ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"170"> seu lent dans une lessive convenable, soit en les faisant distiller plusieurs sois avec de l'esprit - de - vin. C'est de ces deux manieres qu'on tire les couleurs de toutes sortes de plantes récentes; la jaune de la fleur du genêt; la rouge, du pavot; la bleue, de l'iris ou de la violette; la verte, de l'acanthe; la noire, de la laterne selon Clusius, &c. & cette lacque est d'un grand usage dans la Peinture, sur - tout aux peintres en fleurs, & aux enlumincurs; nous allons parler de ces deux méthodes; commençons par celle de la lessive.

l'aites avec de la soude & de la chaux une lessive mediocrement forte; mettez cuire, par exemple, des fleurs de genêts, récentes, à un feu doux, de maniere que cette lessive se charge de toute la couleur des fleurs de genêts; ce que vous reconnoîtrez, si les fleurs dont on a sait l'extrait sont devenues blanches, & la lessive d'un beau jaune; vous en retirerez pour lors les fleurs, & vous mettrez la décoction dans des pots de terre vernissés pour la saire bouillir; vous y joindrez autant d'alun de roche qu'il s'y en pourra dissoudre. Retirez ensuite la decoction, versez la dans un pot plein d'eau claire, la couleur jaune se précipitera au fond. Vous laisserez alors reposer l'eau, vous la décanterez & y en verserez de nouvelle. Lorsque la couleur se sera déposée, vous décanterez encore cette eau, & vous continuerez de même, jusqu'à ce que tout le sel de la lessive & l'alun ayent été enlevés, parce que plus la couleur sera déchargée de sel & d'alun, plus elle sera belle. Dès que l'eau ne se chargera plus de sel, & qu'elle sortira sans changer de couleur, vous serez assurés que tout le sel & l'alun ont été emportes; alors vous trouverez au fond du pot de la lacque pure & d'une belle couleur.

Il faut observer entr'autres choses dans ces opérations, que lorsqu'on a fait un peu bouillir les fleurs dans une lessive, qu'on l'a décantée, qu'on en a versé une nouvelle sur ce qui reste; qu'après une deuxieme cuisson douce, on a réitéré cette opération jusqu'à trois fois, ou plutôt tant qu'il vient de la couleur, & qu'on a précipité chaque extrait avec de l'alun; chaque extrait ou précipitation donne une lacque ou couleur particuliere, qui est utile pour les différentes nuances, dont sont obligés de se servir les peintres en fleurs.

On ne doit point cependant attendre cet effet de toutes les fleurs, parce qu'il y en a dont les couleurs sont si tendres, qu'on est obligé d'en mettre beaucoup sur une petite quantité de lessive, tandis qu'il y en a d'autres pour qui on prend beaucoup de lessive sur peu de fleurs; mais ce n'est que la pratique & l'expérience qui peuvent enseigner quel est le tempérament à garder.

Il ne s'agit plus que de sécher la lacque qu'on a tirée des fleurs. On pourroit l'étendre sur des morceaux de linge blanc, qu'on feroit sécher à l'ombre sur des briques nouvellement cuites; mais il vaut mieux avoir une plaque de gypse, haute de deux ou trois travers de doigts; des qu'on voudra sécher la lacque, on fera un peu chauffer le plateau de gypse, & on étendra la lacque dessus; ce plateau attire promptement l'humidité. Un plateau de gypse peut servir long - tems à cet usage, pourvu qu'on le fasse sécher à chaque fois qu'on l'aura employé; au lieu de gypse on pourroit encore se servir d'un gros morceau de craye lisse & unie. Il n'est pas indifférent de sécher la lacque vîte ou lentement; car il s'en trouve, qui en séchant trop vîte, perd l'éclat de sa couleur, & devient vilaine; il faut donc en ceci beaucoup de patience & de précaution.

Passons à la méthode de tirer la lacque artificielle par l'esprit - de - vin; voici cette méthode selon Kunchel.

Je prends, dit - il, un esprit - de - vin bien rectiflé & déslelgmé, je le verse sur une plante ou fleur, dont je veux extraire la teinture; si la plante est trop grosse ou seche, je la coupe en plusieurs morceaux; s'il s'agit de fleurs, je ne les coupe ni ne les écrase.

Aussi - tôt que mon esprit - de - vin s'est coloré, je le décante, & j'en verse de nouveau. Si la couleur qu'il me donne cette seconde fois est semblable à la premiere, je les mets ensemble; si elle est différente, je les laisse à part, j'en ôte l'esprit - de - vin par la voye de la distillation, & je n'en laisse qu'un peu dans l'alambic pour pouvoir en retirer la couleur; je la mets dans un vase ou matras, pour la faire évaporer lentement, jusqu'à ce que la couleur ait une consistance convenable, ou jusqu'à ce qu'elle soit entierement seche; mais il faut que le feu soit bien doux, parce que ces sortes de couleurs sont fort tendres.

Il y a des couleurs de fleurs qui changent & donnent une teinture toute différente de la couleur qu'elles ont naturellement, c'est ce qui arrive sur - tout au bleu; il faut une grande attention & un soin particulier pour tirer cette couleur: il n'y a même que l'usage & l'habitude qui apprennent la maniere d'y réussir.

Finissons par deux courtes observations; la premiere que les plantes ou fleurs donnent souvent dans l'esprit - de - vin une couleur différente de celles qu'elles donnent à la lessive. La seconde, que l'extraction ne doit se faire que dans un endroit frais; car pour peu qu'il y eût de chaleur, la couleur se gâteroit, c'est par la même raison qu'il est très - aisé en distillant, de se tromper au degré de chaleur, & que cette méprise rend tout l'ouvrage laid & disgracieux; un peu trop de chaleur noircit les couleurs des végétaux; le lapis lui - même perd sa couleur à un feu trop violent. (D. J.)

LACHRIMA CHRISTI (Page 9:170)

LACHRIMA CHRISTI, (Hist. nat.) c'est le nom que l'on donne en Italie à un vin muscat très agréable, qui croît au royaume de Naples, au milieu des cendres & des débris du mont Vésuve. On dit qu'un polonois ayant trouvé ce vin fort à son gré, s'écria : ô Domine! cur non etiam in terris nostris lacrymatus es? Seigneur, pourquoi n'avez - vous point pleuré dans nos pays?

LACHRIME (Page 9:170)

LACHRIME D'ANGLETERRE, crithmum (Jardin) Voyez Passepierre.

LACROME (Page 9:170)

LACROME, (Géog.) écueil au voisinage du port de Raguse; & sur cet écueil qui a près d'une lieue de tour, est une abbaye de bénédictins. M. de Lisle nomme cet écueil Chirona dans sa carte de la Grece. (D. J.)

LACTAIRE, Colomne (Page 9:170)

LACTAIRE, Colomne, (Littér.) Lactaria, on sousentend columna; colomne élevée dans le marché aux herbes à Rome, où l'on apportoit les enfans trouvés pour leur avoir des nourrices. Nous apprenons de Juvénal, Satyr. VI. v. 610. que les femmes de qualité y venoient souvent prendre des enfans abandonnés pour les élever chez elles; ensuite les autres enfans dont personne ne se chargeoit étoient nourris aux dépens du public. (D. J.)

LACTÉES, Veines lactées (Page 9:170)

LACTÉES, Veines lactées, ou Vaisseaux lactés, en Anatomie, sont de petits vaisseaux longs, qui des intestins portent le chyle dans le réservoir commun. Voyez Chyle.

Hippocrate, Erasistrate & Galien, passent pour les avoir connues; mais Asellius fut le premier qui publia en 1622 une description exacte de celles qu'il avoit vûes dans les animaux, & qui les nomma veines lactées, parce que la liqueur qu'elles contiennent ressemble à du lait. Voyez Dougl. bibl. anat. pag. 236. édit. 1734. Tulpius est le premier qui les ait vûes dans l'homme en 1537. Highmor & Folius en 1739. Veslingius les a souvent vûes dans l'homme, [p. 171] & il en a donné la figure. Celle que Duverney a insérée dans le vol. I. des actes de Petersbourg, est la meilleure de toutes. Ces veines, du tems de Bartholin, ont été tellement confondues avec les vaisseaux lymphatiques, que les uns ont dit qu'elles se jettoient dans le foie, d'autres dans la matrice, d'autres enfin dans différentes parties.

Ces vaisseaux ont des tuniques si minces, qu'ils sont invisibles, excepté lorsqu'ils sont remplis de chyle ou de lymphe. Ils viennent de tous les endroits des intestins grêles, & à mesure qu'ils s'avancent de - là vers les glandes du mesentere, ils s'unissent & forment de plus grosses branches, appellées veines lactées du premier genre. Les orifices par lesquels ces vaisseaux s'ouvrent dans la cavité des intestins, d'où ils reçoivent le chyle, sont si petits qu'il est impossible de les appercevoir avec le meilleur microscope. Il étoit necessaire qu'ils surpassassent en petitesse les plus petites arteres, afin qu'il n'y entrât rien qui pût arrêter la circulation du sang.

Cette extrémité des veínes lactées communique avec les arteres capillaires des intestins, & les veines lactées reçoivent par ce moyen une lymphe qui détrempe le chyle, en facilite le cours, les tiennent nettes elles - mêmes, & aussi les glandes, de peur que le chyle venant à s'y arrêter quand on jeûne, ne les embarrasse & ne les bouche.

Les veines lactées par leur autre extrémité, déchargent le chyle dans les cellules vessiculaires des glandes répandues par tout le mésentere. De ces glandes viennent d'autres veines lactées plus grosses, qui portent le chyle immédiatement dans le reservoir de Pecquet; & ces dernieres sont appellées veines lactées secondaires.

Les veines lactées ont de distance en distance des valvules qui empêchent le chyle de retourner dans les intestins. Voyez Valvule.

On doute encore si les gros intestins ont des veines lactees ou non. L'impossibilité de disséquer des corps humains comme il faudroit pour une telle recherche, ne permet pas de l'assurer ou de le nier. Les matieres contenues dans les gros intestins ne sont pas propres à fournir beaucoup de chyle; de sorte que s'ils ont des veines lactées, ils ne sauroient vraissemblablement en avoir que très - peu. Il est constant qu'on les a observées dans plusieurs animaux. Winslow, Bohne, Folius, Warcher, Highmor les ont vues dans l'homme. Santorini, Le psotti, Drelincourt, Brunner, prétendent qu'il n'y en a point dans les gros intestíns; mais, comme l'observe très - judicieosement M. Haller, les conclusions négatives doivent être soutenues par beaucoup d'expériences.

Dans les animaux, si on les ouvre, un tems raisonnable après qu'ils ont pris de la nourriture, comme au bout de deux ou trois heures, on apperçoit les veines tactées blanches & très gonflées; & si on les blesse, le chyle en sort abondamment. Mais si on les examine lorsque l'estomac de l'animal a été quelque tems vuide, elles paroissent comme des vaisseaux lymphatiques, étant visibles à la vérité, mais pleines d'une liqueur transparente.

Le chyle contenu dans les veines lactées, montre qu'elles communiquent avec la cavité des intestins. Mais on n'a pas encore découvert comment leurs orifices sont disposés pour le recevoir, & on ne connoît aucun moyen d'injecter les veines lactées par la cavité des intestins. Ainsi leur entrée dans ce canal est probablement oblique, puisque ni l'air, ni les liqueurs n'y peuvent pénétrer de - là; & comme les veines lactées ne reçoivent rien que pendant la vie de l'animal, il y a lieu de croire que c'est le mouvement péristaltique des intestins qui les met en état de recevoir le chyle. Ce qui peut s'exécuter par le moyen des fibres circulaires & longitudinales des intestins, qui appliquent sans cesse leurs tuniques internes contre ce qu'ils contiennent; en conséquence de quoi le chyle est separé de la matiere excrémentitielle, & se trouve forcé d'entrer par les orifices des veines lactées.

LACTÉE, voie (Page 9:171)

LACTÉE, voie, (Astron.) est la même chose que Galaxie; on l'appelle aussi voie de lait: mais de ces trois dénominations celle de voie lactée est plus en usage, même parmi les Astronomes. Voyez l'article Galaxie.

LACTODORUM (Page 9:171)

LACTODORUM, (Géog. anc.) ou plutôt LACTORODUM, ancien lieu de la grande - Bretagne, qui se trouvoit, selon l'Itinéraire d'Antonin, entre Bennavenna & Magiovintum. M. Gale rend Bennavenna par Weedon, & Magiovintum par Dunstale. Il croit que Lactorodum est Stony - streadfort, un gué sur le chemin pavé. Il aime mieux lire Lactorodum que Lactodorum, parce qu'en langue bretone, lech signifie une pierre, & rhyd, un gué. (D. J.)

LACTURCIE (Page 9:171)

LACTURCIE, (Littér.) & par d'autres LACTUCINE ou LACTICINIE, déesse des Romains, qui amollissoit les blés en lait, aprés que Flore en avoit pris soin lorsqu'ils etoient en fleurs. Varron donnoit cette charge au dieu Lactans, & selon les PP. Bénédictins au dieu Lacturne. Tous ces mots qui renferment la même idée, faisoient grand plaisir aux poëtes géorgiques, & ne pouvoient qu'annoblir leurs écrits; nous n'avons plus ces mêmes avantages. (D. J.)

LACUNES (Page 9:171)

LACUNES, lacunoe, chez les Anatomistes, sont certains conduits excrétoires dans les parties naturelles de la femme. Voyez les Planch. anatomiques & leur explication.

Entre les fibres charnues des ureteres & la membrane du vagin, on trouve un corps blanchâtre & glanduleux, d'environ un doigt d'épais, qui s'étend autour du col de la vessie, & qui a un grand nombre de conduits excrétoires, que de Graaf appelle lacunis; lesquels se terminent à la partie inférieure de l'orifice de la matrice de chaque côté par un petit trou plus visible que tous les autres qui répondent par deux petits tuyaux à ce corps folliculeux, & y apportent une humeur visqueuse qui se mêle avec la semence du mâle. Voyez Génération, Conception, Semence , &c.

Lacune (Page 9:171)

Lacune, (Imprimerie.) ce mot s'entend dans la pratique de l'Imprimerie, d'un vuide ou interruption de discours que l'on imite dans l'impression lorsqu'il s'en trouve dans un manuscrit, que l'on n'a pas jugé à propos ou que l'on n'a pu remplir; assez ordinairement on représente ce défaut d'un manuscrit, à l'impression, par des lignes de points.

LACYDON (Page 9:171)

LACYDON, (Géog. anc.) *DKU/DON, c'est proprement le nom du port de Marseille. La ville & le port avoient leurs noms particuliers, comme Athenes. (D. J.)

LADA (Page 9:171)

LADA, s. m. (Hist. mod.) du saxon ladian, signifie aussi une purgation canonique ou maniere de se laver d'une accusation, en faisant entendre trois témoins pour sa décharge. Dans les lois du roi Ethelred, il est souvent fait mention de lada simplex, triplex & plena. La premiere étoit apparemment celle où l'accusé se justifioit par son seul serment; la seconde celle où il produisoit trois témoins, ou comme on les nommoit alors conjuratores, & peut - être étoit - il du nombre. Quant à la troisieme espece, on ignore quel nombre de témoins étoit précisément requis pour remplir la formalité nommée lada plena.

LADAC ou LADNEA (Page 9:171)

LADAC ou LADNEA, (Géog.) royaume d'Asie dans le grand Thibet, dont il fait partie: il est par les 35d de latitude septentrionale, & a au nord des deserts traversés par le chemin de Cachemire au Tangut. (D. J.

LADANUM (Page 9:171)

LADANUM, s. m. (Hist. nat. des drog. exot.)

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.