ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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JUJUBIER (Page 9:53)

JUJUBIER, s. m. ziziphus, (Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit oblong, ressemblant à une olive, & charnue, il renferme un noyau divisé en deux loges, où il y a dês semences. Tournefort, Inst. rei herb. voyez Plante.

A ce caractere général nous ajoute rons que c'est un petit arbre que l'on cultive dans les contrées méridionales de l'Europe par rapport à son fruit qui est d'usage en Modecine. Cet arbre ne s'éleve qu'à 12 ou 15 piés. Sa tige est courte, tortue & couverte d'une écorce brune, raboteuse & crévassée; il se garnit de beaucoup de rameaux qui sont épineux. Ses feuilles sont ovales, unies, légerement dentelées snr les bords, luisantes en dessus, & relevées en dessous de trois nervures principales; la verdure en est agréable quoiqu'un peu jaunâtre; elles sont placées alternativenrent sur des branches fort mmces d'environ un pié de long, qui se desséchent après la chute des feuilles, & tombent à leur tour. La fleur & le fruit viennent aussi sur ces petites branches à la naissance des feuilles; cette fleur qui est petite, herbacée, n'a nul agrément: elle commence à paroître les premiers jours de Juillet, & elle se succede pendant deux mois. Le fruit qui la remplace se nomme jujube; il est oblong, charnu, rouge en dehors, jaunâtre en dedans, d'un goût doux & relevé; il renferme un noyau qui sert à multiplior l'arbre.

Le jujubier est commun dans nos provinces méridionales, en Italie, en Espagne, &c. il lui faut un terrein médiocre & léger; il se plaît dans les lieux les plus chauds, exposés au soleil & à l'abri du vent: dans une telle exposition il resistera à de grands hivers, même dans la partie septentrionale de ce royaume: cet arbre n'exige même presqu'aucune culture.

On peut multiplier le jujubier par les rejettons qui viennent au pié des vieux arbres; mais il vaut mieux le faire venir de semence. Il faut avoir des jujubes fraîches, & les semer, s'il est pessible, avant l'hiver dans des caisses ou terrines, que l'on mettra dans une serre qui puisse les garantir des fortes gelées. On pourra les sortir au commencement de Mars, & les jujubes leveront au bout d'un mois ou environ. Au printems suivant, il faudra transplanter les jeunes plants dans des pots séparés, où on les laissera pendant trois ou quatre ans, avec la précaution de les faire passer les hivers dans la serre, après quoi ils seront assez forts pour être transplantés à demeure, & pour résister aux intempéries de notre climat septentrional. Mais il sera bien rare de l'y voir porter du fruit; il faut pour cela des années bien favorables: les arbres de ce genre qui sont au jardin du Roi à Paris en ont donné plusieurs fois.

Le jujubier par rapport à la beauté de son feuillage dont la verdure est brillante, doit trouver place dans les bosquets d'arbres curieux; il a aussi quelque chose de singulier dans l'arrangement de ses branches qui sont de deux sortes; les unes plus grosses & moins confuses sont permanentes; les autres plus menues & dont la destination est de porter la fleur & le fruit, ne sont qu'annuelles; & comme l'arbre se garnit d'une grande quantité de ces branches du second ordre, qui sont toutes à peu près d'égale longueur, cette singularité en contrastant avec les autres arbres, peut contribuer à la variété.

Les jujubes dans leur sraîcheur peuvent se manger, mais elles sont indigestes, & d'un goût trop relatif aux drogues de la Pharmacie: ce n'est qu'en Medecine qu'on en fait principalement usage. Voyez Jujubes.

JUKAGIRI (Page 9:53)

JUKAGIRI, (Géograph.) peuples payens qui habitent les bords de la mer Glaciale, entre l'embouchure du fleuve Lena & le cap Suetoi - noss; on prétend que leur façon de parler ressemble au bruit que font les oies. Chez eux on n'est pas dans l'usage d'enterrer les morts; on se contente de les suspendre à des arbres, & lorsqu'on va à la chasse on porte sur son dos les os de ses parens: on croit que cela porte bonheur. Voyez la description de l'empire russien.

JU - KIAU (Page 9:53)

JU - KIAU, (Hist. mod. & Philosophie.) c'est le nom que l'on donne à la Chine à des sectaires qui, si l'on en croit les missionnaires, sont de véritables athées. Les fondateurs de leur secte sont deux hommes célebres appellés Chu tse & Ching - tsé; ils parurent dans le quinzieme siecle, & s'associerent avec quarante - deux savans, qui leur aiderent à faire un commentaire sur les anciens livres de religion de la Chine, auxquels ils joignirent un corps particulier de doctrine, distribué en vingt volumes, sous le titre de Sing - li - ta - tsuen, c'est - à - dire philosophie naturelle. Ils admettent une premiere cause, qu'ils nomment Tai - Ki. Il n'est pas aisé d'expliquer ce qu'ils entendent par ce mot; ils avouent eux mêmes que le Tai - Ki est une chose dont les propriétés ne peuvent être exprimées: quoi qu'il en soit, voici l'idée qu'ils tâchent de s'en former. Comme ces mots Tai - Ki dans leurs sens propres, signifient faîte de maison, ces docteurs enseignent que le Tai - Ki est à l'égard des autres êtres, ce que le faîte d'une maison est à l'égard de toutes les parties qui la composent; que comme le faîte unit & conserve toutes les pieces d'un bâtiment, de même le Tai - Ki sert à allier entr'elles & à conserver toutes les parties de l'univers. C'est le Tai - Ki, disent - ils, qui imprime à chaque chose un caractere spécial, qui la distingue des autres choses: on fait d'une piece de bois un banc ou une table; mais le Tai - Ki donne au bois la forme d'une table ou d'un banc: lorsque ces instrumens sent brisés, leur Tai - Ki ne subsiste plus.

Les Ju - Kiau donnent à cette premiere cause des qualités infinies, mais contradictoires. Ils lui attribuent des perfections sans bornes; c'est le plus pur & le plus puissant de tous les principes; il n'a point de commencement, il ne peut avoir de fin. C'est l'idée, le modele & l'essence de tous les êtres; c'est l'ame souveraine de l'univers; c'est l'intelligence saprême quilgouverne tout. Ils soutiennent même que c'est une substance immatérielle & un pur esprit; mais bien - tôt s'écartant de ces belle idées, ils confondent leur Tai - Ki avec tous les autres êtres. C'est la même chose, disent - ils, que le ciel, la terre & les cinq élémens, en sorte que dans un sens, chaque être particulier peut être appellé Tai - Ki. Ils ajoûtent que ce premier être est la cause seconde de toutes les productions de la nature, mais une cause aveugle & inanimée, qui ignore la nature de ses propres opérations. Enfin, dit le P. du Halde, après avoir flotté entre mille incertitudes, ils tombent dans les ténebres de l'athéïsme, rejettant toute cause surnaturelle, n'admettant d'autre principe qu'une vertu insensible, unie & identifiée à la matiere.

JULE (Page 9:53)

JULE, s. m. (Littérat.) nom d'une piece de vers ancienne que les Grecs, & ensuite les Romains à leur imitation, chantoient pendant la moisson à l'honneur de Cérès & de Proserpine pour se les rendre propices.

Ce mot vient du grec EULOS2 ou IOULOS2, qui signifie une gerbe.

On appelloit aussi cet hymne démétrule ou démétriole; c'est - à - dire iole de Cérès. On les nommoit encore calliules, selon Dydime & Athénée.

Iule est aussi le nom que les Botanistes donnent à ces touffes vermiculaires, qui au commencement de l'année croissent, & pendent des branches de noi<pb-> [p. 54] setiers, de noyers, de chênes, de châtaigniers, de meuriers, de frênes, &c. qu'on appelle communément chaton. Voyez Chaton.

M. Ray les regarde comme des amas d'étamines des fleurs de l'arbre, à cause que dans les arbres & les plantes fertiles on y découvre une grande quantité de fruits & de cosses; & cette opinion est adoptée par Bradley, qui les prend pour des fleurs mâles qui servent à imprégner les rudimens du fruit, ou pour des fleurs femelles qui croissent sur le même arbre ou sur d'autres de même espece. Voy. Plante & Génération.

JULEP (Page 9:54)

JULEP, s. m. en latin julepus & julapium, (Pharmacie, Thérapeutique.) espece de remede magistral, qui est une liqueur composée, diaphane, d'un goût agréable, d'une bonne odeur ou sans odeur, que le medecin prescrit ordinairement pour plusieurs doses.

La qualité de diaphane que l'on demande dans le julep, prouve que le mélange de ses différens ingrédiens doit être fait par vraie dissolution chimique. L'agrément du goût qui est essentiel à cette espece de remede, exigeoit nécessairement cette dissolution, puisqu'un simple mêlange par confusion ne peut fournir qu'une potion trouble qui ne sauroit être agréable au goût.

On peut préparer des juleps pour remplir la plûpart des indications medicinales, ou, ce qui est la même chose, on peut donner sous cette forme un grand nombre de médicamens doués de diverses vertus. Les juleps les plus usités sont cependant ceux qu'on prépare avec des remedes humectans, adoucissans, rafraîchissans, ou quelquefois, mais plus rarement, avec des fortifians & cordiaux.

La matiere des juleps doit être distinguée en excipient & en base, c'est - à - dire, en liqueur qui reçoit, qui étend, qui délaye, & en médicament principal, soit liquide, soit solide, qui est reçu, étendu, délayé.

L'excipient des juleps est premierement l'eau commune, ou des eaux distillées des plantes inodores; telles que l'eau de chicorée, de laitue, de coquelicot, de bourrache, d'oseille, &c. L'eau commune vaut mieux que ces eaux distillées, qui ont toujours un goût fade & une certaine odeur de feu, & qui d'ailleurs ne possedent aucune vertu réelle; voyez Eaux distillées. Secondement, les eaux distillées aromatiques, dont le parfum est doux & agréable, ou qui sont véritablement actives, comme l'eau - rose, l'eau de fleur d'orange, l'eau de chardonbénit, &c. Troisiemement, les infusions des fleurs & des especes aromatiques, comme d'oeillets, de violettes, de thé, de vulnéraires de Suisse, &c. Quatriemement, les décoctions légeres & qui n'ont point de saveur desagréable, clarifiées; telles que celles d'orge, de ris, de pruneaux, de raisins secs, de pommes, de corne de cerf, &c. enfin l'excipient peut être formé du mélange de ces diverses liqueurs.

La base du julep est, ou des syrops agréables & parfaitement solubles, (cette derniere qualité exclut celui d'orgeat, dont la dissolution dans l'eau fait une émulsion, voyez Émulsion) comme celui d'oeillet, de capillaire, de limon, de coin, de mûre, d'épinevinette, de framboise, &c. ou des sucs des fruits doux & aigrelets, tels que ceux dont nous venons de parler; celui de cerises, de pommes, de groseilles, &c. les robs, les gelées, les marmelades, telles que le cotignac, la gelée de groseilles, la marmelade d'abricots, le sucre, soit pur, soit aromatisé sous forme d'oleo - saccharum. (Nota. Les sucs, les syrops, les robs, gelées, marmelades & le sucre exigent qu'on filtre le julep, si on veut l'avoir clair & aussi élégant qu'il peut l'être,) le vinaigre, l'esprit de vinaigre & les acides minéraux, les esprits ardens, soit purs, soit aromatiques distillés; on introduit aussi quelquefois dans les juleps quelques sels neutres principalement, & même presque uniquement le nitre. On y mêle aussi quelquefois les confections alkermes & d'hyacinthe: mais dès - lors on a proprement une potion, voyez Potion, & ce n'est qu'inexactement qu'on appelle un pareil mélange julep.

On voit par l'idée que nous venons de donner du julep, que la limonade est un véritable julep; que nos liqueurs spiritueuses aromatiques & sucrées, nos ratafias étendus dans plusieurs parties d'eau seroient de vrais juleps. De plus, la limonade & ce dernier mélange fourniroient des juleps éminemment conformes à la regle de l'art qui défend de multiplier les ingrédiens des remedes, & sur - tout dans ceux qu'on veut rendre agréables. Il ne faut donc jamais s'écarter de cette regle dans la prescription des juleps: la limonade & la dissolution du ratafia de cerises dans l'eau en sont de fort bons modeles. Voyez Limonade.

La proportion des divers ingrédiens d'un julep est telle que pour une livre de medecine ou douze onces d'excipient, on prenne environ deux ou trois onces de syrop ou de sucs, gelées, &c. ou une once & demie de sucre; on peut encore se régler sur le goût du malade, & déterminer la dose de ces ingrédiens par le degré d'agréable douceur. Les acides se dosent toujours par le point d'agréable acidité. Les esprits ardens ne doivent pas y excéder la quantité d'une once par livre d'excipient. Le nitre est en suffisante quantité à la dose de demi - gros, d'un gros tout au plus.

La dose générale du julep ne doit se prescrire que pour la journée, quoique cette préparation ne soit pas aussi sujette à s'altérer que l'émulsion. Sa quantité se regle sur la soif du malade, & sur l'intention du medecin. Mais elle doit toujours être considérable: une seule dose de julep rafraîchissant ou fortifiant, donnée dans la journée & ordinairement le soir, comme le pratiquent quelques medecins, est un remede à peu - près inutile. En général, les remedes doux & purement altérans, comme ceux qu'on donne communément sous la forme des juleps, ne peuvent agir que par les doses réitérées. Il est pourtant permis de préparer un seul verre de julep, quand on veut en faire le véhicule d'un narcotique qu'on donne une fois seulement à l'heure du sommeil; la dose particuliere du julep se prescrit par onces ou par verrées.

Les anciens avoient une forme de remede qu'ils appelloient julep, & qui n'étoit qu'un syrop liquide. Le nôtre differe de celui - là par sa beaucoup plus grande liquidité. (b)

JULES (Page 9:54)

* JULES, s. m. (Commerce.) petite monnoie courante en Italie; sa valeur est d'environ cinq sols. Il y a les testons, les écus & les jules. La pistole d'Espagne vaut à Rome treize écus jules, & l'écu de notre monnoie dix ou environ.

Le nom de cette monnoie vient des papes qui se sont appellés Jules.

JULE TUNGLET (Page 9:54)

* JULE TUNGLET, s. m. (Hist. mod.) douzieme mois des Suédois. Il s'appelle aussi Jylamont & Jwlemanat.

JULIA (Page 9:54)

JULIA, (Géog. anc.) prénom de villes ou colonie romaines.

Quand Jules - César eut détruit la liberté de sa patrie, & qu'il eut usurpé l'autorité des consuls & du sénat, il arriva que plusieurs lieux joignirent son nom à celui qu'ils avoient déjà, soit parce qu'il y envoya des colonies pour les repeupler, soit parce qu'ils reçurent d'autres marques de sa bienveillance, ou qu'ils espérerent de se la procurer par ce témoignage de leur dévouement ou de leur flaterie.

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