ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"198"> jeunes moutons; ce sont les bouchers & rotisseurs qui en font les abattis. La laine d'agnelin n'est permise que dans la fabrique des chapeaux.

Laine d'autruche, terme impropre; car ce n'est point une laine provenant de la tonture des brebis ou moutons, c'est le ploc d'autruche, c'est à - dire le duvet ou poil de cet oiseau. Il y en a de deux sortes, le fin & le gros; le fin entre dans la fabrique des chapeaux communs; le gros que l'on appelle ordinairement gros d'autruche, se file & s'emploie dans les manufactures de lainage, pour faire les lisieres des draps noirs les plus fins.

Laine auxi, autrement laine triée, est la plus belle laine filée, qui se tire des environs d'Abbeville.

Laine basse ou basse laine; c'est la plus courte & la plus sine laine de la toison du mouton ou de la brebis; elle provient du collet de l'animal qu'on a tondu. Cette sorte de laine filée sert aux ouvrages de bonneterie, comme aussi à faire la trême des tapisseries de haute & basse lisse, des draps, des ratines & semblables étoffes fines; c'est pour cela qu'on l'appelle laine - trame. Les Espagnols & les Portugais lui donnent le nom de prime, qui signifie premiere.

Laine cardée; c'est toute laine, qui après avoir été dégraissée, lavée, séchée, battue sur la claie, épluchée & aspergée d'huile, a passé par les mains des cardeurs, afin de la disposer à être filée, pour en fabriquer des tapisseries, des étoffes, des bas, des couvertures, &c. La laine cardée qui n'a point été aspergée d'huile, ni silée, s'emploie en courtepointes, en matelas, &c.

Laine crue; c'est de la laine qui n'est point apprétée.

Laine cuisse; c'est de la laine coupée entre les cuisses des brebis & des moutons.

Laine filée; c'est de la laine filée, qu'on appelle fil de sayette. Elle vient de Flandres, & particulierement du bourg de Turcoing; elle entre dans plusieurs fabriques de lainage, & fait l'objet d'un grand commerce de la Flandre françoise.

Laine fine, ou haute laine; c'est la meilleure de toutesles laines, & le triage de la mere - laine.

Laine frontiere; on appelle ainsi la laine filée des environs d'Abbeville & de Rosieres; c'est la moindre laine qui se tire de Picardie.

Laine grasse, ou laine en suif, laine ensuin, ou laine surge; tous ces noms se donnent à la laine qui n'a point encore été lavée, ni dégraissée. Les Epiciers - Droguistes appellent oesipe, le suin ou la graisse qui se tire des laines. Voyez OEsipe.

Laine haute, autrement dite laine - chaîne, laineétaim; c'est la laine longue & grossiere qu'on tire des cuisses, des jambes, & de la queue des bêtes à laine.

Laine migeau; on appelle ainsi dans le Roussillon la laine de la troisieme sorte, ou la moindre de toutes les laines, que les Espagnols nomment tierce.

Laine moyenne; est le nom de celle qui reste du premier triage de la mere - laine.

Laine de Moscovie; c'est le duvet des castors qu'on tire sans gâter ni offenser le grand poil; le moyen d'y parvenir n'est pas trop connu.

Laine peignée; est celle que l'on a fait passer par les dents d'une sorte de peigne ou grande carde, pour la disposer à être silée; on l'appelle aussi en un seul mot esiaim.

Laine pelade, ou laine avalie; est le nom de la laine que les Mégissiers & Chamoiseurs font tomber par le moyen de la chaux, de dessus les peaux de brebis & moutons, provenantes des abattis des bouchers: elle sert à faire les trêmes de certaines sortes d'étoffes.

Laine peignon, ou en un seul mot peignons; sorte de laine de rebut, comme la bourre; c'est le reste de la laine qui a été peignée.

Laine riflard; espece de laine la plus longue de celles qui se trouvent sur les peaux de moutons non apprétées. Elle sert aux Imprimeurs à remplir les instrumens qu'ils appellent balles, avec lesquelles ils prennent l'encre qu'ils emploient à l'Imprimerie.

Laine de vigogne; laine d'un animal d'Amérique qui se trouve dans les montagnes du Pérou, & qui ne se trouve que là. Cette laine est brune ou cendrée, quelquefois mêlées d'espace en espace de taches blanches: on en distingue de trois sortes; la fine, la carmeline ou batarde, & le pelotage; cette derniere se nomme ainsi, parce qu'elle vient en pelotes: elle n'est point estimée. Toutes ces trois laines entrent néanmoins mélangées avec du poil de lapin, ou partie poil de lapin, & partie poil de lievre, dans les chapeaux qu'on appelle vigognes.

Pile de laine, est un monceau de laine, formé des toisons abattues de dessus l'animal: ce terme de pile est en partie consacré aux laines primes d'Espagne. Entre ces laines primes, la pile des chartreux de l'Escurial; & celle des jésuites, passent pour les meilleures. Voyez Laine.

Lainer (Page 9:198)

Lainer, ou Laner, v. act. c'est tirer la laine sur la superficie d'une étoffe, la garnir, y faire venir le poil par le moyen des chardons.

Laineur (Page 9:198)

Laineur ou Laneur, s. m. (Arts méch.) ouvrier qui laine les étoffes, ou autres ouvrages de lainerie: on l'appelle aussi éplaigneur, emplaigneur, aplaigneur, pareur. Les outils dont il se sert pour travailler, se nomment croix ou croisées, qui sont des especes de doubles croix de fer avec des manches de bois, sur lesquelles sont montées des brosses de chardons.

Lainier (Page 9:198)

Lainier, s. m. (Com.) est celui qui vend en écheveaux ou à la livre, les laines qu'on emploie aux tapisseries, franges & autres ouvrages. Les marchands lainiers ont le nom de teinturiers en laine dans leurs lettres de maîtrise, les statuts & réglemens de police des Teinturiers, trois choses qui d'ailleurs ne fourniroient pas matiere à nos éloges.

S'il se rencontre ici des termes omis, on en trouvera l'explication aux mots Laine, manuf. & Laine apprét des. (D. J.)

LAINO (Page 9:198)

LAINO, (Géog.) Lans, petite place d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, au pié de l'Apennin, sur les confins de la Basilicate, près la petite riviere de Laino qui lui a donné son nom. Long. 33. 46. lat. 40. 4. (D. J.)

LAIQUE (Page 9:198)

LAIQUE, s. m. (Théolog.) se dit des personnes ou des choses distingués dans l'état ecclésiastique, ou de ce qui appartient à l'Eglite.

Laïque, en parlant des personnes, se dit de toutes celles qui ne sont point engagées dans les ordres ou du moins dans la cléricature.

Laïque, en parlant des choses, se dit ou des biens ou de la puissance; ainsi l'on dit biens laïques, pour exprimer des biens qui n'appartiennent pas aux églises. Puissance laïque, par opposition à la puissance spirituelle ou ecclésiastique.

Juge laïque, est un magistrat qui tient son autorité du prince & de la république, par opposition au juge ecclésiastique qui tient la sienne, immédiatement de Dieu même, tels que les évêques, ou des évêques, comme l'official. Voyez Official.

LAIS (Page 9:198)

LAIS, s. m. (Jurisprud.) en termes d'eaux & forêts fignifie un jeune baliveau de l'âge du bois qu'on laisse quand on coupe le taillis, afin qu'il revienne en haute futaie.

Lais dans quelques coutumes signifie ce que la riviere donne par alluvion au seigneur haut - justicier. Cout. de Bourbonnois, art. 340.

Lais se dit aussi quelquefois au lieu de laie à cens ou bail à rente, ou emphitéotique. Voyez Laie. [p. 199]

Tous ces termes viennent de laisser. (A)

LAIS (Page 9:199)

LAIS, (Géog. sacr.) ou plûtôt LAISCH, puisqu'il faut exprimer le Shin, ville située à l'extrémité de la Terre - sainte du côté du nord, & dans le teritoire assigné à la tribu d'Aser. Les Israëlites la nommerent ensuite Dan. Reland prétend que c'est la même que la Lésem de Josué, ch. xix. v. 47. Les Grecs l'appellerent Panéas, Diospolis, Cesarée de Philippe, & enfin Néroniade. Elle eut un évêque suffragant de Tyr, mais elle est détruite depuis long - tems. (D. J.)

LAISOT (Page 9:199)

LAISOT, s. m. (Commerce.) c'est dans les manufactures en toile de Bretagne, la plus petite laise que les toiles peuvent avoir selon les réglemens.

LAISSADE (Page 9:199)

LAISSADE, s. f. (Marine.) c'est l'endroit d'une jutere où la largeur des fonds est diminuée en venant sur l'arriere. La laissade est la même chose que la queste de poupe.

LAISSE (Page 9:199)

LAISSE, s. f. (Chasse.) corde dont on tient un chien pour le conduire, ou deux chiens accouplés.

Laisse (Page 9:199)

Laisse, (Chapelier.) cordon dont on fait plusieurs tours sur la forme du chapeau pour la tenir en état. Il y en a de crin, de soie, d'or & d'argent.

Laisse (Page 9:199)

Laisse, (Chasse.) Voyez Laissées.

Laisse (Page 9:199)

Laisse, (Géog.) riviere de Savoie; elle sort des montagnes des Deserts, passe au faubourg de Chamberry, & se jette, avec l'Orbane, dans le lac du Bourget. (D. J.)

LAISSES (Page 9:199)

LAISSES de la mer, (Marine.) ce sont des terres de dessus lesquelles la mer s'est retirée. On dit laisse de basse mer pour marquer le terrein que la mer découvre lorsqu'elle se retire & qu'elle est à la fin de son reflux.

LAISSÉ (Page 9:199)

LAISSÉ, s. m. (Rubanier.) ce sont tous les points blancs d'un patron qui désignent les hautes lisses, c'est - à - dire les endroits où il faut passer les trames à côté des bouclettes des hautes lisses, & non dedans. Ainsi on dit, la sixieme haute lisse fait un laissé le. En un mot, c'est le contraire des pris. Voyez Pris.

LAISSEE (Page 9:199)

LAISSEE, s. f. (terme de Chasse) ce sont les fientes des loups & des bêtes noires.

LAISSER (Page 9:199)

LAISSER, v. act. (Gramm. & Art mech.) ce verbe a un grand nombre d'acceptions differentes, dont voici les principales désignées par des exemples: l'accusation calomnieuse de cet homme que aimois, m'a laissé une grande douleur, malgré le mepris que j'en fais à présent. On a laissé cet argent en dépôt. On laisse tout traîner. On laisse un homme dans la nasse & l'on s'en tire. On laisse souvent le droit chemin. Malgré le peu de vraissemblance, ce sait ne laisse pas que d'être vrai. Il faut laisser à ses enfans un bien dont on n'est que le dépositaire, quand on l'a reçu de ses peres. Laissez moi parler, & vous direz après. Il vaut mieux laisser aux pauvres qu'aux églises. Je me suis laissé dire cette nouvelle. Cette comparaison laisse une idée dégoûtante. Ce vin laisse un mauvais goût. Je me laisse aller, quand je suis las de resister. de ne laisse au hasard que le moins que je peus. Il y a dans cet auteur plus à prendre qu'à laisser, &c.

Laisser (Page 9:199)

Laisser aller son cheval, c'est ne lui rien demander, & le laisser marcher à sa fantaisie, ou bien c'est ne le pas retenir de la bride lorsqu'il marche ou qu'il galope; il signifie encore, lorsqu'un cheval galope, lui rendre toute la main & le faire aller de toute sa vîtesse. Laisser échapper. Voyez Echapper. Laisser tomber. Voyez Tomber. Laisser souffler son cheval. Voyez Souffler.

LAIT (Page 9:199)

LAIT, s. m. (Chimie, Diete & Mat. med.) Il est inutile de définir le lait par ses qualités extérieures: tout le monde connoît le lait.

Sa constitution intérieure ou chimique, sa nature n'est pas bien difficile à dévoiler non plus: cette substance est de l'ordre des corps surcomposés, voyez Mixtion, & même de ceux dont les principes ne sont unis que par une adhérence très - imparfaite.

Une altération spontanée & prompte que cette liqueur subit infailliblement lorsqu'on la laisse à elle - même, c'est - à - dire sans mélange & sans application de chaleur artificiclle; cette altération, dis - je, suffit pour désunir ces principes & pour les mettre en état d'être séparés par des moyens simples & méchaniques. Les opérations les plus communes pratiquées dans les laiteries, prouvent cette vérité. Voy. Lait, économie rustique.

Les principes du lait ainsi manifestés comme d'eux - mêmes, sont une graisse subtile, connue sous le nom de beurre, voyez Beurre; une substance muqueuse, appellée caséeuse, du latin caseus, fromage, voyez Muqueux & Fromage; & une liqueur aqueuse, chargée d'une matiere saline & muqueuse. Cette liqueur est connue sous le nom de petit - lait, & sous le nom vulgaire de lait de beurre; & cette matiere saline - muqueuse, sous celui de sel ou de sucre de lait. Voyez Petit - lait & Sucre de lait, à la suite du présent article.

Cette altération spontanée du lait est évidemment une espece de fermentation. Aussi la partie liquide du lait ainsi altéré, qui a été débarrassée des matieres concrescibles dont elle étoit auparavant chargée, est - elle devenue une vraie liqueur fermentée, c'est - à - dire qu'il s'est engendré ou développé chez elle le produit essentiel & spécifique d'une des fermentations proprement dites, voyez Fermentation. C'est à la fermentation acéteuse que tourne communément le petit lait séparé de soi même, ou lait de beurre; mais on pense qu'il n'est pas impossible de ménager cette altération de maniere à exciter dans le lait la fermentation vineuse, & à saisir dans la succession des changemens arrivés dans le petit - lait, au moins queloues instans, pendant lesquels on le trouveroit spiritueux & enivrant. On ajoûte que de pareilles observations ont été faites plus d'une fois par hasard dans les pays où, comme en Suisse, le lait de beurre est une boisson commune & habituelle pour les hommes & pour quelques animaux domestiques, tels que les cochons, &c. On prétend donc qu'il n'est pas rare dans ces contrées de voir des hommes & des cochons enivrés par une abondante boisson de lait de beurre. On peut tenter sur ce sujet des expériences très - curieuses & très - intéressantes.

La fermentation commence dans le lait, & même s'y accomplit quant à son principal produit, celui de l'acide, avant que le beurre & fromage se séparent; car le lait laissé à lui - même s'aigrit avant de tourner, c'est - à - dire avant la desunion des principes dont nous venons de parler: l'un & l'autre changement, savoir l'aigrir & le tourner, sont d'autant plus prompts, que la saison est plus chaude.

On n'a pas déterminé, que je sache, par des expériences, si une partie de l'acide du lait aigri étoit volatile.

Les principes immédiats du lait se desunissent aussi par l'ébullition. Dès qu'on fait bouillir du lait, il se forme à sa surface une pellicule qui ne differe presque point de celle qui nage sur le lait qui a subi la décomposition spontanée: cette matiere s'appelle crême; elle n'est autre chose que du beurre mêlé de quelques parties de fromage, & empreint ou imbibé de petit - lait. On peut épuiser le lait de sa partie butireuse, par le moyen de l'ébullition. Dans cette opération, le fromage reste dissous dans le petit - lait qui n'aigrit point (ce qui est conforme à une propriété constante de la fermentation vineuse & de l'acéteuse, savoir d'être empêchées, prévenues, suspendues par un mouvement étranger), & qui acquiert même la propriété d'aigrir beaucoup plus tard, lorsqu'on l'abandonne ensuite à sa propre pente. Le lait qu'on a fait bouillir seulement pendant un quart - d'heure, se conserve sans aigrir ni tourner pendant beau<pb->

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