ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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même que nous n'y avons pas le moindre intérêt.
On éprouvera sans doute cette sorte d'émotion à la
lecture de la lettre suivante, où Pline le jeune recommande
un de ses amis à Maxime de la maniere
du monde la plus pressante & la plus honnête. L'on
voudroit même, après l'avoir lue, que cet aimable
écrivain nous eût appris la réussite de sa recommandation, comme nous avons sû le succès de celle
d'Horace: voici cette lettre en françois; c'est la seconde
du troisieme livre.
Pline à Maxime.
« Je crois être en droit de vous
demander pour mes amis ce que je vous offrirois
pour les vôtres si j'étois à votre place. Arrianus
Maturius tient le premier rang parmi les Altinates.
Quand je parle de rangs, je ne les regle pas sur
les biens de la fortune dont il est comblé, mais
sur la pureté des moeurs, sur la justice, sur l'intégrité,
sur la prudence. Ses conseils dirigent
mes affaires, & son goût préside à mes études;
il a toute la droiture, toute la sincérité, toute
l'intelligence qui se peut desirer. Il m'aime autant
que vous m'aimez vous - même, & je ne puis
rien dire de plus. Il ne connoît point l'ambition;
il s'est tenu dans l'ordre des chevaliers, quoiqu'aisément il eût pû monter aux plus grandes
dignités. Je voudrois de toute mon ame le tirer
de l'obscurité où le laisse sa modestie, ayant la
plus forte passion de l'élever à quelque poste éminent sans qu'il y pense, sans qu'il le sache, &
peut - être même sans qu'il y consente; mais je
veux un poste qui lui fasse beaucoup d'honne>r,
& lui donne peu d'embarras. C'est une faveur
que je vous demande avec vivacité, à la premiere
occasion qui s'en présentera: lui & moi
nous en aurons une parfaite reconnoissance; car
quoiqu'il ne cherche point ces sortes de graces,
il les recevra comme s'il les avoit ambitionnées.
Adieu ».
Si quelqu'un connoît de meilleurs modeles de
lettres de recommandation dans nos écrits modernes,
il peut les ajoûter à cet article.
Lettre géminée
(Page 9:414)
Lettre géminée, (Art numismat.) les lettres
géminées dans les inscriptions & les médailles, marquent
toujours deux personnes: c'est ainsi qu'on y
trouve COSS. pour les deux consuls, IMPP. pour
deux empereurs, AUGG. pour deux Augustes, &
ainsi de toute autre médaille ou inscription. Quand
il y avoit trois personnes de même rang, on triploit
les lettres en cette sorte, IMPPP. AUGGG. &
les monétaires avoient sur ce sujet des formules invariables.
(D. J.)
Lettres
(Page 9:414)
Lettres, (Jurisprud.) ce terme, usité dans le
droit & dans la pratique de la chancellerie & du
palais, a plusieurs significations différentes; il signifie
souvent un acte rédigé par écrit au châtelet de
Paris & dans plusieurs autres tribunaux. On dit donner
lettres à une partie d'une déclaration faite par
son adversaire; c'est - à - dire lui en donner acte; ou,
pour parler plus clairement, c'est lui donner un écrit
authentique, qui constate ce que l'autre partie a dit
ou fait.
Quelquefois lettres fignifie un contrat.
Lettres d'abréviation d'assises
(Page 9:414)
Lettres d'abréviation d'assises, sont des
lettres de chancellerie usitées pour la province d'Anjou, qui dispensent le seigneur de faire continuer
ses assises dans sa terre, & lui permettent de les
faire tenir dans la ville la plus prochaine par emprunt
de territoire. La forme de ces lettres se trouve
dans le style de la chancellerie par de Pimont. (A)
Lettres d'abolition
(Page 9:414)
Lettres d'abolition, sont des lettres de chancellerie
scellées du grand sceau, par lesquelles le
roi, par la plénitude de sa puissance, abolit le crime
commis par l'impétrant; sa majesté déclare être
bien informée du fait dont il s'agit, sans même qu'il
soit énoncé dans les lettres qu'elle entend que le crime
soit entierement aboli & éteint, & elle en accorde
le pardon, de quelque maniere que le fait
soit arrivé, sans que l'impétrant puisse être inquiété
à ce sujet.
Lorsque ces lettres sont obtenues avant le jugement,
elles lient les mains au juge, & elles effacent
le crime de maniere qu'il ne reste aucune note
d'infamie, ainsi que l'enseigne Julius Clarus, lib. sentent.
tractatu de injuriâ; au lieu que si elles ne sont
obtenues qu'après le jugement, elles ne lavent point
l'infamie: c'est en ce sens que l'on dit ordinairement
quos princeps absolvit, notat.
L'ordonnance de 1670 porte que les lettres d'abolition seront entérinées si elles sont conformes aux
charges.
L'effet de ces sortes de lettres est plus étendu que
celui des lettres de rémission; en ce que celles - ci contiennent
toujours la clause, s'il est ainsi qu'il est exposé,
au lieu que par les lettres d'abolition, le roi
pardonne le crime de quelque maniere qu'il soit arrivé.
Il y a des lettres d'abolition générales qui s'accordent
à une province entiere, à une ville, à un corps
& à une communauté, & d'autres particulieres qui
ne s'accordent qu'à une seule personne.
On ne doit point accorder de lettres d'abolition ni
de rémission pour les duels ni pour les assassinats
prémédités, tant aux principaux auteurs qu'à leurs
complices, ni à ceux qui ont procuré l'évasion des
prisonniers détenus pour crime, ni pour rapt de violence,
ni à ceux qui ont excédé quelque officier de
justice dans ses fonctions.
L'impétrant n'est pas recevable à présenter ses
lettres d'abolition qu'il ne soit prisonnier & écroué
pendant l'instruction, & jusqu'au jugement définitif;
il doit les présenter comme les autres lettres de
grace à l'audience, nue tête & à genoux, & affirmer
qu'elles contiennent vérité. Voyez l'ordonnance
de 1670, tit. xvj. (A)
Lettres d'acquitpatent
(Page 9:414)
Lettres d'acquitpatent. Voyez Acquitpatent.
Lettres d'affranchissement
(Page 9:414)
Lettres d'affranchissement, sont des lettres du grand sceau, par lesquelles le roi, pour des
causes particulieres, affranchit & exempte les habitans
d'une ville, bourg ou village des tailles, ou
autres impositions & contributions auxquelles ils
étoient naturellement sujets. (A)
Lettres d'amortissement
(Page 9:414)
Lettres d'amortissement, sont des lettres
du grand sceau, par lesquelles le roi, moyennant
une certaine finance, accorde à des gens de mainmorte
la permission d'acquérir, ou conserver & posséder
des héritages sans qu'ils soient obligés d'en
vuider leurs mains, les gens de main morte ne pouvant
posséder aucuns héritages sans ces lettres. Voyez
Amortissement & Main morte. (A)
Lettres d'amnistie
(Page 9:414)
Lettres d'amnistie, sont des lettres patentes
qui contiennent un pardon général accordé par le
roi à des peuples qui ont exercé des actes d'hostilité,
ou qui se sont révoltés. (A)
Lettres d'ampliation de rémission
(Page 9:414)
Lettres d'ampliation de rémission, sont
des lettres de chancellerie que l'on accorde à celui
qui a déja obtenu des lettres de rémission pour un
crime, lorsque dans ces premieres il a omis quelque
circonstance qui pourroit causer la nullité des premieres
lettres. Par les lettres d'ampliation on rappelle
ce qui avoit été omis, & le roi ordonne que les premieres
lettres ayent leur effet, nonobstant les circonstances
qui avoient été oubliées. (A)
Lettres d'annoblissement
(Page 9:414)
Lettres d'annoblissement, ou Lettres
de noblesse, sont des lettres du grand sceau, par
lesquelles le roi, de sa grace spéciale, annoblit un
roturier & toute sa postérité, à l'effet de jouir par
l'impétrant & ses descendans, des droits, privilé<pb->
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ges, exemptions & prérogatives des nobles.
Ces sortes de lettres sont expédiées par un secrétaire
d'état, & scellées de cire verte.
Elles doivent être registrées au parlement, à la
chambre des comptes & à la cour des aydes. Voyez
Noblesse. (A)
Lettres d'anticipation
(Page 9:415)
Lettres d'anticipation, sont des lettres du
petit sceau, qui portent commandement au premier
huissier ou sergent d'ajourner ou anticiper l'appellant
sur son appel. Voyez Anticipation & Anticiper. (A)
Lettres d'appel
(Page 9:415)
Lettres d'appel, qu'on appelle plus communément
relief d'appel, sont des lettres de petit sceau,
portant mandement au premier huissier ou sergent
sur ce requis, d'ajourner à certain & compétent
jour en la cour un tel, pour procéder sur l'appel
que l'impétrant a interjetté ou qu'il interjette par
lesdites lettres, de la sentence rendue avec celui
qu'il fait ajourner pour procéder sur son appel. Voyez
Appel & relief d'appel. (A)
Lettres apostoliques
(Page 9:415)
Lettres apostoliques sont les lettres des papes;
on les appelle plus communément depuis plusieurs
siecles, rescrits, bulles, brefs. Voyez
Brefs, Bulles, Decrétales, Rescrits . (A)
Lettres d'appel comme d'abus
(Page 9:415)
Lettres d'appel comme d'abus, sont des lettres du petit sceau, qui portent commandement au
premier huissier ou sergent d'assigner au parlement
sur un appel comme d'abus. Elles doivent être libellées
& contenir sommairement les moyens d'abus,
avec le nom des trois avocats qui ont donné
leur consultation pour interjetter cet appel, & la
consultation doit être attachée aux lettres. - Voyez
Abus & Appel comme d'abus. (A)
Lettres pour articuler faits nouveaux
(Page 9:415)
Lettres pour articuler faits nouveaux.
Avant l'ordonnance de 1667 l'on ne recevoit point
de faits nouveaux, soit d'un appellant en cause d'appel,
ou en premiere instance, sans lettres royaux,
comme en fait de rescision & restitution en entier;
mais par l'art. XXVI. du tit. xj. de l'ordonnance de
1667, il est dit qu'il ne sera expédié à l'avenir aucunes
lettres pour articuler nouveaux faits, mais que
les faits seront posés par une simple requête, qui
sera signifiée & jointe au procès, sauf au défendeur
à y répondre par une autre requête. (A)
Lettres d'assiette
(Page 9:415)
Lettres d'assiette, sont des lettres de chancellerie,
qui ordonnent aux trésoriers de France
d'asseoir & imposer sur chaque habitant la part qu'il
doit supporter d'une somme qui est dûe par la communauté.
On leve de cette maniere les dépenses
faites pour la communauté, pour des réparations
& autres dépenses publiques, & les condamnations
de dépens, dommages & intérêts obtenues contre
une communauté d'habitans.
Les commissaires départis par le roi dans les provinces,
peuvent, en vertu de leur ordonnance seule,
faire l'assiette des sommes qui n'excedent pas
150 liv. mais au - dessus de cette somme, il faut
des lettres de chancellerie, ou un arrêt du conseil
pour faire l'assiette. (A)
Lettres d'attache
(Page 9:415)
Lettres d'attache sont des lettres qui sont
jointes & attachées à d'autres pour les faire mettre
à exécution. Ces lettres sont de plusieurs sortes.
Il y en a qui émanent du Roi, telles que les lettres d'attache que l'on obtient en grande chancellerie
pour pouvoir mettre à exécution dans le royaume
des bulles du pape, ou quelque ordonnance d'un
chef d'ordre établi dans le royaume, sans quoi ces
lettres n'auroient point d'effets.
On comprend aussi quelquefois sous les termes
généraux de lettres d'attache, les lettres de pareatis qui
s'obtiennent, soit en la grande ou en la petite chancellerie,
pour pouvoir mettre à exécution un jugement
dans l'étendue d'une autre jurisdiction que celle
où il a été rendu.
Les commissions que les cours & autres tribunaux
font expédier sous leur sceau pour l'exécution de
quelques ordonnances ou arrêts, ou autres jugemens,
sont aussi considérées comme des lettres d'attache.
Enfin, on regarde encore comme des lettres d'attache les ordonnances que donne un gouverneur
de province, ou à son défaut le lieutenant de roi,
ou le commandant pour faire mettre à exécution les
ordres du Roi qui lui sont présentés. (A)
Lettres d'Attribution
(Page 9:415)
Lettres d'Attribution sont des lettres patentes du grand sceau qui attribuent à un tribunal la
connoissance de certaines contestations qui, sans
ces lettres, auroient dû être portées devant d'autres
juges.
On appelle aussi lettres d'attribution de jurisdiction
des lettres du petit sceau, qui s'obtiennent par un
poursuivant criées, lorsqu'il y a des héritages saisis
réellement, situés en différentes jurisdictions du ressort
d'un même parlement. Ces lettres, dont l'objet
est d'éviter à frais, s'accordent après que les criées
des biens saisis ont été vérifiées par les juges des
lieux. Elles autorisent le juge du lieu où la plus grande
partie des héritages est située, à procéder à la
vente & adjudication par decret de la totalité des
biens saisis. Voyez
Criées, Decret, Saisie réelle . (A)
Lettres avocatoires
(Page 9:415)
Lettres avocatoires sont une ordonnance par
laquelle le souverain d'un état rappelle les naturels
du pays de chez l'étranger où ils servent. Voyez le
traité du droit de la nature par Puffendorf, tome III.
liv. VIII. ch. xj. p. 437. (A)
Lettres de Baccalauréat
(Page 9:415)
Lettres de Baccalauréat sont des lettres
expédiées par le greffier d'une des facultés d'une
universite, qui attestent que celui auquel ces lettres
ont été accordées, après avoir soutenu les actes probatoires
nécessaires, a été décoré du grade de Bachelier dans cette faculté. Voy.
Bachelier, Docteur, Licentié, Lettres de Licence
. (A)
Lettres de bénéfice d'age
(Page 9:415)
Lettres de bénéfice d'age ou d'Emancipation, sont des lettres du petit sceau que l'on accorde
à un mineur qui demande à être émancipé,
elles sont adressées au juge ordinaire du domicile,
auquel elles enjoignent de permettre à l'impétrant de
jouir de ses meubles & du revenu de ses immeubles.
Ces lettres n'ont point d'effet qu'elles ne soient
entérinées par le juge, lequel ne procede à cet entérinement
que sur un avis des parens & amis du
mineur, au cas qu'ils estiment le mineur capable de
gouverner ses biens.
On n'accorde guere ces lettres qu'à des mineurs
qui ont atteint la pleine puberté; cependant on en
accorde quelquefois plûtôt, cela dépend des circonstances
& de la capacité du mineur. Voyez Emancipation. (A)
Lettres de bénéfice d'inventaire
(Page 9:415)
Lettres de bénéfice d'inventaire, sont des
lettres du petit sceau par lesquelles le roi permet à
un héritier présomptif de se porter héritier par bénéfice d'inventaire, à l'effet de ne point confondre ses
créances, & de n'être tenu des dettes que jusqu'à
concurrence de ce qu'il amende de la succession.
Ces lettres se peuvent obtenir en tout tems, même
jusqu'à l'expiration des trente années depuis l'ouverture
de la succession, pourvû qu'on n'ait point
fait acte d'héritier pur & simple; & si c'est un collatéral,
il faut qu'il n'y ait point d'autre héritier.
En pays de droit écrit, il n'est pas besoin de lettres
pour jouir du bénéfice d'inventaire. Voyez
Bénéfice d'inventaire, Héritier bénéficiaire & Inventaire. (A)
Lettres de Bourgeoisie
(Page 9:415)
Lettres de Bourgeoisie; c'étoit un acte dressé
par le juge royal ou seigneurial par lequel un particulier
non noble, non clerc & non bâtard, qui vouloit
jouir des privileges accordés aux personnes li<pb->
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