ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Les poetes latins nous parlent souvent des sangliers de Laurente, laurens aper, dit Horace; c'est que ce canton avoit une forêt qui s'étendoit le long de la côte du Latium, entre le lac d'Ostie & le ruisseau de Numique. Cette forêt avoit pris son nom de la ville de Laurente; ou plutôt l'une & l'autre furent ainsi appellés du grand nombre de lauriers dont le pays étoit couvert, au rapport d'Hérodien, dans la vie de l'empereur Commode.

C'est dans ce canton de lauriers, qu'étoit cette maison de campagne de Pline le jeune, dont il a fait une description si belle, & si détaillée, qu'un railleur a dit, qu'il sembloit qu'il la vouloit vendre. (D. J.)

LAURÉOLE ou GAROU (Page 9:316)

LAURÉOLE ou GAROU, laureola, s. f. (Hist. nat.) petit arbrisseau toûjours verd, qui se trouve dans les bois de la partie septentrionale de l'Europe. Il s'éleve à trois ou quatre piés; il fait rarement plus d'une tige à - moins qu'il ne soit excité à se diviser en plusieurs branches, soit par la bonne qualité du terrein ou par des soins de culture: son écorce est épaisse, lisse, & cendrée; ses feuilles sont longues, épaisses, lisses, sans aucunes dentelures, & rassemblées au bout des branches; leur verdure quoique foncée, est très brillante. Dès la fin de Décembre, la lauréole donne quantité de fleurs en petites grapes, qui par leur couleur & leur position ne sont d'aucune apparence; elles sont herbacées & cachées sous les feuilles qui font le seul agrément de cet arbrisseau. Les fleurs sont remplacees par de petites baies noires plus longues que rondes, succulentes; elles couvrent un noyau qui renferme la semence; le mois de Juillet est le tems de leur maturité.

La lauréole résiste aux plus grands hivers; elle se plaît aux expositions du Nord, dans les lieux froids, montagneux, & incultes; parmi les rochers, dans les terres franches & humides, mêlées de sable ou de pierrailles; elle vient sur - tout à l'ombre, & même sous les arbres.

On peut très - aisément multiplier cet arbrisseau de boutures, de branches couchées, & de graines qu'il faut semer dans le tems de sa maturité, si on veut la voir lever au printems suivant; car si on attendoit la fin de l'hiver pour la semer, elle ne leveroit qu'à l'autre printems. On peut encore faire prendre des jeunes plants dans les bois; mais ils reprennent difficilement, & j'ai remarqué qu'en faisant des boutures, on réussissoit plus promptement que d'aucune autre façon. Le mois d'Avril est le tems le plus convenable pour les faire; elles feront suffisamment racines pour être transplantées un an après.

Tout le parti que l'on puisse tirer de cet arbrisseau pour l'agrément, c'est de le mettre dans les bosquets d'arbres toûjours verds, pour y faire de la garniture & en augmenter la variété. On peut aussi en former de petites haies, quoi qu'il ait peu de disposition à prendre cette forme.

L'écorce, les feuilles, & les fruits de la lauréole, ont tant d'âcreté qu'ils brûlent la bouche après qu'on en a mangé. Toutes les parties de cet arbrisseau sont un violent purgatif; cependant le fruit sert de nourriture aux oiseaux qui en sont très - avides; la perdrix entr'autres. Les Teinturiers se servent de cette plante pour teindre en verd les étoffes de laines.

On ne connoît qu'une variété de cet arbrisseau qui a les feuilles panachées de jaune; on peut la multiplier par la greffe en écusson ou en approche sur l'espece commune; & ces arbrisseaux peuvent également se greffer sur le mezereon ou bois - joli, qui est du même genre. Voyez Mezereon.

Lauréole (Page 9:316)

Lauréole, (Mat. méd.) on comprend sous ce nom, dans les listes des remedes, deux plantes différentes; savoir la lauréole, ou lauréole mâle; & la lauréole femelle ou bois gentil.

Toutes les parties de ces plantes prises intérieurement, évacnent par haut & par bas avec tant de violence, & leur action est accompagnée de tant de symptomes dangereux, qu'elles doivent être regardées comme un poison plutôt que comme un remede. Le médecin ne doit donc les employer dans aucun cas, pas même dans le dernier degré d'hydropisie, encore moins se mettre en peine de les corriger, puisque les évacuans plus sûrs & suffisamment essicace ne lui manquent point.

Quelques pharmacologistes croient que les grains de cnide, dont Hippocrate & les anciens grecs font souvent mention, ne sont autre chose que les baies de lauréole; d'autres prétendent au contraire que ces grains de cnide étoient les fruits de l'espece de thymelea que nous appellons garou. Voyez Garou. (b)

LAURESTAN ou LORESTAN, LOURESTAN (Page 9:316)

LAURESTAN ou LORESTAN, LOURESTAN, (Géog.) pays de Laur, Lor ou Lour; c'est un pays de Perse, autrefois enclavé dans la Khousistan, qui est l'ancienne Susiane. M. Sanson, missionnaire apostolique sur les lieux, & par conséquent plus croyable que M. de Lisle, dit que le Laurestan est le royaume des Elamites; qu'il confine à la Susiane au midi, au fleuve Tigre à l'occident, & qu'il a la Médie inférieure au septentrion. Courbabat, forteresse où loge le gouverneur, en est le lieu principal. (D. J.)

LAURETS (Page 9:316)

LAURETS, s. m. (Hist. mod.) étoient les pieces d'or frappées en 1619, sur lesquelles étoit représenté la tête du roi couronnée de lauriers. Il y en avoit à 20 schellings, marquées X, X, à 10 schellings, marquées X, & à 5 schellings, marquées V. Harris, Supplém.

LAURIACUM (Page 9:316)

LAURIACUM, (Géog. anc.) ville principale du Norique, qu'Antonin met à 26 mille pas d'Ovilabis. Lazius & Brunschius croient que c'est Ens en Autriche; Simler pense que c'est Lorch, qui n'est plus qu'un village sur le Danube, vis - à - vis de Mathausen. (D. J.)

LAURIER (Page 9:316)

LAURIER, laurus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, faite en forme de bassin & découpée; il sort du fond de la fleur un pistil qui devient dans la suite un fruit en forme d'oeuf ou une baie; il y a sous l'écorce de cette baie une coque qui renferme une semence presque de la même forme que la baie. Tournefort. Inst. rei. herb. V. Plante.

Le laurier est un arbrisseau dont il y a différens genres qui se divisent en plusieurs especes ou variétés. Par le mot laurier simplement, on entend ordinairement l'espece de laurier qui a été connue dans la plus haute antiquité, & que l'on nomme laurierfranc, laurier commun ou laurier - jambon, & en Bourgogne laurier - sauce; mais il y a encore plusieurs autres arbrisseaux, auxquels on donne aussi le nom de laurier, quoique d'un genre tout différent, & quoiqu'il n'aient aucune analogie ni ressemblance avec le laurier - franc; tels sont le laurier - royal, le lauriercerise, le laurier - tin, le laurier - rose, le laurier - alexandrin; tous ces arbrisseaux ont une qualité qui leur est commune: ils sont toujours verds; mais il y a tant de différence dans leur culture, leur tempérament & leurs propriétés, dans la façon de les multiplier, de les cultiver & conduire, qu'il faut traiter de chacun séparément.

Le laurier - franc est connu de tout le monde. C'est un arbre toujours verd, de moyenne grandeur, qui se plaît dans les pays chauds: on le trouve communément en Grece & en Italie. Il ne s'éleve dans nos provinces septentrionales qu'à environ vingt piés; mais plus ordinairement, on ne l'y voit que sous la forme d'un arbrisseau. Il prend une tige droite & sans noeud, dont l'écorce est brune & unie; ses feuilles sont entieres, luisantes & fermes; elles sont placées alternativement sur les branches & de la plus belle verdure. Ses fleurs d'un blanc jaunâtre, ont [p. 317] peu d'agrément; elles paroissent au commencement de Mai, & elles durent pres d'un mois. Les fruits qui leur succedent, sont de la grosseur d'une petite cerise; ce sont des baies oblongues, vertes au commencement & noires en murissant; elles sont odorantes, aromatiques, huilleuses & ameres au goût. Cet arbre vient dans tous les terreins; mais il se plaît sur - tout dans une terre fraîche, bien substantielle, & il aime l'ombre. On peut le multiplier de semences, de branches couchées & de boutures. Ce dernier moyen est aussi long qu'incertain; on avance un peu plus en couchant les branches, mais elles ne produisent que des plans défectueux & languissans; il vaut mieux semer, c'est la voie la plus courte, la plus sure & la plus satisfaisante à tous égards. Il faut ceuillir les baies du laurier au mois de Janvier, qui est le tems de leur maturité. On peut les semer tout de suite, ou les mettre dans du sable pour attendre le mois de Mars. On fera bien de les faire tremper dans l'eau pendant vingt - quatre heures avant de les semer. Dans ce dernier cas, elles leveront au bout de deux mois: les jeunes plants prendront cette premiere année trois ou quatre pouces de hauteur, & la plûpart s'éleveront l'année suivante à environ un pié. Alors ils seront plus en état qu'à tout autre âge, d'etre transplantés dans la place qu'on leur destine. Pendant les trois ou quatre premieres années, l'hiver est un tems bien critique pour ces arbres; il faudra avoir grand soin de les couvrir de paille dans cette saison, & sur - tout durant le hâle de Mars qui est le fléau des arbres toujours verds, lorsqu'ils sont jeunes ou nouvellement transplantés. Le laurier est peut - être de tous les arbres de cette qualité celui qui réussit le moins à la transplantation. Le mois d'Avril est le tems le plus convenable pour cette opération; c'est - à - dire un peu avant qu'il ne commence à pousser. Si on vouloit en faire des plantations un peu considérables, en avancer le progrès, s'assurer du succès & se procurer de beaux arbres; il faudroit les semer sur la place & dans l'arrangement où ils devroient rester. Le plus grand agrément qu'on puisse tirer de cet arbre, c'est de le mettre en pallssade pour garnir un mur. On fait quelqu'usage des baies du laurier; elles servent aux teinturiers: on en tire une huile qui est de quelqu utilite en Médecine; mais les maréchaux l'applicuent dans bien des cas. Ses feuilles, lorsqu'elles sont seches, entrent dans plusieurs ragoûts de la vieille caisine. Il y a plusieurs variétés de cet arbre. Le lat rier à larges feuilles, qui est le plus robuste de tous: le laurier à fleur double, dont lá rareté fait le mérite: le laurier à feuilles ondées, minutie dont on fait peu de cas: & le laurier à feuilles panachées de jaune, qui a plus d'agrément que les autres, mais aussi il est plus délicat; il faut le traiter comme les arbrisseaux de l'orangerie. On peut le multiplier par la gresse comme les autres variétés.

Le laurier - cerise est un bel arbre de moyenne grandeur, qui est toujours verd: il nous est venu de la Natolie en Turquie, son pays naturel, il y a environ deux cens ans. On ne voit guere ce laurier sous la forme d'un arbre dans la partie septentrionale de ce royaume, parce qu'il n'est pas assez robuste pour y prendre tout son accoissement; & comme on est réduit à le tenir en palissade à des expositions qui lui conviennent, on ne le connoît que sous la forme d'un arbrisseau. Il pousse des tiges assez droites, grosses & fermes. Son écorce est brune & unie sur le vieux bois, mais elle est d'un verd jaunâtre sur les nouvelles branches. Ses feuilles sont grandes, oblongues, unies, douces & fermes au toucher, d'un verd tendre des plus brillans. Ses fleurs paroissent au commencement de Mai; elles sont blanches, sans odeur, & disposées en longues grappes. Les fruits qui en viennent sont rouges, charnus, & ressemblent à une cerise; ce qui a fait donner à l'arbre le nom de lanrier - cerise: ils sont doux, assez agréables au goût; on peut les manger sans inconvénient. Cet arbre s'accommode de tous les terreins, pourvû qu'il y ait de la profondeur, de la fraîcheur & de l'ombre. Il se plaît sur - tout parmi les autres arbres. Il croît très promptement, il lui faut peu de culture, & il se multiplie aisément de semence, de branches couchées, de boutures, & par les rejettons qui croissent au pié des vieux arbres. On seme les noyaux du fruit en automne, les branches couchées se font au printems, & les boutures au mois de Juillet: par ce dernier moyen on peut avoir au bout de quatre ans des plans de 8 à 9 piés de haut. Cet arbre réussira difficilement à la transplantation, si les plants sont âgés de plus de deux ou trois ans. L'automne est le tems le plus propre à cette opération. Suivant les auteurs anglois qui ont écrit sur la culture des arbres, le laurier - cerise se greffe sur le corisier, & il forme un bel arbre; cependant par quantité d'épreuves que j'ai vû faire à ce sujet, cette greffe ne réussit que pendant deux ou trois années, & souvent dès la seconde la greffe meurt avec le sujet. Ce laurier n'est pas assez robuste pour résister au froid dans des places isolées; il seroit souvent exposé dans ce cas à être mutilé par les gelées des hivers rigoureux, & même à être desséché jusqu'au pié. Il est ai que ses racines donnent de nouveau rejettons, mais cela ne dédommage pas suffisamment. Le meilleur parti qu'on en puisie tirer pour l'agrément, c'est de le placer dans des bosquets d'arbres toujours verds, où il se fera distinguer par la brillante verdure de son feuillage. On peut aussi en former de hautes palissades contre des murs à l'exposition du nord, il y sera moins sujet à être endommagé par la gelée que s'il étoit placé au midi. La feuille de ce laurier est de quelque usage à la cuisine pour donner au lait & à sa crême un goût d'amandes ameres. Mais la liqueur tirée de ces mêmes feuilles par la distillation, peut produire des effets très - pernicieux. On connoît deux variétés & deux especes differentes de cet arbre; l'une des variétés a les feuilles panachées de jaune, & l'autre de blanc. Toutes les deux n'ont pas grande beauté. Les autres especes de ce laùrier sont le laurier - cerise de la Louisiane ou laurier - amande: cet arbre est encore si rare en France, qu'on ne peut entrer dans un détail circonstancié à son sujet. Il y a lieu de croire qu'il pourra venir en plein air dans ce climat, puisqu'il a deja passé plusieurs hivers en pleine terre dans les jardins de M. le duc d'Ayen à Saint - Germain - en laye. Sa feuille a beaucoup de ressemblance avec celle du laurier - franc, néanmoins elle a l'odeur & le goût de l'amande amere. La seconde espece est le lauriercerise de Portugal, ou l'azarero des Portugais; c'est l'un des plus jolis arbrisseaux toujours ver ls. Il s'éleve bien moins que le laurier - cerise ordinaire; sa feuille est aussi moins grande, mais elle est d'un verd encore plus brillant: la queue des feuilles & l'écorce des jeunes rejettons sont d'une couleur rougeâtre fort vive. L'arbrisseau se couvre au mois de Juin de grosses grappes de fleurs, dont la blancheur & la douce odeur frappent & saisissent de loin; & en automne, les fruits ne font pas un moindre agrément lors de leur maturité. L'azarero est plus délicat que l'espece commune; il lui faut un bon terrein, qui ne soit ni trop sec, ni trop humide, & la meilleure exposition pour résister en pleine terre à nos hivers ordinaires. On peut le multiplier par les mêmes moyens, & aussi facilement que le laurier - cerise commun, sur lequel on peut aussi le gresser. Cet arbrisseau se garnit au pié de beaucoup de branches qui s'étendent & s'inclinent, ensorte qu'il faut le soigner pour lui faire prendre une tige & lui former une

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