ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"278"> de cette traverse qui vient aboutir au pilier de devant, n'a point ce trou à cause du passage de la sicelle du blin, qui doit s'aller entortiller autour de la broche de l'arbre du moulin; la traverse croisée d'en - bas a à son centre une petite entaille quarrée pour recevoir le tourillon quarré de la grande table ronde du fond. Voyez Blin, Arbre du Moulin , &c.

Lanternes (Page 9:278)

Lanternes fête des, (Hist. de la Chine.) fête qui se célebre à la Chine le quinzieme jour du premier mois, en suspendant ce jour - là dans les maisons & dans les rues un très - grand nombre de lanternes allumées.

Nos missionnaires donnent pour la plûpart des descriptions si merveilleuses de cette fête chinoise, qu'elles sont hors de toute vraissemblance; & ceux qui se sont contentés d'en parler plus simplement, nous représentent encore cette fête comme une chose étonnante, par la multiplicité des lampes & des lumieres, par la quantité, la magnificence, la grandeur, les ornemens de dorure, de sculpture, de peinture & de vernis des lanternes.

Le P. le Comte prétend que les belles lanternes qu'on voit dans cette fête, sont ordinairement composées de six faces ou panneaux, dont chacun fait un cadre de quatre piés de hauteur, sur un pié & demi de large, d'un bois verni, & orné de dorures. Ils y tendent, dit - il, une fine toile de soie transparente, sur laquelle on a peint des fleurs, des rochers, & quelquefois des figures humaines. Ces six panneaux joints ensemble, composent un hexagone, surmonté dans les extrémités de six figures de sculpture qui en font le couronnement. On y suspend tout autour de larges bandes de satin de toutes couleurs, en forme de rubans, avec d'autres ornemens de soie qui tombent par les angles sans rien cacher de la peinture ou de la lumiere. Il y a tel seigneur, continue le voyageur missionnaire, qui retranche toute l'année quelque chose de sa table, de ses habits & de ses équipages, pour être ce jour - là magnifique en lanternes. Ils en suspendent à leurs fenêtres, dans leurs cours, dans leurs salles & dans les places publiques. Il ne manquoit plus au R. P. le Comte, pour embellir son récit, que d'illuminer encore toutes les barques & les vaisseaux de la Chine, des jolies lanternes de sa fabrique.

Ce qu'on peut dire de vrai, c'est que toutes les illuminations qui de tems immémorial se font de maniere ou d'autre par tout pays, sont des coutumes que le monde conserve des usages du feu, & du bien qu'il procure aux hommes. (D. J.)

LANTERNIER (Page 9:278)

LANTERNIER, s. m. (Gramm. Art. méch.) c'est l'ouvrier qui fait les lanternes: l'on dit ferblantier, lanternier, voyez Ferblantier. On donne encore le nom de lanternier à celui qui allume les lanternes qui éclairent la nuit les rues de Paris.

LANTERNISTE (Page 9:278)

LANTERNISTE, s. m. (Hist. litt.) nom d'académiciens établis à Toulouse. Ils prirent ce nom des petites lanternes avec lesquelles ils se rendoient à leurs assemblées qui se tenoient la nuit.

LANTHU (Page 9:278)

LANTHU, s. m. (Hist. mod.) nom d'une secte de la religion des Tunquinois, peuple voisin des Chinois. C'est la même que ceux - ci nomment lançu ou lanzu. Voyez Lançu.

Les peuples du Tunquin ont encore plus de vénération pour le philosophe auteur de cette secte, que n'en témoignent les Chinois. Elle est principalement fondée sur ce qu'il leur a enseigné une partie de la doctrine de Chacabout, voyez Chacabout.

Tavernier dans son voyage des Indes, ajoûte que ce prétendu prophete se concilia l'affection des peuples, en excitant les grands & les riches à fonder des hôpitaux dans les villes où avant lui on ne connoissoit pas ces sortes d'établissemens. Il arrive souvent que des seigneurs du royaume & des bonzes s'y retirent pour se consacrer au service des malades.

LANTIONE (Page 9:278)

LANTIONE, s. f. (Marine.) c'est un bâtiment en usage dans les mers de la Chine, sur - tout pour les corsaires de ce pays. Il approche beaucoup de nos galeres; il a seize rangs de rameurs, huit à chaque côté, & six hommes à chaque rang.

LANTOR (Page 9:278)

LANTOR, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre qui croît dans l'île de Java; il est d'une hauteur extraordinaire; ses feuilles ont cinq ou six piés de longueur; elles sont très - fermes & très - unies, au point qu'on peut s'en servir pour y tracer avec un crayon ou un poinçon de fer: aussi servent - elles de papier aux habitans de l'île de Java.

LANUGI (Page 9:278)

LANUGI, (Géogr.) marquisat d'Italie dépendant du grand duché de Toscane.

LANUGINEUX (Page 9:278)

LANUGINEUX, adj. (Gramm. & Botan.) qui est velu & couvert d'un duvet semblable à la laine. On dit de quelques plantes qu'elles ont la feuille lanugineuse.

LANUSURE (Page 9:278)

LANUSURE, s. f. (Plombier.) piece de plomb qui se place au droit des arrêtieres & sous les amortissemens. On l'appelle aussi basque.

LANUVIUM (Page 9:278)

LANUVIUM, (Géogr. anc.) aujourd'hui Civita - Indovina; petite ville d'Italie dans le Latium, à 15 milles de Rome, sur la voie Appienne. Il y avoit un temple à Lanuvium dédié à Junon Conservatrice. Tite - Live, liv. XXII. ch. j. fait mention des sacrifices qui y furent décernés; mais les anciens auteurs parlent encore davantage du champ de divination, nommé solonius campus, qui se trouvoit dans le territoire de cette ville.

Ce champ servoit d'asyle à un vieux & redoutable serpent, qui toutes les années dans la saison du printems, lorsque la terre reprend une nouvelle vie, venoit demander de la nourriture à certain jour fixe. Une fille du lieu, encore vierge, étoit chargée de la lui offrir; cependant avec quelle crainte ne devoit - elle pas approcher du serpent terrible, & quelle épreuve pour son honneur! Ce reptile ne vouloit recevoir d'aliment que d'une main pure & chaste. Malheur aux jeunes filles qui lui en auroient offert après avoir eu des foiblesses! Pour les autres, elles étoient rendues à leurs parens; elles étoient comblées de caresses, & l'air retentissoit de cris de joie qui sur ce favorable augure annonçoient au pays la récolte la plus abondante.

Properce, Eleg. 8. liv. IV. a décrit cette cérémonie, & le roi de France possede dans son cabinet une belle pierre gravée qui en donne la représentation. Un jeune homme, dit M. Mariette, se baisse pour prendre la corbeille my stérieuse dans laquelle est le serpent: cet animal va paroître; & la fille aussi modeste que timide, s'avance tenant une paterre & un vase rempli de lait ou de miel. Son pere & sa mere qui l'accompagnent, semblent implorer sur elle l'assistance des dieux; & le satyre qui les suit & qui leve le bras en signe d'acclamation, nous apprend le succès de l'épreuve, & les avantages que les habitans de la campagne en vont retirer.

Je trouve dans les Annales historiques que Quirinus (Publius Sulpicius), consul romain, mort l'an 22 de Jesus - Christ, naquit à Lanuvium; il acheva le dénombrement de la Judée qu'avoit commencé Sentius Saturnius; du - moins nous avons lieu de présumer que c'est le même qui est appellé Cyrénius dans l'évangile de saint Luc. Il mérita l'honneur du triomphe par ses victoires, & devint gouverneur de Caïus, petit - fils d'Auguste.

Mais Lanuvium avoit encore plus sujet de se glorifier d'avoir donné la naissance à l'empereur Marc Antonin, ce prince admirable, qui par sa sagesse & sa modération s'attira l'amour de ses sujets & les hommages des barbares. Il mourut dans le sein du [p. 279] repos l'an 161 de l'ere chrétienne, comblé d'années & regrété de l'univers.

Les tyrans inhumains périssent dans la rage; Mais Antonin, Trajan, Marc - Aurele, Titus, Ont eu des jours serains sans nuit & sans orage, Purs comme leurs vertus. (D. J.)

LANZO (Page 9:279)

LANZO, Axima, (Géogr.) ville d'Italie au Piémont, sur la Sture, à 8 lieues de Suze, 5 N. O. de Turin. Long. 25. 8. lat. 45. 2.

LAO ou LAOS (Page 9:279)

LAO ou LAOS, (Géogr.) grand royaume d'Asie au - delà du Gange. Il est situé sous le même climat que Tonquin, & séparé des états voisins par des forêts & par des deserts: aussi trouve - t - on de grandes difficultés à y aller par terre, à cause des hautes montagnes; & par eau, à cause des rochers & des cataractes dont la riviere est pleine.

Ce royaume est borné au nord par la province chinoise nommée Yunnam; à l'orient, par des monts élevés, par le Tonquin & par la Cochinchine; au midi, par Cambodia; & au couchant, par de nouvelles montagnes qui le séparent des royaumes de Siam & d'Ava. Un bras du Gange traverse le pays, qu'il rend navigable: de sorte que les habitans de Cambodia y vont tous les ans dans leurs proues ou bateaux pour trafiquer. La capitale est nommée Lanchang par M. de Lisle, & Landjam par Koempfer.

Le pays de Lao produit en abondance la meilleure espece de riz, de musc, de benjoin & de gomme laque qu'on connoisse; il procure quantité d'ivoire par le grand nombre d'éléphans qui s'y trouvent; il fournit aussi beaucoup de sel, quelques perles & quelques rubis. Les rivieres y sont remplies de poisson.

Le roi de Lao est le prince le plus absolu qu'il y ait au monde; car son pouvoir est despotique dans les affaires religieuses & civiles: non - seulement toutes les charges, honneurs & emplois dépendent de lui, mais les terres, les maisons, les héritages, les meubles, l'or & l'argent de tous les particuliers lui appartiennent, sans que personne en puisse disposer par testament. Il ne se montre à son peuple que deux fois l'année; & quand il lui fait cette grace, ses sujets par reconnoissance tâchent de le divertir de leur mieux par des combats de lutteurs & d'éléphans.

Il n'y a que sept grandes dignités ou vice - royautés dans ses états, parce que son royaume n'est divisé qu'en sept provinces: mais il y a un viceroi général pour premier ministre, auquel tous les autres vicerois obéissent: ceux - ci commandent à leur tour aux mandarins ou seigneurs du pays de leur district.

La religion des Langiens, c'est ainsi qu'on appelle les peuples de Lao, est la même que celle des Siamois, une parfaite idolatrie, accompagnée de sortileges & de mille superstitions. Leurs prêtres, nommés talapoins, sont des misérables, tirés d'ordinaire de la lie du peuple; leurs livres de cérémoies religieuses sont écrits comme ceux des Pégans & des Malabariens, sur des feuilles de palmier, avec des touches de terre.

La polygamie regne dans ce pays - là, & les jeunes garçons & filles y vivent dans la plus grande incontinence. Lorsqu'une femme est nou vellement accouchée, toute la famille se rend chez elle & y passe un mois en repas, en festins & en jeux, pour écarter de sa maison les magiciens, les empêcher de faire perdre le lait à la mere & d'ensorceler l'enfant.

Ces peuples font encore une autre fête pendant trente jours au décès de leurs parens. D'abord ils mettent le mort dans un cercueil bien enduit partout de bitume; il y a festin tous les jours pour les alapoins, qui emploient une partie du tems à conduire, par des chansons particulieres, l'ame du mort dans le chemin du ciel. Le mois expiré, ils éle<cb-> vent un bucher, y posent le cercueil, le brûlent & ramassent les cendres du mort, qu'ils transportent dans le temple des idoles. Après cela, on ne se souvient plus du défunt, parce que son ame est passée, par la transmigration, au lieu qui lui étoit destiné.

Les Langiens ressemblent aux Siamois de figure, avec cette seule différence qu'ils sont plus déliés & plus basannés; ils ont de longues oreilles comme les Pégouans & les habitans des côtes de la mer; mais le roi de Lao se distingue personnellement par le vuide des trous de ses oreilles. On commence à les lui percer dès la premiere enfance, & l'on augmente chaque mois l'ouverture, en employant toûjours de plus grosses cannules, jusqu'à ce qu'enfin les oreilles trouées de sa majesté aient atteint la plus grande longueur qu'on puisse leur procurer. Les femmes qui ne sont pas mariées portent à leurs oreilles des pieces de métal; les hommes se font peindre les jambes depuis la cheville du pié jusqu'au genou, avec des fleurs inéffaçables à la maniere des bras peints des Siamois: c'est - là la marque distinctive de leur religion & de leur courage; c'est à - peu - près celle que quelques fermiers d'Angleterre mettent à leurs moutons qu'ils font parquer dans des communes. (D. J.)

LAOCOON le (Page 9:279)

LAOCOON le, (Sculpt. antiq.) c'est un des plus beaux morceaux de sculpture grecque que nous possédions; il est de la main de Polydore, d'Athenodore & d'Agesandre, trois excellens maîtres de Rhodes, qui le taillerent de concert d'un seul bloc de marbre.

Cet ouvrage célebre fut trouvé à Rome dans les ruines du palais de Titus, au commencement du xvj. siecle, sous le pontificat de Jules II. & passa depuis dans le palais Farnese. De tous ceux qui l'ont pu voir, il n'est personne qui doute de l'art supérieur des anciens à donner une ame vraiment noble, & prêter la parole au marbre & au bronze.

Laocoon, dont tout le monde sait l'histoire, est ici représenté avec ses deux fils, dans le tems que les deux affreux serpens, sortis de l'île de Ténédos, l'embrassent, se replient au - tour de son corps, le rongent & l'infectent de leur venin: lisez ce qu'en dit Virgile.

Serpens amplexus uterque Implicat & miseros morsu depascitur artus; Corripiunt, spirisque ligant ingentibus, & jam Bis medium amplexit, bis collo squamea circùm Terga dati, superant capite, & cervicibus altis.

Mais que l'expression des figures du Laocoon de la Grece est supérieure au tableau du poëte de Rome! vous n'en douterez point après avoir vû le jugement brillant qu'en porte un moderne, connoisseur en ces matieres. Je vais le laisser parler lui - même.

Une noble simplicité, nous dit - il, est sur - tout le caractere distinctif des chefs - d'oeuvre des Grecs: ainsi que le fond de la mer reste toûjours en repos, quelqu'agitée que soit la surface, de même l'expression que les Grecs ont mise dans leurs figures fait voir dans toutes les passions une ame grande & tranquille: cette grandeur, cette tranquilité regnent au milieu des tourmens les plus affreux.

Le Laocoon en offre un bel exemple: lorsque la douleur se laisse appercevoir dans tous les muscles & dans tous les nerfs de son corps, au point qu'un spectateur attentif ne peut presque pas s'empêcher de la sentir; en ne considérant même que la contraction douloureuse du bas - ventre, cette grande douleur ne se montre avec furie ni dans le visage ni dans l'attitude. Laocoon, prêtre d'Apollon & de Neptune, ne jette point de cris effroyables, comme nous l'a représenté Virgile: l'ouverture de sa bouche ne l'indique pas, & son caractere aussi ferme qu'héroïque ne souffre point de l'imaginer; il pousse plûtôt des soupirs profonds, auxquels le comble du mal ne sem<pb->

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