ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"348"> le nom se lit des deux côtés, même sans presqu'aucune différence dans la légende. Témoin un petit médaillon de potin frappé en Egypte, sur lequel on trouve des deux côtés, cabeina, ce bacth. L. IE, quoique sur un de ces côtés on voye la tête de Sabine, & sur l'autre une figure de femme assise, tenant de la main droite des épis, & une haste de la gauche. Tel est encore un médaillon d'argent de Constantin, où du côté de la tête on lit Constantinus max. Aug. au revers, Constantinus Aug. avec trois labarum, dans l'exergue sit; & cet autre médaillon aussi d'argent, de l'empereur Julien, où autour de la tête sans couronne, on trouve FL. CL. Julianus Nob. Coes. au revers trois labarum pour - légende, DN. Julianus Coes. dans l'exergue T. Con. Enfin une médaille de Maximien Daza, qu'on peut placer également dans le moyen & dans le petit bronze, où l'on voit d'un côté Maximien à mi - corps, ayant la tête couronnée de laurier, & la poitrine couverte d'une cuirasse; il tient de la main droite un globe, sur lequel est une victoire; sa gauche est cachée par son bouclier, dont la partie supérieure représente deux cavaliers courant à toute bride de gauche à droite, précédés par la Victoire. Dans la partie inférieure sont quatre petits enfans debout, qui désignent les quatre saisons de l'année. La légende de ce côté est Maximinus Nob. Coes. au revers un homme debout, vétu du paludament, tenant de la droite un globe sur lequel est une Victoire; il s'appuie de la gauche sur une haste; on lit autour, Maximinus nobilissimus Coes. dans le champ à gauche E, dans l'exergue A N T.

Quand les médailles n'ont point de têtes, les figures qui y sont représentées en tiennent lieu; & alors la légende du revers est une espece d'inscription. Par exemple, dans la médaille de Tibere, en reconnoissance du soin qu'il prit de faire rétablir les villes d'Asie qu'un tremblement de terre avoit ruinées, il est représenté assis sur une chaise curule, avec ces mots: civitatibus Asioe restitutis, & le revers n'a qu'une simple légende, Tiberius Coesar divi Augusti filius Augustus Pont. Max. Tr. Pot. XXI.

Quant à ce qui concerne les médailles des villes & des provinces, comme elles portent ordinairement pour tête le génie de la ville, ou celui de la province, ou quelque autre déité qu'on y adoroit, la légende est aussi le nom de la ville, de la province, de la déité, ou de tous les deux ensemble, *ANTIOKEON *SURAKOSI/ON, &c. ZEUS2 FI/LIOS2 *SURAKOSI/WN, *PRAKLE/OUS2 *QKION, &c., soit que le nom de la ville se lise au revers, & que le nom de la déïté demeure du côté de la tête, soit que le nom de la ville serve de légende à la déïté, comme *KATAIAIWN à Jupiter Hammon, *MESSANIWN à Hercule, &c.

Dans ces mêmes médailles, les revers sont toûjours quelques symboles de ces villes, souvent sans légende, plus souvent avec le nom de la ville, quelquefois avec celui de quelque magistrat, comme *A'GURINAI/WN E)WI/ *SOWATRA, &c. ensorte qu'il est vrai de dire que la légende dans ces sortes de médailles ne nous apprend que le nom de la ville, ou celui du magistrat qui la gouvernoit, lorsque la médaille a été frappée.

Par - tout ailleurs les belles actions sont exprimées sur le revers, soit au naturel, soit par des symboles, dont la légende est l'explication. Au naturel, comme quand Trajan est représenté mettant la couronne sur la tête au roi des Parthes, rex Parthis datus. Par symbole, comme lorsque la victoire de Jules & d'Auguste est représentée par un crocodile enchaîné à un palmier avec ces mots, Egypto captê. L'on voit aussi dans Hadrien toutes les provinces qui le reconnoissent pour leur réparateur, & ceux qui n'en connoîtroient pas les symboles, apprendroient à les distinguer par les légendes; restitutori Gallioe, restitutori Hispanioe, &c. Ainsi les différentes victoires désignées par des couronnes, par des palmes, par des trophées, & par de semblables marques qui sont d'elles - mêmes indifférentes, se trouvent déterminées par la legende, Asia subacta d'Auguste, Alemannia devicta de Constantin le jeune, Judoea capta de Vespasien, Armenia & Mesopotamia in potestatem populi romani redactoe de Trajan, ou simplement, de Germanis, de Sarmatis, de Marc Aurele; car les légendes les plus simples ont ordinairement le plus de dignité.

Mettant donc à part les légendes de la tête destinées à marquer le nom, soit tout seul, comme Brutus, Coesar, soit avec les qualités, ainsi que nous venons de le dire; les autres légendes ne doivent être que des explications, des symboles, qui paroissent sur les médailles, par lesquelles on prétend faire connoître les vertus des princes, certains évenemens singuliers de leur vie, les honneurs qu'on leur a rendus, les avantages qu'ils ont procurés à l'état, les monumens de leur gloire, les déités qu'ils ont le plus honorées, & dont ils ont cru avoir reçu une protection particuliere: car les revers n'étant chargés que de ces sortes de choses, les légendes y ont un rapport essentiel; elles sont comme la clef des types, que l'on auroit bien de la peine à deviner sans leur secours, sur - tout dans les siecles éloignés, & dans des pays où les usages sont tout différens de ceux des anciens.

C'est en cela qu'excellent les médailles du haut empire, dont les types sont toûjours choisis & appliqués par quelque bonne raison que la légende nous découvre: au lieu que dans le bas empire on ne cesse de répéter les mêmes types & les mêmes légendes; & l'on voit que les uns & les autres sont donnés indifféremment à tous les empereurs, plutôt par coutume que par mérite. Témoin le gloria exercitus, felix temporum renovatio.

Comme les vertus qui rendent les princes plus aimables & plus estimables à leurs peuples sont aussi ce que les revers de leurs médailles représentent ordinairement, les légendes les plus communes sont celles qui font connoître ces vertus, tantôt par leur simple nom, comme dans ces revers de Tibere qu'il méritoit si mal, moderationi, clementioe, justitioe; tantôt en les appliquant aux princes, ou par le nominatif ou par le génitif, spes Augusta, ou spes Augusti; constantia Augusta, ou constantia Augusti, gardant aussi indifféremment le même régime à l'égard de la vertu même: virtus Aug. ou virtuti Aug. clementia, ou clementioe, &c.

Les honneurs rendus aux princes consistent particulierement dans les surnoms glorieux qu'on leur a donnés, pour marquer ou leurs actions les plus mémorables, ou leurs plus éminentes vertus; c'est ainsi que je les distingue des monumens publics qui devoient être les témoins durables de leur gloire. Ces surnoms ne peuvent être exprimés que par la légende, soit du cóté de la tête, soit du côté du revers.

Quant aux honneurs rendus aux princes après la mort, qui consistoient à les placer au rang des dieux, nous les connoissons par le mot de consecratio, par celui de pater, de divus, & de Deus. Divo pio, divus Augustus pater, Deo & Domino caro. Quelquefois autour des temples & des autels on mettoit memoria felix, ou memorioe oeternoe. Quelquefois sur les médailles des princesses on lit oeternitas, ou syderibus tecepta; & du côté de la tête diva, ou en grec *QEA/.

Les légendes qui expriment les bienfaits répandus sur les villes, sur les provinces, & sur l'empire, sont ordinairement fort courtes & fort simples; mais elles ne laissent pas d'être magnifiques. Par [p. 349] xeemple, conservator urbis suoe, ampliator civium, fundator pacis, rector orbis, restitutor urbis, Hispanioe, Gallioe, &c. pacator orbis, salus generis humani, gaudium reipublicoe, gloria rom. hilaritas pop. rom. loetitia fundata, tellus stabilita, exuperator omnium gentium, gloria orbis terroe, bono reipublicoe nati, gloria novi soeculi. Quelquefois la maniere en est encore plus vive, comme Roma renascens, & Roma renasces; Roma resurgens, libertas restituta.

Les bienfaits plus particuliers sont quelquefois exprimés plus distinctement dans les légendes, comme restitutor monetoe, remissa ducentesima, quadragesima remissa, vehiculatione Italioe remissa, fisci judaui calumnia sublata, congiarium pop. rom. datum, puelloe faustinianoe, via trajana, indulgentia in Carthaginenses, reliqua vetera H. S. novies millies abolita, c'est - à - dire douze millions, plebei urbanoe fiumento constituto. Telles sont les légendes de plusieurs médailles d'Alexandre Sévere, de Caligula, de Domitien, de Septime Sévere, d'Hadrien & de Nerva.

On distingue encore par les légendes, les évenemens particuliers à chaque province, lors même qu'ils ne sont représentés que par des symboles communs. Par exemple, une Victoire avec un trophée, une palme ou une couronne designent une médaille de Vespasien, & sont déterminées par le mot victoria germanica, à signifier une victoire remportée sur les Germains; il en est de même de ces autres légendes, victoria navalis, victoria parthica, proetoriani recepti, imperatore recepto, qu'on voit sur les médailles de Marc - Aurele. La légende nous marque la réception glorieuse que firent à Claude les soldats de son armée. La grace que l'on fit à Néron de l'aggréger dans tous les colleges sacerdotaux, a été conservée par celles ci: sacerdos cooptatus in omnia collegia suprà numerum; dans cet autre, pax fundata cum Persis, l'empereur Philippes nous a laissé un monument de la paix qu'il fit avec les Perses. La merveille qui arriva à Tarragone, lorsque de l'autel d'Auguste l'on vit sortir une palme, nous est connue par une médaille sur laquelle on voit le tvpe du miracle, & les quatre lettres C. V. T. T. Colonia rictrix togata, ou plutôt turrita Tarraco; l'empereur Tibere fit à ce sujet une agréable raillerie, que Suetone rapporte.

Les monumens publics sont aussi connus & distingués par la légende, de sorte que ceux qui ont eté construits par le prince même, sont mis au nominatif ou au génitif, ou exprimés par un verbe, au lieu que ceux que l'on a bâtis ou consacrés en leur honneur sont mis au datif. Marcellum Augusti. Basilica Ulpia. Aqua Martia. Portus Ostiensis. Forum Trasant Templum divi Augusti restitutum; parce que ces édifices ont été élevés par Neron, par Trajan, par Antonin: au lieu que nous voyons Romoe & Augusto, Jovi Deo, Divo Pio, Optimo Principi; pour marquer les temples en l'honneur d'Auguste, & les colonnes élevées pour Antonin & pour Trajan.

L'attachement que les princes ont eu à certaines déités, & les titres sous lesquels il les ont honorées en reconnoissance de leur protection en général, ou de quelques graces particulieres, nous est connue par les manieres différentes dont la légende est exprimée. Nous savons que Numérien honoroit singulierement Mercure, parce que ce dieu est au revers de la médaille avec ce mot Pietas Aug. Nous connoissons que Diocléticn honoroit Jupiter comme son protecteur, parce que nous voyons sur des médailles Jovi Conservatori, Jovi Propugnatori, & même le surnom de Jovius; que Gordien attribuoit à ce dieu le succès d'une bataille où ses gens n'avoient point lâché le pié, Jovi Statori.

Sur les médailles des princesses, on mettoit l'image & le nom des déités de leur sexe, Cerès, Juno, Vesta, Venus, Diana. On marquoit le bonheur de leur mariage par Venus Felix; la reconnoissance qu'elles avoient de leurs couches heureuses & de leur fécondité, Junoni Lucinoe, Veneri genitrici.

La bonne fortune des princes qui a toujours été leur principale déité, se trouve aussi le plus souvent sur leurs médailles en toutes sortes de manieres: Fortuna Augusta, Perpetua. Fortunoe Felici, Muliebri. Fortuna manens, Fortuna obsequens, Fortuna Redux, où le nom de la Fortune est indifféremment par le nominatif, par le datif, ou par l'accusatis: car nous voyons également Mars, Victor, Marti Ultori, Martem Propugnatorem, & même Martis Ultoris: mais cette derniere légende se rapporte au temple bâti pour venger la mort de Jules, ce qui fait une différence notable.

Il ne faut pas oublier ici que les noms exprimés dans les légendes se lisent quelquefois au nominatif, Coesar Auguslus, quelquefois au génitif Divi Julii, enfin au datif Imp. Nervoe Trajano Germanico, &c. ou à l'accusatif, *M. *AURHA, *ALESANDRON, &c. On ne trouve guere d'exemples de l'accusatif sur les médailles latines, que dans celles de Gallien, Gallienum Aug. au revers, Ob conservationem salutis.

Ne parlons plus maintenant des personnes, mais des choses mêmes qui paroissent sur les médailles, où leurs noms & leurs qualités tiennent lieu de légende: je rangerai dans ce nombre,

1°. Les villes, les provinces, les rivieres, dont nous voyons les unes avec leur simple nom, Tiberis, Danuvius, Rhenus, Nilus, AEgyptos, Hispania, Italia, Dacia, Africa, Roma, Alexandrea, Valentia, Italica, Bilbilis. Les autres avec leurs titres particuliers, leurs qualités & leurs prérogatives: Colonia Julia Augusta, Felix Berytus. Colonia immunis illici Augusta. Colonia Aurelia. Metropolisidon. Colonia Prima Flavia Augusta Coesarensis. Municipium Ilerde, Celium Municipium Coillutanum Antoninianum.

Les villes grecques sur - tout étoient soigneuses d'exprimer les privileges dont elles jouissoient, *IERAS2, *ASULOI, *AUTONOUA. *ELEUQERAS2, *KAUARXILOS2, *KOLWNIAS2. Pour marquer qu'elles étoient inviolables, c'est - à dire qu'on ne pouvoit en retirer les criminels qui s'étoient réfugiés dans leurs murs, elles se qualifioient *IERAS2 ASULOI. Le droit qu'elles avoient conservé de se gouverner par leurs propres lois, s'exprimoit sur leurs médailles par le mot *AUTONOUOI. Les villes qui n'étoient point soumises à la jurisdiction du magistrat envoyé de Rome pour gouverner la province dans laquelle elles étoient situées, s'appelloient libres, *ELEUQERAS2. C'est une observation du Marquis Mafféi. Le privilege d'avoir un port de mer & des vaisseaux se marquoit en légende sur les médailles par le mot *NAUARXILOS2. Celui d'être exempt des tributs & des impôts par le mot *ELEUQERAS2. Les privileges particuliers des colonies, tels que le droit du pays latin, ou le droit des citoyens romains par le mot *KOLWNIA. Ceux des Néocores, qu'elles étoient fort soigneuses de marquer par les mots *DIS2, TRIS2, TETRAKIS2 *NEWKORWN. Enfin les alliances qu'elles avoient avec d'autres villes, par le terme *OMONOIA. Il faut consulter sur tous ces titres, les savantes remarques de M. Vaillant, dans son livre des médailles grecques, il seroit difficile d'y rien ajouter.

2°. Les légendes de médailles nous découvrent le nom des légions particulieres qui composoient les armées. Nous trouvons dans une médaille de M. Antoine, Leg. xxiv. dans une médaille du cabinet du P. Chamillart, qui est une médaille bien rare. La médaille qui porte Leg. I. l'est encore davantage; car la piûpart de celles qu'on connoît, portoient dans leur origine un autre chiffre, & ne sont réduites à celui ci que par la friponnerie de quelque brocau<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.