ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"148"> C'est les décharger des bateaux sur lesquels ils ont été chargés, & les mettre à terre.

LABOUREUR (Page 9:148)

LABOUREUR, s. m. (Econom. rustiq.) Ce n'est point cet homme de peine, ce mercenaire qui panse les chevaux ou les boeufs, & qui conduit la charrue. On ignore ce qu'est cet état, & encore plus ce qu'il doit être, si l'on y attache des idées de grossiereté, d'indigence & de mépris. Malheur au pays où il seroit vrai que le laboureur est un homme pauvre: ce ne pourroit être que dans une nation qui le seroit elle - même, & chez laquelle une décadence progressive se feroit bientôt sentir par les plus funeltes effets.

La culture des terres est une entreprise qui exige beaucoup d'avances, sans lesquelles elle est stérile & ruineuse. Ce n'est point au travail des hommes qu'on doit les grandes récoltes; ce sont les chevaux où les boeufs qui labourent; ce sont les bestiaux qui engraissent les terres: une riche récolte suppose nécessairement une richesse précédente, à laquelle les travaux, quelque multipliés qu'ils soient, ne peuvent pas suppléer. Il faut donc que le laboureur soit propriétaire d'un fonds considérable, soit pour monter la ferme en bestiaux & en instrumens, soit pour fournir aux dépenses journalieres, dont il ne commence à recueillir le fruit que près de deux ans après ses premieres avances. Voyez Ferme & Fermier, Economie politique.

De toutes les classes de richesses, il n'y a que les dons de la terre qui se reproduisent constamment, parce que les premiers besoins sont toujours les mêmes. Les manufactures ne produisent que très - peu au - delà du salaire des hommes qu'elles occupent. Le commerce de l'argent ne produit que le mouvement dans un signe qui par lui - même n'a point de valeur réelle. C'est la terre, la terre seule qui donne les vraies richesses, dont la renaissance annuelle assure à un état des revenus fixes, indépendans de l'opinion, visibles, & qu'on ne peut point soustraire à ses besoins. Or les dons de la terre sont toujours proportionnés aux avances du laboureur, & dépendent des dépenses par lesquelles on les prépare: ainsi la riehesse plus ou moins grande des laboureurs peut être un thermometre fort exact de la prospérité d'une nation qui a un grand territoire.

Les yeux du gouvernement doivent donc toujours être ouverts sur cette classe d'hommes intéressans. S'ils sont avilis, foulés, soumis à des exigeances dures, ils craindront d'exercer une profession stérile & sans honneur; ils porteront leurs avances sur des entreprises moins utiles; l'Agriculture languira, dénuée de richesses, & sa décadence jettera sensiblement l'état entier dans l'indigence & l'affoiblissement. Mais par quels moyens assurera - t - on la prospérité de l'état en favorisant l'Agriculture? Par quel genre de faveur engagera - t - on des hommes riches à consacrer à cet emploi leur tems & leurs richesses? On ne peut l'espérer qu'en assurant au laboureur le débit de ses denrées; en lui laissant pleine liberté dans la culture; enfin, en le mettant hors de l'atteinte d'un impôt arbitraire, qui porte sur les avances nécessaires à la reproduction. S'il est vrai qu'on ne puisse pas établir une culture avantageuse sans de grandes avances, l'entiere liberté d'exportation des denrées est une condition nécessaire, sans laquelle ces avances ne se feront point. Comment, avec l'incertitude du débit qu'entraîne la gêne fur l'exportation, voudroit - on exposer ses fonds? Les grains ont un prix fondamental nécessaire. Voyez Grains (Econom. politiq.). Où l'exportation n'est pas libre, les laboureurs sont réduits à craindre l'abondance, & une surcharge de denrées dont la valeur vénale est au - dessous des frais auxquels ils ont été obligés. La liberté d'exportation assure, par l'é<cb-> galité du prix, la rentrée certaine des avances, & un produit net, qui est le seul motif qui puisse exciter à de nouvelles. La liberté dans la culture n'est pas une condition moins nécessaire à sa prospérité; & la gêne à cet égard est inutile autant que dure & ridicule. Vous pouvez forcer un laboureur à semer du blé, mais vous ne le forcerez pas à donner à sa terre toutes les préparations & les engrais sans lesquels la culture du blé est infructueuse: ainsi vous anéantissez en pure perte un produit qui eût été avantageux: par une précaution aveugle & imprudente vous préparez de loin la famine que vous vouliez prévenir.

L'imposition arbitraire tend visiblement à arrêter tous les efforts du laboureur & les avances qu'il auroit envie de faire: elle desseche donc la source des revenus de l'état; & en répandant la défiance & la crainte, elle étouffe tout germe de prospérité. Il n'est pas possible que l'imposition arbitraire ne soit souvent excessive; mais quand elle ne le seroit pas, elle a toujours un vice radical, celui de porter sur les avances nécessaires à la reproduction. Il faudroit que l'impôt non - seulement ne fût jamais arbitraire, mais qu'il ne portât point immédiatement sur le laboureur. Les états ont des momens de crise où les ressources sont indispensables, & doivent être promptes. Chaque citoyen doit alors à l'état le tribut de son aisance. Si l'impôt sur les propriétaires devient excessif, il ne prend que sur des dépenses qui par elles - mêmes sont stériles. Un grand nombre de citoyens souffrent & gémissent; mais au moins ce n'est que d'un mal - aise passager, qui n'a de durée que celle de la contribution extraordinaire; mais si l'impôt a porté sur les avances nécessaires au laboureur, il est devenu spoliatif. La reproduction diminuée par ce qui a manqué du côté des avances, entraîne assez rapidement à la décadence.

L'état épuisé languit longtems, & souvent ne reprend pas cet embompoint qui est le caractere de la force. L'opinion dans laquelle on est que le laboureur n'a besoin que de ses bras pour exercer sa profession, est en partie l'origine des erreurs dans lesquelles on est tombé à ce sujet. Cette idée destructive n'est vraie qu'à l'égard de quelques pays dans lesquels la culture est dégradée. La pauvreté des laboureurs n'y laisse presque point de prise à l'impôt, ni de ressources à l'état. Voyez Métayer.

Laboureur (Page 9:148)

Laboureur, (Plomb.) c'est ainsi que le plombier appelle le bâton dont il se sert pour labourer son sable. Voyez Labourer & Plombier.

LABRADIEN (Page 9:148)

LABRADIEN, adj. (Littérat.) en latin labradius & labradeus, ou bien, selon la correction du P. Hardouin dans ses notes sur Pline, liv. XXXII. c. ij. Labrandeus. C'est un surnom qu'on donnoit au grand Jupiter à Labranda bourg de Carie, où ce maître des dieux avoit un temple, dans lequel on l'honoroit particulierement: il y étoit représente avec la hache, dit Plutarque, au lieu de la foudre & du sceptre. (D. J.)

LABRADOR (Page 9:148)

LABRADOR, Estotilandia, (Géog.) grand pays de l'Amérique septentrionale, près du détroit d'Hudson; il s'étend depuis le 50e d. de latitude, jusqu'au 63, & depuis le 301 d. de longitude jusqu'au 323 ou environ; c'est une espece de triangle. Il est extrèmement froid, stérile, bordé de plusieurs îles, & habité par des sauvages appellés Eskimaux. Nous n'en connoissons légerement que les côtes, & l'intérieur du pays nous est entierement inconnu. (D. J.)

Labrador (Page 9:148)

Labrador (mer de,) Géog. on appelle ainsi un intervalle de mer qui coupe par la moitié l'Isle royale, à la reserve de mille pas de terre ou environ, qu'il y a depuis le fort S. Pierre jusqu'à cette extrémité de mer de Labrador, qui fait une espece de gol<pb-> [p. 149] phe. Voyez la description de l'Amérique septent. tome I. chap. vj. de M. Denis, qui a été nommé par le roi gouverneur du pays. (D. J.)

LABURNUM (Page 9:149)

LABURNUM, s. m. (Bot. exot.) espece de cytise, arbre demediocre grandeur, ressemblant à l'anagyris, excepté qu'il n'est point puant, d'un bois dur, dont les feuilles sont trois à trois, sans poil, d'un verd assez foncé en - dessus, velues & d'un verd pâle en - dessous, attachées à un queue menue, ronde, velue, & qui a la fleur légumeneuse, jaune, & pareille à celle du petit genêt, & succédée par des gousses comme celles du pois; ces gousses contiennent des semences grosses comme celles des lentilles. On les nomme autrement aubours. Tournefort le décrit cytisus alpinus, lati - folius, flore racemoso pendulo. Inst. rei herb. 648. Diction. de Trévoux.

LABYRINTHE (Page 9:149)

LABYRINTHE, s. m. en Anatomie, signifie la seconde cavité de l'oreille interne, qui est creusée dans l'os pierreux, & qui est ainsi nommée à cause de différens contours que l'on y observe.

Cette cavité est divisée en trois parties: la premiere se nomme le vestibule, parce qu'elle conduit dans les deux autres; la seconde comprend trois canaux courbés en demi - cercle, & appellés à cause de cela canaux demi - circulaires, qui sont placés d'un côté du vestibule, vers la partie postérieure de la tête; la troisieme appellée le limaçon, est située de l'autre côté du vestibule. Voyez Limaçon, Vestibule, &c.

Vieussens observe que l'os dans lequel se trouve le labyrinthe, est blanc, dur, & fort compact; afin que la matiere des sons venant à frapper contre, ne perde point ou peu de son mouvement, mais le communique tout entier aux nerfs de l'oreille. Voyez Ouie, Son, &c.

Labyrinthe (Page 9:149)

Labyrinthe, (Architect. antiq.) en latin labyrinthus; grand édifice dont il est difficile de trouver l'issue.

Les anciens font mention de quatre fameux labyrinthes, qu'il n'est pas possible de passer sous silence.

1°. Le labyrinthe d'Egypte: c'est le premier du monde à tous égards. Il étoit bâti un peu au - dessus du lac Moëris, auprès d'Arsinoé, autrement nommée la ville des crocodiles. Ce labyrinthe, selon Pomponius Méla, qui le décrit brièvement l. I. a. ix. contenoit trois mille appartemens & douze parais, dans une seule enceinte de murailles; il étoit construit & couvert de marbre; il n'offroit qu'une seule descente, au bout de laquelle on avoit pratiqué intérieurement une infinité de routes où l'on passoit & repassoit, en faisant mille détours qui jetroient dans l'incertitude, parce qu'on se retrouvoit souvent au même endroit; de sorte qu'après bien des fatigues, on revenoit au même lieu d'où l'on étoit parti, sans savoir comment se tirer d'embarras. Je m'exprimerai plus noblement, en empruntant le langage de Corneille.

Mille chemins divers avec tant d'artifice, Coupoient de tous côtés ce sameux édifice, Que, qui pour en sortir, croyoit les eviter, Rentroit dans les sentiers qu'il venoit de quitter.

Le nombre des appartemens dont parle Méla, paroît incroyable; mais Hérodote qui avoit vû de ses yeux ce célebre labyrinthe debout & entier, explique le fait, en remarquant qu'il y avoit la moitié de ces appartemens souterrains, l'autre moitié au - dessus.

Il faut donc lire la description que cet historien a faite de ce pompeux édifice il y a plus de deux mille ans, & y joindre celle de Paul Lucas, qui en a vû les restes au commencement de notre siecse. Ce qu'en rapporte le voyageur moderne, me semble d'autant plus intéressant, que c'est un commentaire & une explication du récit d'Hérodote.

Non seulement le tems a détruit les trois quarts des restes de ce labyrinthe; mais les habitans d'Héraclóopolis jaloux de ce monument, & ensuite les Arabes, qui ont cru y trouver des trésors immenses, l'ont démoli, & ont renversé quantité d'autres bâtimens des environs qui composoient, selon les apparences, les vastes édifices qu'il falloit parcourir avant que d'entrer dans l'endroit qui subsiste encore de nos jours.

On ne doit pas être surpris de la diversité des relations que les anciens auteurs ont faites de ce labyrinthe, puisqu'il y avoit tant de choses à considérer, tant de chambres à parcourir, tant d'édifices différens par lesquels il falloit passer, que chacun s'attachoit à ce qui lui paroissoit le plus admirable, & négligeoit, ou oublioit dans son recit, ce qui l'avoit le moins frappé.

Une derniere reflexion est que le labyrinthe d'Egypte étoit un temple immense, dans lequel se trouvoient renfermés des chapelles à l'honneur de toutes les divinités de l'Egypte. Les anciens ne parlent que du nombre prodigieux d'idoles qu'on y avoit mises, & dont les figures de différentes grandeurs, s'y voyent de tous côtés. Mais quoique ce labyrinthe fût une espece de Panthéon consacré à tous les dieux d'Egypte, il étoit cependant dédié plus particulierement au soleil, la grande divinité des Egyptiens. Cela n'empêche pas toutefois qu'on n'y ait pu enterrer des crocodiles & autres animaux consacrés à ces mêmes divinités.

L'histoire ne dit point quel a été le prince qui a fait bâtir le labyrinthe, dont nous parlons, ni en quel tems il a été construit. Pomponius Méla en attribue la gloire à Psammétichus: on pourroit penser que c'étoit l'ouvrage du même prince, qui avoit fait creuser le lac Moeris, & lui avoit donné son nom, si Pline ne disoit qu'on en faisoit honneur à plusieurs rois. De plus, Hérodote assure qu'il étoit l'ouvrage des douze rois qui, regnant conjointement, partagerent l'Egypte en autant de parties, & que ces princes avoient laissé de concert ce monument à la postérité.

2°. Le labyrinthe de l'île de Crete parut ensuite sous le regne de Minos. Pline, liv. XXXVI. c. xvij. dit que quoique ce labyrinthe fût de la main de Dédale, sur le modele de celui d'Egypte, il n'en imita pas la centieme partie, & que cependant il contenoit tant de tours & de détours, qu'il n'étoit pas possible de s'en démêler; il n'en restoit aucun vestige du tems de cet historien. Il avoit été bâti auprès de Gnose, selon Pausanias, & l'on présume qu'il étoit découvert par l'étrange maniere dont la fable a supposé que Dédale & son fils Icare s'en tirerent, au lieu que celui d'Egypte étoit couvert & obscur.

Ovide, sans avoit jamais vu le labyrinihe de Crete, l'a décrit aussi ingénieusement dans ses métamorphoses, liv. VIII. v. 157. que s'il l'eût bâti lui - même. Voyez la jolie comparaison qu'il en fait avec le cours du Méandre.

C'est ce même labyrinthe que designe Virgile, quand il dit qu'on y trouvoit mille sentiers obscurs & mille routes ambiguës, qui égaroient sans espérance de retour; mais sa peinture est unique pour la beauté des termes imitatifs.

Parjetiòus textum cacis iter, ancipitemque Mille vüs habuisse dolum, quâ signa sequendi Falleret indeprensus, & irremeabilis error. AEnéid. liv. V. v. 589.

Qu'on me rende en françois l'indeprensus, & l'irremeabilis error du poëte latin!

Au reste, il est vraissemblable que ce labyrinthe

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