ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"168"> n'y a que le grec qui ait trouvé l'art d'atteindre à une briéveté si nerveute & si forte. (D. J.)

LACONUM TROPH (Page 9:168)

LACONUM TROPHEA, (Littérat.) monument érigé près des Thermopyles en l'honneur des trois cens Lacédémoniens, qui commandés par leur roi Léonidas, arièterent la formidable armée de Xerxes:

Trois cens Grecs retranchès au pas des Thermopyles, Renairent en ce jour ses esforts inutiles; Et les Athéniens aimerent mieux cent fois Abanàonner leurs murs que de suivre ses lois. (D. J.)

LACOWITZ (Page 9:168)

LACOWITZ, (Géog.) ville de la Pologne, dans la Russle blanche, au palatinat de Novogorodeek.

LACQUE (Page 9:168)

LACQUE, s. f. (Hist. nat. des Drog. Arts, Chim.) espece de cire que des fourmis ailées, de couleur rouge, ramassent sur des fleurs aux Indes orientales, & qu'elles transportent sur de petits branchages d'arbres où elles font leur nid.

Il est vraissemblable qu'elles y déposent leurs oeufs; car ces nids sont pleins de cellules, où l'on trouve un petit grain rouge quand il est broyé, & ce petit grain rouge est selon les apparences l'oeuf, d'où la fourmi volante tire son origine.

La lacque n'est donc point précisément du genre des gommes, ni des résines, mais une sorte de cire recueillie en forme de ruche, aux Indes orientales, par des fourmis volantes; cette cire séchée au soleil devient brune, rouge clair, transparente, fragile.

On nous l'apporte de Bengale, de Pégu, de Malabar, & autres endroits des Indes. On la nomme trec dans les royaumes de Pégu & de Martaban.

Garcie des Jardins & Bontius sont du nombre des premiers parmi les auteurs qui nous en ont appris sa véritable origine. Ceux qui prétendent que la lacque est une partie de la féve du jujuba indica, qui suinte à - travers l'écorce, sont dans l'erreur; car, outre que les bâtons sur lesquels elle a été formée prouvent le contraire, la résine qui distille par incision de cet arbre est en petite quantité & d'une nature toute différente.

Plusieurs écrivains se sont aussi persuadés que la lacque avoit été connue de Dioscoride & de Sérapion; mais la description qu'ils nous en ont donnée démontre assez le contraire. Quant au nom de gomme qu'elle pôrte, c'est un nom impropre & qui ne peut lui convenir, puisque c'est un ouvrage de petits insectes.

La principale espece de lacque est celle qu'on nomme lacque en bâtons, parce qu'on nous l'apporte attachee a de petits branchages sur lesquels elle a été formée. Il ne faut pas croire que cette espece de cire provienne des petits rameaux où on la voit attachée, puisqu'en la cassant, & en la détachant de ces petits bâtons, on ne voit aucune issue par où elle auroit pû couler. D'ailleurs, comme cette espece de cire est fort abondante, & que souvent les bâtons sont très petits, il est visible qu'elle n'en est point produite. Enfin, le sentiment unanime des voyageurs le confirme.

Ils nous disent tous que les bâtons de la lacque ne sont autre chose que des branchages que les habitans ont soin de piquer en terre en grande quantité, pour servir de soutien à l'ouvrage des fourmis volantes qui viennent y déposer l'espece de cire que nous appellons lacque. Le mérite de la lacque de Bengale sur celle de Pégu ne procede que du peu de soin que les Péguans ont de préparer les bâtons pour recevoir le riche ouvrage de leurs fourmis, ce qui oblige ces insectes de se décharger à terre de la lacque qu'ils ont recueillie, laquelle étant mêlée de quantité d'ordures, est beaucoup moins estimée que celle de Bengale, qui ne vient qu'en bâtons.

Mais tâchons de dévoller la nature de l'ouvrage de ces infectes; M. Geoffroy, qui s'en est occupé, semble y être parvenu. Voici le précis de ses observations, insérées dans les Mém. de l'acad. des Se. année 1714.

Il lui a paru, en examinant l'ouvrage de ces petits animaux, que ce ne pouvoit être qu'une sorte de ruche, approchant en quelque façon de celle que les abeilles & d'autres insectes ont coutume de travailler. En effet, quand on la casse, on la trouve partagée en plusieurs cellules ou alvéoles, d'une figure assez unlforme, & qui marque que ce n'a jamais été une gomme, ni une résine coulante des arbres. Chacune de ces alvéoles est oblongue, à plusiours pans, quelquefois tout - à - fait ronde, selon que la matiere etant encore molle, a été dérangée, & a coulé autour de la branche qui la soutient.

Les cloisons de ces alvéoles sont extrèmement fines, & toutes pareilles à celles des ruches des mouches à miel; mais comme elles n'ont rien qui les défende de l'injure de l'air, elles sont recouvertes d'une couche de cette même cire, assez dure & assez épaisse pour leur servir d'abri; d'où l'on peut conjecturer que ces animaux ne travaillent pas avec moins d'industrie que les abeilles, puisqu'ils ont beaucoup moins de commodités.

Il y a lieu de croire que ces alvéoles sont destinées aux essains de ces insectes comme celles des abeilles; & que ces petits corps qu'on y trouve sont les embrions des insectes qui en doivent sortir; ou les enveloppes de ceux qui en sont sortis effectivement, comme on le voit dans la noix de galle, & autres excroissances provenant de la piqûure des insectes.

Ces petits corps sont oblongs, ridés ou chagrinés, terminés d'un côté par une pointe, de l'autre par deux, & quelquefois par une troisieme. En mettant ces petits corps dans l'eau, ils s'y renflent comme la cochenille, la teignent d'une aussi belle couleur, & en prennent à peu - près la figure, en sorte que la seule inspection fait juger que ce sont de petits corps d'insectes, en quelque état qu'ils soient; ce sont eux qui donnent à la lacque la teinture rouge qu'elle semble avoir; car quand elle en est absolument dépouillée ou peu fournie, à peine en a - t - elle une légere teinture.

Il paroît donc que la lacque n'est qu'une sorte de cire, qui forme pour ainsi dire le corps de la ruche, & cette cire est d'une bonne odeur quand on la brûle. Mais pour ce qui est des petits corps, qui sont renfermés dans les alvéoles, ils jettent, en brùlant, une odeur desagréable, semblable à celle que rendent les parties des animaux. Plusieurs de ces petits corps sont creux, pourris ou moisis; d'autres sont pleins d'une poudre où l'on découvre, à l'aide du microscope, quantité d'insectes, longs, transparens, à plusieurs pattes.

On peut comparer la lacque, qui est sur les bâtons chargés d'alvéoles, à la cire de nos mouches, & dire que sans les fourmis il n'y auroit point de lacque; car ce sont elles qui prennent soin de la ramasser, de la préparer & de la travailler pendant huit mois de l'année pour leur usage particulier, qui est la production & la conservation de leurs petits. Les hommes ont aussi mis à profit cette lacque, en l'employant pour la belle teinture des toiles qui se fait aux Indes, pour la belle cire à cacheter dont nous nous servons, pour les vernis & pour la peinture.

On a établi différentes sortes de lacques. Premierement, la lacque en branches, dont on peut distinguer deux especes; une de couleur d'ambre jaune, qui porte des alvéoles remplis de chrysalides, dont [p. 169] la couleur est grise, c'est la lacque de Madagasear: Flacourt en a parlé le premier, & elle ne mérite aucune estime.

La seconde espece est d'une couleur plus obscure à l'extérieur; mais entierement rouge, lorsqu'on regarde la lumiere à - travers. Cette belle couleur lui vient de ce que ses alvéoles sont bien remplis, & que les parties animales y étant en abondance, ont communiqué leur teinture à la cire à l'aide de la chaleur du soleil. On peut dire que c'est la lacque dans sa maturité; aussi est elle pesante, plus serrée & plus solide que la précédente; c'est - là la bonne lacque.

Les Indiens, sur - tout les habitans de Bengale, qui en connoissent tout le prix, & combien les Européens l'estiment, sont attentifs à sa préparation. Pour cet effet ils enfoncent en terre dans les lieux où se trouvent les insectes qui la forment, quantité de petites branches d'arbres ou de roseaux, de la maniere qu'on rame les pois en France. Lorsque ces insectes les ont couvert de lacque, on fait passer de l'eau par - dessus, & on la laisse ainsi exposée quelque tems au soleil, où elle vient dure & seche, telle qu'on nous l'apporte en Europe.

Cette gomme bouillie dans l'eau avec quelques acides, fait une teinture d'un très beau rouge. Les Indiens en teignent ces toiles peintes si sévérement défendues, & si fort à la mode en France, qui ne perdent point leur couleur à l'eau: les Levantins cn rougissent aussi leurs maroquins. Elle doit être choisie la plus haute en couleur, nette, claire, un peu transparente, se fondant sur le feu, rendant étant allumée une odeur agréable, & quand elle est mâchée, teignant la salive en couleur rouge.

Quelques auteurs de matiere médicale lui attribuene les vertus d'être incisive, apéritive, atténuante; de purisier le sang, d'exciter les mois aux femmes, la transpiration & la sueur; mais ces vertus sont si peu confirmées par l'expérience, que l'usage de cette drogue est entierement reservé pour les Arts.

La lacque en grain, est celle que l'on a fait passer légerement entre deux meules, pour en exprimer la substance la plus précieuse; la lacque plate est celle qu'on a fondue & applatie sur un maibre: elle ressemble au verre d'antimoine.

Tout le monde sait que la lacque en grain est employée pour la cire à cacheter, dont celle des Indes est la meilleure de toutes: c'est de la bonne lacque liquefiée & colorée avec du vermillon. Les Indiens font encore avec leur lacque colorée une pâte très dure, d'un beau rouge, dont ils forment des brasselets appellés manilles.

Pour tirer la teinture rouge de la lacque, au rapport du P. Tachard, on la separe des branches, on la pile dans un mortier, on la jette dans de l'eau bouillante, & quand l'eau est bien teinte, on en remet d'autre, jusqu'à ce qu'elle ne teigne plus. On fait évaporer au soleil la plus grande partie de l'eau; on met ensuite cette teinture épaissie dans un linge clair; on l'approche du feu, & on l'exprime autravers dulinge. Celle qui a passé la premiere est en gouttes transparentes, & c'est la plus belle lacque. Celle qui sort ensuite par une plus forte expression, & qu'on est obligé de racler avec un couteau, est plus brune, & d'un moindre prix. Voilà la préparation de la lacque la plus simple, qui n'est qu'un extrait de la couleur rouge que donnent les parties animales.

C'est de cette premiere préparation, dont les autres qui se sont introduites depuis par le secours de l'art, ont prises leur nom. De - là toutes les lacques employées dans la Peinture, pour peindre en mignature & en huile, qui sont des pâtes séches, aux<cb-> quelles on a donné la couleur de la lacque, selon les degrés nécessaires pour la gradation des teintes.

Ce mot de lacque s'est ensuite étendu à un grand nombre d'autres pâtes séches, ou poudres de différentes couleurs, & teintes avec des matieres bien différentes. Ainsi la lacque fine de Venise est une pâte faite avec de la cochenille mesteque qui reste après qu'on en a tiré le premier carmin. La lacque colombine, ou lacque plate, est une pâte qu'on préparoit autrefois à Venise mieux qu'ailleurs, avec des tontures de l'écarlate bouillie dans une lessive de soude blanchie avec de la craie & de l'alun. La lacque liquidc est une certaine teinture tirée du bois de Brésil; toutes ces lacques s'emploient dans la Peinture & dans les vernis.

Divers chimistes en travaillant la lacque, ont observé qu'elle ne se fond ni ne se liquéfie point dans de l'huile d'olive, quoiqu'on les échauffe ensemble sur le feu; l'huile n'en prend même aucune couleur, & la lacque demeure au fond du vaisseau, en une substance gommeuse, dure, cassante, grumeleuse, rouge & brune; ce qui prouve encore chimiquement que la lacque n'est point une résine.

Les mêmes chimistes ont cherché curieusement à tirer la teinture de la lacque, & l'on ne sera pas fâché d'en trouver ici le meilleur procédé: c'est à Boerrhaave qu'on le doit.

Prenez de la lacque pure, reduisez la en une poudre très - fine, humectez la avec de l'huile de tartre par défaillance, faites - en une pâte molle, que vous mettrez dans un matras, exposez ce vaisseau sur un fourneau à une chaleur suffisante, pour sécher peu - à - peu la masse que vous aurez formée. Retirez ensuite votre vaisseau, laissez - le refroidir en pleia air, l'huile alkaline se resoudra de rechef; remettez la masse sur le feu une seconde fois, retirez une seconde fois le vaisseau, & réitérez la liquéfaction; continuez de la même maniere une troisieme fois, desséohant & liquéfiant alternativement, & vous parviendrez finalement à détruire la ténacité de la gomme, & à la mettre en une liqueur d'une belle couleur purpurine. Faites sécher de rechef, & tirez la masse seche hors du vaisseau; cette masse ainsi préparée & pulvérisée, vous fournira la teinture avec l'alcohol.

Mettez - la dans un grand matras, versez dessus autant d'alcohol pur qu'il en faut pour qu'il surnage, fermez votre vaisseau avec du paprer; remettez - le sur votre fourneau, jusqu'à ce que y ayant demeuré deux ou trois heures, l'alcohol commence à bouillir; vous pouvez le faire sans danger, à cause de la longueur & de l'étroitesse du col du matras. Laissez refroidir la liqueur, ôtez la teinture claire, en inclinant doucement le vaisseau que vous tiendrez bien fermé: traitez le reste de la même maniere avec d'autre alcohol, & continuez jusqu'à ce que la matiere soit épuisée, & ne teigne plus l'alcohol.

C'est par ce beau procéde qu'on peut tirer d'excellentes teintures de la myrrhe, de l'ambre, de la gomme de genievre & autres, dont l'efficacité dépendra des vertus résidentes dans les substances d'où on les tirera, & dans l'esprit qui y sera secretement logé.

Ce même procédé nous apprend 1°. qu'un alkali à l'aide de l'air & d'une chaleur digestive, est capable d'ouvrir un corps dense, & de le disposer à communiquer ses vertus à l'alcohol; 2°. que l'action de la désiecation sur le feu & de la liquétaction à l'air, faites alternativement, agit sur les particules les plus insensibles du corps dense, sans toutefois qu'en poussant ce procédé aussi loin qu'il est possible, on parvienne jamais à les dissoudre toutes. (D. J.)

Lacque artificielle (Page 9:169)

Lacque artificielle, (Arts.) substance colorée qu'on tire des fleurs, soit en les faisant cuire à

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