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Pline a obtenu les mêmes charges que Cicéron; il s'est fait une gloire de l'imiter à cet égard, comme dans ses études: Loetaris, écrit - il à un de ses amis, loetaris quòd honoribus ejus insistam, quem emulari in studiis cupio. Epist. 4. 8. Néanmoins, s'il tâcha de suivre l'orateur romain dans ses études & dans ses emplois; toutes les dignités dont il fut après lui revêtu, n'étoient que des dignités de nom. Elles lui furent conférées par le pouvoir impérial, & il les remplit conformément aux vues de ce pouvoir. En vain je trouve Pline décoré de ces vieux titres de consul & de proconsul, je vois qu'il leur manque l'homme d'état, le magistrat suprème. Dans le commandement de province, où Cicéron gouvernoit toutes choses avec une autorité sans bornes, où des rois venoient recevoir ses ordres, Pline n'ose pas réparer des bains, punir un esclave fugitif, établir un corps d'artisans nécessaire, jusqu'à ce qu'il en ait informé l'empereur: Tu domine, lui mande - t - il, despice, an instituendum putes collegium Fabrorum: mais Lépide, mais Antoine, mais Pompée, mais César, mais Octave craignent & respectent Cicéron; ils le ménagent, ils le courtisent, ils cherchent sans succès à le gagner, & à le détacher du parti de Cassius, de Brutus & de Caton. Quelle distance à cet égard entre l'auteur des Philippiques & l'écrivain du panégyrique de Trajan! (D. J.)
Lettres Socratiques (Page 9:412)
Cependant quels que soient les auteurs des lettres socratiques, on les lit avec plaisir, parce qu'elles sont bien écrites, ingénieuses & intéressantes; mais comme il est vraissemblable que la plûpart des lecteurs ne les connoissent guere, j'en vais transcrire deux pour exemple. La premiere est celle qu'Aristippe, fondateur de la secte cyrénaïque, écrit à Antisthene, fondateur de la secte des cyniques, à qui la maniere de vivre d'Aristippe déplaisoit. Elle est dans le style ironique d'un bout à l'autre, comme vous le verrez.
Aristippe à Antisthène.
Ce qu'il y a de fâcheux encore, c'est que j'ignore
quand il finira de pareils traitemens. C'est donc
bien fait à vous d'avoir pitié de la misere de vos prochains;
& pour vous en témoigner ma reconnoissance,
je me réjouis avec vous du rare bonheur
dont vous jouissez, & j'y prends toute la part possible.
Conservez pour l'hiver prochain les figues
& la farine de Crete que vous avez: cela vaut bien
mieux que toutes les richesses du monde. Lavez - vous & vous désaltérez à la fontaine d'Ennéacrune; portez hiver & été le même habit, & qu'il soit
mal - propre, comme il convient à un homme qui
vit dans la libre république d'Athènes.
Pour moi en venant dans un pays gouverné par un
monarque, je prévoyois bien que je serois exposé
à une partie des maux que vous me dépeignez dans
votre léttre; & à présent les Syracusains, les Agrigentins, les Géléens, & en général tous les Siciliens ont pitié de moi, en m'admirant. Pour me
punir d'avoir eu la folie de me jetter inconsidérément
dans ce malheur, je souhaite d'être accablé
toujours de ces mêmes maux, puisqu'étant en âge
de raison, & instruit des maximes de la sagesse, je
n'ai pu me résoudre à souffrir la faim & la soif, à
mépriser la gloire, & à porter une longue barbe.
Je vous enverrai provision de pois, après que
vous aurez fait l'Hercule devant les enfans; parce
qu'on dit que vous ne vous faites pas de peine d'en
parler dans vos discours & dans vos écrits. Mais,
si quelqu'un se mêloit de parler de pois devant
Denys, je crois que ce seroit pécher contre les
lois de la tyrannie. Du reste, je vous permets d'aller
vous entretenir avec Simon le corroyeur, parce
que je sais que vous n'estimez personne plus sage
que lui: pour moi qui dépends des autres, il ne
m'est pas trop permis de vivre en intimité, ni de
converser familierement avec des artisans de ce
mérite ».
La seconde lettre d'Aristippe, qui est adressée à Arete sa fille, est d'un tout autre ton. Il l'écrivit peu avant que de mourir selon Léon Allatius; c'est la trente - septieme de son recueil. La voici:
Quant à ce que vous me demandez, quels égards
vous devez à mes affranchis, qui déclarent qu'ils
n'abandonneront jamais Aristippe tant qu'il leur
restera des forces, mais qu'ils le serviront toujours
aussi - bien que vous; vous pouvez avoir une entiere
confiance en eux, car ils ont appris de moi
à n'être pas saux. Par rapport à ce qui vous regarde
personnellement, je vous conseille de vous
mettre bien avec vos magistrats, & cet avis vous
sera utile, si vous ne desirez pas trop; vous ne vivrez
jamais plus contente, que quand vous mépri<pb->
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Il vous reste deux vergers, qui peuvent vous
fournir abondamment de quoi vivre; & le bien
que vous avez en Bernice vous suffiroit, quand
vous n'auriez pas d'autre revenu. Ce n'est pas que
je vous conseille de négliger les petites choses; je
veux seulement qu'elles ne vous causent ni inquiétude
ni tourment d'esprit, qui ne servent de rien,
même pour les grands objets. En cas qu'il arrive
qu'après ma mort vous souhaitiez de savoir mes
sentimens sur l'éducation du jeune Aristippe, rendez
- vous à Athènes, & estimez principalement
Xantippe & Myrto, qui m'ont souvent prié de
vous amener à la célébration des mysteres d'Eléusis; tandis que vous vivrez agréablement avec
elles, laissez les magistrats donner un libre cours
à leurs injustices, si vous ne pouvez les en empêcher
par votre bonne conduite avec eux. Après
tout, ils ne peuvent vous faire tort par rapport à
votre fin naturelle.
Tâchez de vous conduire avec Xantippe &
Myrto comme je faisois autrefois avec Socrate:
conformez - vous à leurs manieres; l'orgueil seroit
mal placé là. Si Tyroclès, fils de Socrate, qui a
demeuré avec moi à Mégare, vient à Cyrène,
ayez soin de lui, & le traitez comme s'il étoit votre
fils. Si vous ne voulez pas allaiter votre fille,
à cause de l'embarras que cela vous causeroit, faites
venir la fille d'Euboïs, à qui vous avez donné
à ma considération le nom de ma mere, & que
moi - même j'ai souvent appellée mon amie.
Prenez soin sur - tout du jeune Aristippe pour
qu'il soit digne de nous, & de la Philosophie que
je lui laisse en héritage réel; car le reste de ses
biens est exposé aux injustices des magistrats de
Cyrène. Vous ne me dites pas du - moins que personne
ait entrepris de vous enlever à la Philosophie. Réjouissez - vous, ma chere fille, dans la
possession de ce trésor, & procurez - en la jouissance
à votre fils, que je souhaiterois qu'il fût déja le
mien; mais étant privé de cette consolation, je
meurs dans l'assurance que vous le conduirez sur
les pas des gens de bien. Adieu; ne vous affligez
pas à cause de moi ».
Lettres des Modernes (Page 9:413)
Ce n'est pas parmi nous qu'il faut agiter la question de Plutarque, si la lecture d'une lettre peut être différée: ce délai fut fatal à César & à Archias, tyran de Thèbes; mais nous ne manions point d'assez grandes affaires pour que nous ne puissions remettre sans péril l'ouverture de nos paquets au lendemain.
Quant à nos lettres de correspondance dans les pays étrangers, elles ne regardent presque que des affaires de Commerce; & cependant en tems de guerre, les ministres qui ont l'intendance des postes, prennent le soin de les décacheter & de les
Au reste, on peut voir au mot
Lettre de recommandation (Page 9:413)
Je ne connois dans Horace qu'une seule lettre de recommandation; c'est celle qu'il écrit à Tibere en 731, pour placer Septimius auprès de lui dans un voyage que ce jeune prince alloit faire à la tête d'une armée pour visiter les provinces d'Orient.
La recommandation eut son effet; Septimius fut agréé de Tibere, qui lui donna beaucoup de part dans sa bienveillance, & le fit ensuite connoître d'Auguste, dont il gagna bien - tôt l'affection. Une douzaine de lignes d'Horace porterent son ami aussi loin que celui - ci pouvoit porter ses espérances: aussi est - il difficile d'écrire en si peu de mots une lettre de recommandation, où le zele & la retenue se trouvent alliés avec un plus sage tempérament; le lecteur en jugera: voici cette lettre.
Je tiens pour des divinités tutélaires ces hommes
bien nés, qui s'occupent du soin de procurer la fortune
& le bonheur de leurs amis. Il est impossible,
au récit de leurs services généreux, de ne pas sentir
un plaisir secret, qui s'empare de nos coeurs lors
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