ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"222"> mine calcinée & prête à être broyée; 3, du cuivre rouge; 4, du vieux cuivre; 4, de la tutie; 5, du cuivre de l'epaisseur dont on coule les tables; 6, du cuivre battu; 7, de la terre à creuset brute, préparée & recuite.

Avant l'année 1595 on battoit tous les cuivres à bras; en 1595 les batteries furent inventées. La premiere fut établie sur la Meuse. L'inventeur obtint pour sa machine un privilege exclusif. Cette machine renversoit les établissemens anciens des fondeurs & batteurs de cuivre; car quoique ces martinets ne fussent pas en grand nombre, elle faisoit plus d'ouvrage en un jour que dix manufacturiers ordinaires n'en pouvoient faire en dix jours. Les fondeurs & batteurs anciens songerent donc à faire révoquer le privilége; pour cet effet ils assemblétous leurs ouvriers avec leurs femmes & leurs enfans; & à la tête de cette multitude, vêtue de leurs habits de travail, ils allerent à Bruxelles, se jetterent aux piés de l'Infante Isabelle, qui en eut pitié, accorda une récompense à l'inventeur des batteries, & permit à tout le monde de construire & d'user de cette machine.

Il n'y a pas deux partis à prendre avec les inventeurs de machines utiles; il faut, ou les récompenser par le privilége exclufif, ou leur accorder une somme proportionnée à leur travail, aux frais de leurs expériences, & à l'utilité de leur invention; sans quoi il faut que l'esprit d'industrie s'éteigne, & que les arts demeurent dans un état d'engourdissement. Le privilége exclusif est une mauvaise chose, en ce qu'il restraint du moins pour un tems les avantages d'une machine à un seul particulier, lorsqu'ils pourroient être étendus à un grand nombre de citoyens, qui tous en pronteroient.

Un autre inconvénient, c'est de ruiner ceux qui s'occupoient, avant l'invention, du même genre de travail, qu'ils sont forcés de quitter; parce que leurs frais sont les mêmes, & que l'ouvrage baisse nécessairement de prix: donc il faut que le gouvernement acquierre à ses dépens toutes les machines nouvelles & d'une utilité reconnue, & qu'il les rende publiques; & s'il arrive qu'il ne puisse pas faire cette dépense, c'est qu'il y a eu & qu'il y a encore quelque vice dans l'administration, un défaut d'économie qu'il faut corriger.

Ceux qui réfléchissent ne seront pas médiocrement étonnés de voir la calamine, qu'ils prendront pour une terre, se métalliser en s'unissant au cuivre rouge, & ils ne manqueront pas de dire, pourquoi n'y auroit - il pas dans la nature d'autres substances propres à subir la même transformation en se combinant avec l'or, l'argent, le mercure? Pourquoi l'art n'en prépareroit - il pas? Les préteutions des Alchymistes ne sont donc pas mal fondées.

Il n'y a pas plus de 5 ou 6 ans que ce raisonnement étoit sans réponse; mais on a découvert depuis que la calamine n'étoit qu'un composé de terre & de zinc; que c'est le zinc qui s'unit au cuivre rouge, qui change sa couleur & qui augmente son poids, & que le laiton rentre dans la classe de tous les alliages artificiels de plusieurs métaux différens.

Si le cuivre rouge devient jaune par l'addition de la calamine, c'est que le zinc est d'un blanc bleuâtre, & qu'il n'est pas difficile de concevoir comment un blanc bleuâtre fondu avec une couleur rouge, donne un jaune verdâtre, tel qu'on le remarque au laiton.

La merveille que les ignorans voyent dans l'union de la calamine au cuivre rouge, & les espérances que les Alchymistes fondent sur le zinc, s'evanouissent donc aux yeux d'un homme un peu instruit.

LAITRON (Page 9:222)

LAITRON, s. m. (Hist. nat. Bot.) sonchus, genre de plante à fleur, composée de demi - fleurons, por tés chacun sur un embyron, & soutenus par un calyce épais qui prend une figure presque conique en meurissant. Dans la suite les embryons deviennent des semences garnies d'aivreites & attachées à la couche. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Des 13 especes de laitrons de Tournefort, ou des 15 de Boerhaave, j'en décrirai deux générales, qui sont les plus communes, & qui d'ailleurs sont employées en Medecine, le laitron rude ou épineua, & le laitron doux ou uni.

Le laitron rude ou épineux est appelle sonchus asper par Gérard & autres; sonchus asper, laciniatus par Tournefort J. R. H. 474; sonchus minor, laciniofus, spinosus par J. B. 2. 1026; en anglois the prickly sow - thistle.

Sa racine est fibreuse & blanchâire; sa tige est creuse, angulaire, cannelee, haute d'environ deux piés & chargée de fenilles, dont les plus basies sont longues, roides, dentelées par les bords, d'un verd foncé, luisantes, garnies d'epines, piquar tes. Les feuilles qui croissent sur la tige, & qui l'environnent pour ainsi dire, ont deux oreilles ondelettes, & sont moins coupees que les feuilles inférieures. Ses fleurs croissent en grand nombre au sommet de la tige; elles sont composées de demi-fleurons, & ressemblent à celles de la dent de lion, mais elles sont plus petites & d'un jaune plus pâle. La partie inférieure des pétales est panachee de pourpre. Elles sont placées dans des calices écailleux & longuets. Elies dégenerent en un duvet, qui contient des semences menues & un peu applaties.

Le laitron doux ou uni, que le vulgaire appelle laceron doux, palais de lievre, se nomme en Botanique, sonchus lavis, sonchus laciniatus, latifolius, sonchus laciniatus, non spinosus; en anglois, the smooth sow - thistle.

Elle pousse une tige à trois piés de haut, creuse, tendre & cannelée. Ses feuilles sont unies, lisses & sans piquans, dentelées dans leurs bords, remplies d'un suc laiteux, rangées alternativement, les unes attachées à de longues queues, & les autres sans queues. Ses fleurs naissent aux sommités de la tige & des branches par bouquets à demi - fleurons, jaunes, quelquefois blancs. Quand ces fleurs sont passées, il leur luccede des fruits, qui renferment de petites semences oblongues, brunes, rougeâtres, garnies chacune d'une aigrette.

Ces deux laitrons fleurissent en Mai & Juin; ils croissent par - tout, dans les blés, dans les vignobles, sur les levées & le long des chemins. Ils rendent, quand on les broye, un suc laiteux & amer. Ils contiennent un peu de sel, semblable à l'oxysal diaphorétique de sala, dissous dans beaucoup de soufre; d'où vient que les Medecins attribuent à ces plantes des propriétés adoucissantes, rafraichissantes & modérement fondantes; mais les jardiniers curieux les regardent comme des herbes pullulantes, nuisibles, qui prennent par - tout racine, à cause de leurs semences à aigrettes; de sorte qu'ils ne cessent de les arracher de leurs jardins pour les donner au bétail, lequel s'en accommode à merveille. (D. J.)

Laitron (Page 9:222)

Laitron, (Mat. med.) laitron ou laceron doux, polais de lievre; laitron ou laceron épineux, & petit laitron ou terre - crêpe. Ces plantes sont comptées parmi les rafraîchissantes destinées à l'usage intérieur. Elles sont peu d'usage. (b)

LAITUE (Page 9:222)

LAITUE, s. f. (Hist. nat. Bot.) lactuca, genre de plante à fleur, composée de plusieurs demi-fleurons, portés chacun sur un embryon, & soutenus par un calice écailleux, grêle & oblong. L'embryon devient dans la suite une semence garnie [p. 223] d'une aigrette. Ajoûtez aux caracteres de ce genre le port de la plante entiere. Tournefort, Inst. rei herbaria. Voyez Plante.

Le mot de laitue, en françois comme en latin, vient du suc laiteux que cette plante répand, quand on la rompt. Tournefort compte 23 especes de laitues, & Boerhaave 55, dont la plupart sont cultivées, & les autres sont sauvages.

La laitue que l'on cultive & que l'on forme, est très - variée en grosseur, en couleur, ou en figure. Elle est blanche, noire, rouge, pommée, crepue, hsse, decoupée. De - là vient le nombre etendu de ses differentes especes, entre lesquelles il y en a trois principales d'un usage fréquent, soit en aliment, soit en guise de remede; savoir, 1°. la laitue ordinaire qui n'est point pommée, lactuca sativa, non capitata, des Botanistes; 2°. la laitue pommée, lactuca capitata; 3°. la laitue romaine, lactuca romana, dulcis.

La laitue commune, qui n'est point pommée, a la racine ordinairement longue, annuelle, épaisse & fibreuse. Ses feuilles sont oblongues, larges, ridées, lisses, d'un verd - pale, remplies d'un suc laiteux, agreable quand elle commence à grandir, & amer quand elle vieillit. Sa tige est ferme, épaisse, cylindrique, branchue, feuillee, haute d'une coudee & demie, & plus. Ses rameaux sont encore divisés en d'autres plus petits, charges de fleurs, & écartés en maniere de gerbes. Ses fleurs sont composées de plusieurs demi - fleurons, jaunâtres, portes sur des embryons, & renfermes dans un calice écailleux, foible, oblong, & menu; quand ces fleurs sont passecs, il leur succede de petites semences garnies d'aigrettes, pointues par les deux bouts, oblongues, applaties, cendrées. On la seme dans les jardius.

La laitue pommèe a les feuilles plus courtes, plus larges, plus rondes à l'extrémite que celles de la laitue ordinaire, plates, lisles, & formant bientót une tête arrondie de la même maniere que le choux. Sa graine est semblable à celle de la précédente, mais noire. On seme cette laitue pendant toute l'année dans les potagers. On l'arrache quand elle est encore tendre, & on la transplante dans des terres bien fumees. Par - là ses feuilles eviennent plus nombreuses, & mieux pommées. Quand elle est panachée de blanc, de pourpre & ce jaune, on l'appelle laitue panachee ou laitue de S'lésie, lactuca sativil, maxima, Austriaca, capitata, variegata, I. R. H. 473.

La laitue romaine, dite chicons par le vulgaire, a la feuil'e plus étroite & plus longue, plate, sans rides & sans bosselures, peu sinuée, & garnie en - dessous de petites épines le long de la côte. Sa fleur & sa tige sont semblables à celles de la laitue ordinaire; mais ses graines sont noires. On lie ensemble ses feuilles avec de la paille, quand elles grandisseut, ce qui les rend très - blanches & plus tendres que les autres.

Les Botanistes connoissent aussi plusieurs sortes de laitues sauvages; l'ordinaire, nommee simplement lactuca sylvestris, a la racine plus courte & plus petite que celle de la laitue cultivée. Ses feuilles sont placées sans ordre; elles sont oblongues, mais petites, étroites, sinuées & découpées profondément des deux côtés, armées d'épines un peu rudes le long de la côte qui est au - dessous, & remplies d'un suc laiteux. Sa tige est au moins haute d'une coudée, elle est épineuse à son commencement, & partagée à son sommet en pluseurs petits rameaux, chargés de petites fleurs jaunes semblables à celles de la laitue des jardins. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des semences garnies d'aigrettes & noirâtres. On trouve cette laitue dans les haies, sur les bords des chemins, dans les vignes & les potagers; elle fleurit en Juin & Juillet. Elle est d'usage en Medecine, & paroît plus détersive que la laitue cultivée; son suc est hypnotique.

Il est fort surprenant que la laitue, plante aqueuse & presque insipide, donne dans l'analyse une si grande quantité de sel urineux, qu'on en tire davantage que de beaucoup d'autres plantes bien plus savoureuses. Son sel essentiel nitreux se change presque tout, par le moyen du feu dans la distillation, en un sel alkali, soit fixc, soit volatil.

Au reste, les laitues ont toujours tenu le premier rang parmi les herbes potageres; les Romains en particulier en faisoient un de leurs mets favoris. D'abord ils les mangeoient à la fin du repas; ensuite, sous Domitien, cette mode vint à changer, & les laitues leur servirent d'entrée de table. Elles sont agréables au goût, elles rafraichissent, humectent, fournissent un chyle doux, délayé, fluide; elles moderent l'acrimonie des humeurs par leur suc aqueux & nitreux. En conséquence, elles conviennent aux tempéramens bilieux, robustes & resseriés. Auguste, attaqué d'hypocondrie, se rétablit par le seul usage des laitues, d'apres le conseil de Musa son premier medecin, à qui le peuple romain, dit Suétone, fit dresser pour cette cure une belle statue aupres du temple d'Esculape.

Les Pythagoriciens croyoient que les laitues éteignoient les feux de l'amour; c'est pourquoi Callimaque assure que Venus, apres la mort d'Adonis, se coucha sur un lit de laitues pour moderer la violence de sa passion; & c'est par la même raison qu'Eubalus le comique appelle cette herbe la nourriture des morts. (D. J.)

Laitue (Page 9:223)

Laitue. (Jardinage.) la culture de cette plante, dont il se fait une si grande consommation, a été épuisée en France par la Quintinie, Chomel, Liger, l'auteur de l'Ecole du potager, &c. & en Angleterre par Bradley & Miller; nous y renvoyons les curieux.

Nous remarquerons seulement que la graine de toutes sortes de laitues est aisée à recueillir, mais l'embarras est de l'avoir bonne. Il faut d'abord préférer celle des laitues qui ont été semées de bonneheure au printemps, ou qui ont passé l'hiver en terre. Quand vos laitues montent en fleurs, on choisit les pies dont on veut avoir la graine; on les accôte les uns apres les autres tout debout contre les lates des contre - espaliers, où on les laisse bien mûrir & dessecher; ensuite on les coupe, & on les étend sur un gros linge, dans un lieu sec, pour faire encore ressécher les graines. On bat la plante quand la graine est bien seche, on la nettoye de sa bâle, on la serre dans un endroit où les souris & la vermine n'ayent point d'accès, en mettant chaque espece de graine à part. Malgré ces précautions, il arrive souvent que les graines bien reçueillies, bien choisies, sans mélange, bien séchées, bien conservées, dégénerent si on les reseme dans le même jardin où elles ont été recueillies; c'est pourquoi il faut avoir un correspondant assuré, qui recueille comme vous tous les ans la graine dont vous avez besoin, & en faire un echange avec lui; tous les deux y trouveront leur avantage. Cette derniere observation mérite l'attention des Fleuristes, qui doivent sur - tout la mettre en pratique pour les fleurs qu'ils cultivent. (D. J.)

Laitue (Page 9:223)

Laitue, (Diete & Mat. med.) on connoit assez les usages dietetiques des différentes especes de laitues que nous cultivons dans nos jardins: on les mange en salade, on les fait entrer dans les potages & dans plusieurs ragoûts; on sert encore la laitue cuite à l'eau & convenablement assaisonnée sous differentes viandes rôties.

La laitue est fade & très - aqueuse; elle fournít

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