ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"320"> dans ce cas en infusion ou en substance à la dose de trois ou quatre. Appliquées extérieurement elles résolvent & fortifient puissamment, & appaisent les douleurs.

On peut s'appuyer des connoissances que l'analyse chymique nous en fournit, pour établir la réalité de la plûpart de ces vertus. En effet, les baies de laurier contiennent une quantité considérable d'une huile grasse de la nature des huiles par expression (voyez Huile), & une autre huile éthérée & aromatique, qu'on peut séparer de ces baies parxune seule & même opération; savoir, la distillation avec l'eau; car l'huile grasse ou beurre de baie de laurier en est séparée par la décoction, & vient nager sous la forme d'une graisse verdâtre, & ensuite se figer sur la surface de l'eau employée dans la distillation.

C'est cette derniere huile ou beurre qui constitue la partie medicamenteuse vraiment spéciale de ces baies; elle est résolutive, adoucissante, discussive, vulnéraire.

Les baies de laurier épuisées des deux huiles dont nous venons de parler, en fournissent encore une troisieme si on les pile & qu'on les mette à la presse: celle - ci est principalement fournie par la semence ou amende contenue dans le noyau de la baie: elle est moins douce que les huiles ordinaires tirees par expression des semences émulsives, parce qu'elle est chargée d'un peu de beurre ou d'huile essentielle: on l'emploie, mais très - rarement, dans les linimens, les onguens & les emplâtres.

On recommande ces deux dernieres huiles contre la galle; mais elles ne fournissent par elles - mêmes qu'un secours fort impuissant contre cette maladie. Si on les mêle avec du soufre, qui est dans ce cas le véritable spécifique, elles pourront être utiles, comme correctif de l'odeur desagréable.

Les feuilles, les baies de laurier, & les trois différentes huiles dont nous venons de parler, entrent dans un grand nombre de préparations officinales, tant extérieures qu'intérieures. Les baies donnent leur nom à un électuaire stomachique, hystérique & emménagogue, qui est fort peu employé dans la pratique ordinaire de la Medecine.

Outre les huiles de baies de laurier dont nous avons parlé ci - dessus, on en prépare encore une quatrieme en les faisant infuser & bouillir dans de l'huile d'olive: on emploie celle - ci aux mêmes usages que l'huile par décoction & l'huile par expression; elle est parfaitement analogue à la matiere qui résulteroit du mélange de ces deux dernieres.

On connoît assez l'emploi qu'on fait dans nos cuisines des feuilles de laurier. La consommation en est assez considérable à Paris pour que certains paysans trouvent moyen de gagner leur vie en apportant de plus de 50 lieues de grosses branches de laurier avec leurs feuilles, qu'ils y viennent vendre. On les fait entrer sur - tout comme assaisonnement dans les sauces que l'on fait à certains poissons. Plusieurs medecins ont prétendu qu'elles étoient nuisibles à l'estomac; d'autres ont cru au contraire qu'elles le fortifioient & qu'elles aidoient la digestion. L'opinion des premiers paroît pouvoir tirer quelque appui de l'analogie du laurier - franc avec le laurier - rose, qui a été de tous les tems reconnu pour un poison, & de la découverte qu'on a faite depuis quelques années en Angleterre, des qualités dangereuses d'un autre arbre de la même classe; savoir, le laurier - cerise. Voyez Laurier - rose & Laurier - cerise. Cependant cette induction ne suffit point assurément pour rendre l'usage des feuilles de laurier suspect. (b)

Laurier - rose (Page 9:320)

Laurier - rose, (Medecine.) le laurier - rose doit être regardé comme un poison non - seulement pour les hommes, mais encore pour toute sorte d'animaux qui en mangent, selon le sentiment de Galien, & contre celui de Dioscoride & de Pline, qui disent que les fruits & les feuilles de laurier - rose sont un poison pour la plûpart des quadrupedes, mais que les hommes peuvent en user intérieurement contre les morsures des serpens, &c.

Les remedes contre ce poison sont ceux qu'on prescrit contre tous les poisons corrosifs en général; savoir, les huiles par expression, le lait, le beurre, la décoction des fruits doux, des racines & des graines mucilagineuses, &c.

Les feuilles de laurier - rose écrasées & appliquées extérieurement, sont bonnes, selon Galien, contre la morsure des bêtes venimeuses.

Ces mêmes feuilles sont employées dans la poudre sternutatoire de la pharmacopée de Paris. Extrait de la suite de la mat. med. de Geoffroy.

Laurier (Page 9:320)

Laurier, (Littér. & Mythol.) cet arbre, nommé daphné (DA\FNH) par les Grecs, est de tous les arbres celui qui fut le plus en honneur chez les anciens. Ils tenoient pour prodige un laurier frappé de la foudre. Admis dans leurs céremonies religieuses, il entroit dans leurs mysteres, & ses feuilles étoient regardées comme un instrument de divination. Si jettées au feu elles rendoient beaucoup de bruit, c'étoit un bon présage; si au contraire elles ne pétilloient point du tout, c'étoit un signe funeste. Vouloit - on avoir des songes sur la vérité desquels on pût compter, il falloit mettre des feuilles de cet arbre sous le chevet de son lit. Vouloit - on donner des protecteurs à sa maison, il falloit planter des lautiers au - devant de son logis. Les Laboureurs, intéressés à détruire ces sortes de mouches si redoutées des boeufs pendant l'été, qu'elles les jettent quelquefois dans une espece de fureur, ne connoissoient point de meilleurs remedes que les feuilles de laurier. Dans combien de graves maladies son suc préparé, ou l'huile tirée de ses baies, passoient - ils pour des contre - poisons salutaires? On mettoit des branches de cet arbre à la porte des malades; on en couronnoit les statues d'Esculape. Tant de vertus qu'on attribue au laurier, le firent envisager comme un arbre divin, & comme l'arbre du bon génie.

Mais personne n'ignore qu'il étoit particulierement consacré à Apollon, & que c'est pour cela qu'on en ornoit ses temples, ses autels & le trépié de la pythie. L'amour de ce dieu pour la nymphe Daphné, est la raison qu'en donnent les Mythologistes; cependant la véritable est la croyance où l'on étoit qu'il communiquoit l'esprit de prophétie & l'enthousiasme poétique. De - là vint qu'on couronnoit les Poëtes de laurier, ainsi que ceux qui remportoient les prix aux jeux pythiques. On prétend que sur la coupole du tombeau de Virgile, qui est près de Pouzzoles, il est né des lauriers qui semblent couronner l'édifice, & que ceux qu'on a coupés sont revenus, comme si la nature même eût voulu célebrer la gloire de ce grand poëte.

Les faisceaux des premiers magistrats de Rome, des dictateurs & des consuls, étoient entourés de lauriers, lorsqu'ils s'en étoient rendus dignes par leurs exploits. Plutarque parlant de l'entrevue de Lucullus & de Pompée, nous apprend qu'on portoit devant tous les deux des faisceaux surmontés de lauriers, en considération de leurs victoires.

Virgile fait remonter jusqu'au siecle de son héros la coûtume d'en ceindre le front des vainqueurs: il est du moins certain que les Romains l'adoptérent de bonne heure; mais c'étoit dans les triomphes qu'ils en faisoient le plus noble usage. Là les généraux le portoient non - seulement autour de la tête, mais encore dans la main, comme le prouvent les médailles. On décoroit même de laurier ceux qui [p. 321] étoient morts en triomphant: ce fut ainsi qu'Annibal en usa à l'égard de Marcellus.

Parmi les Grecs, ceux qui venoient de consulter l'oracle d'Apollon, se couronnoient de laurier s'ils avoient reçu du dieu une réponse favorable; c'est pourquoi dans Sophocle, OEdipe voyant Oreste revenir de Delphes la tête ceinte de lauriers, conjecture qu'il rapporte une bonne nouvelle. Ainsi chez les Romains tous les messagers qui en étoient porteurs, ornoient de lauriers la pointe de leurs javelines. La mort de Mithridate sut annoncée de cette maniere à Pompée. On entouroit semblablement de laurier les lettres & les tablettes qui renfermoient le récit des bons succes: on faisoit la même chose pour les vaisseaux victorieux. Cet ornement se mettoit à la poupe, parce que c'éroit là que résidoient les dieux tutelaires du vaisseau, & que c'étoit à ces dieux que les matelots menacés du naufrage adressoient leurs voeux & leurs prieres. J'ajoûte encore que le laurier étoit un signe de paix & d'amitié, car au milieu de la mêlée l'ennemi le tendoit à son ennemi, pour marquer qu'il se rendoit à lui.

Enfin l'adulation pour les empereurs introduisit l'usage de planter des branches de laurier aux portes de leurs demeures: voilà d'où vient que Pline appelle cet urbre, le portier des Césars, le seul ornement & le fidele gardien de leurs palais, gratissima domibus janitrix, quoe sola & domos exornat, & ante limina Coesarûm excubat. Voyez, si vous êtes curieux de plus grands détails, la Dissertation de Madrisio dell'Alloro, e suoi vari usi presso gli Antichi.

Mais parcourez tant que vous voudrez tout ce qu'on a pris soin de recueillir en littérature à l'honneur du laurier, vous ne trouverez rien au dessus de l'eloge charmant qu'Ovide en a fait. Je ne connois point de morceau dans ses ouvrages sur un pareil sujet, qui soit plus joli, plus agréable & plus ingénieux; c'est dans l'endroit de ses métamorphoses, où Apollon ayant attcint Daphné deja changée en laurier, la sent encore palpiter sous la nouvelle écorce qui l'enveloppe: lisez cette peinture.

Complexusque suis ramos, ut membra lacertis, Oscula dat ligno: resugit tamen oscu a lignum. Cui deus: At quoniam conjux mea non potes esse, Arbor eris certè, dixit, mea; semper habebunt Te coma, te citharoe, te nostroe, laure, pharet oe. Tuducibus loetis aderis, cum loeta triumphum Vox canet, & longas visent capitolia pompas. Postibus augustis, eadem fidissima custos, Ante fores stabis, mediamque tuebere quercum. Utque meum intonsis caput est, uvenile capillis, Tu quoque perpetuos semper gere frondis honores; Finierat Poean: factis modo laurea ramis, Annuit, utque caput, visa est agitasse cacumen.

« Apollon serre entre ses bras les rameaux du laurier, comme si c'étoit encore la belle nymphe qu'il vient de poursuivre. Il applique au bois des baisers que le bois semble dédaigner. Ce dieu lui adresse alors ces paroles: puisque tu ne peux être mon épouse, tu seras du - moins mon arbre chéri; laurier, tu seras à jamais l'ornement de ma tête, de ma lyre & de mon carquois. Tu seras l'ornement dés généraux qui monteront triomphans au capitoie, au milieu d'une pompe magnifique, & des chants de victoire & d'allégresse. Tu décoreras l'entrée de ces demeures augustes où sont renfermées les couronnes civiques que tu prendras sous ta protection. Enfin, comme la chevelure de ton amant ne vieillit jamais, & qu'elle n'est jamais coupée, je veux que tes rameaux soient toujours verds & toujours les mêmes. Ainsi parla le dieu. Le laurier applaudit à ce discours, & parut agiter son sommet, comme si la nymphe encort vivante eut fait un signe de tête ». (D. J.)

LAURIUM (Page 9:321)

LAURIUM, (Géogr. anc.) montagne de Grece, dans l'Attique, entre le promontoire Sunium & le port de Pyrée.

Les mines d'argent de l'Attique étoient dans cette montagne, & l'on frappoit une monnoie du métal que l'on en tiroit. Xénophon & Plutarque prétendent qu'elles devenoient plus fécondes à mesure qu'on y creusoit davantage, & qu'elles sembloient redoubler leur libéralité en faveur de ceux qui travailloient à les épuiser; cependant ce bonheur ne dura pas toujours, les mines du mont Laurium s'épuiserent & tarirent à la fin; c'est Strabon lib. IX. qui le dit en termes formels. Au reste ces précieuses mines appartenoient originairement à des particuliers d'Athènes; mais Thémistocle les unit au domaine de la république, & commença par les employer à l'armement de la slotte pour la guerre d'Egine. (D. J.)

LAURO, ou LAURON (Page 9:321)

LAURO, ou LAURON, (Géog. anc.) ancienne ville de l'Espagne tarragonoise, ou les troupes de Jules César défirent celles de Sextus Pompée qui y périt. C'est présentement ou le bourg de Liria dans le royaume de Valence, à 5 lieues de la capitale, ou Laurigi qui n'en est pas loin. (D. J.)

LAUS (Page 9:321)

LAUS, (Géog. anc.) riviere & petite ville d'Italie, dans la Lucanie, selon Pline, lib. III. cap. v. Collenius & D. Marhezo Egitio prétendent que la riviere Laus est aujourd'hui le Sapri, & que le Laus sinus est le golfe de Poliastro, qui prenoit ce nom du fieuve Laus.

LAUSANNE (Page 9:321)

LAUSANNE, Lausanna ou Lausanum, (Géog.) ville de Suisse, capitale du pays de Vaud, au canton de Berne.

C'est un lieu très - ancien, puisqu'il est désigné dans l'itinéraire d'Antonin entre la colonie équestre qui est Nyon, & Urba qui est Orbe. On y voit marqué lacus lausonius, ce qui prouve que le lac Léman a porté le nom de lac de Lausanne, avant que de prendre celui de Genève. Selon quelques auteurs Valerius Aurelianus bâtit Lausanne des ruines d'Arpentine; mais on ne sait rien de certain sur son origine.

Cette ville a eu les mêmes révolutions & les mêmes seigneurs que le pays de Vaud, jusqu'à la mort de Bertold V duc de Zéringen: elle étoit déja franche & libre; ensuite l'évêque de Lausanne devint prince de la ville, mais avec la conservation de tous les privileges des habitans.

Les Bernois ayant conquis sur Charles II. duc de Savoie le pays de Vaud, se rendirent maîtres de Lausanne, d'où ils bannirent l'exercice de la religion romaine, donnerent à leur bailli les revenus de la manse épiscopale, & ceux de la manse du chapitre au college qu'ils établirent, & que l'on nomme académie: elle fleurit dès le commencement de son établissement, & n'a point dégénéré.

L'évêque Sébastien de Montfaucon qui tenoit alors le siege épiscoal de Lausanne, fut contraint de se retirer à Fribourg, avec le vain titre d'évêque de Lausanne & de prince de l'empire, n'ayant pour vivre que ce qu'il recevoit de Savoie. Ses successeurs qui prennent toujours les mêmes titres, sont nommés par les rois de Sardaigne qui pourvoient à leur subsistance.

On eroit quele siege épiscopal de cette ville avoit été établi au commencement du vij. siecle par l'évêque Marius, appellé vulgairement saint Maire, apres la destruction d'Avanches (Aventicum) où ce siége étoit auparavant.

L'église cathédrale fut dédiée par le pape Grégoire XX, l'an 1275 en présence de l'empereut Rodolphe de Habsbourg.

Les peres du concile de Bâle ayant quitté Bâle en

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.