ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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non que les statuts le réglent ainsi; mais d'autres
statuts plus éclairés réformeroient ceux des tems
d'ignorance, & feroient fleurir l'industrie. (D. J.)
Lettres de marque
(Page 9:426)
Lettres de marque ou de représailles,
sont des lettres qu'un souverain accorde pour reprendre
sur les ennemis l'équivalent de ce qu'ils ont pris
à ses sujets, & dont le souverain ennemi n'a pas
voulu faire justice; elles sont appellées lettres de marques ou plutôt de marche, quasi jus concessum in alterius
principis marchas seu limites transeundi sibique jus faciendi.
Il fut ordonné en 1443, que ces sortes de lettres
ne seroient accordées qu'à ceux à qui le prince étranger auroit refusé la justice par trois fois; c'est principalement
pour les prises sur mer que ces sortes de
lettres s'accordent. Voyez Représailles. (A)
Lettres de mer
(Page 9:426)
Lettres de mer, sont des lettres patentes qu'on
obtient pour naviguer sur mer. (A)
Lettre missive
(Page 9:426)
Lettre missive, on appelle ainsi les lettres privées
que l'on envoye d'un lieu dans un autre, soit
par le courier ou par voie d'ami, ou que l'on fait
porter à quelqu'un dans le même lieu par une autre
personne.
On ne doit point abuser de ces sortes de lettres
pour rendre public ce qui a été écrit confidemment;
il est sur - tout odieux de les remettre à un tiers qui
peut en abuser; c'est un abus de confiance.
Une reconnoissance d'une dette faite par une lettre
missive, est valable; il en seroit autrement s'il s'agissoit
d'un acte qui de sa nature dût être synallagmatique,
& conséquemment fait double, à moins qu'il
ne soit passé par - devant notaire.
L'ordonnance des testamens déclare nulles les dispositions
faites par des lettres missives. Voyez Cicéron
D. Philipp. 2. & le Journal des audiences, au 9 Mars
1645. (A)
Lettres de mixtion
(Page 9:426)
Lettres de mixtion: la coutume de Normandie, art. 4, appelle ainsi les lettres de chancellerie,
que l'on appelle communément lettres d'attribution de
jurisdiction pour criées, lesquelles s'accordent quand
il y a des héritages saisis réellement en différentes
jurisdictions du ressort d'un même parlement, pour
attribuer au juge, dans le ressort duquel est la plus
grande partie des héritages, le droit de procéder à
l'adjudication du total après que les criées ont été
certifiées par les juges des lieux. La coutume de
Normandie, en parlant du bailli ou de son lieutenant,
dit qu'il a aussi la connoissance des lettres de
mixtion, quand les terres contentieuses sont assises
en deux vicomtés royales, en cas que l'une soit dans
le ressort d'un haut justicier: on obtient aussi des lettres de mixtion pour attribuer au vicomte le droit de
vendre par decret les biens roturiers situés en diverses
sergenteries ou en une ou plusieurs hautes justices
de la vicomté. Voyez les art. 4 & 8 de la coutume.
(A)
Lettres monitoires
(Page 9:426)
Lettres monitoires ou monitoriales,
étoient des lettres par lesquelles le pape prioit autrefois
les ordinaires de ne pas conférer certains bénéfices;
ils envoyerent ensuite des lettres préceptoriales,
pour les obliger sous quelque peine à obéir;
& comme les lettres ne suffisoient pas pour rendre
la collation des ordinaires nulle, ils renvoyoient
des lettres exécutoires non seulement pour punir la
coutumace de l'ordinaire, mais encore pour annuller
sa collation.
Lettres de Naturalité
(Page 9:426)
Lettres de Naturalité, sont des lettres du
grand sceau, par lesquelles le roi ordonne qu'un
étranger sera réputé naturel, sujet & régnicole, à
l'effet de jouir de tous les droits, privileges, franchises
& libertés dont jouissent les vrais originaires
françois, & qu'il soit capable d'aspirer à tous les
honneurs civils. Voyez Naturalité.
Lettres de Noblesse
(Page 9:426)
Lettres de Noblesse sont la même chose que
les lettres d'annoblissement. Voyez ci - devant Lettres d'Annoblissement.
Lettres pacifiques
(Page 9:426)
Lettres pacifiques, on appelloit ainsi autrefois
des lettres que les évêques ou les chorévêques
donnoient aux prêtres qui étoient obligés de faire
quelques voyages: c'étoient proprement des lettres
de recommandation, ou, comme on dit aujourd'hui,
des lettres testimoniales, par lesquelles on attestoit
que celui auquel on les donnoit, étoit catholique &
uni avec le chef de l'Eglise; on les nommoit aussi
lettres canoniques, lettres communicatoires, lettres ecclésiastiques, & lettres formées. La vie du pape Sixte I.
tirée du pontificat du pape Damase, dit que ce fut
ce saint pontife qui établit l'usage de ces lettres.
Voyez les remarques de Dinius sur cette vie, tome I.
des conciles, édit. du P. Labbe, p. 553 & 554.
Le concile d'Antioche de l'an 341 défend de recevoir
aucun étranger, s'il n'a des lettres pacifiques;
il défend aussi aux prêtres de la campagne d'en donner
ni d'autres lettres canoniques, sinon aux évêques
voisins, mais il permet aux évêques de donner des
lettres pacifiques. Voyez
Lettres commendatices, Lettres formées & Lettres testimoniales.
Lettres de Pardon
(Page 9:426)
Lettres de Pardon, sont une espece de lettres
de grace que l'on obtient en chancellerie dans les
cas où il n'échet pas peine de mort naturelle ou civile,
ni aucune autre peine corporelle, & qui néanmoins
ne peuvent être excusés.
Elles ont beaucoup de rapport avec ce que les
Romains appelloient purgation, laquelle s'obtenoit
de l'autorité des magistrats & juges inférieurs.
On les intitule à tous ceux qui ces présentes lettres
verront, & on les date du jour de l'expédition,
& elles sont scellées en cire jaune, au lieu que celles
de remission se datent du mois seulement, & sont
scellées en cire verte & intitulées à tous présens &
à venir, parce qu'elles sont ad perpetuam rei memoriam.
Voyez
Grace, Lettres d'Abolition
&
de Grace, & ci - après Lettres de Remission, &
au mot Remission.
Lettres de Paréatis
(Page 9:426)
Lettres de Paréatis sont des lettres du grand
ou du petit sceau, qui ont pour objet de faire mettre
un jugement à exécution. Voyez Paréatis.
Lettres Patentes
(Page 9:426)
Lettres Patentes sont des lettres émanées du
roi, scellées du grand sceau & contresignées par un
secrétaire d'état.
On les appelle patentes, parce qu'elles sont toutes
ouvertes, n'ayant qu'un simple repli au bas, lequel
n'empêche pas de lire ce qui est contenu dans ces
lettres, à la différence des lettres closes ou de cachet,
que l'on ne peut lire sans les ouvrir.
On comprend en général sous le terme de lettres
patentes toutes les lettres scellées du grand sceau,
telles que les ordonnances, édits & déclarations,
qui forment des lois générales; mais on entend plus
ordinairement par le terme de lettres patentes celles
qui sont données à une province, ville ou communauté,
ou à quelque particulier, à l'effet de leur accorder
quelque grace, privilege ou autre droit.
Ces sortes de lettres. n'étoient désignées anciennement
que sous le terme de lettres royaux; ce qui
peut venir de ce qu'alors l'usage des lettres closes ou
de cachet étoit plus rare, & aussi de ce qu'il n'y
avoit point alors de petites chancelleries.
Présentement le terme des lettres royaux comprend
toutes sortes de lettres, soit de grandes ou de petites
chancelleries, toutes lettres de chancellerie en général
sont des lettres royaux, mais toutes ne sont pas
des lettres patentes; car quoique les lettres qu'on expédie
dans les petites chancelleries soient ouvertes,
de même que celles du grand sceau, il n'est pas
d'usage de les appeller lettres patentes.
On appelloit anciennement charte ce que nous
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appellons présentement lettres patentes, & les premieres
lettres qui soient ainsi qualifiées dans la table
des ordonnances par Blanchard, sont des lettres de
l'an 993, portant confirmation de l'abbaye de saint
Pierre de Bourgueil, données à Paris la huitieme année
du regne de Hugues & de Robert, rois de France.
Mais le plus ancien exemple que j'ai trouvé dans
les ordonnances même de la dénomination de lettres
patentes & de la distinction de ces sortes de lettres
d'avec les lettres closes ou de cachet, est dans des
lettres de Charles V. alors lieutenant du roi Jean,
datées le 10 Avril 1357, par lesquelles il défend de
payer aucune des dettes du roi, nonobstant quelconques lettres patentes ou closes de monsieur, de nous,
des lieutenans de monsieur & de nous, &c.
Ce même prince, par une ordonnance du 14 Mai
1358, défendit de sceller aucunes lettres patentes du
scel secret du roi, mais seulement les lettres closes
à moins que ce ne fût en cas de nécessité.
Ainsi lorsque nos rois commencerent à user de
différens sceaux ou cachets, le grand sceau fut réservé
pour les lettres patentes, & l'on ne se servit
du scel secret qui depuis est appellé contrescel, qu'au
défaut du grand sceau, & même en l'absence de
celui - ci au défaut du scel de châtelet; c'est ce que
nous apprend une ordonnance du 27 Janvier 1359,
donnée par Charles V. alors régent du royaume,
dans laquelle on peut aussi remarquer que les lettres
patentes étoient aussi appellées cédules ouvertes; il
ordonne en effet que l'on ne scellera nulles lettres ou
cédules ouvertes de notre scel secret, si ce ne sont
lettres très - hâtives touchant monsieur ou nous, &
en l'absence du grand scel & du scel du châtelet,
non autrement, ni en autre cas, & que si aucunes
sont autrement scellées, l'on n'y obéira pas.
Les lettres patentes commencent par ces mots:
« A tous présens & avenir, parce qu'elles sont ad perpetuam
rei memoriam;»
elles sont signées du roi, &
en commandement par un secrétaire d'état; elles
sont scellées du grand sceau de cire verte.
Aucunes lettres patentes n'ont leur effet qu'elles
n'ayent été enregistrées au parlement; voyez ce qui
a été dit ci - devant au mot Enregistrement.
Celles qui sont accordées à des corps ou particuliers
sont susceptibles d'opposition, lorsqu'elles préjudicient
à un tiers. Voyez ci - devant Lettres de
caghet.
Lettres de la Pénitencerie de Rome
(Page 9:427)
Lettres de la Pénitencerie de Rome sont
celles qu'on obtient du tribunal de la pénitencerie,
dans le cas où l'on doit s'adresser à ce tribunal pour
des dispenses sur les empêchemens de mariage, pour
des absolutions de censures, &c.
Lettres perpétuelles
(Page 9:427)
Lettres perpétuelles, la coûtume de Bourbonnois, art. 78. appelle ainsi les testamens, contrats
de mariage, constitutions de rente fonciere,
ventes, donations, échanges, & autres actes translatifs
de propriété, & qui sont faits pour avoir lieu
à perpétuité, à la différence des obligations, quittances,
baux & autres actes semblables, dont l'effet
n'est nécessaire que pour un certain tems, & desquels
par cette raison on ne garde souvent point de minute.
Lettres préceptoriales
(Page 9:427)
Lettres préceptoriales, ce mot est expliqué
ci - devant à l'article Lettres monitoires.
Lettres de Prêtrise
(Page 9:427)
Lettres de Prêtrise sont l'acte par lequel un
évêque confere à un diacre l'ordre de prêtrise. Voyez
Prêtre & Prêtrise.
Lettres de Privilege
(Page 9:427)
Lettres de Privilege sont des lettres patentes
du grand sceau, qui accordent à l'impétrant quelque
droit, comme de faire imprimer un ouvrage,
d'établir un coche, une manufacture, &c. Voyez
Privilege.
Lettres de Rappel de Ban
(Page 9:427)
Lettres de Rappel de Ban, appellées en
droit remeatus, comme on voit à la loi Relegati ff. de
poenis, sont parmi nous des lettres de grande chancellerie,
par lesquelles le roi rappelle & décharge
celui qui avoit été condamné au bannissement à
tems ou perpétuel, du bannissement perpétuel, ou
pour le tems qui restoit à écouler, & remet & restitue
l'impétrant en sa bonne renommée & en ses biens
qui ne sont pas d'ailleurs confisqués; à la charge par
lui de satisfaire aux autres condamnations portées
par le jugement. Ces lettres doivent être enthérinées
par les juges à qui l'adresse en est faite, sans examiner
si elles sont conformes aux charges & informations,
sauf à faire des remontrances, suivant l'article
7 du tit. 16 de l'Ordonnance de 1670.
Lettres de Rappel des Galeres
(Page 9:427)
Lettres de Rappel des Galeres sont des lettres de grande chancellerie, par lesquelles le roi rappelle
& décharge des galeres celui qui y est, ou de la
peine des galeres, à laquelle il avoit été condamné,
s'il n'y est pas effectivement, & le remet & restitue
en sa bonne renommée. Ces lettres sont sujettes aux
mêmes regles que celles de rappel de ban. Voyez
ci - devant
Lettres de Rappel de Ban
Lettres de Ratification
(Page 9:427)
Lettres de Ratification sont des lettres du
grand sceau que l'acquéreur d'un contrat de rente
constitué sur le domaine du roi, sur les tailles, sur les
aydes & gabelles, & sur le clergé, obtient à l'effet
de purger les hypotéques qui pourroient procéder
du chef de son vendeur. Voyez ci devant Conservateur des Hypoteques & Ratification.
Lettres de Recommandation
(Page 9:427)
Lettres de Recommandation sont des lettres missives, ou lettres écrites par un particulier à
un autre en faveur d'un tiers, par lesquelles celui
qui écrit recommande à l'autre celui dont il lui
parle, prie de lui faire plaisir & de lui rendre service: ces sortes de lettres ne produisent aucune obligation
de la part de celui qui les a écrites, quand
même il assûreroit que celui dont il parle est homme
d'honneur & de probité, qu'il est bon & solvable,
ou en état de s'acquitter d'un tel emploi; il en seroit
autrement, si celui qui écrit ces lettres marquoit
qu'il répond des faits de celui qu'il recommande,
& des sommes qu'on pourroit lui confier. Alors ce
n'est plus une simple recommandation, mais un cautionnement.
Voyez Papon, liv. X. ch. iv. n°. 12. &
Bouvot, tome I. part. II. verbo lettres de recommandation. Maynard, liv. VIII. ch. 29. Leprêtre,
cent. IV. ch. xlij. Bouchel, en sa Bibliotheque, verbo
preuves. Boniface, tome II. liv. IV. tit. 2. Voyez
Recommandation.
Lettres en Réglement de Juges
(Page 9:427)
Lettres en Réglement de Juges sont des
lettres du grand sceau, par lesquelles le roi regle en
laquelle de deux jurisdictions l'on doit procéder,
lorsqu'il y a conflit entre deux cours, ou autres jurisdictions
inférieures indépendantes l'une de l'autre.
Voyez Conflit & Réglement de Juges.
Lettres de Réhabilitation du Condamné
(Page 9:427)
Lettres de Réhabilitation du Condamné,
s'obtiennnent en la grande chancellerie, pour remettre
le condamné en sa bonne renommée, & biens
non d'ailleurs confiqués. Voyez l'Ordonnance de
1670. tit. 16. art. 5. & Réhabilitation.
On obtient aussi des lettres de réhabilitation de noblesse.
Voyez Noblfsse.
Enfin il y a des lettres de réhabilitation de cession,
que l'on accorde à celui qui a fait cession, lorsqu'il
a entierement payé ses créanciers, ou qu'il s'est accordé
avec eux: ces lettres le rétablissent en sa bonne
renommée. Voyez Cession.
Lettres de relief de laps de tems
(Page 9:427)
Lettres de relief de laps de tems, sont des
lettres de grande chancellerie, par lesquelles l'impé
trant est relevé du tems qu'il a laissé écouler à son
préjudice, à l'effet de pouvoir obtenir des lettres de
requête civile, quoique le délai prescrit par l'ordonnance
soit écoulé. Voyez
Relief de laps de tems . (A)
Lettres de rémission
(Page 9:427)
Lettres de rémission, sont des lettres de grace
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