ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"63"> les génies particuliers des femmes, par respect pour la déesse Junon. Chaque femme avoit sa Junon, comme chaque homme avoit son génie. Voyez Génie, (Mythol. Littér.)

Nous trouvons plusieurs exemples de ces Junons, génies des femmes, dans les inscriptions anciennes qu'on a recueillies; & pour n'en citer qu'une exemple dans un monument consacré à la vestale Junia Torquata, dont la vertu digne des anciens tems, dit Tacite, fut honorée après sa mort d'un monument public. L'inscription porte: « A la Junon de Junia Torquata, céleste patrone ». Enfin les femmes juroient par leurs Junons, comme les hommes par leurs génies. Voyez les Mem. des Inscriptions & Belles - Lettres. (D. J.)

JUNSALAM (Page 9:63)

JUNSALAM, (Géogr.) port d'Asie au royaume de Siam; c'est l'asyle de tous les vaisseaux, qui, allant à la côte de Coromandel, sont surpris d'un ouragan; ce port est de conséquence pour le commerce de Bengale, de Pégu, & autres royaumes voisins: sa situation est au nord d'une isle de même nom. Long. 115. 35. lat. 8. 56. (D. J.)

JUNTES (Page 9:63)

JUNTES, (Hist. mod.) conseil, société de plusieurs personnes pour quelque administration.

Ce terme est en usage en parlant des affaires d'Espagne & de Portugal. A la mort de Charles II. roi d'Espagne, le royaume fut gouverné par une junte pendant l'absence de Philippe V.

Il y a en Portugal trois juntes considérables. La junte du commerce, la junte des trois états, & la junte du tabac. La premiere doit son établissement au roi Jean IV. qui assembla les états généraux pour créer le tribunal de la junte des trois états. Le roi Pierre Il. créa en 1675 la junte du tabac. Elle est composée d'un président & de six conseillers.

IVOIRE (Page 9:63)

IVOIRE, s. f. (Hist. nat.) c'est la dent de l'éléphant. On en fait différens ouvrages. On le brûle, & il donne un noir qu'on broie à l'eau, & dont on obtient ainsi des trochiques qui servent au peintre. Ce noir s'appelle noir d'ivoire, noir de velours.

Ivoire fossile (Page 9:63)

Ivoire fossile, (Hist. nat.) ébur sossile. C'est ainsi qu'on appelle des dents d'une grandeur demesurée & semblable à de grandes cornes qui ont souvent été trouvées dnns l'intérieur de la terre. Elles sont ou blanches, ou jaunâtres, ou brunes; il y en a qui ont la dureté de l'ivoire ordinaire; d'autres sont exfoliées & devenues plus tendres & plus cassantes: ces variétés pour la consistence viennent du plus ou du moins de décomposition que ces dents ont souffert dans les différens endroits de la terre où elles ont été enfouies.

On a trouvé de ces fortes de dents dans plusieurs pays de l'Europe, tels que l'Angleterre, l'Allemagne, la France; on dit même qu'il n'y a pas longtems qu'en creusant la terre on en a trouvé une fort grande au village de Guérard près de Cressy en Brie; on ajoute qu'on en a aussi rencontré une semblable dans la plaine de Grenelle, c'est - à - dire aux portes de Paris: mais elles ne sont nulle part aussi abondamment répandues qu'en Russie & en Sibérie, & sur - tout dans le territoire de Jakusk, & dans l'espace qui va de cette ville jusqu'à la mer glaciale: ces ossemens, suivant le rapport de quelques voyageurs, sont ordinairement mis à découvert par les eaux des grandes rivieres de Lena & de Jénisci qui arrosent une grande partie de la Sibérie, & qui dé tachent la terre qui est sur leurs bords, quand dans les tems de dégel elles charrient des glaçons très considérables.

Les Jakutes, nation Tartare, qui habitent ce pays, croient que ces dents appartiennent à un animal énorme qu'ils nomment mammon ou mammut. Comme ils n'en ont jamais vû de vivans, ils s'imaginent qu'il habite sous terre, & meurt aussi - tôt qu'il voit le jour; cela lui arrive, selon eux, lorlque dans sa route souterreine il parvient inopinément au bord d'une riviere; & c'est là, dïsent - ils, pourquoi on y trouve leurs dépouilles: ils prétendent qu'on en a trouvé dont la chair n'étoit point encore entierement consommee, ce qui est aussi fabuleux que le reste.

Le Czar Pierre I. dans la vûe de connoïtre à quel animal appartenoient les dents ou cornes d'ivoire fossile, envoya en 1722 des ordres à tous les Woiwodes ou gouverneurs des villes de la Sibérie, afin qu'ils donnassent leurs soins pour avoir un squelette entier de l'animal, ou du moins pour rassembler tous les ossemens qui se trouveroient auprès de ces dents monstrueuses. Sur ces ordres les Jakutes se mirent en campagne, & en cherchant ils trouverent des têtes entieres & des grands ossemens auxquels on n'avoit jusques - là fait aucune attention; ils étoient ceux d'un animal inconnu que M. Gmélin, d'après l'examen de ses os, croit être une espece de boeuf très - grand, qui n'existe plus dans le pays, & que jusqu'à - présent on n'a point encore découvert ailleurs. Mais ces ossemens different entierement de l'ivoire fossile dont il s'agit dans cet article; & ce n'est point à cet animal qu'ont appartenu ces dents monstrueuses.

Il ne faut point non plus confondre l'ivoire fossile dont nous parlons, avec les dents du phoca ou de la vache marine, qui se trouvent en grande quantité sur les bords de la mer glaciale, elles sont beaucoup moins grandes que les dents d'ivoire fossile, & elles sont comme marbrées ou remplies oe veines & de taches noires. A l'intérieur cependant on dit qu'elles sont même plus dures que l'ivoire fossile, & qu'on en fait de très jolis ouvrages.

L'ivoire fossile ne doit point non plus être confondu avec la corne que l'on nomme unicornu fossile, que l'on a aussi trouvée quelquefois en Sibérie. Voyez l'art. Licorne fossile.

On voit à Petersbourg, dans le cabinet impérial des curiosités naturelles, une dent d'ivoire fossile qui pese jusqu'à 183 livres. Le chevalier Hansloane en possédoit une qui avoit 5 piés 7 pouces de longueur, & dont la base avoit 6 pouces de diametre. On en a trouvé une en Angleterre, dans la province de Northampton, qui étoit blanche, & avoit 6 piés de longueur. M. le baron de Strahlenberg parle de quelques dents d'ivoire fossile trouvées en Sibérie, qui avoient depuis 6 jusqu'à 9 pouces de diametre par leur base, & d'un squelette d'animal qui avoit 36 aulnes russiennes de longueur, & qui pouvoit bien être celui d'un éléphant. En effet M. le chevalier Hansloane a prouvé clairement dans les Transactions philosophiques, n°. 403. & dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1727, que ces dents si grandes ne peuvent être regardées que comme de l'ivoire ou de vraies dents qui ont autrefois appartenu à des éléphans; c'est ce que démontre leur structure intérieure, attendu qu'elles paroissent composées de couches concentriques arrangées de la même maniere que les cercles annuels qu'on remarque dans l'intérieur du tronc d'un arbre. Cette vérité est encore prouvée par la comparaison que M. Gmelin a faite de l'ivoire fossile avec celui des éléphans, dans son excellent voyage de Sibérie, publié en Allemand en 4 volumes in - 8°. ouvrage propre à servir de modele à tous les voyageurs Ce savant naturaliste rend aussi raison des variétés qui se trouvent parmi les différentes dents d'ivoire fossile, tant pour la couleur que pour les degrés de solidité ou de friabilité; il les attribue au climat & à la nature du terrein où ces sortes de dents sont ensevelies: celles qui se trouvent proche de la mer Glaciale où la terre est perpétuellement gelée à une [p. 64] grande profondeur, sont compactes; celles qui se trouvent dans des cantons plus chauds, ont pu souffrir tantôt plus, tantôt moins de décomposition ou de destruction; c'est aussi la terre & les sucs qu'elle contient qui leur ont fait prendre la couleur jaune ou brune, quelquefois semblable à du coco, que l'on voit dans quelques - unes de ces dents. Voyez Gmelin, voyage de Sibérie, tom. III. pag. 147. & suiv.

C'est donc à tort que quelques naturalistes ont cru que ces dents trouvées en Sibérie n'étoient point de l'ivoire: elles ne different de celui des éléphans que par les changemens qu'il a pu subir dans le sein de la terre; ce qui a pu taire croire qu'il y avoit de la différence, c'est qu'on aura peut - être confondu les autres ossemens, tels que les os du mammon ou les dents de vaches marines avec l'ivoire fossile ou les dents aiguës des éléphans qui se trouvent dans les mêmes pays.

Quant aux éléphans, ce seroit vainément qu'on en chercheroit aujourd'hui de vivans en Sibérie; on ne les trouve que dans les pays chauds, & ils ne pourroient vivre sous un climat aussi rigoureux que celui où l'on rencontre les restes de leurs semblables. A quoi donc attribuer la grande quantité d'ivoire fossile qui se trouve dans une région si septentrionale? Sera - ce, comme prétend le comte de Marsigli, parce que les Romains y ont mené ces animaux? Jamais ces conquérans n'ont été faire des conquêtes chez les Scythes hyperboréens, & il ne paroît pas qu'aucun autre conquérant Indien ait eu la tentation de porter la guerre dans un climat si facheux & si éloigné. Il faudra done conclure que dans des tems dont l'histoire ne nous a point conservé le souvenir, la Sibérie jouissoit d'un ciel plus doux, & étoit habitée par des animaux que quelque révolution générale de notre globe a ensevelis dans le sein de la terre, & que cette même révolution a entierement changé la température de cette région. Les Sibériens emploient l'ivoire fossile aux mêmes usages que l'ivoire ordinaire; ils en font des manches de sabres, de couteaux, des boîtes, &c. ( - )

Ivoire (Page 9:64)

Ivoire, (Mat. med.) la rapure d'ivoire passe pour cordiale, diaphorétique, antispasmodique, propre à résister au prétendu venin des fievres malignes, à arrêter les diarrhées, à corriger les acides des premieres voies & des humeurs. Toutes ces vertus sont purement imaginaires, tous les medecins instruits en conviennent aujourd'hui. La rapure d'ivoire donne par une décoction convenable un suc gelatineux & purement nourrissant. Mais il y a très grande apparence que ce suc n'est pas extrait par les humeurs digestives, & qu'ainsi la rapure d'ivoire n'est dans l'estomac qu'une poudre inutile.

L'ivoire calciné à blancheur, connu dans les boutiques sous le nom de spode, est un alcali terreux, comme toutes les autres substances animales préparées de la même façon; & c'est gratuitement qu'on lui a attribué des vertus particulieres contre les fleurs blanches, par exemple, le cours de ventre, la gonorrhée, &c. Voyez Terreux, & l'article Charbon Chimie, où l'on trouvera quelques réflexions sur l'état de l'ivoire calciné en particulier.

L'ivoire brûlé, ou le charbon d'ivoire ne sauroit être regardé comme un remede. Voyez Charbon Chimie. (B)

IVOY (Page 9:64)

IVOY, (Géog.) selon l'itinér. d'Antonin, ville de France ruinée au pays de Luxembourg, & aux frontieres de Champagne. Voyez son histoire dans l'abbé de Longuerue. En 1637 le maréchal de Chatillon prit Ivoy & la démantela, desorte que ce n'est plus qu'un village (D. J.)

JUPE (Page 9:64)

JUPE, s. f. (Hist. mod.) habillement de femme qui prend depuis la ceinture, & qui tombe jusqu'aux piés. On les fait de toutes sortes d'étoffes.

Jupe (Page 9:64)

Jupe, terme de tailleur; c'est ainsi qu'on appelle les quatre pans d'un habit quand ils sont assemblés deux à deux, à compter depuis les hanches jusqu'en bas. Dans les vestes, comme ces quatre pans sont toujours séparés, on les appelle des basques.

JUPITER (Page 9:64)

JUPITER, s. m. (Astron.) une des planetes supérieures, remarquable par son éclat, & qui se meut autour de la terre dans l'espace d'environ douze ans, par un mouvement qui lui est propre. Voyez Planete.

Jupiter est situé entre Saturne & Mars; il tourne autour de son axe en 9 heures 56 minutes, & acheve sa révolution périodique autour du soleil en 4332 jours 12 heures 20'. 9". Le caractere par lequel les astronomes marquent Jupiter, est .

Jupiter est la plus grande de toutes les planetes; il paroît par les observations astronomiques, que son diametre est à celui du soleil comme 1077 à 10000; à celui de Saturne, comme 1077 à 889, & à celui de la terre, comme 1077 à 104. La force de gravité sur sa surface est à celle qui agit sur la surface du soleil, comme 797 est à 10000; à celle de Saturne, comme 797, 15 à 534, 337; à celle de la terre, comme 797, 15 à 407, 832. La densité de sa matiere est à celle du soleil comme 7404 à 10000; à celle de Saturne, comme 7404 à 6011; à celle de la terre, comme 7404 à 3921. La quantité de matiere qu'il contient, est à celle du soleil comme 9, 248 à 10000; à celle de Saturne comme 9, 248 à 4, 223; à celle de la terre, comme 9, 248, à 00044. Voyez l'article Gravitation, où nous avons enseigné la maniere de trouver les masses des planetes qui ont des satellites. Voyez aussi les articles Révolution, Diamftre, &c.

La moyenne distance de Jupiter au soleil est de 5201 parties, dont la moyenne du soleil à la terre en contient 2000, quoique Kepler ne la fasse que de 5196 de ces parties. Selon M. Cassini, la moyeune distance de Jupiter à la terre, est de 115000 demi-diametre de la terre. La distance de Jupiter au soleil étant au moins cinq fois plus grande que celle de la terie au soleil, Grégory en conclut que le diametre du soleil ou de Jupiter ne paroîtroit pas la cinquieme partie de ce qu'il nous paroît, & par conséquent que son disque seroit vingt - cinq fois moindre, & sa lumiere & sa chaleur moindres en même proportion. Voyez Qualité.

L'inclinaison de l'orbite de Jupiter, c'est - à - dire l'angle que forme le plan de son orbite avec le plan de l'écliptique, est de 20'. Son excentricité est de 250 sur 1000; & Huyghens a calculé que sa surface est quatre cent fois aussi grande que celle de la terre. Au reste on observe dans les mouvemens de cette planete plusieurs irrégularités dont on peut voir le détail dans les institutions astronomiques de M. le Monnier, pag. 570. & ces irrégularités sont vraissemblablement occasionnées en grande partie par l'action de Saturne sur cette planete. On peut voir aussi sur ce sujet la piece de M. Euler qui a remporté le prix de l'académie des Sciences en 1748.

Quoique Jupiter soit la plus grande de toutes les planetes, c'est néanmoins celle dont la révolution autour de son axe, est la plus prompte. On a remarqué que son axe est plus court que le diametre de son équateur; & leur rapport, suivant M. Newton, est celui de 8 à 9; de sorte que la figure de Jupiter est celle d'un spheroïde applati; la vitesse de sa rotation rendant la force centrifuge de ses parties fort considérable, fait que l'applatissement de cette planete est beaucoup plus sensible que celui d'aucune autre. M. de Maupertuis l'a démontré dans les Mémoires de l'académie de 1734, & dans son discours sur la figure des astres.

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