ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"146"> plus étendu, est la terre de Labour. Voyez Labour. (D. J.)

LABORIEUX (Page 9:146)

LABORIEUX, adj.(Gram.) c'est celui qui aime & qui soutient le travail. Montrez un prix, excitez l'émulation, & tous les hommes aimeront le travail, tous se rendront capables de le soutenir. Des taxes sur l'industrie ont plongé les Espagnols dans la paresse où ils croupissent encore, & quelquefois la superstition met la paresse en honneur. Sous le joug du despotisme les peuples cessent d'être laborieux, parce que les propriétés sont incertaines. Si l'amour de la patrie, l'honneur, l'amour des lois avoient été les ressorts d'un gouvernement, & que par la corruption des législateurs, ou par la conquête de l'étranger, ces ressorts eussent été détruits, il faudroit peut - être bien du tems pour que la cupidité & le desir du bien - être physique rendissent les hommes laborieux. Quand on offre de l'argent aux Péruviens pour les faire travailler, ils répondent, je n'ai pas faim. Ce peuple qui conserve encore quelque souvenir de la gloire & du bonheur de ses ancêtres, privé aujourd'hui dans sa patrie des honneurs, des emplois, des avantages de la société, se borne aux besoins de la nature; la paresse est la consolation des hommes à qui le travail ne promet pas l'espece de biens qu'ils desirent.

Laborieux se dit des ouvrages qui demandent plus de travail que de génie. On dit, des recherches laborieuses.

LABOUR (Page 9:146)

LABOUR, s. m. (Econom. rust.) c'est le remüement de la terre, fait avec un instrument quelconque. On laboure les champs avec la charrue, les jardins avec la bêche, les vignes avec la houe, &c. les bienfaits de la terre sont attachés à ce travail; mais sans l'invention des instrumens, & l'emploi des animaux propres à l'accélérer, un homme vigoureux fourniroit à peine à sa nourriture; la terre refuseroit l'aliment à l'homme foible ou malade; la société ne seroit point composée de cette variété de conditions dont chacune peut concourir à la rendre heureuse & stable. L'inégalité entre les forces ne feroit naître entre les hommes que différens dégrés d'indigence & d'abrutissement.

Labourer la terre, c'est la diviser, exposer successivement ses molécules aux influences de l'air; & de plus c'est déraciner les herbes stériles, les chardons, &c. qui sans les labours couvriroient nos champs. Il faut donc, pour que le labour remplisse son. objet, qu'il soit fait dans une terre assez trempée pour être meuble, mais qui ne soit pas trop humide. Si elle est trop seche, elle se divise mal; si elle est trop humide on la corroye, le hâle la durcit ensuite, & d'ailleurs les mauvaises herbes sont mal déracinées. La profondeur du labour doit être proportionnée à celle de l'humus ou terre végétable, aux besoins de la graine qu'on veut semer, & aux circonstances qui déterminent à labourer, premierement à la profondeur de l'humus. Il y a un assez grand nombre de terres propres à rapporter du bled, quoiqu'elles n'ayent que six à sept pouces de profondeur. Si vous piquez plus avant, vous amenez à la superficie une sorte d'argille qui, sans être inféconde, rend votre terre inhabile à rapporter du bled. Je dis sans être inféconde; car l'orge, l'avoine, & les autres menus grains n'en croîtront que plus abondamment dans cette terre. Elle ne se refuse à la production du bled que par une vigueur excessive de végétation. La plante y pousse beaucoup en herbe, graine peu, & sur - tout mûrit tard, ce qui l'expose presque infailliblement à la rouille. La perte des années de bled est assez considérable pour que les cultivateurs ayent à cet égard la plus grande attention. Ils ne sauroient trop se précautionner, quant à cet objet, contre leur propre négligence, ou l'ignorance de ceux qui menent la charrue.

Les terres sujettes à cet inconvénient sont ordinairement rougeâtres & argilleuses. Lorsqu'on y leve la jachere pendant l'été, apres une longue fécheresse, la premiere couche soulevée en grosses mottes, entraîne avec elle une partie de la seconde; & on dit alors que la terre est dessoudée. Les fermiers fripons qu'on force à quitter leur ferme, dessoudent celles de leurs terres qui peuvent l'être pendant les deux dernieres années de leur bail. Par ce moyen ils recueillent plus de menus grains, & nuisent en même tems à celui qui doit les remplacer.

Il faut en second lieu que le labour soit proportionné aux besoins de la graine qu'on veut semer. Si vous préparez votre terre pour de menus grains, tels que l'orge & l'avoine, un labour superficiel est suffisant. Le blé prend un peu plus de terre; ainsi le labour doit être plus profond. Mais si on veut semer du sainfoin ou de la luserne, dont les racines pénetrent à une grande profondeur, on ne peut pas piquer trop avant. Cela est nécessaire, afin que les racines de ces plantes prennent un prompt accroissement, & acquierent le dégré de force qui les fait ensuite s'enfoncer d'elles - mêmes dans la terre qui n'a pas été remuée.

Enfin le labour doit être proportionné aux circonstances dans lesquelles il se fait. Si vous defrichez une terre, la profondeur du labour dépendra de la nature de la sriche que vous voulez détruire. Un labour de quatre pouces suffit pour retourner du gazon, exposer à l'air la racine de l'herbe de maniere qu'elle se desseche & que la plante périsse; mais si la friche est couverte de bruyeres & d'épines, on ne sauroit en essarter trop exactement toutes les racines, & le plus profond labour n'y suffit pas toujours. La levée des jacheres est dans le cas du défrichement léger. Ce premier labour doit être peu profond, mais il faut enfoncer par degrés proportionnels ceux qui le suivent: par ce moyen les différentes parties de la terre se mêlent, & sont successivement exposées aux influences de l'air: les hersages, comme nous l'avons dit, ajoûtent à l'effet du labour, & en sont comme le complément. Voyez Herser.

Les campagnes offrent dans les différens pays un aspect différent, par les variétés introduites dans la maniere de mener les labours. Ici une plaine d'une vaste étendue vous présentera une surface unie, dont toutes les parties seront également couvertes de grains. Là vous rencontrerez des sillons relevés, dont les parties basses ne produisent que de la paille courte & des épis maigres. Ces variétés naissent de la nature & de la position du sol, & & il seroit dangereuux de suivre à cet égard une autre méthode que celle qui est pratiquée dans le pays où on laboure. Si les sillons plats donnent une plus grande superficie, les sillons relevés sont necessaires par - tout ou l'eau est sujette à séjourner: il faut alors perdre une partie du terrain pour conserver l'autre. Au reste, dans quelque terre que ce soit, si l'on veut qu'elle soit bien remuée, les différens labours doivent être croisés & pris par différens côtés. Voyez Jachere. Voyez aussi sur les détails du labour & du labourage, nos Planches & leurs explications à l'Economie rustique.

Labour (Page 9:146)

Labour (la terre de) Géog. en latin Laborioe; en italien terra di Lavoro, grande province d'Italie, au royaume de Naples, peuplée, fertile, & la premiere du royaume.

Elle est bornée au nord par l'Abruzze ultérieure & citérieure; à l'orient par le comté de Molisse & par la principauté ultérieure; au midi par la même principauté & par le golfe de Naples; au couchant par la mer Tyrrhène & par la campagne de Rome.

Son étenduo le long de la mer est d'environ 140 [p. 147] milles sur 32 dans sa plus grande largeur; mais cette contrée est d'autant plus importante, que Naples, sa capitale, donne le nom à tout le royaume.

Entre ses principales villes on compte trois archevêchés & divers évêchés. Ses rivieres les plus considérables sont le Gariglan (Liris), le Livigliano (Savo), le Volturne, le Clanio, le Sarno, &c. Ses lacs sont, le lac Laverne, le lago di Collucia (Acherusius des Latins). Ses montagnes sont, le Vésuve, le Pausilipe, monte Cistello, monte Christo, monte Dragone, &c. Il y a des bains sans nombre dans cette province.

On y voit deux fameuses grotes; l'une est la grote de la sibyle, en latin Baiana ou cumana Crypta, dont les Poëtes ont publié tant de merveilles imaginaires; mais Agrippa, le gendre d'Auguste, ayant fait abattre le bois d'Averne & poussé la fosse jusqu'à Cumes, dissipa les fables que le peuple avoit adoptées sur les ténebres de ce lieu là; l'autre grote est celle de Naples ou de Pouzzolles, dont nous parlerons au mot Pausilipe.

Cette province est nommée la campagne heureuse, campania selix, à cause de la bonté de son air, de l'aménité de ses bords, & de l'admirable fertilité de son terroir, qui produit en abondance tout ce qu'on peut souhaiter de meilleur au monde.

Si cette contrée est si délicieuse de nos jours, quoique ravagée par les foudres terribles du Vésuve, quoique couverte de cailloux & de pierres ferrugineuses, sa beauté doit avoir été incomparable dans les siecles passés, lorsque, par exemple, sur la fin de la république, les Romains, vainqueurs du monde, sans craindre des feux imprévus, aimoient tant à la fréquenter. Cicéron, qui y avoit une maison de plaisance, parle d'elle comme du grenier de l'Italie; mais Florus, l. I. c. xvj. en dit bien d'autres choses. Lisez ces paroles: Omnium non modo Italioe, sed toto orbe terrarum pulcherrima Campania, plaga est. Nihil molliùs coelo. Bis floribus vernat. Nihil aberiùs solo. Ideò Liberi, Coerisque certamen, dicitur. Voilà comme cet historien sait peindre. Pline ajoute que les parfums de la Campanie ne le cedent qu'à ceux d'Egypte. Enfin personne n'ignore que ce furent les délices de ce pays enchanteur, qui ramollirent le courage d'Annibal, & qui causerent sa défaite. (D. J.)

LABOURABLE (Page 9:147)

LABOURABLE, adj. (Grammaire.) qui peut être labouré. Voyez Labour. Il se dit de toute terre propre à rapporter des grains.

LABOURAGE (Page 9:147)

LABOURAGE, s. m. (Econ. rustiq.) est l'action de labourer toutes sortes de terres. V. Labour. (K)

Labourage (Page 9:147)

Labourage ou Agriculture. (Hist. anc.) l'art de cultiver les terres. C'étoit une profession honorable chez les anciens, mais sur - tout parmi les Romains, à qui il sembloit que la fortune eût attaché à cette condition l'innocence des moeurs & la douceur de la vie. Dans les premiers tems de la république, on voit qu'il étoit ordinaire d'aller prendre des consuls & des dictateurs dans leurs métairies, pour les transporter de l'exercice de conduire des boeufs & une charrue, à l'emploi de commander des légions dans les circonstances les plus critiques; & l'on voit encore ces mêmes hommes, après avoir remporté des victoires & sauvé l'état, venir reprendre les travaux de l'Agriculture. Dans les siecles plus florissans on trouve Curius - Dentatus, Fabricius, Attilius - Serranus - Licinius Stolo, Caton le censeur, & une infinité d'autres qui ont tiré leurs surnoms de quelque partie de la vie rustique, dans laquelle ils s'étoient distingués par leur industrie; c'est de - là, suivant l'opinion de Varron, de Pline & de Plutarque, que les familles Asinia, Vitellia, Suillia, Porcia, Ovinia, ont été appellées, parce que leurs auteurs s'étoient rendus célebres dans l'art d'élever des brebis, des porcs & d'autres sortes de bestiaux, ainsi que d'autres étoient devenus fameux par la culture de certaines especes de légumes, comme les feves, les pois, les pois - chiches, & delà les noms de Fabius, de Pison, de Cicéron, &c.

On se croyoit si peu deshonoré par les travaux du labourage, même dans les derniers tems de la république, qu'au rapport de Cicéron, les honnêtes gens aimoient mieux être enregistrés dans les tribus de la campagne que dans celles de la ville. La plûpart des sénateurs faisoient un très - long séjour dans leurs métairies; & s'il n'est pas vrai de dire qu'ils s'y occupoient des travaux les plus pénibles de l'Agriculture, on peut assurer qu'ils enientendoient frès bien & le fonds & les details, comme il paroît par ce qu'on en trouve répandu dans les ouvrages de Cicéron, & par les livres de Caton de re rusticâ.

Labourage (Page 9:147)

Labourage, (terme de Riviere.) ce sont les deux parties du milieu d'un train dans toute sa longueur, & qui plonge le plus dans l'eau.

Labourage se dit aussi du travail que font les maîtres d'un pont lorsqu'ils descendent ou remontent un bateau. Anciennes ordonnances.

Labourage (Page 9:147)

Labourage, (terme de Tonnelier.) On appelle labourage & déchargeage des vins, cidres & autres liqueurs, la sortie de ces liqueurs hors des bateaux qui les ont amenées aux ports de Paris. Il n'appartient qu'aux maîtres Tonneliers de faire ce labourage, à l'exclusion de tous les autres déchargeurs établis sur lesdits ports. Voyez Déchargeur & Tonnelier. Ainsi labourer les vins, c'est les décharger des bateaux qui les ont amenés & les mettre à terre.

LABOURD (Page 9:147)

LABOURD (le) Géog. Capudersis Tractus, petite contrée de France dans la Gascogne, qui fait partie du pays des Basques sur la mer. Le Labourd est borné au nord par l'Adour & par les Landes; à l'est par la Navarre françoise & par le Béarn; au midi par les Pyrénées, qui le séparent de la Biscaye & de la Navarre espagnole; au couchant il a l'océan & le golfe de Gascogne. Il prend son nom d'une place nommée Laburdum, qui ne subsiste plus. Les principaux lieux de ce pays stérile sont Bayonne. Andaye & S. Jean - de - Luz. Ce mot de Labourd est basque; il désigne un pays desert & exposé aux voleurs, suivant M. de Marca dans son hist. de Béarn, l. I, c. viij. Il y a une coûtume de Labourd, qui fut rédigée en 1514. (D. J.)

LABOURER (Page 9:147)

LABOURER, v. act. (con. rustiq.) c'est cultiver la terre ou lui donner les façons, qu'on appelle labours. Voyez Labour, Labourage & Laboureur.

Labourer (Page 9:147)

Labourer, (Marine.) terme dont on se sert à la mer pour dire que l'ancre ou ne prend pas ou ne tient pas bien dans le fond, de sorte que le vaisseau l'entraîne; ce qui arrive lorsque le fond est d'une vase molle, qui n'a pas assez de consistance pour arrêter l'ancre, de sorte qu'étant entrainée par le mouvement du vaisseau, elle laboure le fond. On dit aussi qu'un vaisseau laboure, lorsqu'il passe sur un fond mou & vaseux où il n'y a pas assez d'eau, & dans lequel la quille entre légerement, sans cependant s'arrêter. (Z)

Labourer (Page 9:147)

Labourer, (Art milit.) il se dit du sillon que trace à terre un boulet de canon lorsqu'il est tombé sur la fin de sa portée. Le canon laboure encore un rempart, lorsque plusieurs batteries obliques sont dirigées vers un même point, comme centre de leur action commune. Il se dit aussi de l'action de la bombe, qui remue les terres.

Labourer (Page 9:147)

Labourer, (Plomb.) c'est mouiller, remuer & disposer avec un bâton le sable contenu dans le chassis autour du moule. Voyez l'article Plomb.

Labourer (Page 9:147)

Labourer, (Comm. & Voit.) se dit des vins,

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