ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"212"> ainsi lorsqu'une nourrice veut cesser de l'être, elle doit s'astreindre à une diete médiocre, n'user que d'alimens légers, de peu de sue, prendre quelques purgatifs légers, des lavemens réitérés; les diurétiques conviennent aussi très - bien; la térébenthine jointe à la poudre de cloportes, est celui dont on use le plus familierement, & dont on éprouve le succès le plus prompt & le plus constant. On peut laisser à la femme la liberté & le choix d'applications sur les mamelles, pourvu cependant qu'elles ne soient pas trop astringentes ou emplastiques; il ne faut pas non plus les envelopper & les affaisser sous le poids des linges & des cataplasmes, dans la vûe de les tenir chaudes. Avec ces précautions, ces topiques peuvent être appliqués avec quelque succès, du moins sans inconvénient. Lorsqu'on a négligé ces remedes, ou qu'ils ont été sans effet, que le lait répandu a excité quelques maladies, outre les remedes particulierement indiqués dans cette maladie, il faut avoir recours aux diuretiques, aux légers diaphorétiques, aux différens sels neutres, & sur - tout aux eaux minérales dont le succès est presque assuré.

Caillement de lait, poil de lait. Un autre accident assez ordinaire aux femmes qui ne veulent pas nourrir, & aux nourrices qui ne sont pas suffisamment terées, & qui laissent par - là engorger leurs mamelles, est le caillement de lait; il est aussi quelquefois occasionné par des passions d'ames vives, par la colere, par une grande & subite joie, par une terreur, par des applications acides, astringentes sur les mamelles, par un air froid agissant trop immédiatement sur une gorge de nourrice imprudemment découverte, & sur - tout par l'usage trop continué d'alimens gélatineux, austeres, acides, &c. Il est inconcevable avec quelle rapidité les vices des alimens se communiquent au lait, & quelle impression ils y font; c'est un fait connu de tout le monde, que le lait d'une nourrice devient purgatiflorsqu'elle a pris quelque médicament qui a cette propriété. Olaus Borrichius raconte que le lait d'une femme qui fit usage pendant quelques jours d'absinthe, devin d'une amertume insoutenable. Salomon Branner assure avoir vu sortir par une blessure à la mamelle, de la bierre inaltérée qu'on venoit de boire, ce qui doit être un motif pour les nourrices d'éviter avec soin tous les mets trop salés, épicés, les liqueurs ardentes, spiritueuses, aromatiques, &c. & un avertissement aux medecins de ne pas trop les surcharger de remedes. Lorsque par quelqu'une des causes que je viens d'exposer, le lait s'est caillé, la mamelle paroît au tact dure, inégale; on sent sous le doigt les grumeaux de lait endurci; son excrétion est diminuée, suspendue ou dérangée; la mamelle devient douloureuse, s'enflamme même quelquefois. On appelle proprement poil de lait, lorsque le caillement est joint à une espece particuliere de douleur que les femmes savent bien distinguer, & qui est semblable, dit Mauriceau, liv. III. chap. xvij. à celle qu'Aristote, Hist. animal. liv. VII. cap. II. « assure fabuleusement procéder de quelque poil avalé par la femme en buvant, lequel étant ensuite facilement porté dans la substance fongueuse des mamelles, y fait une très grande douleur qui ne s'appaise pas avant qu'on ait fait sortir le poil avec le lait, soit en pressant les mamelles, soit en les suçant ».

Si l'on ne remédie pas tout de suite à cet accident, il peut avoir des suites fâcheuses; il occasionne assez ordinairement l'abscès ou apostème des mamelles; quelquefois la tumeur s'endurcit, devient skirrheuse, & dégénere enfin en cancer, comme Fabrice de Hilden dit l'avoir observé, Observ. chirurg. centur. 2.

On ne peut remédier à cet accident plus sûre<cb-> ment & plus promptement, qu'en faisant teter fortement la femme; mais comme le lait vient difficilement, l'enfant ne sauroit être propre à cet emploi; il faut alors se servir d'une personne robuste qui puisse vuider & tarir entierement les mamelles; il est vrai que la suction entretient la disposition à l'engorgement, & attire de nouvelles humeurs aux mamelles, ce qui est un bien si la femme veut continuer de nourrir, & n'est pas un grand mal si elle est dans un dessein contraire; car il est bien plus facile de dissiper le lait fluide & naturel, que de le résoudre & l'évacuer lorsqu'il est grumelé; on peut hâter ou faciliter la résolution de ce lait, par les applications résolutives ordinaires; telles sont celles qui sont composées avec les plantes dont nous avons parlé, fievre de lait; tels sont aussi les cataplasmes de miel, des quatre farines, & lorsque la douleur est un peu vive, dans le poil, celui qui reçoit dans sa composition le blanc de baleine; les fomentations faites avec la liqueur de saturne animée avec un peu d'eau - de - vie, me paroissent très - appropriées dans ce dernier cas.

Lait de lune (Page 9:212)

Lait de lune, lac lunoe, (Hist. nat.) La plûpart des Naturalistes désignent sous ce nom, une terre calcaire, blanche, légere, peu liée, & semblable à de la farine; cette substance se trouve presqu'en tout pays; elle ne forme jamais de lits ou de couches suivies dans le sein de la terre; mais on la rencontre dans les fentes des rochers, & adhérente aux parois de quelques cavités souterraines où elle a été déposée par les eaux qui avoient entraîné, lavé, & détrempé cette espece de terre. Quoique cette substance ne differe des autres terres calcaires que par sa blancheur & sa pureté, les auteurs lui ont donné plusieurs noms différens, tels sont ceux d'agaric minéral, de farine fossile, de fungus petroeus, de medulla sanorum, de stenomarga, lithomarga, &c. d'où l'on peut voir combien la multiplieité des noms est propre à brouiller les idées de ceux qui veulent connoître le fond des choses.

On dit que le nom de lait de lune a été donné à cette substance parce qu'elle blanchit l'eau, & lui fait prendre une couleur de lait; cela vient de la finesse de ses parties, qui les rend très - miscibles avec l'eau; elle fait effervescence avec tous les acides, ce qui caractérise sa nature calcaire.

On regarde le lait de lune comme un excellent absorbant, qualité qui lui est commune avec les yeux d'écrevisses, la magnésie blanche, & d'autres préparations de la pharmacie, auxquelles il est plus sûr de recourir qu'à une terre, qui quelque pure qu'elle paroisse, peut avoir pourtant contracté des qualités nuisibles dans le sein de la terre. ( - )

Lait, Pierre de (Page 9:212)

Lait, Pierre de, lactea, lapis lacteus, (Hist. nat.) Quelques auteurs donnent ce nom à la même substance calcaire & absorbante que d'autres ont nommée lait de lune, lac lunoe, ou moroctus. Ce nom lui vient de ce que mise dans l'eau elle la blanchissoit & la rendoit laiteuse. On lui attribuoit plusieurs vertus medecinales. Voyez de Boot, lapid. hist. & voyez Lait de lune.

Lait de chaux (Page 9:212)

Lait de chaux, (Architect.) dans l'art de bâtir; c'est de la chaux délayée avec de l'eau, dont on se sert pour blanchir les murs, en latin albarium opus, selon Pline.

LAITAGE (Page 9:212)

LAITAGE, s. m. (Econom. rust.) il se dit de tous les alimens qui se tirent du lait, du lait même, du beurre, de la crême, du fromage, &c.

LAITANCE ou LAITE (Page 9:212)

LAITANCE ou LAITE, s. f. (Cuisine.) c'est la partie des poissons mâles qui contient la semence ou liqueur séminale. Un des Bartholins dit avoir trouvé dans l'asellus, espece de merlan, une laite & des oeufs.

LAITERIE (Page 9:212)

LAITERIE, s. f. (Econom, rustiq.) endroit où [p. 213] l'on fait le laitage. Il faut qu'il soit voisin de la cuisine, ait un côté frais & non exposé au soleil, vouté s'il se peut, assez spatieux, & sur - tout tenu avec beaucoup de propreté; il faut qu'il y ait des ais, des terrines, des pots de differentes grandeurs, des baquets, des barattes, des claies, des éclisses ou chazerets, des caserons ou cornes, des moules, des cuilleres, des couloires, des cages d'osier, & en confier le soin à une servante entendue & amie de la netteté. Voyez nos pl. d'Agr. & Econ. rust.

LAITIER (Page 9:213)

LAITIER, s. m. (Métallurg.) matiere écumeuse qui sort du fourneau où l'on fait fondre la mine. Cette matiere vient non - seulement de la mine, mais encore plus de la castine qu'on met avec la mine, pour en faciliter la fusion; c'est ainsi qu'on met du borax pour fondre l'or, & du salpêtre pour fondre l'argent; comme dans la fonte du fer les laitiers emportent toujours des portions de ce métal, les forgerons ont soin de les piler avec une machine faite expres, qu'on appelle bocard, afin d'en tirer le fer qu'ils ont charrié avec eux. Dict. de Trév. de Chambers, &c. Voyez l'article Forge. (D. J.)

LAITIERE (Page 9:213)

LAITIERE, s. f. (Econom. rustiq.) femme qui vend du laitage. Il se dit de la vache qui donne beaucoup de lait, & même de la femme qui est bonne nourrice.

LAITON (Page 9:213)

* LAITON, s. m. (Métallurgie.) le laiton est un alliage d'une certaine quantité de pierre calaminaire, de cuivre de rosette, & de vieux cuivre ou mitraille. Voyez les articles Calamine, Cuivre, & Alliage.

Nous allons expliquer la maniere dont on procede à cet alliage: pour cet effet nous diviserons cet article en quatre sections. Dans la premiere, nous parlerons de l'exploitation de la calamine. Dans la seconde, de la préparation & de l'emploi de cette substance. Dans la troisieme, de la fonderie. Dans la quatrieme, des batteries & de la trifilerie.

Nous ignorons si ces travaux s'exécutent par - tout de la même maniere. On peut consulter là - dessus l'ouvrage de Schwendenborg qui a écrit très au long sur le cuivre. Nous nous contenterons de détailler ce qui concerne la calamine, d'après les manoeuvres en usage dans la montagne de Lembourg; & ce qui concerne les procédés sur le laiton, d'après les usines & les fonderies do Namur.

Sect. I. De l'exploitation de la calamine. On trouve de la pierre calaminaire à trois lieues de Namur; à une demi - lieue de la Meuse, sur la rive gauche, aux environs des petits villages de Landenne, Vilaine, & Haimonet, tous les trois de la même jurisdiction. Haimonet situé sur une hauteur en fournit à une profondeur médiocre; on n'y emploie par conséquent aucune machine à épuiser; elle n'est point inférieure en qualité à celle des autres villages; la mine en est seulement moins abondante. Il en est de même de celle de Terme au Griffe, lieu situé sur une autre montagne, à la rive droite de la Meuse.

L'exploitation de la calamine ne differe pas de celle du charbon - de - terre. Voyez Charbon - deterre. Elle se fait par des puits qu'on appelle butes; les bures ont d'ouverture depuis douze jusqu'à seize piés en quarré; on soutient les terres par des assemblages de charpente, & l'on descend jusqu'à ce qu'on rencontre une bonne veine. Là, à mesure que l'on enleve le minerai, on pratique des galeries sous lesquelles on travaille en sureté, par le soin qu'on a de soutenir les terres avec des chassis. A mesure qu'on exploite, on rejette les déblais de la galerie d'où l'on tire, dans les galeries d'où l'on n'a plus rien à tirer; observant d'enlever les chassis à mesure qu'on fait le remblai. Voyez les articles Chas<cb-> sis, Déblai, Remblai , & Bures.

On commence ordinairement l'ouverture d'une mine par deux bures. L'un sert à l'établissement des pompes à épuisement; on le tient toûjours plus profond que l'autre qui sert à tirer & à monter le minerai. On en pratique encore de voisins qui servent à donner de l'air, lorsque les galeries s'éloignent trop du grand bure. On appelle ceux - ci bures d'airage: quelquefois on partage la profondeur du grand bure en deux espaces; dans l'un, on établit les pompes; c'est par l'autre qu'on monte & descend: alors les bures d'airage sont indispensables; presque tous les grands bures de la calamine sont dans ce dernier cas. Lorsque les eaux abondent & menacent ou incommodent les ouvriers, on approfondit le bure, & l'on y pratique un canal que les gens du pays appellent une arène. L'arène part du grand bure, & se conduit en remontant jusqu'à la rencontre de la galerie qu'on veut dessécher. Il y a dans les galeries, qu'on appelle aussi charges, d'autres conduits par lesquels les eaux vont se perdre: on nomme ces conduits égoutoirs ou égougeoirs.

Lorsque nous écrivions ce memoire, le grand bure avoit en profondeur 43 toises du pays, ou trente - neuf toises un pouce six lignes de France; il y avoit plusieurs bures d'airage, une plombiere ou fosse d'où l'on exploitoit du plomb; cette fosse étoit poussée à trente - cinq toises. Le bure de la calamine & la plombiere avoient chacun leurs machines à épuisement; ces machines étoient composées l'une & l'autre d'une grande roue de 45 piés de diametre; cette route étoit enterrée de 19 piés, & contenue entre deux murs de maçonnerie qui la soutenoient à six piés au - dessus de la surface du terrein. Elle étoit garnie au centre d'une manivelle qui faisoit mouvoir des balanciers de renvoi, à l'extrémité desquels étoient les pompes établies dans le bure. C'étoit la machine de Marli simplifiée: des courans dirigés sur ses aubes la mettoient en mouvement; on ménageoit l'eau par des beuses, comme on le pratique daus les grosses forges. Voyez cet article. On avoit encore conduit à mi - roue, par d'autres beuses souterraines, les eaux élevées de la mine. On avoit trouvé par ce moyen, l'art de multiplier les forces dont on a besoin pour accélérer le mouvement de ces grandes machines.

L'observateur qui jettera un oeil attentif sur une mine en exploitation, verra des rochers coupés d'un côté, des mines travaillées, des déblais; de l'autre des remblais, des mines où l'on travaille, des caves ou mines submergées, plusieurs galeries élevées les unes sur les autres, rarement dans un même plan, des sables & autres substances fossiles.

Le terrein produit à sa surface toutes sortes de grains; les environs des mines dont il s'agitici, sont couverts de genievre; les eaux de la mine n'ont aucun goût dominant; elles sont legeres; le maître fondeur donne au propriétaire du sol tant par poids de mine exploitée. Lorsque nous y étions, le prix convenu étoit de cinquante - six sols de change, ou de 5 liv. 3 s. 4 d. argent de France, pour 15000 pesant de calamine; auparavant on donnoit la dixieme charretée.

La calamine est dans ces mines très - poreuse; calcinée ou non calcinée, l'action de l'air l'altere. Si on la tire d'un magasin sec & qu'on l'expose dehors, elle augmente considérablement de poids: sa couleur est d'un jaune pâle, en tirant quelquefois sur le rouge & le blanc; elle est souvent mélée de mine de plomb. Il y a des mines qui sont d'autant meilleures, que les filons s'enfoncent davantage. Cette loi n'est pas applicable à la calamine: celle que l'on tire à 8 ou 10 toises est aussi parfaite que celle qu'on va chercher à 45 ou 50. La calamine calcinée en

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