ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"142"> nale suppose l'e muet. Voyez remarques sur la prononciation, par M. Hardouin, secrétaire perpétuel de la société littéraire d'Arras, pag. 41. « L'articulation, dit - il, frappe toujours le commencement & jamais la fin du son; car il n'est pas possible de prononcer al ou il, sans faire entendre un e féminin après l; & c'est sur cet e féminin, & non sur l'a ou sur l'i que tombe l'articulation désignée par l; d'où il s'ensuit que ce mot tel, quoique censé monosyllabe, est réellement dissyllabe dans la prononciation. Il se prononce en effet comme telle, avec cette seule différence qu'on appuie un peu moins sur l'e feminin qui, sans être écrit, termine le premier de ces mots ». Je l'ai dit moi même ailleurs (art. H), « qu'il est de l'essence de toute articulation de précéder le son qu'elle modifie, parce que le son une fois échappé n'est plus en la disposition de celui qui parle, pour en recevoir quelque modification ».

Il me paroît donc assez vraissemblable que ce qui a trompé nos Grammairiens sur le point dont il s'agit, c'est l'inexactitude de notre ortographe usuelle, & que cette inexactitude est née de la difficulté que l'on trouva dans les commencemens à éviter dans l'écriture les équivoques d'expression. Je risquerai ici un essai de correction, moins pour en conseiller l'usage à personne, que pour indiquer comment on auroit pu s'y prendre d'abord, & pour mettre le plus de netteté qu'il est possible dans les idées; car en fait d'ortographe, je sais comme le remarque très - sagement M. Hardouin (pag. 54), « qu'il y a encore moins d'inconvénient à laisser les choses dans l'état où elles sont, qu'à admettre des innovations considérables ».

1°. Dans tous les mots où l'articulation l est suivie d'une diphtongue où le son prépositif n'est pas un e muet, il ne s'agiroit que d'en marquer exactement le son prépositif i après les ll, & d'écrire par exemple, feuilliage, gentilliesse, semilliant, carillion, mervellieux, milliant, &c.

2°. Pour les mots où l'articulation l est suivie de la diphtongue finale ie, il n'est pas possible de suivre sans quelque modification, la correction que l'on vient d'indiquer; car sil'on écrivoit pallie, abellie, vanillie, rouillie, ces terminaisons écrites pourroient se confondre avec celle des mots Athalie, Cornélie, Emilie, poulie. L'usage de la diérèze fera disparoître cette équivoque. On sait qu'elle indique la séparation de deux sons consécutifs, & qu'elle avertit qu'ils ne doivent point être réunis en diphtongue; ainsi la diérèze sur l'e muet qui est à la suite d'un i détachera l'un de l'autre, fera saillir le son i; si l'e muet final précédé d'un i est sans diérèze, c'est la diphtongue ie. On écriroit donc en effet pallie, abellie, vanillie, roullie, au lieu de pailie, abeille, vanille, rouille, parce qu'il y a diphtongue; mais il faudroit écrire, Athalië, Cornélie, Emilië, poulië, parce qu'il n'y a pas de diphtongue.

3°. Quant aux mots terminés par une seule l mouillée, il n'est pas possible d'y introduire la peinture de la diphtongue muette qui y est supprimée; la rime masculine, qui par - là deviendroit féminine, occasionneroit dans notre poésie un dérangement trop considérable, & la formation des pluriers des mots en ail deviendroit étrangement irréguliere. L'e muet se supprime aisément à la fin, parce que la nécessité de prononcer la consonne finale le ramene nécessairement; mais on ne peut pas supprimer de même sans aucun signe la diphtongue ie, parce que rien ne force à l'énoncer: l'ortographe doit donc en indiquer la suppression. Or on indique par une apostrophe la suppression d'une voyelle; une diphtongue vaut deux voyelles; une double apostrophe, ou plutôt afin d'éviter la confusion, deux points posés verticalement vers le haut de la lettre finale l pourroit donc devenir le signe analogique de la diphtongue supprimée ie, & l'on pourroit écrire bal, vermel, péril, seul, finoul, au lieu de bail, vermeil, péril, seuil, fenouil.

Quoi qu'il en soit, il faut observer que bien des gens, au lieu de notre l mouillée, ne font entendre que la diphtongue ie; ce qui est une preuve assurée que c'est cette diphtongue qui mouille alors l'articulation l: mais cette preuve est un vice réel dans la prononciation, contre lequel les parens & les instituteurs ne sont pas astez en garde.

Anciennement, lorsque le pronom général & indéfini on se plaçoit après le verbe, comme il arrive encore aujourd'hui, on inséroit entre deux la lettre l avec une apostrophe: « Celui jour portoit l'on les croix en processions en plusieurs lieux de France, & les appelloit l'on les croix noires ». Joinville.

Dans le passage des mots d'une langue à l'autre, ou même d'une dialecte de la même langue à une autre, ou dans les formations des dérivés ou des composés, les trois lettres l, r, u, sont commuables entre elles, parce que les articulations qu'elles représentent sont toutes trois produites par le mouvement de la pointe de la langue. Dans la production de n, la pointe de la langue s'appuie contre les dents supérieures, afin de forcer l'air à passer par le nez; dans la production de l, la pointe de la langue s'éleve plus haut vers le palais; dans la production de r, elle s'éleve dans ses trémoussemens brusqués, vers la même partie du palais. Voilà le fondement des permutations de ces lettres. Pulmo. de l'attique WNEU/MWN, au lieu du commun WNEU/MWN; illiberalis, illecebroe, colligo, au lieu de inliberalis, inlecebroe, conligo; pareillement lilium vient de LEI/<-> RION, par le changement de R en I; & au contraire varius vient de BALIO\S2, par le changement de L en G.

L est chez les anciens une lettre numérale qui signifie cinquante, conformément à ce vers latin:

Quinquies L denos numero designat habendos.

La ligne horisontale au - dessus lui donne une valeur mille fois plus grande. L vaut 50000.

La monnoie fabriquée à Bayonne porte la lettre L.

On trouve souvent dans les auteurs LLS avec une expression numérique, c'est un signe abrégé qui signifie sextertius le petit sexterce, ou sextertium, le grand sexterce. Celui - ci valoit deux fois & une demi - fois le poids de metal que les Romains appelloient libra (balance), ou pondo, comme on le prétend communément, quoi qu'il y ait lieu de croire que c'étoit plutôt pondus, ou pondum, i (pesée); c'est pour cela qu'on le représentoit par LL. pour marquer les deux libra, & par Spour designer la moitié, semis. Cette libra, que nous traduisons livre, valoit cent deniers (denarius); & le denier valoit 10 as, ou 10 s. Le petit sexterce valoit le quart du denier, & conséquemment deux as & un demi - as; ensorte que le sextertius étoit à l'as, comme le sextertium au pondus. C'est l'origine de la différence des genres: as sextertius, syncope de semistertius, & pondus sestertium, pour semistertium, parce que le troisieme as ou le troisieme pondus y est pris à moitié. Au reste quoique le même signe LLS désignât également le grand & le petit sesterce, il n'y avoit jamais d'équivoque; les circonstances fixoient le choix entre deux sommes, dont l'une n'étoit que la millieme partie de l'autre. (B. E. R. M.)

L (Page 9:142)

L. Dans le Commerce, sert à plusieurs sortes d'abréviations pour la commodite des banquiers, négocians, teneurs de livres, &c. Ainsi L. ST. signifie livres sterlings L. DE G. ou L. G. signifie livre de gros. L majuscule batarde, se met pour livres tournois, qui se marque aussi par cette figure ; deux [p. 143] petites lb liées de la sorte dénotent livres de poids. Voyez le Dictionnaire de Commerce. (G)

L (Page 9:143)

L, (Ecriture.) dans sa forme italienne, c'est la partie droite de l'i doublée avec sa courbe. Dans la coulée, c'est la 6e, 7e, 8e & 1re parties de l'o avec l'i répété; dans la ronde, c'est la 8e, 1re, 2e parties d'o & l'i répété avec une courbe seulement. Ces l se forment du mouvement mixte des doigts & du poignet. L'l italienne n'a besoin du secours du poignet que dans sa partie inférieure. Voyez nos Planches d'Ecriture.

LA (Page 9:143)

LA, (Grammaire.) c'est le féminin de l'article le. Voyez Article.

La (Page 9:143)

La, est en Musique le nom d'une des notes de la gamme inventée par Guy Aretin. Voyez A mila, & aussi Gamme. (S)

La (Page 9:143)

La, terme de Serrurier & de Taillandier; lorsque le fer est chaud, pour appeller les compagnons a venir frapper, le forgeron dit .

LAA, ou LAAB ou LAHA (Page 9:143)

LAA, ou LAAB ou LAHA, (Géog.) en latin Laha par Cuspinien, & Lava par Bonfinius; petite ville d'Allemagne, dans la basse Autriche, remarquable par la victoire qu'y remporta l'empereur Rodolphe d'Habsbourg en 1278, sur Ottocare roi de Bohéme, qui y fut tué. C'est ce qui a acquis l'Autriche & la Stirie à la maison qui les posséde aujourd'hui. Les Hongrois & le roi Béla furent aussi défaits près de Laab par les Bohémiens en 1260; elle est sur la Téya, à 12 lieues N. E. de Vienne. Long. 33. 36. lat. 48. 43. (D. J.)

LAALEM (Page 9:143)

LAALEM - Gésule, (Géog.) montagne d'Afrique au royaume de Maroc, dans la province de Sus. Le nom de Gésule, est un reste du mot Gétulie, un peu altéré. Cette montagne a au levant la province de son nom, au couchant le mont Henquise, vers le midi les plaines de Sus, & le grand Atlas au nord; elle contient des mines de cuivre, & est habitée par des Béréberes, de la tribu de Mucamoda. Voyez d'autres détails dans Marmol, liv. III, chap. xxx. (D. J.)

LAAR (Page 9:143)

LAAR, (Géog.) ville de Perse, Voyez Lar.

LABADIA (Page 9:143)

LABADIA, (Géog.) ville d'Italie dans le Polesin de Rovigo, sujette aux Vénitiens, sur l'Adige, à 6 lieues O. de Rovigo, 8 N. O. de Ferrare. Long. 26. 3. lat. 45. 5. (D. J.)

LABADISTES (Page 9:143)

LABADISTES, s. m. pl. (Théolog.) hérétiques disciples de Jean Labadie, fanatique fameux du xvij. siecle, qui après avoir été jésuite, puis carme, enfin ministre protestant à Montauban & en Hollande, fut chef de secte & mourut dans le Holstein en 1674.

L'auteur du supplément de Morery de qui nous empruntons cet article, fait cette énumération des principales erreurs que soutenoient les Labadistes. 1°. Ils croyoient que Dieu pouvoit & vouloit tromper les hommes, & qu'il les trompoit effectivement quelquefois. Ils alléguoient en faveur de cette opinion monstrueuse, divers exemples tirés de l'Ecrituresainte, qu'ils entendoient mal, comme celui d'Achab de qui il est dit que Dieu lui envoya un esprit de mensonge pour le séduire. 2°. Ils ne regardoient pas l'Ecriture - sainte comme absolument nécessaire pour conduire les ames dans les voies du salut. Selon eux le saint - Esprit agissoit immédiatement sur elles, & leur donnoit des degrés de révélation tels qu'elles étoient en état de se décider & de se conduire par elles - mêmes. Ils permettoient cependant la lecture de l'Ecriture - sainte, mais ils vouloient que quand on la lisoit, on sùt moins attentif à la lettre qu'à une prétendue inspiration intérieure du saint - Esprit dont ils se prétendoient favorisés. 3°. Ils convenoient que le baptême est un sceau de l'alliance de Dieu avee les hommes, & ils ne s'opposoient pas qu'on le conferât aux enfans naissant dans l'église; mais ils conseilloient de le différer jusqu'à un âge avancé, puisqu'il étoit une marque qu'on étoit mort au monde & ressuscité en Dieu. 4°. Ils prétendoient que la nouvelle alliance n'admettoit que des hommes spirituels, & qu'elle mettoit l'homme dans une liberté si parfaite, qu'il n'avoit plus besoin ni de la loi ni des cérémonies, & que c'étoit un joug dont ceux de leur suite étoient délivrés. 5°. ils avançoient que Dieu n'avoit pas préféré un jour à l'autre, & qu'il étoit indifférent d'observer ou non le jour du repos, & que Jesus - Christ avoit laissé une entiere liberté de travailler ce jour - là comme le reste de la semaine, pourvu que l'on travaillât dévotement. 6°. Ils distinguoient deux églises; l'une où le christianisme avoit dégénéré, & l'autre composée des régénérés qui avoient renoncé au monde. Ils admettoient aussi le regne de mille ans pendant lequel Jesus - Christ viendroit dominer sur la terre, & convertir véritablement les juifs, les gentils & les mauvais chrétiens. 7°. Ils n'admettoient point de présence réelle de Jesus - Christ dans l'eucharistie: selon eux ce sacrement n'étoit que la commémoration de la mort de Jesus - Christ, on l'y recevoit seulement spirituellement lorsqu'on l'y recevoit comme on le devoit. 8°. La vie contemplative étoitselon eux un état de grace & une union divine pendant cette vie, & le comble de la perfection. Ils avoient sur ce point un jargon de spiritualité que la tradition n'a point enseigné, & que les meilleurs auteurs de la vie spirituelle ont ignoré. Ils ajoutoient qu'on parvenoit à cet état par l'entiere abnégation de soi - même, la mortification des sens & de leurs objets, & par l'exercice de l'oraison mentale, pratiques excellentes & qui conduisent véritablement à la perfection, mais non pas des Labadistes. On assure qu'il y a encore des Labadistes dans le païs de Cleves, mais qu'ils y diminuent tous les jours. Voyez le dict. de Morery. (G)

LABANATH (Page 9:143)

LABANATH, (Géog. sacr.) lieu de la Palestine dans la tribu d'Azer, suivant le livre de Josué, ch. XXIX, v. 27. Dom Calmet croit que c'est le promontoire blanc, situé entre Ecdippe & Tyrse, selon Pline liv. V. ch. XXI. (D. J.)

LABAPI ou LAVAPIA (Page 9:143)

LABAPI ou LAVAPIA, (Géog.) riviere de l'Amérique méridionale au Chili, à 15 lieues de celle de Biopio, & séparées l'une de l'autre par une large baie, sur laquelle est le canton d'Aranco. Le Labapi est à 37. 30. de latitude meridionale selon Herréra. (D. J.)

LABARUM (Page 9:143)

LABARUM, s. m. (Littér.) enseigne, étendart qu'on portoit à la guerre devant les empereurs romains. C'étoit une longue lance, traversée par le haut d'un bâton, duquel pendoit un riche voile de couleur de poupre, orné de pierreries & d'une frange à - l'entour.

Les Romains avoient pris cet étendart des Daces, des Sarmates, des Pannoniens, & autres peuples barbares qu'ils avoient vaincus. Il y eut une aigle peinte, ou tissue d'or sur le voile, jusqu'au règne de Constantin, qui y fit mettre une croix avec un chiffre, ou monogramme, marquant le nom de Jesus Christ. Il donna la charge à cinquante hommes de sa garde de porter tour - à - tour le labarum, qu'il venoit de reformer. C'est ce qu'Eusebe nous apprend dans la vie de cet empereur; il falloit s'en tenir - là.

En effet, comme le remarque M. de Voltaire, puisque le règne de Constantin est une époque glorieuse pour la religion chrétienne, qu'il rendit triomphante, on n'avoit pas besoin d'y joindre des prodiges; comme l'apparition du labarum dans les nuées, sans qu'on dise seulement en quel pays cet étendart apparut. Il ne falloit pas écrire que les gardes du labarum ne pouvoient être blessés, & que

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.