appui, & sa perche levier, & qu'il puisse la lever promptement, lorsqu'il arrive que le poisson mord à l'appât. Il ne faut pas que le vent pousse trop à la cale. Le tems favorable ce sont les mois d'Octobre & de Novembre. On prend ainsi des congres, des merlus, des colins & des urats ou carpes de mer, tous poissons de roche.

Des lignes au doigt, ou qu'on tient à la main, pour mieux sentir que le poisson a pris l'appât: elles ne different des autres qu'en ce qu'elles n'ont que deux ains; & elles ont, comme le libourne, un plomb qui les fait caler.

Les pêcheurs & riverains de Plough ou Molin, dans le ressort de l'amirauté de Vannes, se servent de lignes différemment montées, & ont leur manoeuvre. Ils sont deux à trois hommes au plus d'équipage dans leurs petits bateaux, qu'ils nomment fortans. Chaque pêcheur a une ligne de dix à douze brasses de long au plus. Le bout qui joint la pile ou l'avancart, est garni de plommées à environ deux brasses de long, pour faire jouer la ligne sur le fond avec plus de facilité. L'hameçon est garni de chair de poisson, ou d'un morceau de leur peau, pris sur le dos, & coupé en long en forme de sardine. Le pêcheur qui est debout dans le fortan, traîne & agite continuel<pb->

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