ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"402"> de l'eau dont on arrose les cendres, sur lesquelles on rejette les bords du drap, & l'on couvre le cuvier d'un couvercle de natte; cette eau chaude met en dissolution le sel du bois contenu dans les cendres: ce sel dissout, se sépare des cendres, passe à - travers le drap avec l'eau, va impregner le linge sale qui est dessous: la dissolution ou l'eau de lessive tombe au fond du cuvier, & sort par le bouchon de paille qu'on a mis au trou lateral du cuvier, d'où elle est reçue dans un autre cuvier plus petit place au - dessous du premier. On reverse cette dissolution sur les cendres, on les arrose de nouvelle eau chaude, & l'on fait en sorte que tout le sel contenu dans les cendres soit dissous & déposé sur le linge. Quand on a épuisé les cendres de sel par l'eau chaude, quand on a fait repasser la lessive ou sa dissolution sur le linge sale, on enleve le drap avec les cendres, on tire le linge du cuvier, on le lave & on le bat dans l'eau claire, on le frottant de savon. Quand il est blanc & bien décrassé, on le lave & relave dans de l'eau clane seulement, jusqu'à ce qu'il n'y reste plus aucun vestige ni d'eau de lessive, ni d'eau de savon, ni de crasse. On l'étend sur des cordes pour le faire secher: see, on le détire & on le plie, puis on le serre dans des armoires à linge. La ralson de cette opération est assez simple; la saleté du linge est une graisse; le sel des cendres s'y unit un peu, & forme avec elle une espece de savon. Ce premier savon, formé dans le euvier, s'unit facilement avec celui dont on frotte le linge au sortir du cuvier: ils se dissolvent ensemble; en se dissolvant l'eau les emporte avec la crasse. Dailleurs toute cendre n'est pas bonne pour la lessive: celles du bois flotté ne contiennent presque point de sel; il a été dissous dans le slottage, & toute eau n'est pas également bonne pour la lessive; les eaux séléniteuses, par exemple, sont mauvaises; la selénite venant à se dissoudre, son acide s'unit au sel du savon, & l'huile du savon reste seule & surnage à l'eau en petits flocons.

Lessive (Page 9:402)

Lessive des aiguilles, terme d'Aiguillier, qui signifie laver les aiguilles dans de l'eau de savon apres qu'elles sont polies, afin d'en enlever la crasse ou cambouis qui s'y étoit attaché pendant le poliment. Voyez Aiguille.

Lessive (Page 9:402)

Lessive, (Jardinage.) on appelle de ce nom l'eau qui sort de la lessive du linge; cette eau est pleine de sels, dont elle s'est chargée en passant sur les cendres de la lessive, & elle dépose ses sels dans les terres où elle se mêle. On peut s'en servir pour arroser celles qu'on prépare pour les orangers, citroniers, ou pour mouiller une planche où l'on a semé des plantes qui demandent une terre substantielle.

Lessive (Page 9:402)

Lessive d'Imprimerie, est la même que celle dont on s'est servi pour lessiver le linge; mais pour la rendre plus douce & plus onctueuse, on y fait fondre une suffisante quantité de drogue, que l'on nomme aussi potasse. C'est dans cette lessive, qui dans le bon usage doit être chaude, pour ménager l'oeil de la lettre, qu'on lave les formes avec la brosse, de façon qu'il ne doit rester aucun vestige d'encre sur la lettre, sur les garnitures ni sur le chassis. Voyez nos Planches d'Imprimerie.

LEST (Page 9:402)

LEST, s. m. (Marine.) on donne ce nom à des choses pesantes, telles que des pierres, des cailloux, du sable, &c. qu'on met au fond de cale du vaisseau pour le faire enfoncer dans l'eau & lui procurer une assiette solide. Le lest sert principalement de contrepoids aux vergues & aux mâts, qui étant élevés hors du vaisseau, lui feroient faire capot au moindre roulis, & même à la moindre impression du vent.

La quantité de lest qu'il convient de mettre dans un vaisseau ne dépend pas seulement de la grandeur du vaisseau, mais encore de la forme de sa carene; car plus cette carene est aiguë, moins elle exige de lest, parce qu'elle enfonce d'autant plus aisément dans l'eau: cela fait voir qu'on ne peut pas déterminer avec exactitude la quantité de lest qu'il faut à un vaisseau: la chose devient encore plus difficile quand on y fait entrer toute la mâture. L'expérience fait connoître, en lestant un vaisseau, de la façon qu'il se comporte le mieux à la mer, & s'il faut augmenter ou diminuer son lest. Il y a des bâtimens auxquels il faut pour le lest environ la moitié de leur charge, d'autres le tiers, & quelques uns le quart: cela dépend de leur construction. On peut voir les reglemens qu'il faut observer pour le lest dans l'ordonnance de 1681, liv. IV. tit. IV. Voyez Délestage.

Bon lest, c'est le lest de petits cailloux, qu'on arrange aisément: c'est ordinairement celm des vaisseaux de guerre; le fond de cale en est plus propre, & il n'embarasse pas les pompes, comme fait quelquefois le lest de terre ou de sable.

Gros lest, composé de très - grosses pierres, ou de quartiers de canons brisés. Ce lest n'est pas avantageux pour l'arrimage, & est difficile à remuer dans le besoin.

Vieux lest, c'est celui qui a déja fait un voyage ou une campagne. Il est fait défenses à tous capitaines & maîtres de navires de jetter leur vieux lest dans les ports, canaux, bassins & rades, à peine de 500 liv. d'amende, &c. Voyez Délestage.

Lest lavé, c'est le lest qu'on lave après qu'il a déja servi pour s'en servir de nouveau ordinairement on met du lest neuf une fois en doux années. (Z)

LESTAGE (Page 9:402)

LESTAGE, s. m. (Marine.) c'est l'embarquement du lest dans le navire. Il y a des bateaux & des gabares qui servent pour le lestage. Il est défendu aux maîtres & patrons de ces gabares ou bateaux lesteurs de travailler au lestage ou délestage pendant la nuit.

LESTE (Page 9:402)

LESTE, adj. (Gramm.) il se dit d'un vêtement qui charge peu le corps, & qui donne à l'homme un air de légereté; d'une troupe qui n'est point embarrassée dans sa marche par des bagages qui la rallentiroient; quelquefois des personnes en qui l'on remarque la souplesse des membres, & l'activité des mouvemens que demandent les exercices du corps. Il a aujourd'hui une autre acception dans cette langue honnête que les gens du monde se sont faite pour désigner sans rougir, & par conséquent s'encourager à commettre sans remords des actions malhonnetes. Un homme leste dans ce dernier sens, c'est un homme qui a acquis le droit de commettre une bassesse par le malheureux talent qu'il a d'en plaisanter: il nous fait rire d'un forfait qui devroit nous indigner. Un homme leste est encore celui qui sait saisir l'occasion, ou de faire sa cour, ou d'augmenter sa considération, ou d'ajouter à sa fortune. L'homme leste n'est pas moins adroit à esquiver à une chose dangereuse qu'à ses suites. On a le ton leste quand on possede sa langue au point qu'on fait entendre aux autres tout ce qu'on veut sans les offenser ou les faire rougir.

LESTER (Page 9:402)

LESTER, v. act. (Marine.) c'est mettre des cailloux, du sable ou autres choses pesantes au sond d'un vaisscau, pour le faire enfoucer dans l'eau & se tenir droit de façon qu'il porte bien ses voiles. On dit embarquer & décharger du leste, aussi - bien que lester & délester. (Z)

LESTRIGONS (Page 9:402)

LESTRIGONS, s. m. (Géog. anc.) en latin Loestrigones, en grec *DAIS2RUGO/IES2; peuple que les anciens ont placé diversement. Homere les met en Italie, aux envitons de la ville de Lamus, ainsi nommée parce que Lamus, roi des Lestrigons & fils de Neptune, l'avoit bâtie: ses états étoient assez étendus. Antiphatés, qui y regnoit lorsqu'Ulysse eut le mal<pb-> [p. 403] heur d'y aborder, étoit un homme cruel, qui auroit mangé, dit Ovide, tous les députés de ce héros s'ils ne se fussent sauvés apres avoir vu le triste sort de l'un d'eux. De - là vint que ce monstre a servi d'exemple pour désigner la barbarie & l'inhospitalité: Quis non Antiphatem Laestrigona devovet? Delà vint encore que tous les Lestrigons passerent pour autant de mangeurs d'hommes. Il semble que Pline ajoutoit foi à cette tradition populaire, quand il dit, lib. VII. cap. ij. Esse Scytharum genera quoe corporibus humanis vescerentur indicavimus; id ipsum incredibile fortasse, ni cogitemus in medio orbe terrarum, Sicilia & Italiâ, fuisse gentes hujus monstri, Cyclopes & Laestrigonas.

Ce dont nous ne pouvons pas douter, c'est que la ville de Lamus n'ait pris dans la suite le nom de Formies: Cicéron, Horace & Pline le disent tous trois positivement. Ajoutez à leurs temoignages celui de Silius Italicus, qui en deux endroits du l. VII. appelle la ville de Formies en Campanie, Lestrygonioe rupes.

D'autres auteurs placent les Lestrigons avec les Cyclopes, dans le territoire de Leontium en Sicile, & aux environs du mont Ethna. Lycophron nous assure que les Lestrigons sont les mêmes que le peuple de Sicile, nommé Léontins.

Cependant remarquons ici que les Historiens n'ont adopté qu'avec désiance la tradition des Poëtes. Les noms de Lestrigons & de Léontins ne sont peut - être qu'un même nom; du moins Bochart prouve que lestrigon est un mot phénicien, lequel signifie un lion qui dévore. Ce nom a vraisemblablement été rendu par celui de léontin, qui désigne la même chose, & marque les moeurs féroces & léonines de ces peuples barbares: apparemment qu'une partie des Lestrigons quitta la Sicile pour s'établir sur les côtes de la Campanie. On ne peut pas douter que Lamus, qni bâtit Formies, ne fùt un lestrigon; son nom seul le témoigne; car Lamus, laham en phenicien, signifie dévorer: de - là même a été tiré le nom des Lamies, ces spectes imaginaires de la fable; sur lesquels voyez Lamies.

LESTWITHIEL (Page 9:403)

LESTWITHIEL, (Géog.) ville à marché d'Angleterre, dans la province de Cornouaille, sur le Fowey, à 188 milles O. de Londres. Elle députe au parlement. Speed écrit Lesitethiel, Cambden Lishtyei dans sa carte, & Lost - Uthiel dans sa table. Ce nom, selon lui, signifie une colline élevée, parce que ce bourg à marché, situé maintenant dans la plaine, étoit autrefois sur la colline où est aujourd'hui Lestormiu. Il étoit alors habité par les Dammoniéns. Long. 12. 58. lat. 50. 24. (D. J.)

LETECH (Page 9:403)

LETECH, s. m. (Hist. anc.) mesure hébraïque, qui étoit la moitié du chomer, & par consequent de 149 pintes, demi - septier, un poisson & un peu plus. On ne trouve cette mesure que dans Osée, ch. iij. V. 2. letech hordeortm., que les Septante traduisent par Nebel, & la vulgate par dimidium cori. Voyez Nebel & Core, dictionn de la Bible.

LETH, LETHE ou LATH (Page 9:403)

LETH, LETHE ou LATH, s. m. (Antiq. Anglo - Saxon.) nom d'une mesure ou portion de terre dans les anciennes divisions de l'Angleterre. Le roi Alfred, selon l'opinion de quelques auteurs, partagea le royaume en comtés, comme il l'est encore. Il divisa les comtés en hundreds ou tilhings. L'hundred étoit une portion de pays où il y avoit cent officiers (nous dirions des centeniers) pour maintenir le bon ordre. Ils étoient appellés fidejussores pacis, répondans de la paix; & le leth contenoit trois ou quatre hundreds.

Le leth étoit aussi la jurisdiction d'un vicomte, où le seigneur tenoit des especes d'assises, tous les ans une tois dans chaque village, aux environs de la saint Michel. (D. J.)

Leth (Page 9:403)

Leth, (Commerce.) qu'on écrit & qu'on prononce aussi lecht, lest ou last, suivant les différens idiomes des peuples qui se servent de ce terme. En France on dit leth.

Le leth signifie différentes choses; tantôt il exprime la charge entiere d'un navire, c'est - à - dire la quantité de tonneaux de mer qu'il peut porter; quelquefois il signifie une certaine pesanteur de telle ou telle espece de marchandise; & d'autrefois il se prend pour une certaine sorte de mesure de grains plus ou moins forte, suivant les divers lieux ou elle est en usage.

En Hollande, Angleterre, Flandres, Allemagne, Danemark, Suede, Pologne, & dans tout le nord, les navires s'estiment ou mesurent par leur port ou charge sur le pié de tant de leths, le leth pesant quatre mille livres, ou deux tonneaux de France de deux mille livres chacun; ainsi lorsqu'on dit qu'un vaisseau est de trois cens leths, cela doit s'entendre qu'il peut porter six cens tonneaux ou douze cens mille livres pesant.

Lorsqu'il s'agit du fret d'un vaisseau, voici par estimation ce qui passe ordinairement pour un leth, soit par rapport au poids, soit par rapport au volume de la marchandise: savoir, cinq pieces d'eaude - vie, deux tonneaux de vin, cinq pieces de prunes, douze barils de pois, treize barils de goudron, quatre mille livres de ris, de ser ou de cuivre, trois mille six cens livres d'amandes, sept quartaux ou bariques d'huile de poisson, quatre pieces ou bottes d'huile d'olive, deux mille livres de laine.

En Hollande, le leth, qui est une certaine mesure ou quantité de grains, est semblable à 38 boisseaux mesure de Bordeaux, qui reviennent à 19 septiers de Paris, chaque boisseau de Bordeaux pesant environ 120 livres poids de mare; ainsi le leth de grains eu Hollande doit approcher du poids de 4560 liv.

Le leth ou last d'Amsterdam est de 27 muddes, le mudde de 4 scheppels, le scheppel de 4 vierdevats, & le vierdevat de 4 kops. Voyez les noms & la quantité de toutes ces mesures sous leur titre particulier.

Le last de froment pese ordinairement 4600 à 4800 livres, celui de seigle 4000 à 4200, & le last d'orge 3200 à 3400 livres.

Le last est aussi la mesure des grains dans presque toutes les autres villes & principaux lieux de commerce des Provinces - unies, mais avec quelque diversité, soit de continence, soit de diminution: on peut voir ces différences exprimées fort au long & avec la derniere précision dans le dictionnaire de commerce.

En Pologne, le leth fait 40 boisseaux de Bordeaux, ou 20 septiers de Paris; ensorte que sur ce pié, le leth de Pologne peut peser 4800 livres.

En Suede & en Moscovie on parle par grand & petit leth; le grand leth est de 12 barils ou petits tonneaux, & le petit leth est de 6 de ces barils.

A Dantzik, le leth ou charge de lin est de 2040 I. le leth de houblon de 2830 livres; le leth de miel ou de farine est de 12 barils, & celui de sel est de 18.

Le leth de hareng salé blanc ou sor, celui de maquereau, de cabillaud ou morue verte, est de 12 barils ou caques.

Le last ou leth d'Angleterre ou de Londres est de 10 bariques ou quarteaux [omission: formula; to see, consult fac-similé version], le quarteau de 8 boisseaux ou gallons, le gallon de 4 picotins; le gallon pese depuis 56 jusqu'à 60 livres: 10 gallons ou boisseaux de Londres font un last d'Amsterdam.

Le last en Ecosse & en Irlande est de 10 quarteaux [omission: formula; to see, consult fac-similé version], ou 38 boisseaux, & le boisseau fait 18 gallons.

Le last de Dantzik est égal au last d'Amsterdam: on compte ordinairement qu'il pese 16 schippons,

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