ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Quoi qu'on en pense, on ne voit que villes & colonies qui firent gloire de porter le nom de Julia, ou simple, sans une autre dénomination, ainsi que Julia (Juliers) en Germanie, Julia aujourd'hui Fidence ou Borgo san Domino en Italie; ou composé, ainsi que Juliopolis en Bithynie, Juliobriga dans la Tarragonoise, Juliodunum (Loudun) dans la Celtique, Juliomagus (Angers), Julia - Bona (Vienne) en Autriche; ou joint avec quelque épithete, ou quelque qualité particuliere, comme Julia - Fama en Estramadan, Julia - Campestris, Rabba dans la Mauriranie Tingitane, Julia - Nova dans le royaume de Naples, Julia - Concordia, Julia restituta, Segeda, dans la Bétique, Julia tradueta, Tingi, dans la Mauritanie; ou réuni simplement avec les anciens noms des villes, par exemple, colonia Julia Berytus, colonia Julia Accitana, colonia Julia Sinope, &c.

Les colonies romaines, & quantité d'autres villes, ne se sirent pas moins d'honneur du titre d'Augusta que de celui de Julia. Les habitans de ces villes croient persuadés qu'ils ne pouvoient mieux marquer à Auguste leur reconnoissance & la vénération qu'ils avoient pour son nom, qu'en l'adoptant; il fut même consacré en quelque sorte à désigner la capisale & le chef - lieu de quantité de peuples partiouliers; de là l'Augusta Taurinorum, l'Augusta Trevirorum, Vindelicorum, Suessionum, Veromanduorum, &c.

I'lusieurs colonies prenoient, même conjointement, la qualité de Julia avec celle d'Augusta; rien de plus ordinaire que de lire sur les médailles, colonia Julia, Augusta, Berytus; colonia Julia Augusta Apamea; colonia Julia Augusta Pella; colonia Julïa Augusta Heliopolis, & tant d'autres; les unes, parce qu'Auguste les avoit fondées en exécution des dernieres volontés de Jules César, ou augmentées par de nouvelles bandes de soldats vétérans; les autres, à cause qu'il les avoit confirmées dans leurs anciens droits & privileges, ou qu'il leur en avoit accordé de nouveaux.

On trouve aussi, par les mêmes raisons, quelques villes nommées Justinopolis, de l'empereur Justin; on en trouve encore un plus grand nombre nommées Justiniana, de l'empereur Justinien; ce prince, qui désolant ses sujets par toutes sortes de tyrannies, crut étendre sa gloire en bâtissaut de nouvelles villes, en en réparant d'autres, & en construisant des forteresses qui portassent son nom; mais si plusieurs villes le prirent de cette maniere, elles ne le garderent pas long - tems. (D. J.)

JULIA GENS (Page 9:55)

JULIA GENS, (Antiq. rom.) la premiere maison de Rome. La famille Julia prétendoit tirer son origine de Julus sils d'Enée, & par lui conséquemment de la déesse Venus. On trouve des médailles de cette famille, qui ont au revers un Enée, portant Anchise sur le bras gauche, tenant de sa main droite le palladium, & marchant à grands pas comme un homme qui fuit. Le fils de Julus vint à succéder à son pere dans le souverain sacerdoce, & transmit à sa famille cette premiere dignité de la religion, dont les empereurs romains ne manquerent pas de s'emparer, comme succédant aux droits des Jules; car ils prirent tous le titre de souverain pontife, & ce fut un grand coup de politique, primum arcanum imperii, Voyez Pontife. (D. J.)

JULIANE ou JULIENNE (Page 9:55)

JULIANE ou JULIENNE, hesperis, (Botanique.) genre de plante à fleur en croix, composées de quatre pétales; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une silique longue, cylindrique, divisée en deux loges par une cloison qui porte de chaque côté des panneaux creusés en gouttiere. Cette silique renferme des semences oblongues presque cylindriques, quelquefois arrondies & logées dans les sosses de la cloison. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante & Julienne.

JULIEN (Page 9:55)

JULIEN, (Chron.) est un terme fort en usage dans la Chronologie, Ce mot se prend en deux sens dans la Chronologie, en tant qu'il est joint avec le mot année & avec le mot période.

Julienne (Page 9:55)

Julienne (Année); c'est une ancienne maniere de supputer les années, qui est ainsi appellée de Jules Cesar ton inventeur, pour la distinguer de la Grégorienne, qui est en usage dans la plus grande partie de l'Europe. Voyez An & Calendrier.

Période julienne est une période à qui on a donné ce nom, parce que c'est Jules Scaliger qui en a parlé le premier. Voyez Année. Cette période est formée du produit du cycle solaire 28. par le cycle lunaire 29, & par le cycle des indictions 15; ce qui fait 7980 ans. Voyez Cycle.

On la fait commencer environ 764 ans avant la création du monde plus ou moins selon l'hypothèse qu'on veut suivre. Son principal avantage consiste en ce que les mêmes années du cycle solaire, lunaire ou de l'indiction qui appartiennent à une année de cette période, ne peuvent se rencontrer ensemble qu'au bout de 7980 ans. Comme on suppose dans cette période que le cycle solaire est 28, & qu'il revient toujours le même au bout de 28 ans, on voit que c'est principalement à l'année julienne qu'elle convient: car dans l'année julienne le cycle solaire est constamment 28, parce que chaque quatrieme annêe est toujours bissextile; au lieu qu'il n'en est pas de même dans l'année grégorienne, ou sur quatre années séculaires consécutives, il n'y en a qu'une qui soit bissextile. La premiere année de l'ére chrétienne dans tous nos systèmes de Chronologie est toujours la 4714e de la période julienne. Ainsi pour trouver à quelle année de la période julienne appartient une année donnée depuis J. C. on ajoutera à cette année 4713 pour les nombres d'années qui se sont écoulées avant la naissance de Notre Seigneur, & la somme donnera l'année de la période julienne que l'on cherche.

Je veux savoir, par exemple, à quelle année de la période julienne répond l'année 1720. 1720 + 4713 = 6433, qui est l'année de la pétiode que l'on cherche.

Si l'on connoit au contraire l'année de la période julienne, & que l'on veuille savoir quelle est l'année de J. C. qui lui répond, il n'y a qu'à retrancher de la premiere 4713, & le reste sera l'année que l'on cherche.

Je veux savoir, par exemple, quelle année de J. C. répond à la période 6433; 6433 - 4713 = 1720, qui est l'année que l'on cherche.

Si l'année donnée de la période julienne étoit moindre que 4713, il faudroit la retrancher de 4714 (qui est l'année de cette période qui répond à la premiere de J. C.) & le restant montreroit de combien l'année donnee de la période julienne a précédé la naissance de J. C.

Je suppose, par exemple, que la ville de Rome a été bâtie l'année 3960 de la période julienne, & je veux savoir de combien sa fondation a précédé la naissance de J. C. 4714 - 3960 = 754, qui montre que Rome a été bâtie 754 ans avant J. C.

Comme cette période n'est pas encore achevée, & qu'elle a commencé long - tems avant les époques les plus anciennes que nous connoissions, il est évident qu'elle doit renfermer tous les événemens qui sont arrivés sur la terre, & tous les faits historiques, en sorte qu'il ne peut y avoir qu'une année dans route cette période qui réponde au même nombre des trois cycles dont elle est composée. C'est pourquoi si les Historiens avoient eu soin de marquer dans leurs annales les cycles de chaque an<pb-> [p. 56] née, il n'y auroit plus d'incertitude dans les époquès ni dans la Chronologie. On suppose que la premiere année de la période julienne avoit 1 de cycle solaire, 1 de cycle lunaire, & 1 d'indiction.

On peut proposer sur la période julienne un autre problème qui a fort exercé les Chronologistes. Etant donnée l'année du cycle solaire, celle du cycle lunaire & celle de l'indiction, on propose de trouver l'année de la période julienne.

On multipliera le nombre 3845 par le nombre du cycle solaire, le nombre 4200 par le nombre du cycle lunaire, & le nombre 6916 par l'année de l'indiction. Ensuite on divisera la somme des trois produits par 7980, & négligeant le quotient, le reste sera l'année de la période julienne. Exemple. Soit pris l'année 1718, le nombre du cycle solaire 19, celui du cycle lunaire 9, & de l'indiction 11, si on multiplie 4845 par 19, le produit sera 92055; de même si on multiplie 4200 par 9, le produit sera 37800; enfin si on multiplie 6916 par 11, le produit sera 76076. Or la somme des produits est 205931, qui étant divisée par 7980, & négligeant le quotient, le reste sera 6431, qui marque que l'année 1718 est la 6431e de la période julienne; voici la raison de cette pratique. Le nombre 4200 est le produit de 28 par 150, ou de 15 par 280, ou de 19 par 221, en ajoûtant 1 à ce dernier produit; le nombre 4845 est le produit de 19 par 255, ou de 15 par 323, ou de 28 par 173, en ajoûtant 1 à ce dernier produit; le nombre 6916 est le produit de 19 par 364, ou de 28 par 247, ou de 15 par 461, en ajoûtant 1 à ce dernier produit; donc si on multiplie 4200 par le cycle lunaire donné 9, ce produit pourra se diviser exactement par 28 & par 15, c'est à - dire par le cycle solaire & le cycle des indictions, mais en le divisant par 19, qui est le cycle lunaire il restera 9; car 4200 multiplie par 9, est égal à 28 multiplié par 9 & par 150, ou à 15 multiplié par 9 & par 280, ou à 19 multiplié par 9 & par 221, auquel produit il faudra ajoûter 9. On verra par la même raison, que si on multiplie par 4845 le nombre 19 du cycle solaire 9, le produit se divisera exactement par 19 & par 15, mais que divisant par 28 il doit rester 19: & enfin que si on multiplie le nombre 11 de l'indiction par 6916, le produit pourra se diviser exactement par 28 & par 19, mais que divisant par 15, il restera 11. On démontrera de même que la regle que nous avons donnée est générale, quels que soient les nombres donnés du cycle solaire, du cycle lunaire & de l'indiction.

Au reste il est clair que la difficulté de ce problème & de tous les autres semblables, se réduit à trouver un nombre qui, divisé par 28 il reste 19, divisé par 19 il reste 9, & divisé par 15 il reste 11. M. Euler a donné dans le tome VII. des Memoires de l'académie de Pétersbourg une méthode générale pour résoudre ces sortes de questions, quels que soient les nombres par lesquels il faut faire la division, & en quelque quantité que soient ces nombres, & quels que doivent être les restes. Voyez le tome VII. des Mém. acad. de Petersbourg, pag. 46. Il est encore bon de remarquer que cesquestions sont en quelque maniere indéterminées, & qu'elles ont une infinité de solutions, si on les prend dans toute leur généralité. Car, par exemple, après avoir trouvé que l'année 16431 de la période julienne est celle qui a 19 de cycle solaire, 9 de cycle lunaire & 11 d'indiction, on trouve que l'année 6431, plus 7980 ou 6431, plus deux fois 7980; ou 6431, plus trois fois 7980 & ainsi à l'infini, ont les mêmes nombres de cycle solaire, de cycle lunaire, & de cycle d'indiction. Mais ces années appartiendroient à de nouvelles révolutions de la période julienne; de sorte que pour trouver l'année de la période julienne à laquelle répond une année proposée qui a 19, 9 & 11 de cycles, il faut non - seulement trouver un nombre qui étant successivement divisé par 28, 19 & 15, il reste 19, 9 & 11; il faut encore que ce nombre soit le plus petit qu'il soit possible parmi tous ceux qui ont cette propriété, tel est dans la question présente le nombre 6431, & alors le problème dont il s'agit est déterminé, & n'a qu'une seule solution.

La période julienne est la même que la période ou époque constantinopolitaine, dont les Grecs se servent, avec cette différence que les cycles solaires, lunaires & des indictions s'y comptent autrement, & que la premiere année de cette époque est différente de la premiere année de la période Julienne. Voyez Epoque.

Quelques auteurs, dans leurs tables astronomiques ou dans leurs éphémérides, comptent les années suivant cette periode; mais quoique Kepler & Bouillaud en ayent fait usage, cependant c'est dans l'Astronomie de Mercator publiée en 1676, qu'on s'en sert uniquement. Instit. Astron. de M. Le Monnier.

La période julienne est le produit de la période dyonisienne par 15. Voyez Période. (O)

Julienne (Page 9:56)

Julienne, (Botan.) hesperis, genre de plante qu'on caractérise ainsi. Sa fleur est d'ordinaire à quatre pétales en forme de croix. Du calice s'eleve le pistil qui devient une gousse longue, unie, conique, à deux panneaux divisés en deux cellules, séparés par une cloison iutermédiaire, & pleines de semences oblongues, sphériques ou cylindtiques.

M. de Tournefort compte vingt - six especes de julienne, dont nous décrirons la plus commune, hesperis hortensis: Elle porte à la hauteur de deux piés des tiges rondes, veluës, remplies de moélle. Ses feuilles sont rangées alternativement le long des tiges; elles ressemblent à celles de la roqueite, mais elles sont moins découpées; d'ailleurs elles sont dentelées en leurs bords, pointues, cotonneuses, d'un verd noirâtre, & d'un goût un peu àcre. Il sort de leurs aisselles de petits rameaux qui portent des fleurs approchantes de celles du girofilier, belles, jaunes, composées chacune de quatre pétales disposés en croix, tantôt blancs, tantôt purpurins, tantôt de couleurs diversifiées, comme blanches avec des taches purpurines. Ces fleurs répandent une odeur suave, très - agréable; il leur succede des siliques lisses, renfermant des semences oblongues ou rondelettes, tougeâtres & âcres: ses racines sont petites, ligneuses & blanches.

La julienne differe principalement du girofflier par ses gousses qui sont cylindriques & non pas applaties; & par ses graines qui sont enflées, non bordées d'une aile, & qui de plus sont reçûes dans des creux de la cloison intermédiaire.

Les juliennes que les Fleuristes cultivent principalement, ce sont celles à fleur pourpre, blanche, panachée, soit simple, soit double, sur - tout ces dernieres. En effet la julienne blanche double, hesperis hortensis, flore albo, pleno, H. R. P. n'est point inférieure en beauté à la plus belle girofilée. Toutes les juliennes fleurissent en Mai, & les juliennes simples perfectionnent leurs graines en Août.

Les juliennes se multiplient de graine, de bouture, ainsi que de plan enraciné. Il faut les semer en Mars, soit en planche, soit en pots dans une terre meuble, non fumée, & couverte d'un bon doigt de terreau. Si on veut avoir des juliennes de bouture, on coupe des branches contre le pié; quand les fleurs sont passées, on les fiche en terre & on les arrose; on les met ensuite à l'ombre pendant quelques jours, & l'année suivante on les replante où l'on juge à propos.

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