ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"280"> ble pas permettre un libre cours; & c'est ainsi que le frere du fondateur de Troie a été dépeint par Sadolet. La douleur de son corps & la grandeur de son ame sont pour ainsi dire combinées la balance à la main, & repandues avec une force égale dans toute la configuration de la statue. Laocoon souffre beaucoup, mais il souffre comme le Philoctete de Sophocle: son malheur nous pénetre jusqu'au fond de l'ame, mais nous souhaitons en même tems de pouvoir supporter le malheur comme ce grand homme le supporte: l'expression d'une ame si sublime surpasse de beaucoup la représentation de la nature. Il falloit que l'artiste de cette expression sentît en lui - même la force de courage qu'il vouloit imprimer à son marbre. C'est encore un des avantages de l'ancienne Grece, que d'avoir possédé des artistes & des philosophes dans les mêmes personnes. La sagesse prêtant la main à l'art, mettoit dans les figures des ames élevées au - dessus des ames communes.

Si l'artiste eût donné une draperie à Laocoon, parce qu'il étoit revêtu de la qualité de prêtre, il nous auroit à peine rendu sensible la moitié de la douleur que souffre le malheureux frere d'Anchise. De la façon au contraire dont il l'a représenté, l'expression est telle, que le Bernin prétendoit découvrir dans le roidissement de l'une des cuisses de Laocoon le commencement de l'effet du venin du serpent. La douleur exprimée toute seule dans cette statue de Laocoon auroit été un défaut. Pour réunir ce qui caractérise l'ame & ce qui la rend noble, l'artiste a donné à ce chef - d'oeuvre une action qui dans l'excès de douleur approche le plus de l'état du repos, sans que ce repos dégénere en indifférence ou en une espece de léthargie.

Il est des censeurs qui n'applaudissant qu'à des ouvrages où dominent des attitudes extraordinaires & des actions rendues avec un feu outré, n'applaudissent point à ce chef - doeuvre de la Grece: de tels juges ne veulent sans doute que des Ajax & des Capanées. Il faudroit pour mériter leurs suffrages que les figures eussent une ame semblable à celle qui sort de son orbite, mais on connoîtra le prix solide de la statue de Laocoon en se familiarisant avec les ouvrages des Grecs, & en contractant pour ainsi dire l'habitude de vivre avec eux. Prens mes yeux, disoit Nicomaque à un homme qui osoit critiquer l'Helene de Zeuxis, prens mes yeux, & tu la trouveras divine.

Pline prit les yeux de Nicomaque pour juger du Laocoon. Selon lui la peinture ni la fonte n'ont jamais rien produit de si parfait. Opus omnibus, dit - il, & picturoe & statuaria artis, proeferendum, lib. XXXVI. ch. v. C'est aussi le premier des morceaux qui ayent été représentés en taille - douce dans le livre des anciennes statues de la ville de Rome, mis au jour par Laurent Vaccarius en 1584. On a en France quelques copies de celui du palais Farnese, & en particulier celle qui est en bronze à Trianon. Ce fameux grouppe se trouve encore sur une gravure antique du cabinet du roi; on remarque sur le devant un brasier, & dans le fond le commencement du frontispice du temple pour le sacrifice que ce grand - prêtre & ses enfans faisoient à Neptune lorsque les deux horribles serpens vinrent les envelopper & leur donner la mort. Enfin le Laacoon a été gravé mer veilleusement sur un amétyste par le célebre Sirlet, & cet ouvrage passe pour son chef - d'oeuvre. (D. J.)

LAODIGÉE (Page 9:280)

LAODIGÉE, (Géog. anc.) LAODI/KEA, Laodicea; les Géographes nomment sept villes de ce nom, qu'il importe de distinguer ici.

1°. Laodicée sur le Lycus, Laodicea ad Lycum, & les habitans Laodiceni dans Tacite, est une ville célebre d'Asie, dans la Carie, située près du fleuve Lycus, qui se perd dans le Méandre, à dix lieues de la ville de Colosse au N. E. & à deux lieues d'Hiéra<cb-> polis au S. Pline assure que ses murs étoient baignés par l'Asopus & le Caprus. Il ajoute qu'elle fut d'abord appellée Diospolis, & ensuite Rhoas.

L'origine du nom Laodicée, vient de ce qu'elle avoit été établie par Antiochus fils de Stratonice, dont la femme s'appelloit Laodicée. S. Paul en parle dans son épître aux Colossiens, & l'auteur de l'Apocalypse la nomme entre les sept églises, auxquelles l'Esprit - Saint adresse ses reproches. Ciceron, liv. II. ép. 17. liv. III. ép. 5. & 20. la représente comme une ville fameuse & de grand commerce, où l'on changeoit son argent, & Tacite dit quelque part: « la même année, Laodicée, l'une des villes illustres de l'Asie, étant presque abîmée par un tremblement de terre, se releva sans nous, & par ses propres forces ».

Il y a une médaille de l'empereur Commode, où Laodicée & les deux rivieres, le Lycus & le Caprus, sont spécifiées LAADIHEIA, LU/KOS2, KA/PROS2.

On voit encore aujourd'hui par ses décombres, que c'étoit une fort grande ville; il y avoit trois théatres de marbre, dont il subsiste même de beaux restes. Près d'un de ces théatres, on lit une inscription greque à l'honneur de Tite - Vespasien - Les Tures appellent les ruines de cette ville eskihissar, c'est - à - dire vieux château: elle étoit archiépiscopale. On y a tenu divers conciles, dont le plus considérable fut en 314, selon Baronius, & selon d'autres auteurs, en 352. Suivant Ptolomée, sa longitude est 59. 15. latitude 38. 40.

Laodicée (Page 9:280)

Laodicée, près du Liban, ville d'Asie en Syrie, dans un pays qui en prenoit le nom de Laodicene, selon Ptolomée, l. V. c. xv. qui la distingue par le nom de Cabiosa Laodicea. Elle étoit sur l'Oronte, entre Emese & Paradisus, peu loin du Liban. Elle est nommée sur les médailles d'Antonin, de Caracalla, & de Severe, *DAODIK. PROS2. *DIBAN; elle est aussi nommée dans le Digeste, lege I. de Censibus, . 3. où il est dit, qu'elle étoit dans la Caelésyrie, & que l'empereur Severe lui avoit accordé les droits attachés aux villes d'Italie, à cause des services qu'elle avoit rendus pendant la guerre civile. Long. selon Ptolomée, 69. 40. lat. 33. 45.

Laodicée (Page 9:280)

Laodicée sur la mer, ville de Syrie, située au bord de la mer: elle est bien bâtie, dit Strabon, avec un bon port, & jouit d'un territoire fertile en grains, & en bons vignobles, qui lui produisent beaucoup de vin. Lentulus le fils, mande dans une lettre à Ciceron, lib. XII. epist. xiv, que Dolabella exclus d'Antioche, n'avoit point trouvé de ville plus sûre pour s'y retirer, que Laodicée en Syrie sur la mer.

Il y a des médailles expresses de cette Laodicée, & sur lesquelles on lit *DAODI/KEION W=ROS2 *QALA/SSAN, Laodicensium qui sunt ad mare. Pline, l. V. c. xxj. nous désigne sa situation sur une pointe de terre, & l'appelle Laodicée libre, promontorium in quo Laodicea libera. Ammien Marcellin la met du nombre des quatre villes qui faisoient l'ornement de la Syrie, Antioche, Laodicée, Apamée, & Séleucie. Elle avoit ainsi que les trois autres, reçu son nom de Seleucus; il nomma la prerniere du nom de son pere, la seconde de celui de sa mere, la troisieme de celui de sa femme, & la quatrieme du sien propre. Le P. Hardouin croit que c'est présentement Latakie. La long. selon Ptolomée, 68. 30. lat. 35. 6.

Laodicée (Page 9:280)

Laodicée, surnommée la Brûlée, Laodicea combusta, *DASDI/KEA *KATAKIXEKAME/NH, ville d'Asie, que les uns mettent dans la Pisidie, d'autres en Phrygie; d'autres enfin dans la Lycaonie, parce qu'elle étoit aux confins de ces différens pays. Son surnom lui vient de la nature de son terrein, qui paroissoit brûlé, & qui étoit fort sujet aux tremblemens de terre. Ptolomée fixe sa long. à 62. 40. sa lat. à 39. 40.

Laodicée (Page 9:280)

Laodicée, ville d'Asie, aux confins de la Mé<pb-> [p. 281] die & de la Perse propre. Strabon & Etienne le géographe placent cette ville en Médie.

Laodicée (Page 9:281)

Laodicée, ville de la Mésopotamie, bâtie par Seleucus, & à laquelle il avoit donné le nom de sa mere.

Laodicée (Page 9:281)

Laodicée, cette septieme Laodicée étoit au Péloponnese, dans la Mégapolitide, selon Polybe, l. II, ou dans l'Orestide, selon Thucydide, l. IV. c'est la même que la Ladoncea de Pautanias. (D. J.)

LAO - KIUN (Page 9:281)

LAO - KIUN, (Hist. mod. & Philosophie.) c'est le nom que l'on donne à la Chine à une secte qui porte le nom de son fondateur. Lao - Kiun naquit environ 600 ans avant l'ere chrétienne. Ses sectateurs racontent sa naissance d'une maniere tout - à - fait extraordinaire; son pere s'appelloit Quang; c'étoit un pauvre laboureur qui parvint à soixante & dix ans, sans avoir pu se faire aimer d'aucune femme. Enfin, à cet âge, il toucha le coeur d'une villageoise de quarante ans, qui sans avoir eu commerce avec son mari, se trouva enceinte par la vertu vivifiante du ciel & de la terre. Sa grossesse dura quatre - vingt ans, au bout desquels elle mit au monde un fils qui avoit les cheveux & les sourcils blancs comme la neige; quand il fut en âge, il s'appliqua à l'étude des Sciences, de l'Histoire, & des usages de son pays. Il composa un livre intitulé Tau - Tsé, qui contient cinquante mille sentences de Morale. Ce philosophe enseignoit la mortalité de l'ame; il soutenoit que Dieu étoit matériel; il admettoit encore d'autres dieux subalternes. Il faisoit consister le bonheur dans un sentiment de volupté douce & paisible qui suspend toutes les fonctions de l'ame. Il recommandoit à ses disciples la solitude comme le moyen le plus sar d'élever l'ame au - dessus des choses terrestres. Ces ouvrages subsistent encore aujourd'hui; mais on les soupçonne d'avoir été altérés par ses disciples; leur maître prétendoit avoir trouvé le secret de prolonger la vie humaine au - delà de ses bornes ordinaires; mais ils allerent plus loin, & tâcherent de persuader qu'ils avoient un breuvage qui rendoit les hommes immortels, & parvinrent à accréditer une opinion si ridicule; ce qui sit qu'en appella leur secte la secte des Immortels. La religion de Lao - Kiun fut adoptée par plusieurs empereurs de la Chine: peu - à - peu elle dégénéra en un culte idolâtre, & finit par adorer des demons, des esprits, & des génies; on y rendit même un culte aux princes & aux héros. Les prêtres de cette religion donnent dans les superstitions de la Magie, des enchantemens, des conjurations; cérémonies qu'ils accompagnent de hurlemens, de contorsions, & d'un bruit de tambours & de bassins de cuivre. Ils se mêlent aussi de prédire l'avenir. Comme la superstition & le merveilleux ne manquent jamais de partisans, toute la sagesse du gouvernement chinois n'a pu jusqu'ici décréditer cette secte corrompue.

LAON (Page 9:281)

LAON, (Géog.) prononcez Lan, en latin Laodunum, ou Lodunum; mais on voit que les plus anciens l'appelloient Lugdunum, qui étoit surnommée Clavatum, ville de France en Picardie, capitale du Laonois, petit pays auquel elle donne son nom, avec un évéché suffragant de Reims; son commerce consiste en blé. Laon a été le siége des rois de la seconde race dans le x. siecle; il est situé fort avantageusement sur une montagne, à 12 lieues N. O. de Reims, 9 N. E. de Soissons, 31 N. E. de Paris. Long. 21d. 17'. 29". lat. 49d. 33'. 52".

Laon fut, dit - on, érigé en évéché l'an 496, sous le regne de Clovis; il faisoit auparavant une partie du diocèse de Reims.

Au - bas de Laon est une abbayè de silles, appellée Monireuil - les - Dames: cette abbaye est principalement connue par la Véronique ou sainte Face de Jesus - Christ, que l'on y conserve avec soin, & qui y attire en tout tems un grand concours de peuple; l'original de cette image est à Rome; celle - ci n'est qu'une copie, qui fut envoyée aux religieuses en 1249, par Urbain IV, qui n'étoit alors qu'archidiacre de Laon, & chapelain d'Innocent IV. Au bas du cadre où cette image est enchâssée, on voit une inseription, qui dans ces derniers tems, a donné de l'exercice à nos érudits, & a fait voir combien ils doivent se desier de leurs conjectures ingénieuses. Le P. Mabillon avoua cependant que les caracteres lui étoient inconnus; mais le P. Hardouin y découvrit un vers grec héxametre, & publia pour preuve une savante dissertation, qui eût entrainé tous les suffrages, sans un carme déchaussé, appellé le P. Honoré de sainte Catherine, lequel dit naturellement que l'inscription n'étoit point en grec, mais en sclavon. On méprisa le bon homme, son ignorance, & celle des Moscovites, de l'autorité desquels il s'appuyoit. Le Czar vint à Paris avec le prince Kourakin, & les princes Narisquin: on leur demanda par pure curiosité, s'ils connoissoient la langue de l'inscription; ils répondirent tous, que l'inseription portoit en caracteres selavons, les trois mots obras gospoden naoubrons, qui signifient en latin, imago Domini in limen, « l'image de notre Seigneur est ici encadrée ». On fut bien surpris de voir que le bon carme avoit eu raison contre tous les Savans du royaume, & on finit par se moquer d'eux.

Charles I. duc de Lorraine, fils de Louis d'Outremer, naquit à Laon en 953. On sait que Hugues Capet trouva le secret de se faire nommer à sa place roi de France en 987. Charles tenta vainement de soutenir son droit par les armes; il y réufsit si mal, qu'il fut arrêté, pris, & enfermé dans une étroite prison à Orléans, où il finit sa carriere trois ans après, c'est - à dire en 994. (D. J.)

LAONNOIS (Page 9:281)

LAONNOIS, (Géog.) petit pays de France en Picardie: il est borné au Nord par la Thiérache, au Levant par la Champagne, au Couchant & au Midi par le Soissonnois. La capitale de ce petit pays est Laon. Les autres lieux principaux sont Corbigny, Liesse, Coussi, Follenbray, Novion le Vineux. Ce dernier endroit n'est aujourd'hui qu'un village, dont les habitans doivent à leur seigneur une espece de taille de plusieurs muids de vin par an. Il intervint arrêt du parlement de Paris en 1505, confirmatif d'une sentence qui deboute les habitans de Novionle Vineux de leur demande, à ce que cette rente annuelle de vin fût fixée en argent. La fin de cet arrêt qui est en latin, mérite d'être remarquée: « Sauf toutefois à l'intimé, de faire aux appellans telle grace qu'il avisera bon être, à cause de la misere & calamité du tems ». Cette clause, qui sembleroit de nos jours inutile & ridicule, étoit alors sans doute de quelque poids, pour insinuer à un homme de qualité des considérations d'équité que le parlement n'osoit preserire lui - même. (D. J.)

LAOR (Page 9:281)

LAOR (bois de), Hist. nat. espece de bois des Indes, d'un goût fort amer, & à qui on attribue un grand nombre de propriétés médicinales qui n'ont point été suffisamment constatées.

LAOSYNACTE (Page 9:281)

LAOSYNACTE, s. m. (Hist. ecciés.) officier dans l'Eglise greque, dont la charge étoit de convoquen & d'assembler le peuple, ainsi que les diacres dans les occasions nécessaires. Ce mot vient de LA/OS2, peuple, & SUNA/GO, j'assemble. (D. J.)

LAPER (Page 9:281)

LAPER, v. n. (Gram.) il se dit de la maniere dont les animaux quadrupedes de la nature des chiens, des loups, des renards, &c. boivent l'eau ou mangent les choses fluides.

LAPEREAU (Page 9:281)

LAPEREAU, s. m. (Gram.) petit du lapin. Voyez Lapin.

LAPHISTIEN (Page 9:281)

LAPHISTIEN, Laphistius, (Littérat.) surnom de Jupiter, tiré du temple qu'on bâtit en son honneur

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