RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"350">
Les jeux publics marqués ordinairement par des
vases, d'où il sort des palmes ou des couronnes, ne
se distinguent que par la légende, qui contient ou le
nom de celui qui les a institués, ou de celui en l'honneur
duquel on les célébroit. Ainsi l'on apprend que
Néron fut l'auteur des jeux qui se devoient donner
à Rome de cinq en cinq ans, par la médaille où l'on
lit, Certamen Quinquennale Romoe Constitutum. Par
la légende du revers de la médaille de Caracalla,
On trouvera dans ce projet, Specimen universa rei
nummaria, les légendes qui expriment les principaux
jeux des anciens, & les savantes remarques que
M. de Spanheim a faites sur ce sujet; on nommoit
4°. Les voeux publics pour les empereurs, & qui
sont marqués sur plusieurs médailles, soit en légende,
soit en inscription, ont fait nommer ces sortes de
médailles, médailles votives. Voyez
5°. L'une des choses les plus curieuses que les médailles nous apprennent par les légendes, ce sont les différens titres que les empereurs ont pris, selon qu'ils ont vu leur puissance plus ou moins affermie. Jules - César n'osa jamais revêtir ni le titre de roi, ni celui de seigneur, il se contenta de celui d'Imperator, Dictator perpetuus, Pater Patria. Ses successeurs réunirent insensiblement à leur dignité le pouvoir de toutes les charges. On les vit souverains pontifes, tribuns, consuls, proconsuls, censeurs, augures. Je ne parle que des magistratures; car, pour les qualités, elles devinrent arbitraires, & le peuple s'accoutumant peu - à - peu à la servitude, laissa prendre au souverain tel nom que bon lui sembla, même ceux des divinités qu'il adoroit: témoin Hercules Romanus, dans Commode; Sol Dominus Imperii Romani, dans Aurélien; si toutefois ce nom est donné au prince, & non pas au soleil même, qui se trouve si souvent sur les médailles, Soli invicto Comiti.
Auguste ne se nomma d'abord que Casar Divi Filius, & puis Imperator, ensuite Triumvir Reipublica Constituendoe, ensuite Augustus; enfin il y ajouta la puissance de tribun qui le faisoit souverain. Caligula garda les trois noms, Imp. Coes. Aug. Claude y ajouta le titre de Censor. Domitien se fit Censor Perpetuus, sans que depuis lui on puisse rencontrer cette qualité sur les médailles. Aurélien, ou, selon d'autres, OEmilien, s'arrogea le titre de Dominus, que les provinces accorderent à Septime Severe & à ses enfans. Après
L'ambition des princes grecs & la flatterie de leurs
sujets nous fournissent sur leurs médailles une grande
quantité de titres, qui sont inconnus aux empereurs
latins,
Les princesses reçurent la qualité d'Augusta dès le haut empire, Julia Augusta, Antonia Agrip pina, &c. On la trouve même sur les médailles de celles qui ne furent jamais femmes d'empereurs, Julia Titi, Marciana, Matidia, &c. Le titre de Mater Senatûs & Mater Patrioe se voient sur les médailles d'or & d'argent, de grand & de moyen bronze de Julie, femme de Septime Severe, dont le revers représente une femme assise, ou une femme debout, tenant d'une main un rameau, & de l'autre un bâton ou une haste, avec ces mots en abrégé, Mat. Augg. Mat. Sen. Mat. Pat.
6°. Les alliances se trouvent aussi marquées dans les légendes à la suite des noms, & non seulement les alliances par adoption qui donnoient droit de porter le nom de fils, mais celles mêmes qui ne procuroient que le titre de neveu & de niece. Nous n'entrerons point dans ce détail assez connu, ce qui d'ailleurs seroit long & ennuyeux.
7°. Les legendes nous découvrent encore le peu de tems que duroit la reconnoissance de ceux qui ayant reçu l'empire de leur pere, de leur mere, ou de leur prédecesseur qui les avoit adoptés, quittoient bientôt après le nom & la qualité de fils qu'ils avoient pris d'abord avec empressement. Trajan joignit à son nom celui de Nerva qui l'avoit adopté, mais peu de tems après il ne porta plus que celui de Trajan. D'abord c'étoit Nerva Trajanus Hadrianus, bientôt ce fut Hadrianus tout seul: & le bon Antonin, qui s'appelloit au commencement de son regne Titus AElius Hadrianus Antoninus, s'appella peu après Antoninus Augustus Pius; cependant la vanité & l'ambition leur faisoit quelquefois garder des noms auxquels ils n'avoient aucun droit, ni par le sang, ni par le mérite. Ainsi celui d'Antonin a été porté par six empereurs jusqu'à Eliogabale: celui de Trajan par Dèce, &c.
Ces noms propres devenus communs à plusieurs, ont causé beaucoup d'embarras aux antiquaires; parce que ces sortes de médailles ne portent aucune époque, au lieu que les médailles grecques, beaucoup plus exactes, portent les surnoms, & marquent les années, & par - là facilitent extrèmement la connoissance de certains rois, dont on n'auroit jamais bien débrouillé l'histoire sans ce secours, comme les Antiochus, les Ptolomées, & les autres.
8°. N'oublions pas d'ajouter que dans les légendes [p. 351]
Il est tems de parler de la position de la légende. L'ordre naturel qui la distingue de l'inscription est qu'elle soit posée sur le tour de la médaille, au - dedans du grenetis, en commençant de la gauche à la droite, & cela généralement dans toutes depuis Nerva. Mais, dans les médailles des douze Césars, il est assez ordinaire de les trouver marquées de la droite à la gauche, ou même partie à gauche, partie à droite.
Il y en a qui ne sont que dans l'exergue, De Germanis, De Sarmatis, &c. Il y en a qui sont en deux lignes paralleles, l'une au - dessus du type, & l'autre au - dessous, comme dans Jules. Il y en a dans le même empereur posées en - travers, & comme en sautoir. Il y en a en pal, comme dans une médaille de Jules, où la tête de Marc - Antoine sert de revers. Il y en a au milieu du champ, coupées par la figure comme dans un revers de Marc - Antoine, qui représente un fort beau trophée. On voit un autre revers du même, où un grand palmier au milieu d'une couronne de lierre coupe ces mots, Alexand. AEgyp. Enfin il y en a en baudrier, comme dans Jules; tout cela prouve que la chose a toujours dépendu de la fantaisie de l'ouvrier.
C'est particulierement sur les grandes médailles grecques qu'on trouve les positions de légendes les plus bisarres, sur - tout quand il y a plus d'un cercle. Il n'est point de maniere de placer, de trancher, de partager les mots & de séparer les lettres que l'on n'y rencontre: ce qui donne bien de la peine à ceux qui ne sont pas assez intelligens pour les bien démêler.
On pourroit être trompé à certaines médailles
où la légende est écrite à la maniere des Hébreux,
les lettres posées de la droite à gauche. Celle du roi
Gelas est de cette sorte >. Quelques - unes de
Palerme & d'autres de Césarée, c'est ce qui a fait
croire à quelques - uns que l'on avoit autrefois nommé
Césarée,
Il ne paroît donc pas que les anciens ayent suivi de regles fixes dans la maniere de placer les légendes sur les médailles, & de plus toutes leurs médailles n'ont pas des légendes; car encore qu'il soit vrai que la légende est l'ame de la médaille, il se trouve cependant quelques corps sans ames, non seulement dans les consulaires, mais aussi dans les impériales, c'est - à - dire, des médailles sans légende, ni du côté de la tête, ni du côté du revers; par exemple, dans la famille Julia, la tête de Jules se trouve souvent sans légende. On voit aussi des revers sans légende, & sur - tout dans cette même famille. Une medaille qui porte d'un côté la tête de la Piété avec la cigogne, & de l'autre une couronne qui enferme un bâton augural & un vase de sacrificateur, est sans aucune légende.
Il s'en trouve qui ne sont que demi - animées, pour parler ainsi, parce que l'un des côtés est sans légende, tantôt celui de la tête & tantôt celui du revers. Nous avons plusieurs têtes d'Auguste sans inscription, comme celle qui porte au revers la statue équestre que le sénat fit ériger en son honneur, avec ce mot, Coesar Divi filius. Nous avons aussi une infinité de revers sans légende, quelquefois même des revers considérables pour la singularité du type, &
Pour celles qui se trouvent avec les seules légendes sans tête, on les met dans la classe des inconnues
ou des médailles incertaines, & on les abandonne
aux conjectures des savans. Voyez
Il manqueroit quelque chose d'important à ce discours, si je ne disois rien des deux langues savantes, la latine & la greque, dans lesquelles sont écrites les légendes & les inscriptions des médailles antiques.
Mais je dois observer d'abord que la langue ne suit pas toujours le pays, puisque nous voyons quantité de médailles impériales frappées en Grece ou dans les Gaules, dont les légendes sont en latin; car le latin a toujours été la langue dominante dans tous les pays où les Romains ont été les maîtres; & depuis même que le latin est devenu une langue morte, par la destruction de la monarchie romaine, il ne laisse pas de se conserver pour tous les monumens publics & pour toutes les monnoies considérables dans tous les états de l'Empire chrétien.
Il y a des médailles frappées dans les colonies,
dont la tête porte l'inscription en latin, & le revers
l'inscription en grec. Le P. Jobert parle d'un Hosticien M. B. qui d'un côté porte
Le grec est, comme je l'ai dit, l'autre langue savante dont on s'est servi le plus universellement sur les médailles. Les Romains ont toujours eu du respect pour cette langue, & se sont fait une gloire de l'entendre & de la parler. C'est pourquoi ils n'ont pas trouvé mauvais que non seulement les villes de l'Orient, mais toutes celles où il y avoit eu des Grecs, la conservassent sur leurs médailles. Ainsi les médailles de Sicile & de plusieurs villes d'Italie; celles des Provinces, & de tout le pays qu'on appelloit la grande Grèce, portent toutes des légendes greques, & ces sortes de médailles font une partie si considérable de la science des Antiquaires, qu'il est impossible d'être un parfait curieux, si l'on n'entend le grec comme le latin, & l'ancienne Géographie aussi - bien que la nouvelle.
Il ne nous reste plus, pour completter cet article, qu'à faire quelques observations sur les lettres initiales des légendes.
1°. Il paroît qu'à proprement parler, les lettres
initiales sont celles qui étant uniques, signifient un
mot entier. Dès qu'on en joint plusieurs, ce sont
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.