ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"318"> tête; encore en viendra - t - on difficilement à bout, s'il a été élevé de boutures ou de branches couchées; ce n'est qu'en le faisant venir de semence, qu'on peut l'avoir dans sa perfection. L'azarero est encore rare en France.

Le laurier - rose, arbrisseau toujours verd, d'un grand agrément, & qui est fort connu. Si on le laisse croître sans le conduire, il pousse quantité de tiges de pié qui ne forment qu'un buisson. Il se garnit de beaucoup de feuilles longues, étroites & pointues, elles sout sans dentelures, fort unies en - dessus, mais relevées en - dessous d'une seule nervûre; elles conservent toujours la même verdure, qui est terne & foncée. L'arbrisseau donne aux mois de Juillet & d'Août une grande quantité de fleurs rassemblées par bouquets à l'extrémité des branches, qui sont d'une belle apparence. Lorsqu'elles sont passées, il leur succede de longues siliques qui renferment des semences garnies d'aigrettes, mais ce n'est que dans les années chaudes & bien favorables que cet arbrisseau donne de la graine dans ce climat. Il faut soigner ce laurier dans sa jeunesse pour lui faire prendre une tige droite; & il ne faut pas moins d'attention par la suite pour lui former une tête par rapport à l'irrégularité qu'il contracte naturellement. On connoît à présent sept especes différentes de cet arbrisseau; comme elles ne sont pas également robustes, il sera plus convenable de les traiter séparément, & d'en faire deux classes. La premiere comprendra ceux qui exigent moins de précaution pour passer les hivers; tels sont le laurier - rose ordinaire à fleurs rouges, celui à fleurs blanches, & celui dont les fleurs sont mêlées de rouge & de blanc; il faut à ces arbrisseaux les mêmes ménagemens que pour les grenadiers, c'est - à - dire, qu'il faut les serrer pendant l'hiver, & que la plus mauvaise place de l'orangerie leur suffit: il est vrai qu'on en a vû dans le climat de Paris qui ont passé plusieurs hivers de suite en plein air; mais les plants qu'on avoit ainsi exposés en ont été quelquefois si endommagés & si fatigués, qu'ils perdoient beaucoup de leur agrément. L'usage est de les tenir ou dans des pots ou dans des caisses, & c'est le meilleur parti. Rien de plus aisé que de multiplier ce laurier, soit par les rejettons qu'il produit au pié, soit en semant ses graines, soit en couchant des jeunes branches, ou en greffant ses especes les unes sur les autres. Tous ces moyens sont bons, si ce n'est que celui de semer sera le plus difficile & le plus long. Le commencement d'Avril est le tems propre pour faire les branches couchées; il sera presque égal de ne les faire qu'au mois de Juillet, elles feront des racines suffisantes pour être transplantées au printems suivant. Il faut à ces arbrisseaux beaucoup d'eau pendant l'été, sans quoi ils feroient peu de progrès, & ne produiroient pas beaucoup de fleurs. Si l'on veut même en tirer tout le parti possible, c'est de les ôter des caisses, & de les mettre en pleine terre pendant toute la belle saison jusqu'au 20 d'Octobre qu'il faudra les remettre dans leur premier état; on leur donne par ce moyen de la vigueur, de la durée, de la hauteur, & infiniment plus de beauté. Les lauriers - rose de la seconde classe sont infiniment plus délicats que ceux dont on vient de parler, il leur faut une serre chaude pour passer l'hiver & des soins tous différens: ceux - ci sont le laurier rose à fleurs rougeâtres, simples & odorantes, le même à fleurs doubles, celui à fleurs doubles, mêlées de rouge & de blanc, & un autre à grandes fleurs rouges. Ces arbrisseaux viennent de la Nouvelle Espagne, d'où ils ont passé aux colonies angloises d'Amérique, & de - là en Europe. Les deux variétés à fleurs doubles sont de la plus grande beauté; elles donnent pendant tout l'été de gros bouquets de fleurs très - doubles, dont la vive couleur, l'élégance & la bonne odeur rendent ces arbrisseaux très - précieux. Mais il faut des précautions pour les faire fleutir; car si on les laisse en plein air pendant l'été, quoique dans la meilleure exposition, ils ne donneront point de fleurs; il fant absolument les mettre sous des chassis, & les traiter durant cette saison comme les plantes les plus délicates des pays chauds. Ces arbrisseaux, dans les pays d'où on les a tirés, croissent naturellement sur les bords des rivieres & le long des côtes maritimes; on ne sauroit donc trop recommander de les faire arroser souvent. Du reste on peut les multiplier comme les especes qui sont plus robustes.

Le laurier - tin, arbrisseau toujours verd, l'un des plus jolis que l'on puisse employer pour l'agrément dans les jardins; il prend de lui - même une tige droite, il se garnit de beaucoup de rameaux, la verdure de son feuillage ne change point; & quoiqu'un peu brune, elle plaît aux yeux par son brillant; ses fleurs blanchâtres & sans odeur viennent en ombelles au bout des branches; elles sont d'un ordre assez commun, mais ce laurier en donne une grande quantité, elles sont de longue durée; elles paroissent dès que la saison s'adoucit à la fin de l'hiver, & l'arbrisseau en produit encore quelques - unes pendant l'automne. Les fruits qui succedent sont de petites baies d'un noir bleuâtre & luisant, qui renferment chacune une semence presque ronde. Cet arbrisseau n'est nullement délicat sur la qualité du terrein; & quoique dans les pays où il vient naturellement, comme en Espagne, en Portugal, en Italie & en France, aux environs de Narbonne, il croisse de lui - même dans des lieux escarpés, pierreux & incultes, cependant il se plaira encore mieux dans une terre franche & humide, à l'exposition du nord & à l'ombre des autres arbres; qualité très - avantageuse dont on pourroit profiter pour former dans des endroits couverts & serrés, des haies, des séparations & des palissades qui s'éleveroient facilement à huit ou dix piés, ou que l'on pourra retenir, si l'on veut, à hauteur d'apai. Il n'y a peut - être aucun arbrisseau que l'on puisse multiplier aussi aisément que celui - ci; il vient de rejettons, de semence, de branches couchées, de boutures & par la greffe comme bien d'autres: mais on peut encore le multiplier par ses racines, & même en piquant dans la terre ses seuilles, qui font racine assez promptement; la queue de la feuille fait de petites racines, il s'y forme ensuite un oeil qui donne bien - tôt une tige. Il ne faut presque aucune culture à ce laurier, & peu d'attention sur le tems propre à coucher ses branches, ou à en faire des boutures; tous les tems conviennent pour cela, pourvû que la saison soit douce, & il arrive souvent que les branches qui touchent contre terre y font racine, sans qu'il soit besoin de les couvrir de terre. Si l'on vouloit se procurer une grande quantité de ces arbrisseaux, il faudroit en semer des graines, quoique ce soit le parti le plus long & le plus incertain: le tems de les semer est en automne, aussi - tôt qu'elles sont en maturité. Cet arbrisseau est susceptible de toutes les formes qu'on veut lui faire prendre. Il faut le tailler au printems, après que les fleurs sont passées; si on le faisoit plûtôt, on supprimeroit les fleurs de l'arriere saison. La serpette convient mieux pour cette opération que le ciseau qui dégrade les feuilles. Sa transplantation demande des précautions, il participe en cela du défaut qui est commun aux arbres toujours verds, qui reprennent difficilement. La meilleure saison de le transplanter est au commencement d'Avril, immédiatement avant qu'il ne pousse; on ne peut être assuré de la reprise que quand on a enlevé ces arbrisseaux avec la motte de terre. On doit les arroser souvent, & les tenir couverts de paille jusqu'à ce qu'ils commencent à [p. 319] pousser. Ce laurier n'est pas aussi robuste qu'on pourroit le desirer; il est quelquefois endommage par les hivers rigoureux, mais il s'en releve aisément.

Les différentes especes de ce laurier que l'on connoît jusqu'à présent, sont 1°. le laurier ordinaire. Sa fleur est blanche, & ses feuilles sont d'un verd luisant en - dessus, mais qui est terne en - dessous.

2°. Le laurier - tin ordinaire à feuilles panachées de blanc. C'est une belle variété qui est fort rare.

3°. Le laurier - tin ordinaire à feuilles d'un verd brun très - luisant. Ses fleurs sont plus grandes, & ont plus d'apparence que celles des autres especes, mais il fleurit plus tard, & il est un peu moins robuste.

4°. Le laurier - tin à feuilles rudes & à fleurs purpurincs. Il est plus branchu que les précédens, ses feuilles sont plus étroites & plus longues; l'écorce des jeunes rejettons est rougeátre.

5°. Le laurier - tin à petites feuilles. Cette espece s'éleve moins que les autres; il se garnit de beaucoup plus de feuilles, & son fruit est bien plus âcre & plus brûlant à la bouche que celui des especes precédentes. Les deux dernieres especes sont plus robustes que les autres, flearissent plutôt, & donnent une plus grande quantité de fleurs.

6°. Le laurier - tin à feuilles rudes panachées de jaune & à fleurs purpurines. Cette variété est de la plus grande beauté; elle est encore tres - rare.

On observe que les deux variétés panachées ne sont pas assez robustes pour passer les hivers en pleine terre, & qu'il faut les mettre dans l'orangerie.

Le laurier royal ou laurier des Indes, arbre toujours verd, dont le feuillage fait toute la beaûté. Il est trop delicat pour passer les hivers en plein air dans ce climat: il faut le traiter comme les orangers. Il prend de lui - même une tige tort droite; il se garnit de quantité de feuilles assez ressemblantes à celles du laurier - cetise, mais plus grandes & moins brillantes; ses fleurs sont blanches, & viennent en gros bouquets; elles n'ont point d'odeur, & il n'y a nul goût aromatique dans toutes les parties de cet arbre. On le cultive beaucoup dans le Portugal, où on l'emploie à faire des allées. Il vient aisément de graines qui ne mûrissent point dans ce climat, & qu'il faut tirer de Portugal: il demande pour la culturè les mêmes soins que l'oranger; tout ce qu'il y a de particulier pour le laurier royal, c'est qu'il craint la secheresse, & qu'il lui faut de sréquens arrosemens. On peut aussi le multiplier de branches couchées, qu'il faudra mareoter, & qui n'auront de bonnes racines qu'au bout de deux ans.

Le laurier - alexandrin, c'est une sorte de plante vivace dont les tiges durent deux années, & qui se renouvelle tous les ans à - peu - près comme le framboisier. Ce laurier pousse de bonne heure au printems de nouvelles tiges qui sortent des racines & qui s'élevent à environ deux piés: chaque tige se divile en plusieurs branches, qui sont garnies de feuilles ressemblantes à celles du mirthe à large feuille. Dans la plûpart des especes de ce laurier, la graine sort du milieu de la feuille, & cette graine est une baie de la grosseur d'une petite cerise & d'un rouge assez vif: cette singularité jointe à ce que ce laurier conserve ses feuilles, ses fruits & ses tiges pendant l'hiver suivant, voilà ce qui en fait tout le mérite; on peut le multiplier de graine, mais il sera plus court & plus aisé d'en tirer du plant en divisant ses racines au printems avant qu'il ne commence à pousser. Cette plante se plaît à l'ombre, & n'exige aucunsoin particulier. C'est bien gratuitement qu'on lui a donné le nom de laurier; elle n'a ni rapport ni ressemblance avec les arbres de ce nom, & elle ne mérite pas d'ailleurs de leur être associée: il y a plusieurs especes de cette plante.

1°. La premiere se nomme fragon, houx, frelon, buits piquant, brusque, housson, houx - fragon, & petie houx en Bourgogne. Elle vient naturellement dans plusieurs provinces de ce royaume; elle ne s'éleve qu'à un pié environ, & elle est de quelqu'usage en Medecine.

2°. Le laurier - alexandrin à larges feuilles.

3°. Le laurier - alexandrin à feuilles étroites.

Dans ces trois especes les fruits sortent du milieu des feuilles.

4°. Le laurier alexandrin à feuilles étroites, qui porte son fruit à l'extrémité de ses branches. Cette espece s'éleve un peu plus que les autres; aussi la nommet - on le grand laurier - alexandrin.

5°. Le laurier - alexandrin à larges feuilles, dont les fruits viennent aux aisselles des feuilles.

Quoique les quatres dernieres especes soient originaires de l'Egypte, elles résistent très - bien au froid de ce climat: il arrive quelquefois qu'une partie des branches sont flétries dans les hivers rigoureux, mais les racines n'en souffrent point.

6°. Le laurier - alexandrin à larges feuilles, dont le fruit vient sur le bord de la feuille. Cette espece est originaire de Madere: elle n'est pas assez robuste pour passer en pleine terre; il lui faut l'abri de l'orangerie pendant l'hiver. Elle s'éleve à sept ou huit piés. Article de M. Daubenton.

Laurier - cerise (Page 9:319)

Laurier - cerise, lauro - cerasus, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice a la forme d'un entonnoir; il en sort un pistil qui devient dans la suite un fruit mou, assez semblable à une cerise. Il renferme une coque qui contient une semence arrondie. Ajoutez aux caracteres de ce genre le port de la plante. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Laupier - franc (Page 9:319)

Laupier - franc, (Botaniq.) plante du genre du laurier. Voyez Laurier.

Laurier - rose (Page 9:319)

Laurier - rose, nerion, genre de plante à fleur monopétale découpée, & presqu'en forme d'entonnoir; il sort du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit presque cylindrique, composé de deux graines ou siliques remplies de semences à aigrettes. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Laurier - tin (Page 9:319)

Laurier - tin, tinus, genre de plante à fleur monopétale rayonnée & découpée; le milieu est percé par l'extrémité du calice, qui devient un fruit en forme d'olive avec un ombilic; il renferme une semence qui a la figure d'une poire. Tournefort, Inst. rci herb. Voyez Plante.

Laurier (Page 9:319)

Laurier, (Chymie, Pharm. Mat. med. & Diete.) On se sert indifferemment des deux especes, ou plùtôt des deux variétés de laurier, connues dans les boutiques sous le nom de laurier - franc & de laurierroyal.

Le lauricr étoit d'un grand usage dans la pratique des anciens medecins, qui le regardoient comme une espece de panacée. Ils employoient les feuilles, les baies & l'écorce des racines: cette derniere partie est absolument inusitée aujourd'hui; les feuilles sont assez communément employées pour l'usage extérieur; on les fait entrer dans les décoctions & les infusions pro fotu; on emploie aussi la décoction de ces feuilles en lavement pour dissiper la colique: ce secours est cependant peu usité. On les fait entrer aussi dans les especes pour les fumigations, qu'on emploie quelquefois dans les descentes & les relâchemens de matrice, & dans la stérilité des femmes.

Les baies de laurier sont plus employées que les feuilles; on s'en sert intérieurement & extérieurement; elles sont regardées comme stomachiques, vulnéraires, résolutives, excitant les urines & les regles; elles passent sur - tout pour utiles dans les concrétions bilieuses du foie: on peut les ordonner

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