ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"515"> voyez - en l'article à chacune des parties qui en ont, ou voyez - les sous les noms particuliers que les Anatomistes leur ont donnés. Nous ne parlerons ici que des ligamens qui sont attachés aux os seuls & à leurs cartilages.

On peut en établir deux classes générales; les uns sont employés aux articulations mobiles des os, les autres lient les os ou s'y attachent indépendamment de leurs articulations.

Les ligamens qui servent aux articulations mobiles des os, & que l'on peut appeller ligamens articulaires, sont de plusieurs especes.

Il y en a qui ne font que retenir & affermir les articulations, rendre leurs mouvemens sûrs, & empêcher que les os ne quittent leur assemblage naturel, comme il arrive dans les luxations. Ces ligamens sont comme des cordons plus ou moins applatis, ou comme des bandelettes, tantôt étroites, tantôt un peu larges, quelquefois assez minces, mais toujours très fortes & prêtant très - peu. Tels sont les ligamens des articulations ginglymoïdes, c'est - à - dire en charniere, & ceux qui lient les corps de vertebres ensemble.

Immédiatement au - dessous des ligamens articulaires, il se trouve une membrane assez mince, laquelle s'attache de part & d'autre autour de l'articulation, pour empêcher l'écoulement de la synovie, qui humecte continuellement la surface des cartilages de l'articulation.

Il y a de ces ligamens qui font tout ensemble l'office de lien ou de bande pour tenir les os assemblés, & de capsule pour servir de reservoir au mucilage. Ils environnent les articulations orbiculaires, comme celle de l'os du bras avec l'omoplate, celle du fémur avec l'os innominé, &c.

Il y a aussi des ligamens qui sont cachés dans les articulations, même par la capsule; tel est celui de la tête du fémur, appellé communément, mais improprement, le ligament rond, & ceux de la tête du tibia, que l'on nomme ligamens croisés.

Les autres ligamens de la premiere classe, c'est - à - dire ceux qui sont attachés aux os, indépendamment de leurs articulations, sont encore de deux sortes.

Les uns sont lâches, & ne sont que borner, ou limiter les mouvemens de l'os; tels sont ceux qui attachent les clavicules aux apophyses épineuses des vertebres; les autres sont bandés & tendus; tels sont ceux qui vont de l'acromion à l'apophyse coracoïde; ceux qui sont attachés par un bout à l'os sacrum, & par l'autre à l'os ischion, &c.

Enfin, il se trouve des ligamens, qui quoiqu'attachés aux os, ou aux cartilages, servent aussi à d'autres parties, comme aux muscles, ou aux tendons, soit pour les contenir, les brider, les borner, en assurer ou en échanger la direction dans certains mouvemens; tels sont les ligamens interosseux de l'avant - bras, ou de la jambe, ceux qu'on nomme tant à la main qu'au pié, annulaires, les ligamens latéraux du cou, & quantité d'autres.

Outre toutes ces différences de ligamens, on peut encore remarquer d'aurres variétés par rapport à leur consistence, leur solidité, leur épaisseur, leur figure, & leur situation.

Il y a des ligamens qui sont presque cartilagineux, comme celui qui entoure la tête du rayon, la petite tête de l'os du coude, & les gaines annulaires des doigts.

Il y en a qui ont une certaine élasticité, par laquelle ils se laissent allonger par force, & se raccourcissent aussi tôt qu'ils cessent d'être tirés; tels sont les ligamens qui attachent l'os hyoïde aux apophyses styloïdes, les ligamens des vertebres lombaires, & autres.

Quelquefois les ligamens se ramollissent & se re<cb-> lâchent, lorsqu'ils sont abreuvés par des humeurs surabondantes, ou viciées; ce qui fait que les os, ou les parties molles qu'ils maintenoient dans leur situation s'en échappent; en sorte que le relâchement de ces ligamens cause des dislocations de causes internes, des descentes de matrices, &c. & ces sortes d'accidens sont très - difficiles à guérir.

On peut consulter sur les ligamens considérés d'un oeil anatomique, l'ouvrage de Walther, (A. F.) de articulis & ligamentis, Lips. 1728. in - 4°. avec figures; mais la Physiologie n'est pas encore parvenue à nous donner de grandes lumieres sur les ligamens des parties molles; leur structure & leurs usages sont trop cachés à nos foibles yeux. (D. J.)

Ligament (Page 9:515)

Ligament coronaire du foie, (Anatom.) on donne vulgairement ce nom à l'attache immédiate de la surface postérieure & supérieure du foie, & principalement de son grand lobe, avec la portion aponévrotique du diaphragme qui lui répond; de sorte que la substance du foie, & celle du diaphragme, s'entretouchent dans cet endroit, & les membranes de l'un & de l'autre s'unissent à la circonférence de cette attache, laquelle n'a environ que deux travers de doigt d'étendue.

Ainsi le grand lobe du foie est attaché au diaphragme, principalement à l'aile droite de sa portion tendineuse par une adhérence immédiate & large, sans que la membrane du péritoine y intervienne; car elle ne fait que se replier tout autour de cette adhérence, pour former la membrane externe de tout le reste du corps du foie.

Or cette adhérence large est improprement & mal - à - propos nommée ligament coronaire; car 1°. ce n'est pas un ligament; 2°. cette adhérence n'est ni ronde, ni circulaire, & par conséquent ne forme point une couronne; 3°. elle n'est pas dans la partie supérieure de la convexité du foie, mais le long de la partie postérieure du grand lobe; de maniere que l'extrémité large de cette adhérence est tout proche de l'échancrure; & l'autre qui est pointue, regarde l'hypocondre droit.

Ligamens (Page 9:515)

Ligamens latéraux du foie, (Anat.) ce sont deux petits ligamens qui se remarquent à droite & à gauche, tout le long du bord postérieur du petit lobe, & de la portion du grand lobe, qui n'est pas immédiatement collée au diaphragme.

Ces ligamens sont formés de la duplicature de la membrane du foie, qui au lieu de se terminer au bord postérieur de ce viscere, s'avance environ un pouce au - delà, tout le long de ce bord, & vient s'unir ensuite à la portion de la membrane du diaphragme qui est vis - à - vis.

LIGAS (Page 9:515)

LIGAS, s. m. (Bot. exot.) c'est une des trois especes d'arbres d'anacarde, & la plus petite; la moyenne s'appelle anacarde des boutiques, & la troisieme se nomme cajou ou acajou. Voyez Anacarde & Acajou.

Le ligas, suivant la description du P. Georges Camelli, est un arbre sauvage des Philippines. Il est de médiocre grandeur; il vient sur les montagnes, & ses jeunes pousses répandent, étant cassées, une liqueur laiteuse, qui en tombant sur les mains ou sur le visage, excite d'abord une démangeaison, & peu - à - peu l'enflure. La feuille de cet arbre est longue d'un empan & plus, d'un verd foncé, rude, & qui a peu de suc. Ses fleurs sont petites, blanches, découpées en forme d'étoile, & disposées en grape à l'extrémité des tiges. Ses fruits sont de la grosseur de ceux que porte l'érable: leur couleur est d'un rouge safrané, & leur goût acerbe comme celui des pommes sauvages. Au sommet de ces fruits est attaché un noyau noir, lisse, luisant, & plus long que les fruits: l'amande qu'il contient étant mâchée, picote & resserre un peu le gosier. [p. 516]

Ligature (Page 9:516)

Ligature, s. f. (Théolog.) chez les Théologiens mystiques, signifie une suspension totale des facultés supérieures ou des puissances intellectuelles de l'ame. Ils prétendent que quand l'ame est arrivée à une parfaite contemplation, elle reste privée de toutes ses opérations & cesse d'agir, afin d'être plus propre & mieux disposée à recevoir les impressions & les communications de la grace divine. C'est cet état passif que les mystiques appellent ligature.

Ligature (Page 9:516)

Ligature, (Divinat.) se dit d'un état d'impuissance vénérienne causée par quelque charme ou maléfice.

L'existence de cet état est prouvée par le sentiment commun des Théologiens & des Canonistes, & rien n'est si fréquent dans le Droit canon, que les titres de frigidis & maleficiatis, ni dans les decrétales des papes que des dissolutions de mariage ordonnées pour cause d'impuissance, soit de la part du mari, soit de la part de la femme, soit de tous deux en même tems provenue de maléfice. L'Eglise excommunie ceux qui par ligature ou autre malefice, empêchent la consommation du saint mariage. Enfin, le témoignage des historiens & des faits certains concourent à établir la réalité d'une chose si surprenante.

On appelle communément ce maléfice, nouer l'éguillette: les rabbins prétendent que Cham donna cette maladie à son pere Noé, & que la plaie dont Dieu frappa Abimelech roi de Gerare, & son peuple, pour le forcer à rendre à Abraham Sara qu'il lui avoit enlevée, n'étoit que cette impuissance réciproque répandue sur les deux sexes.

Delrio, qui traite assez au long de cette matiere dans ses disquisitions magiques, liv. III. part. I. quoest. iv. sect. 8. pag. 417. & suivantes, dit que les sorciers font cette ligature de diverses manieres, & que Bodin en rapporte plus de cinquante dans sa démonomanie, & il en rapporte jusqu'à sept causes, telles que le dessechement de semence & autres semblables, qu'on peut voir dans son ouvrage; & il observe que ce maléfice tombe plus ordinairement sur les hommes que sur les femmes, soit qu'il soit plus difficile de rendre celles - ci stériles, soit, dit - il, qu'y ayant plus de sorcieres que de sorciers, les hommes se ressentent plutôt que les femmes de la malice de ces magiciennes. On peut, ajoute - t - il, donner cette ligature pour un jour, pour un an, pour toute la vie, ou du - moins jusqu'à ce que le noeud soit dénoué, mais il n'explique ni comment ce noeud se forme, ni comment il se dénoue.

Kempfer parle d'une sorte de ligature extraordinaire qui est en usage parmi le peuple de Macassar, de Java, de Siam, &c. par le moyen de ce charme ou maléfice, un homme lie une femme ou une femme un homme, en sorte qu'ils ne peuvent avoir de commerce vénérien avec aucune autre personne, l'homme étant rendu impuissant par rapport à toute autre femme, & tous les autres hommes étant rendus tels par rapport à cette femme.

Quelques philosophes de ces pays - là prétendent qu'on peut faire cette ligature en fermant une serrure, en faisant un noeud, en plantant un couteau dans un mur, dans le même tems précisément que le prêtre unit les parties contractantes, & qu'une ligature ainsi faite peut être rendue inutile, si l'époux urine à - travers un anneau: on dit que cette superstition regne aussi chez les Chrétiens orientaux.

Le même auteur raconte que durant la cérémonie d'un mariage en Russie, il remarqua un viel homme qui se tenoit caché derriere la porte de l'église, & qui marmotant certaines paroles, coupoit en même tems en morceaux une longue baguette qu'il tenoit sous son bras; pratique qui semble usitée dans les mariages des gens de distinction de ce pays, & avoir pour but de rendre inutiles les efforts de toute autre personne qui voudroit employer la ligature.

Le secret d'employer la ligature est rapporté par Kempfer, de la même maniere que le lui enseigna un adepte en ce genre; comme c'est une curiosité, je ne ferai pas de difficulté de l'ajoûter ici dans les propres termes de l'auteur, à la faveur desquelles elle passera beaucoup mieux qu'en notre langue.

Puella amasium vel conjux maritum ligatura, absterget à concubitûs actu, Priapum indutio, ut seminis quantum potest excipiat. Hoc probe convolutum sub limine domûs suoe in terram sepeliet, ibi quamdiu sepultum reliquerit, tamdiu ejus hasta in nullius proeter quam sui (fascinantis) servitium obediet, & prius ab hoc nexu non liberabitur quam ex claustro liminis liberetur ipsum linteum. Vice versâ vir lecti sociam ligaturus, menstruatum ab ea linteum comburito; ex cineribus cum propriâ urinâ subactis efformato figuram Priapi, vel si cineres (peut - être faut - il mentuloe) junculoe fingendoe non sufficient, eosdem subigito cum parte terroe quam recens perminxerit. Formatum iconem caute exsiccato, siccumque asservato loco sicco ne humorem contrahat. Quamdiu sic servaveris, omnes arcus dum ad scopum socioe collimaverint, momento contabescent. Ipse vero Dominus abrunum hunc suum prius humectato. Quandiu sic manebit, tandiu suspenso nexu Priapus ipsi parebit, quin & alios quot quot foemina properantes admiserit.

Tout cela sans doute est fondé sur un pacte tacite; car quelque relation qu'aient les matieres qu'on emploie dans ce charme avec les parties qu'on veut lier ou rendre impuissantes, il n'y a point de système de Physique qui puisse rendre raison des effets qu'on attribue à ce linge maculé & à cette figure.

M. Marshal parle d'une autre sorte de ligature qu'il apprit d'un brachmane dans l'Indostan: « Si l'on coupe en deux, dit - il, le petit ver qui se trouve dans le bois appellé lukerata kara, ensorte qu'une partie de ce ver remue, & que l'autre demeure sans mouvement: si l'on écrase la partie qui remue, & qu'on la donne à un homme avec la moitié d'un escarbot, & l'autre moitié à une femme; ce charme les empêchera l'un & l'autre d'avoir jamais commerce avec une autre personne ». Transact. philosoph. n°. 268.

Ces effets surprenans bien attestés, paroissent aux esprits sensés procéder de quelque cause surnaturelle, principalement quand il n'y a point de vice de conformation dans le sujet, & que l'impuissance survenue est perpétuelle ou du moins de longue durée. Les doutes fondés qu'elle doit suggérer n'ont pas empêché Montagne, tout pyrrhonien qu'il étoit, de regarder ces nouemens d'éguillettes comme des effets d'une imagination vivement frappée, & d'en chercher les remedes dans l'imagination même, en la séduisant sur la guérison comme elle a été trompée sur la nature du mal.

« Je suis encore en ce doute, dit - il, que ces plaisantes liaisons dequoi notre monde se voit si entravé, qu'il ne se parle d'autre chose, ce sont volontiers des impressions de l'appréhension & de la crainte: car je sais par expérience, que tel de qui je puis répondre, comme de moi - même, en qui il ne pouvoit choir soupçon aucun de foiblesse, & aussi peu d'enchantement, ayant oui faire le conte à un sien compagnon d'une défaillance extraordinaire en quoi il étoit tombé sur le point qu'il en avoit le moins de besoin, se trouvant en pareille occasion, l'horreur de ce conte lui vint à coup si rudement frapper l'imagination, qu'il encourut une fortune pareille: ce vilain souvenir de son inconvénient le gourmandant & tyrannisant, il trouva quelque remede à cette rêverie, par une autre rê<pb->

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