ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"352"> des abbréviations, & non pas des initiales: P. P. Aug. signifie Perpetuus Augustus par abbréviation; T. P. signifie tribunitia potestate par des initiales: Tr. Pot. le dit par abbréviation: V. P. exprime vota populi par initiales: Vot. Po. par abbréviation. Or dans un grand nombre de lettres, il n'est pas aisé de deviner celles qui doivent être jointes ensemble, & celles qui doivent demeurer seules; & je ne crois pas qu'on puisse donner sur cela de regle certaine.

2°. L'usage des lettres initiales est de tous les tems & de toutes les nations depuis qu'on a commencé à écrire. Les Latins, les Grecs, les Hébreux, s'en sont servis, témoin l'arrêt fatal qui fut prononcé au roi Baltazar par trois lettres initiales, Man, Thau, Phe, que Daniel seul put expliquer, Mane, Thecel, Phares. On en a fait usage principalement sur les médailles, à cause du peu d'espace qu'il y a pour exprimer les légendes, la multiplicité des prénoms, des surnoms, des titres & des charges, n'a pu se marquer autrement, non pas même sur le G. B. La nécessité a été encore plus grande dans les longues inscriptions; c'est pourquoi il n'est pas possible de donner aucun précepte: la vûe seule de plusieurs médailles & des inscriptions, où les mots se lisent tout au long, en peut faciliter la connoissance. Ainsi personne ne doute que S. C. ne signifie senatus consulto, & que S. P. Q. R. ne signifie senatus, populusque romanus. On convient aussi que I. O. M. veut dire Jovi optimo, maximo; mais on n'est pas d'accord sur l'interprétation de ces deux lettres *D. *E. qui peuvent également signifier *DHMARXIKHS2 *EZOUSIAS2, ou *DOGMATI *EARXI/AS2, ou *DH/MOU *EUXAI\, tribunitia potestate, decreto provincioe, voto publico.

3°. Si l'on avoit toujours ponctué exactement les lettres initiales, il seroit aisé de les reconnoître, & de distinguer quand il en faut joindre quelques - unes ensemble pour un même mot: mais parce qu'on a souvent négligé de le faire, particulierement dans le bas empire & sur les petites médailles, on n'y trouve pas la même facilité. On dit, sans se tromper, D. N. V. L. Licinius: dominus noster Valerius Licinianus Licinius; mais il faut savoir d'ailleurs que DDNNIOVLICINVAVG & CAES. sur la médaille où les deux bustes sont affrontés, signifie domini nostri Jovii Licinii invicti Augustus & Casar. Delà est venue la liberté qu'on s'est donnée de prendre pour des lettres initiales celles qui ne le sont point, & de faire plusieurs mots d'un seul: dans Con. Constantinopoli, on veut trouver civitates omnes Narbonenses, &c.

4°. Je crois qu'on peut donner pour constant, que toutes les fois que plusieurs lettres jointes ensemble ne forment aucun mot intelligible, il faut conclure que ce sont des initiales; & que lorsque les mots ont quelques sens, il ne faut pas les séparer pour en faire plusieurs mots.

5°. Quand plusieurs lettres ne peuvent former aucun mot, & que ce sont clairement des lettres initiales, il s'agit d'en découvrir la signification. La difficulté ne consisteroit pas tant à donner un sens aux légendes les plus embarrassantes, puisqu'il suffiroit pour cela de se livrer à toutes les conjectures qui peuvent s'offrir à l'esprit d'un antiquaire exercé & ingénieux. Mais il ne seroit pas si aisé de faire adopter ces conjectures par des personnes accoutumées à demander des preuves de ce qu'on prétend leur persuader; aussi la plûpart des explications paroissent peu vraissemblables au plus grand nombre des Savans. C'est ainsi que la priere à Jesus - Christ, que le P. Hardouin trouvoit le secret de lire sur la médaille de Decentius, n'est aux yeux d'un autre savant Jésuite, Froelich (diss. de numm. monet. culp. vitios. cap. ij. p. 381.) qu'une pure imagination uniquement fondée sur l'arrangement bisarre de quel<cb-> ques lettres transposées par l'ignorance de l'ouvrier qui a gravé le coin.

Il ne faut pas se persuader que les monétaires ayent été si savans, qu'ils n'ayent fait quelquefois de très - grosses fautes dans les légendes. Nous en avons en particulier des preuves trop évidentes sur certaines médailles frappées hors d'Italie, comme celles des Tetricus, &c. Ces méprises venoient, tantôt de précipitation, tantôt de ce que les ouvriers ne savoient pas assez le latin ou le grec, tantôt encore de ce que ceux qui leur donnoient des légendes, ne les écrivoient pas assez distinctement.

N'oublions pas de remarquer, en finissant cet article, qu'il y a des médailles dans la légende desquelles on lit le mot restitut. entier ou abrégé rest. On nomme ces médailles, médailles de restitution, ou médailles restituées. Voyez - en l'article. (D. J.)

LEGER; (Page 9:352)

LEGER; ce mot se dit en Architecture, d'un ouvrage percé à jour, où la beauté des formes consiste dans le peu de matiere, comme les portiques dont les trumeaux sont moitié des vuides, les péristyles, &c. On pourroit aussi l'appliquer aux ouvrages gothiques.

Ce mot s'entend encore dans l'art de bâtir; des menus ouvrages, comme les plâtres, savoir les plafonds, les ourdis des cloisons, les lambris, les enduits, les crépis & les ais des planches, les tuyaux de cheminée en plâtre, les manteaux de cheminée, & le carreau de terre cuite.

On nomme tous ces ouvrages légers ouvrages.

Léger (Page 9:352)

Léger se dit aussi dans l'Ecriture, d'une main qui dans le feu de son opération a le mouvement si aisé qu'elle ne fait que lécher le papier. Voyez Légereté (Physique & Morale.)

Léger, Légereté (Page 9:352)

Léger, Légereté, (Maréchall.) on dit qu'un cheval est léger, lorsqu'il est vîte & dispos; qu'il est de légere taille, quand il est de taille déchargée, quoiqu'il soit d'ailleurs lourd & pesant; qu'il est léger à la main, quand il a bonne bouche, & qu'il ne pese pas sur le mors. On dit aussi qu'un cheval de carrosse est léger, lorsqu'il se remue bien; qu'il craint le fouet, ou qu'il trotte légerement. Dur au fouet est en ce sens le contraire de léger. Avec un cheval léger & ramingue, il faut tenir la passade plus courte & les ronds plus étroits qu'avec un cheval pesant & engourdi. Les chevaux qui sont déchargés du devant & qui ont peu d'épaules, sont ordinairement légers à la main. Un cheval doit être léger du devant, & sujet des hanches.

En parlant du cavalier, les termes de léger & de légereté s'emploient dans plusieurs sens. Un bon écuyer doit monter à cheval & se placer sur la selle avec toute la légereté possible, de peur de l'intimider & de l'incommoder. Un cavalier qui est léger, & qui se tient ferme, fatigue moins son cheval qu'un autre qui s'appesantit dessus, & il est toujours mieux en état de souffrir sa défense malicieuse. Enfin, un homme de cheval doit avoir la main très - légere, c'est - à - dire, qu'il faut qu'il sente seulement son cheval dans la main pour lui résister lorsqu'il veut s'échapper; & au lieu de s'attacher à la main, il faut qu'il la baisse, dès qu'il a résisté au cheval.

C'est une des meilleures marques d'un homme de cheval, que d'avoir la main légere.

Léger, Légereté (Page 9:352)

Léger, Légereté, (Peinture.) pinceau léger, légereté de pinceau, se dit lorsqu'on reconnoît dans un tableau la sureté de la main, & une grande aisance à exprimer les objets. L'on dit encore que les bords ou extrémités d'un tableau doivent être légers d'ouvrage, c'est - à - dire, peu chargés d'ouvrage, parce qu'autrement il y auroit trop d'objets coupés par le bord du tableau, ce qui produiroit des effets disgracieux.

LÉGEREMENT (Page 9:352)

LÉGEREMENT, adv. ce mot en Musique indique [p. 353] un mouvement encore plus vif que le gai, un mouvement moyen entre le gai & le vîte. Il répond àpeu - près à l'Italien vivace. (S)

LEGERETE (Page 9:353)

LEGERETE, s. f. (Phys.) privation ou défaut de pesanteur dans un corps, comparé avec un autre plus pesant. Voyez Poids. En ce sens, la légereté est opposée à la pesanteur. V. Pesanteur & Gravité.

L'expérience démontre que tous les corps sont pesans, c'est - à - dire tendent naturellement au centre de la terre, ou vers des points qui en sont très - proches. Il n'y a donc point de légereté positive & absolue, mais seulement une légereté relative, qui ne signifie qu'une pesanteur moindre.

Archimede a démontré, & on démontre dans l'Hydrostatique, qu'un corps solide s'arrêtera où on voudra dans un fluide de même pesanteur spécifique que lui, & qu'un corps plus léger s'élevera dans le même fluide. La raison en est que les corps qui sont dits d'une même pesanteur spécifique, sont ceux qui sous les mêmes dimensions ou le même volume, ne contiennent pas plus de pores ou d'intervalles destitués de matiere l'un que l'autre; & par conséquent qui sous les mêmes dimensions renferment un même nombre de parties; concevant donc que le solide & le fluide de même pesanteur spécifique soient divisés en un même nombre de parties égales, quelque grand que soit ce nombre, il n'y aura point de raison pour qu'une partie du solide fasse descendre une partie du fluide, qu'on ne puisse alléguer aussi pour qu'elle la fasse monter, & il en sera de même du solide total par rapport à une portion du fluide de même volume; & comme ce solide ne sauroit en effet descendre sans faire élever un volume de fluide égal à celui qu'il déplaceroit, il s'ensuit de - là qu'il n'y a pas plus de raison pour que le solide descende, qu'il n'y en a pour qu'il monte; & comme il n'y a pas non plus de raison pour qu'il se meuve latéralement plutôt à droite qu'à gauche, il s'ensuit enfin qu'il restera toûjours dans la place où on l'aura mis.

De - là on voit qu'un corps qui pese moins qu'un égal volume d'eau, doit être repoussé en - haut dès qu'il est placé dans l'eau; car si ce corps étoit aussi pesant qu'un égal volume d'eau, il resceroit en la place ou on le met, comme on vient de le voir. Or comme il est moins pesant par l'hypothèse qu'un égal volume d'eau, on peut supposer qu'il soit poussé en en - bas par une pesanteur égale à celle d'un pareil volume d'eau, & en en - haut par une pesanteur égale à l'excès de la pesanteur de ce volume d'eau sur celle du corps. Donc comme l'effet de la premiere de ces forces est détruit, il ne restera que la seconde qui fera par conséquent monter le corps en en - haut.

En général un corps est dit d'autant plus léger, que son poids est moindre; & ce poids est proportionnel à la quantité de matiere qu'il contient, comme M. Newton l'a démontré. Voyez Descente & Fluide, &c.

Les corps qui sous les mêmes dimensions ou le même volume ne pesent point également, ne doivent point contenir des portions égales de matiere. Ainsi lorsque nous voyons qu'un cube d'or s'enfonce dans l'eau, & qu'un cube de liége y surnage, nous sommes en droit de conclure que le cube d'or contient plus de parties que le même volume de liége, ou que le liége a plus de pores, c'est - à - dire de cavités destituées de matiere, que l'or; nous pouvons assurer de plus, qu'il y a dans l'eau plus de ces vuides que dans un volume égal d'or, & moins que dans un même volume de liége. Voyez Hydrostatique & Balance.

Cela nous donne tout - à - la - fois une idée claire, soit de la pesanteur des corps, qui est la suite de leur densité, soit de leur légereté, & nous fait connoître que la derniere ne peut pas être regardée comme quelque chose de positif, mais que c'est une pure négation ou une absence du parties qui fait appeller un corps plus léger qu'un autre, lequel contient plus de matiere que lui.

Il est vrai que le docteur Hook semble soutenir qu'il y a une légereté positive; c'est, si nous ne nous trompons, ce qu'il entend par le terme de lévitation, qui ne peut signifier autre chose qu'une propriété des corps directement contraire à celle qui les fait graviter.

Il croit avoir découvert cette propriété dans le cours de quelques cometes, qui devant descendre vers le soleil, s'en sont cependant retournées tout - à - coup en fuyant, pour ainsi dire, cet astre, quoiqu'elles en fussent à une prodigieuse distance, & sans que leur cours l'eût encore embrassé.

Mais cette apparence vient de la situation des cometes par rapport à la terre, & du mouvement de la terre dans son obite combiné avec celui de la comete, & non d'aucun principe de répulsion. Car la comete est toûjours poussée vers le soleil par une force centrale ou centripete qui lui fait décrire une ellipse fort excentrique dont le soleil occupe le foyer. Voyez Comete.

Quoi qu'il en soit, il pourroit n'être pas impossible qu'il y eût dans la nature une espece de légereté absolue; car, selon M. Newton, où cesse la force de la gravitation, là paroîtroit devoir commencer une force contraire, & cette derniere force paroît se manifester dans quelques phénomenes. C'est ce que M. Newton a appellé vis repellens, & qui paroît être une des lois de la nature, sans laquelle il seroit difficile, selon lui, d'expliquer la raréfaction, & quelques autres effets physiques.

Nous avouerons cependant que les preuves sur lesquelles M. Newton cherche à établir cette force, ne nous paroissent pas fort convaincantes, & que ses raisonnemens sur ce sujet sont plus mathématiques que physiques. De ce qu'une quantité mathématique après avoir été positive, devient négative, s'en suit - il qu'il en doit être la même chose des forces qui agissent dans la nature? c'est conclure, ce me semble, de l'abstrait au réel, que de tirer cette conséquence. Voyez Répulsion. (O)

Légereté (Page 9:353)

Légereté, (Mor.) ce mot a deux sens; il se prend pour le contraire de grave, d'important; & c'est dans ce sens qu'on dit de legers services, des fautes legeres. Dans l'autre sens, légereté est le caractere des hommes qui ne tiennent fortement ni à leurs principes, ni à leurs habitudes, & que l'intérêt du moment décide. On nomme des légeretés les actions qui sont l'effet de ce caractere: légereté dans l'esprit est quelquefois prise en bonne part; d'ordinaire elle exclud la suite, la profondeur, l'application; mais elle n'exclud pas la sagacité, la vivacité; & quand elle est accompagnée de quelque imagination, elle a de la grace.

LEGIFRAT (Page 9:353)

LEGIFRAT, s. m. (Hist. mod.) territoire ou district soumis à un légifere; ce terme est employé dans quelques auteurs suédois. Un roi de Suede ne pouvoit entrer autrefois dans un légifrat sans garde; on l'accompagnoit aussi en sortant jusque sur la frontiere d'un autre légifrat. Les peuples lui présentoient comme un hommage les sages précautions qu'ils prenoient pour la conservation de leur liberté.

LÉGION (Page 9:353)

LÉGION, s. f. (Art milit. des Romains.) on formoit chez les Romains avec des soldats qui n'avoient que leurs bras pour tout bien, selon l'expression de Valere - Maxime, les corps de troupes appellés légions, du mot latin legere, choisir; parce que quand on levoit des légions, on faisoit un choix, dit Végece, de la jeunesse la plus propre à porter les armes; ce qui s'appelloit delectum facere, au rapport de Varron.

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