ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"220"> bec de bécasse, & qu'on appelle marteaux à cuvelete, on bat avec ceux - ci les ouvrages concaves. Le plus petit est du poids de vingt - une livres, le plus gros du poids de trente - une; il y en a d'autres intermédiaires: ceux de cette espece, dont la pointe est arrondie, servent aux petits ouvrages concaves.

Il y a aussi deux sortes d'enclumes; les unes arrondies par un bout, pour les plates; les autres quarrées, oblongues & plates, pour les concaves.

Ces enclumes sont fixées dans un enfoncement pratiqué au tronc d'arbre qui les supporte, avec des morceaux de bois resserrés par des coins.

On voit dans nos figures des ouvriers qui travaillent à trois sortes d'ouvrages; l'un bat des plates qu'il tient des deux mains, les avançant peu - à - peu sous le marteau & parallelement, de maniere que le marteau frappe de toute sa surface. Quand le marteau a agi de cette maniere, l'ouvrier expose son ou vrage à ses coups, de maniere que ces seconds coups croisent les premiers.

Comme les ouvrages plats ont été coupés de maniere que posés les uns sur les autres ils forment une pyramide, & qu'ils se battent tous les uns autant que les autres; après avoir passé sous le marteau, ils ont pris un accroissement próportionné, & leurs surfaces se surpassent après le travail de la même quantité dont elles se surpassoient auparavant.

Quand les plaques ou pieces plates ont été martelées deux fois, comme j'ai dit, on les recuit, en les rangeant sur la grille du fourneau, où l'on a allumé un feu clair qui dure ordinairement une heure & demie. Lorsque le cuivre est rouge, on laisse éteindre le feu, & l'on ne touche point aux pieces qu'elles ne soient refroidies. Le bois du feu à recuire est de saule ou de noisetier.

Les pieces plates étant refroidies, on les rebat & on les recuit de nouveau. Ces manoeuvres se réiterent jusqu'à ce qu'elles aient l'étendue & l'épaisseur requises. On acheve de les arrondir à la cisaille: la cisaille de cet attelier qu'on voit, même pl. n'a rien de particulier. C'est ainsi que l'on prépare une fourrure; une fourrure est une pyramide de pieces battues plates, au nombre de 3 à 400, destinées à faire des chauderons qui, tous plus petits les uns que les autres, entreront les uns dans les autres quand ils seront achevés.

Pour cet effet on prend quatre de ces pieces plates, ou de ces plates tout court, pour parler comme les ouvriers. La plus grande a neuf lignes de diametre plus que les trois autres. On place celles - ci sur le milieu de la premiere dont on rabat le bord, ce qui contient les trois autres, & on les martele toutes quatre à - la - fois. On se sert dans cette opération de marteaux à cuvelete, d'enclumes plates, & propres à la convexité qu'on veut donner. Les chaudrons se recuisent en se fabriquant, comme on a recuit les plates. Ce travail se mene avec tant d'exactitude, que tous les ouvrages se font de l'étendue rigoureuse que l'on se proposoit. Les fouds des chauderons se battent en calote, & la cire n'est pas plus douce sous sa main du modeleur, que le cuivre sous le marteau d'un bon ouvrier. La lame qu'on coupera pour le fil de laiton, n'a que quatre pouces de largeur, & ne se bat que d'un sens, sans croiser les coups.

Le morceau qui donne un chauderon de dix livres pesant, a 122 pouces 9 lignes de surface, sur 3 lignes d'épaisseur; & le chauderon fait, a 20 pouces 8 lignes de diametre, 10 pouces 8 lignes de hauteur, sur un sixieme de ligne d'épaisseur; ce qui, avec la surface du fond, forme 949 pouces & 1 ligne 9 points quarrés de surface. Il est vrai qu'à une sixieme de ligne d'épaisseur, la piece est foible; mais il se fait des pieces qui le sont davantage, & qui durent. On ne comprend pas dans ce calcul la superficie des rognures; mais c'est peu de chose; la plate devient presque ronde en la travaillant. On n'en sépare à la cisaille que quelques coins. Ces rognures sont vendues au poids par l'usinier au maître fondeur, qui les remet à la fonte.

Lorsque les fourrures de chauderons ou d'autres ouvrages ont reçu leur principale façon aux batteries, on les rapporte à la fonderie, où on les finit, en effaçant au marteau les marques de la batterie, & en leur donnant le poli qu'elles peuvent prendre.

Dans presque toutes les fourrures il y a des pieces dont les parties ont été plus comprimées que d'autres, qui ont des pailles ou autres défauts; de sorte que quand on les déboîte, on en trouve de percées, & même en assez grand nombre. Voici comment on y remet des pieces.

On commence par bien nettoyer le trou, en séparant tout le mauvais cuivre & arrachant les bords avec des pinces quand la piece a peu d'épaisseur, ou les coupant à la cisaille quand la piece est sorte; ensuite on martele sur l'enclume les bords du trou, les rendant unis & égaux; on a une piece de l'épaisseur convenable; on l'applique au trou à boucher; on prend une pointe, & suivant avec cette pointe les bords du trou, on trace sa figure sur la piece. A cette figure on en circonscrit sur la piece une pareille, qui l'excede d'environ deux lignes. On coupe la piece sur ce second trait; on la dentelle sur toute sa circonférence, & les dents atteignent le premier trait. On replie ces dents alternativement & en sens contraire. On applique ainsi la piece au trou; on rabat les dents qui serrent les bords du trou en dessus & en dessous; on rebat sur l'enclume, & l'on soude le tout ensemble.

La soudure se fait d'une demi - livre d'étain fin d'Angleterre, de 30 livres de vieux cuivre & de 7 livres de zinc; on fait fondre le mélange. Après la fusion on le coule par petites portions dans un vaisseau plein d'eau, qu'on remue afin d'occasionner la division. Cela fait on retire la soudure de l'eau, & on la pulvérise en la battant dans des mortiers de fer. On la passe pulvérisée par de petits cribles, qui en déterminent la finesse. Il en faut de différentes grosseurs, selon les différentes épaisseurs des ouvrages à souder.

Pour faire tenir la soudure sur les dents de la piece à souder, on en fait une pâte avec de l'eau commune, & partie égale de borax; on en forme une traînée sur la dentelure; on laisse sécher la traînée; puis on passe la piece au feu, ou on la laisse jusqu'à ce que l'endroit à reboucher ait rougi.

Mais comme la couleur de la soudure differe de celle du cuivre, pour l'empêcher de paroître on a une eau rousse épaisse, faite de terre de potier & de soufre, détrempés avec de la biere, qu'on applique sur la soudure; ensuite on remet au feu, qui rend au tout une couleur si égale, qu'il faut être du métier pour découvrir ce défaut, sur - tout après que l'ouvrage a été frotté avec des bouchons d'étoffe imbibés d'eau & de poussiere ramassée sur le plancher même de l'attelier. D'ailleurs, soit par économie, soit par propreté, soit pour pallier les défauts, après qu'on a battu les pieces on les passe au tour.

Ce tour n'a rien de particulier; c'est celui des potiers d'étain. Deux poupées contiennent un arbre garni d'un rouet de poulie, sur laquelle passe une corde sans fin, qui va s'envelopper aussi sur une grande roue, qui se meut par une manivelle. Le bout de l'arbre qui tient à la poupée est en pointe; l'autre bout porte un plateau rond & un peu concave, sur lequel on fixe le fond du chauderon par une piece destinée à cet usage, dont la grande barre est concave. [p. 221]

Les chauderons ou autres ouvrages ne manquent jamais par les soudures: les pieces n'y feroient de tort qu'en cas qu'on voulût les remarteler, alors la piece se sépareroit.

Voici comment on donne le dernier poli aux ouvrages de cuivre. Apres avoir passé les ouvrages à polir par les marteaux de bois sur les enclumes de fer à l'ordinaire, de maniere qu'il n'y reste aucune trace grossiere; on les met à tremper dans la lie de vin ou de biere, pour les dépouiller du noir qu'ils ont. Eclaircis par ce moyen, on les frotte avec le tripoli, puis avec la craie & le soufre réduits en poudre, & l'on finit avec la cendre des os de mouton. L'outil dont on se sert est une lissoire de fer, qu'on promene sur toutes les moulures & autres endroits.

Lorsqu'on a martelé & allongéune plate de cuivre en lame de 10 à 12 piés de longueur, sur quatre pouces de largeur, & un tiers ou quart de ligne d'épaisseur, on la coupe en filet pour faire le fil de laiton. Pour cet effet on se sert d'une cisaille affermie dans un soc profondément enfoncé en terre. Cet outil ne differe des cisailles ordinaires, qu'en ce qu'il a à l'extrémité de la branche fixée dans le soc, une pointe recourbée qui dépasse les tranchans, & qui s'éleve de 3 à 4 lignes au - dessus de la tête de la cisaille. Cette pointe a une tige qui traverse toute l'épaisseur de la tête; & comme elle peut s'en approcher ou s'en éloigner, elle détermine la dimension du fil que l'on coupe.

Pour couper la bande de cuivre, l'ouvrier la jette dans la beuse, figure 18; car c'est ainsi qu'on appelle l'espece de boite verticale qu'on voit dans la figure citee, qui embrasse la bande, la contient & la dirige. L'ouvrier tire la bande à lui, l'engage dans les tranchans de la cisaille, pousse une de ses branches du genou, & coupe. La branche qu'il pousse du genou est garnie d'un coussin. A mesure qu'il fait des filets, il les met en rouleau, comme on les voit figure 19.

S'il s'agissoit de mettre en filets une bande fort épaisse, on se servitoit d'un levier mobile horisontalement, & appliqué à la branche de la cisaille que l'ouvrier pousse du genou. On a des exemples de ce méchanisme dans l'attelier de fonderie que nous avons décrit plus haut, en parlant du debit des tables coulées.

Trifilerie. Cette partie de l'usine est à deux étages. Le premier est de niveau avec les battries; il y a une roue que l'eau fait mouvoir: cette roue n'a rien de particalier; l'eau est portée sur elle par une beuse. A l'autre etage on voit un assemblage de charpente, composée de montans assemblés solidement par le bas dans une semelle de 11 pouces d'équarrissage, & par le haut à un sommier de plancher de 15 à 18 pouces d'équarissage. Chacun de ces montans en ont 12; ils sont percés d'une mortoise chacun, d'où partent autant de leviers mobiles autour d'un boulart qui les traverse, ainsi que les montans. Ils sont encore garnis de barres de ser, nécessaires au méchanisme & à la solidité. Vers le milieu de leur longueur, ces leviers posent sur des coussins de grosse toile, ou autre matiere molle, dont on garnit les petites traverses à l'endroit où elles reçoivent le choc des leviers quand ils sont tirés. Du reste, cette trifilerie n'a rien de différent de la trifilerie du fil de fer que nous avons décrite à l'article des grosses forges; voyez cet article. C'est la même tenaille; c'est le même mouvement; c'est le même esset.

La roue a à mantonets, figure 20, agit sur la traverse mobile b; cette traverse b, en baissant, tire à elle la partie coudée e; cette partie coudée e tire à elle les attaches de la tenaille g; la tenaille h tirée serre le fil de laiton & l'entraîne à - travers les trous de la filiere K. Cependant le mantonet de la roue a échappe; le levier f agit, repousse la partie coudée e; la partie coudée e repousse les attaches des branches de la tenaille, fait r'ouvrir la tenaille, avance la tête de cette tenaille jusques vers la filiere; la roue a continue de tourner; un autre mantonet agit en b, qui retire la partie coudée e; cette partie retire les attaches de la tenaille; la tenaille se referme; en se refermant elle resserre le fil; le fil resserré est forcé de suivre & de passer par le trou de la filiere, & ainsi de suite.

Ce qui'exécute d'un côté de la figure citée, s'exécute de l'autre. On multiplie les tenailles & les leviers à diserétion. On voit, figure 19, quatre leviers & autant de tenailles.

La figure 21 montre le méchanisme de la tenaille; 1 est l'étrier qui entre dans le bout de la partie coudée; 2 est le tirant de l'attache des branches de la tenaille; 3 sont les attaches de ces branches; 4 est la tenaille; les parties latérales 5, 6. servent à diriger la tenaille dans ses allées & venues. Le reste est le détail desassemblé de la machine.

On voit à l'extrémité de l'attelier, planche 5. une espece de fourneau avec sa grille; c'est - là qu on fait recuire le fil de laiton lorsqu'il a passé aux filieres. La chaudiere contient du suif de Moscovie, pour graisser à chaud le fil coupé sur la plate, au premier tirage seulement

La filiere 9, figure 19, est engagée dans deux crochets enfoncés dans l'établi. Il y a encore un étrier de fer contre lequel elle porte.

Il faut dans cet attelier un petit étau & des limes, pour préparer le bout du fil à passer par le trou de la filiere.

Il y a de plus une pelote de suif de Moscovie qui tient à la filiere du côté de l'introduction du fil, & qui le froite sans cesse.

Au reste, comme il faut que dans toutes les parties de cette machine le mouvement soit doux, on doit les tenir bien graissées.

On voit d'espace en espace derriere les filieres, des montans 10 avec des chevilles; c'est - là qu'on accroche les paquets de fil de fer à mesure qu'ils se font.

Le plan sur lequel la tenaille est posée est incliné. Sur ce plan il y a deux portions de fil de fer en arc, qui détermine la quantité de son ouverture: par cette précaution elle n'échappe jamais le fil de fer.

On voit, figure 22, la tenaille & ses attaches: c'est encore elle qu'on voit figure 23; a est son profil; b, une piece quarrée où entre la queue de la tenaille, & qui dirige son mouvement entre les jumelles; c, la clé qui arrête sa queue dans la piece quarrée.

La figure 24 est une piece qui s'ajuste aux attaches de la tenaille; e, cette piece; f & g, autres pieces d'assemblage.

On voit, figure 25. Pl. III. en A le dessus d'un fourneau; en B la grille; en C les creusets.

Les figures 26 & 27 sont les tours à creuset & à calotte.

Le reste, ce sont les différens instrumens de la fonderie dont nous avons parlé. 1, etnet ou pince à ranger le creuset; 2, 3, attrappe ou pince; 4, havet; 5, bouriquet; 6, palette; 7, tenaille double; 8, polichinelle; 9, 10, 11, divers ringards; 12, 13, pinces; 14, 15, autres ringards ou fourgons; 16, batte.

Voici l'état des échantillons qu'un naturaliste, qui visite une manufacture telle que celle que nous venons de décrire, se procurera. 1, de la calamine brute, telle qu'on la tire de la mine; 2, de la cala<pb->

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