ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"214"> devient plus legere; cette opération lui donne aussi un degré de blancheur; cependant le feu lui laisse des mouches ou taches noires.

La planche premiere de celles qui ont rapport à cet article, montre la coupe d'une mine de calamine.

Sect. II. De la calcination de la calamine. Pour calciner la calamine, on en fait une pyramide, comme on la voit en A, B, C, fig. 2; sa base F, G, f, g, est fig. 3. partagée en quatre ouvertures, x, x, x, x, d'un pié ou environ de largeur; ces ouvertures vont aboutir à une cheminée H, ménagée au centre. Cette cheminée regne tout le long de l'axe de la pyramide, & va se terminer à sa pointe A, fig. 2; la base a 10 à 12 piés de diametre; elle est formée de bois à brûler, posés sur une couche de paille & de même bois. C'est avec le gros bois élevé à dix - huit pouces, que l'on forme les ouvertures x, x, x, x, & les fondemens de la cheminée. On arrose la derniere couche avec du charbon de bois, & l'on place dans la cheminée deux fagots debout.

Cela fait, on forme un lit de calamine de sept à huit pouces d'épaisseur; sur ce lit, on en forme un de charbon de bois, mais beaucoup moins épais; il ne faut pas qu'il couvre entierement la surface du lit de la calamine. Sur ce lit de charbon, on en étend un second de calamine, tout semblable au premier; sur celui - ci, un lit de charbon, & ainsi de suite, jusqu'à ce que le volume que l'on veut calciner soit épuisé. Il faut observer de ménager à - travers ces lits l'ouverture de la cheminée. On calcine communément quatorze à quinze cent pesant de calamine à - la - fois; on y emploie quatre cordes & demie de bois, & à - peu - près une bonne de charbon, ou une voiture de 25 vaux ou 18 queues, à deux mannes la queue; ou, pour parler plus exactement, le charbon d'environ six cordes de bois.

La pyramide étant formée, on y met le feu; il faut veiller à sa conduite: le feu trop poussé, brûle la calamine ou la calcine trop; pas assez pousse, elle demeure sous forme de minerai. C'est l'habitude d'un travail journalier, qui apprend à l'ouvrier à connoître le vrai point de la calcination. On retire les premiers lits à mesure que le procédé s'avance; ils ont souffert depuis huit jusqu'à douze heures de feu.

Lorsque la calamine est calcinée & refroidie, on la nettoye, c'est - à - dire qu'on en sépare les pierres & autres substances étrangeres; on la porte dans un magasin bien sec, d'où on la tire ensuite pour l'écraser & la réduire en poudre.

On voit dans nos Planches, fig. 2. une pyramide de calamine en calcination; fig. 3, la base de la pyramyde; fig. 4, de la calamine calcinée; fig. 1, de la calamine apportée de la mine & prête à être mise en pyramide.

On mêle la calamine de la montagne de Lembourg avec celle de Namur; la premiere s'achete toute calcinée & nettoyée: elle est plus douce & produit davantage que celle de Landenne; mais les ouvriers la trouvent trop grasse, défaut qu'ils corrigent par le mélange avec celle de Lembourg. Sans ce correctif, les ouvrages qu'on feroit se noirciroient & se décrasseroient avec peine. Lorsque nous écrivions ce mémoire, la calamine de Lembourg se vendoit 50 s. le cent pesant, ou 25 liv. de France le mille, rendu à Viset où on la mene par charrois, & de Viset 5 liv. le mille pour la transporter par bateau à Namur, où elle revenoit par conséquent à 30 livres de France.

Cette calamine de Namur n'est pas toute ni toûjours de la même qualité; le fondeur en fait des essais. Pour cet effet, il met sur 60 livres de cala<cb-> mine de Namur, 15 à 20 livres de calamine de Lembourg; il fait écraser & passer le tout au blutoir; il y ajoute 35 livres de rosette ou cuivre rouge, & 35 livres de vieux cuivre ou mitraille; ce qui doit donner une table de 85 à 87 livres. Dès la premiere fonte, il trouve la proportion qu'il doit garder entre ses calamines, tant que celle de Namur dure.

Trituration de la calamine. Cette opération se fait par le moyen d'un moulin; ce moulin est composé de deux meules roulantes I, L, fig. 5. Pl. II. dont les essieux sont fixés à l'arbre vertical M, N, qu'un cheval dont on masque la vûe fait mouvoir. Ces meules portent sur un gros bloc de pierre P, qui est enterré; ce bloc est revétu sur son pourtour de douves de bois S, S, S, arrêtées avec des cerceaux de fer, & des appuis de bois R, le tourillon d'en - bas N, tourne dans une crapaudine de fonte, enchâssée en un marbre quarré, placé au centre du bloc; le tourillon d'en - haut M, se meut en un sommier du bâtiment, & est arrêté en V, par deux boulons qui traversent le sommier.

L'ouvrier employé au moulin remue continuellement la calamine avec une pelle, & la chasse sous les meules: le cheval doit faire quatre tours par minutes, & moudre 20 mesures par jour; chaque mesure de 15 pouces 6 lignes de diametre en - haut, & de 13 pouces 6 lignes dans le fonds, sur 13 pouces de hauteur. Cette mesure ou espece de baquet cerclé de fer, contient 150 liv. & les 20 mesures font 3000 liv. ce poids est le travail ordinaire.

Le même moulin mout quatre de ces mesures de terre à creuset dans une heure, & trois mesures de vieux creusets, matiere cuite & plus dure. On écrase aussi six mannes de charbon de bois dans le même intervalle de tems; & ces six mannes se réduisent à trois mannes de charbon pulvérisé. Les pierres qui forment ce moulin sont tirées des carrieres voisines de Namur; elles sont très - dures, d'un grain fin & bien piqué; les meules s'usent peu: bien choisies & bien travaillées, elles servent 40 à 50 ans. Le bloc sur lequel elles portent & qui fait la plate - forme, dure beaucoup moins.

Bluttage de la calamine. La calamine & le charbon étant écrasés au moulin, on les passe au blutoir A, B, fig. 6. Pl. II. C'est un cylindre construit de plusieurs cerceaux assemblés sur un arbre, & couverts d'une étamine de crin; il est enfermé dans une caisse C, D, posée sur des traverses & incliné de A, en E. Il a une manivelle qui le fait mouvoir; le son ou les parties grossieres qui peuvent passer au - travers de l'étamine tombent en F, & le gros & le fin séparés, s'amassent dessous le blutoir; la matiere à tamiser est en G, & l'ouvrier qui est au blutoir la fait tomber d'une main dans la trémie H, qui la conduit dans le blutoir, tandis que de l'autre main il meut la manivelle. Les deux fonds du tambour étant ouverts, le gros descend vers la planche E, d'où on le ramasse pour le reporter au moulïn; la calamine passée au blutoir est en poudre très - fine.

La calamine de Lembourg passée au blutoir & pressée dans un cube d'un pouce, a pesé 1 once 1 gros 19 grains; & la même quantité de Namur, a pesé 1 once 0 gros 24 grains; leur différence étoit de 67 grains; celle de Lembourg étoit d'un jaune fort pâle, & celle de Namur d'un jaune tirant sur le rouge, toutes les deux pulvérisées.

De l'alliage de 60 liv. de calamine avec 35 liv. de vieux cuivre & 35 liv. de rosette, il provient 15 à 17 livres d'augmentation, non compris l'arco, matiere qu'on sépare des cendres par des lessives, comme on le dira ci - après.

Sect. III. Fonderie. Une fonderie est ordinairement composée de trois fourneaux A, B, C, fig. 7. Pl. I. [p. 215] construits dans un massif de mâçonncrie E, F, fig. 8. Pl. III. enfoncés de maniere que les bouches de ces fourneaux D, ne soient que de trois à quatre pouces plus élevées que le niveau du terrein. On pratique en - avant deux fosses G, H, fig. 7. & 8. de 2 piés neuf pouces de profondeur, où l'on jette les cendres, ordures, & crasses qui proviennent de la fusion.

Il y a trois moules I, K, L, fig. 9. Pl. I. qu'on manoeuvre avec des pinces, & qu'on ouvre & ferme au moyen du treuil M, N.

Sur la roue N, s'enveloppe une corde qui vient se rouler sur le tour O.

Il y a une cisaille p, fig. 10, qui sert à couper & à distribuer le cuivre.

Il y a un mortier enterré qui sert à faire des paquets de vieux cuivre. Pour cet effet on étend sur ses bords un morceau de vieux cuivre le plus large & le plus propre à contenir le reste de la mitraille; on bat bien le tout; l'on en forme ainsi une espece de pelote de calibre au creuset: les ouvriers appellent cette pelote ou boule, poupe. La poupe pese environ 4 livres.

Il y a un bacquet qui contient la calamine.

Des amas de rosette rompue par morceaux, d'un pouce ou deux en quarré; une palette de fer pour enfoncer la rosette dans la calamine, & battre le tout dans le creuset.

Un instrument appellé la meé, pour mélanger la calamine avec le charbon de bois pulvérisé: on jette le tout dans le creuset, soit avec des pelles, soit à la main.

Trois lits autour des fourneaux, pour les fondeurs qui ne quittent leur travail que le samedi au soir.

Il faut que la hotte y, fig. 8. Pl. III. de la cheminée dépasse le bord du fosse H, afin que ce qui s'exhale des creusets suive la fumée des fourneaux.

Des moules pour former les creusets.

Des couvercles pour les fourneaux.

Les instrumens de la poterie.

Des pinces pour arranger les creusets dans les fourneaux, exporter le charbon où il faut, vers les bords des creusets; on les appelle pinces ou etnets.

Une pince coudée pour retirer les creusets, les manier, transvaser la matiere d'un creuset dans un autre, les redresser: on l'appelle attrape.

Une pince ou etnet droit, pour retirer la table du moule, & l'ébarber tout de suite, lorsque la matiere s'est extravasée entre les lames de ler & le plâtre.

Un fourgon pour attiser le feu, & entasser la calamine dans le creuset.

Un crochet qu'on employe à différens usages; il s'appelle havet.

Un cailiou plat, en forme de ciseaux, emmanché de bois, pour tirer les crasses & les cendres du creuset, lorsqu'on vuide la matiere du creuset où elle est en fusion, dans celui d'où on doit la couler dans le moule. On appelle cet instrument le tiout.

Un bouriquet pour contenir les branches de la tenaille, lorsqu'il s'agit de tenir à plomb le creuset qu'on charge.

Une palette de fer pour entasser les matieres dans le creuset.

Une tenaille double, pour transporter le creuset & le verser dans le moule.

Un instrument coudé & plat par le bout, en forme de hoyau, emmanché de bois, pour former le lit d'argile, ou le raccommoder sur les barres du fourneau, lorsque les trous du registre qu'on y a pratiqués, deviennent trop grands. On l'appélle polichinelle.

D'autres cisailles pour débiler le cuivre.

Un etnet ou pince à rompre le cuivre qui vient de l'arcot.

Une enclume avec sa masse, pour rompre la rosette.

Des mannes à charbon.

Des bacquets pour la calamine & autres usages.

Des mesures pour les mélanges.

Des brouettes. V. sur ces outils nos pl. & leur exp.

Chaque fourneau, tel que A, fig. 7 & 8, contient huit creusets qui sont rangés dans le fond, sur un lit d'argille de quatre pouces d'épaisseur, étendu sur les barres: ce lit est percé de onze trous.

Le cendrier est au - lessous des barres qui ont deux pouces en quarré, & qui sont rangées tant plein que vuide, excepté dans les angles où l'espace est plus grand. On y a ménagé quatre registres plus ouverts que les autres.

On appelle tilla la premiere assisse du fourneau. Le tilia est une espece de brique faite de terre à creuset, qui sert à la construction du fourneau. Les piés droits du fourneau s'établissent sur la grille, & de la hauteur de deux piés quatre pouces. La calotte qui forme la voûte du four, est composée de quatre piéces, & s'assied sur la derniere portion du tilla. On travaille ces pieces de la calotte, comme les creusets, au tour.

Lorsque les cendriers & fourneaux sont construits, on remplit d'argille bien battue les intervalles des voûtes seulement: il n'y a qu'un parement de maçonnerie du côté de la fosse.

Les voûtes, les creusets & le tilla, sont tous d'une même matiere que les creusets.

La terre à creuset se prend à Namur, au - dessus de l'abbaye de Gerousart. On la coupe en plein terrein; elle est noire, forte, fine & savonneuse. Elle pese 1 once [omission: formnla; to see, consult fac-similé version] le pouce; elle détache les étoffes. Les ouvrages qu'on en forme, recuits sont très - durs. On en fait des chenets qui durent trois à quatre ans, des contrecoeurs de cheminées; la neuve se mêle avec la vieille dans la composition des creusets.

Des voutes & des tilla. On mêle un tiers de vieille sur deux tiers de neuve. La vieille provient des creusets cassés & autres ouvrages détruits. On la garde en magasin; & quand on en a amassé une certaine quantité, on l'écrase au moulin; on la passe dans une bassine percée de trous, & on l'emploie.

La terre à creuset se tient à couvert & en manne aux environs des fourneaux, où elle seche pendant l'hiver. Au commencement du printems, on la mout, puis on fait le mélange que nous avons dit. On en prépare 40 à 50 milliers à la fois; on l'étend ensuite à terre; on la mouille, & deux hommes pendant douze jours la marchent deux fois par jour, une heure chaque fois: on la laisse ensuite reposer quinze jours sans y toucher. Ce tems écoulé, on recommence à l'humecter & à la marcher encore douze jours; alors elle est en pâte très - fine, & propre à être mise en oeuvre, au tour ou autrement.

On met à sécher & à s'essuyer les ouvrages qu'on a préparés dans des greniers, & non au soleil; & quand on veut s'en servir, on les cuit. Les voûtes du fourneau se cuisent en place; cependant elles ont été passées au feu deux ou trois heures avant que d'être placées. On laisse le tilla & les chenets aux fourneaux depuis le samedi jusqu'au lundi: les creusets se cuisent à mesure qu'on en a besoin.

Des moules. Chaque moule, fig. 9, est composée de deux pierres posées l'une sur l'autre. Chacune de ces pierres a communément cinq piés de longueur, deux pies neuf pouces de largeur, & un pié d'épaisseur; elles sont entaillées vers le milieu de leur épaisseur, & seulement de la profondeur d'un demi - pouce: cetté entaille sert à recevoir les chassis de fer qui contiendront ces pierres.

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