ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"923"> qui eut pû réparer, par cette attention générale, le mal que fait la guerre, & ils le remercierent comme leur bienfaiteur. On doit encore au lord Anson la meilleure description & la meilleure carte, tant de cette île que de la mer du Sud en général, & les navigateurs qui vont dans cette mer, ne sauroient s'en passer. (D. J.)

Isle flotante (Page 8:923)

Isle flotante, (Géog.) Les histoires de tous les tems sont pleines de relations d'îles flotantes. Les anciens l'ont avancé de Délos, de Thérasie & des Calamines. Pline, liv. III. chap. xxv. fait mention d'une île qui nageoit sur le lac de Cutilie, & qui avoit été découverte par un oracle. Elle se soutient, assure - t - il, sur l'eau, & est non seulement portée de côté & d'autre par les vents, mais même par de simples zéphirs, sans être fixe ni jour ni nuit. Théophraste & Pomponius Méla nous parlent aussi d'îles flotantes en Lydie si mouvantes que la moindre cause les agitoit; les chassoit, les éloignoit & les rapprochoit. Sénéque n'est pas moins positif sur les îles flotantes d'Italie. Plusieurs de nos modernes ont aussi pris le parti d'en décrire de nouvelles en divers pays du monde.

Je ne répondrai point que tous les faits qu'on cite sont également fabuleux & dénués de tout fondement; j'oserai dire néanmoins que la plus grande partie sont entierement faux, ou singulierement exagérés. Il est très - ridicule de vouloir nous expliquer comment un grand nombre d'îles, autrefois flotantes, se trouvent si solidement fixées depuis tant de siecles. Laissons donc Callimaque comparer l'île de Délos à une fleur que les vents ont portée sur les ondes. Laissons dire à Virgile que cette île a été long - tems errante au gré des vents, tantôt cachée & ensevelie sous les eaux, tantôt par une révolution contraire, s'élevant au - dessus de ces mêmes eaux; qu'enfin Jupiter la rendit également immobile & habitable en faveur de Latone, sans permettre qu'elle fût davantage soumise à ses anciens changemens.

Immotamque coli dedit, & contemnere ventos. Toutes ces peintures sont fort jolies dans la Fable & dans les Poëtes; mais la Physique n'épouse point de pareilles merveilles.

En effet, tout ce qu'elle voit sous le beau nom d'îles flotantes, n'est autre chose que des concrétions de portions de terre spongieuse, légere, sulfureuse, qui surnagent ou seules, ou entremêlées d'herbes, & de racines de plantes, jusqu'à ce que les vents, les vagues, les torrents, ou le calme, les ayent fixées sur la rive, pour y prendre corps. C'est ce qui arrive le plus communément dans les lacs, comme dans le lac Lomond en Ecosse, où de pareils amas acquierent finalement une étendue assez considérable, se joignent ensemble, touchent le fond d'un bassin qui n'est pas égal, s'y arrêtent, & y font une liaison. Les especes d'îles flotantes qu'on a vû se former pendant quelque tems près de l'île de Santorin, étoient un amas de rochers & de pierres ponces jettées par des volcans sur la surface de l'eau, mais qui n'ont produit aucune île fixe. On sait que les prétendues îles flotantes d'un lac près de Saint - Omer ne sont proprement que des tissus de racines d'herbes mêlées de vase & de terre grasse. Enfin, il ne reste aucune preuve de la vérité des anciennes & des nouvelles relations qui ont été faites de tant d'îles mouvantes; toutes ces îles ont disparu, & nous ne connoissons plus que des îles fixes. (D. J.)

Isles fortunées (Page 8:923)

Isles fortunées (Géog.) voyez au mot Fortunées; & si vous êtes encore sensible aux charmes de la Poésie, si vous aimez le brillant coloris d'un beau paysage, lisez ici la description que Garth fait de ces isles: nous n'avons point de peintures de lieux qui soient plus riantes & plus agréables.

The happy isles, where endless pleasures wait, Are slyl'd by tuneful birds, the fortunate. Eternal spring with smiling verdure here Warms the mildair, and crowns the youthfull year; From cristal rocks, transparentriv'let flow; The rose still blushes, and the vi'lets blow. The vine undress'd, her swelling clusters bears: The lab'ring hind; the mellow olives cheers: Blossoms and fruit, at once the citron shows, And as she pays, discovers still she owes; Here the glad orange, court the am'rous maid With golden apples, and a silken shade. No blast e'er discompose the peaceful sky; The spring but murmur, and the Winds but sigh. Where Flora treads, her zephir garlands flings, Shaking rich odours from his purple Wings: And Birds from woodbine bow'rs, and Jess'min groves, Chaunt their glads nuptials, and unenvy'd loves. Mild seasons, rising hills, and silent dales, Cool grottos, silver brooks, and flow'ry vales; In this blest climate, all the circling year prevail... Je ne trouve pas même que la belle description d'Horace, Ode xvj. liv. V. connue de tout le monde, présente un paysage aussi gracieux de ces contrées charmantes, que l'est celui du chevalier Garth. Mais en échange le tableau qu'en fait le poëte latin, est enrichi de tous les ornemens que la Fable & la Poésie pouvoient lui prêter. Ils y sont multipliés avec un goût, une élégance & une force admirables.

Non huc Argoo contendit remige pinus; Neque impudica Colchis intulit pedem; Non huc Sidonii torserunt cornua nautoe, Laboriosa nec cohors Ulissei. Nulla nocent pecori contagia, nullius astri Gregem oestuosa torret impotentia. Jupiter illa pioe secrevit littora genti, Ut inquinavit oere tempus aureum: AEreo dehinc ferro duravit soecula.

« Jamais les Argonautes n'entreprirent de faire une descente dans ces îles fortunées. Jamais l'infame Médée n'y mit le pié; jamais les compagnons d'Ulysse n'y porterent leurs passions avec leurs infortunes. La contagion n'y répandit jamais la mortalité parmi les troupeaux, & nulle constellation maligne ne les dessécha par l'ardeur de ses influences. Sitôt que le siecle d'airain eut altéré la pureté du siecle d'or, & que le siecle de fer eut succédé au siecle d'airain, Jupiter sépara cet heureux pays du reste du monde, pour servir d'asyle à la vertu, &c

Cet heureux pays, ces îles fortunées que Jupiter sépara du reste du monde, sont sans doute les îles Canaries, situées à l'occident de l'Afrique, vis àdu royaume de Suz: tout favorise ce sentiment, & rien ne peut le détruire. Il est assez vraissemblable que les Canaries, les Açores & l'Amérique, sont les restes de cette grande île atlantide de Platon, si fameuse chez les anciens, dont les parties les plus basses furent inondées par l'irruption de la mer Noire qui, s'étant ouvert un passage entre l'Europe & l'Asie, forma d'abord ce que nous appellons la Méditerrannée, & se fit ensuite un canal pour joindre l'Océan, en détachant l'Espagne de l'Afrique. (D. J.)

Isle Gorgone (Page 8:923)

Isle Gorgone, (Géog.) île de la mer du Sud au Popayan, à 3 deg. de latit. septentrionale; elle est passablement élevée, & fort remarquable à cause de deux collines qui sont au sommet. Cette île n'est habitée que par de petits singes noirs, & cependant elle est pourvûe de toutes sortes d'arbres, qui ne [p. 924] quittent point leurs fleurs & leur verdure. Il y pleut beaucoup tout le long de l'année, & souvent comme fi l'on jettoit l'eau par un crible. On y trouve quantité d'huitres, & quelquefois des perles dans quelques - unes. Ces huitres croissent sur des rochers à 4, 5 ou 6 brasses d'eau, attachées par de petites racines comme les moules; le dedans de la coquille est plus brillant que la perle même: Dampier dit que c'est le seul endroit de la mer du Sud oùil en ait vu. (D. J.)

Isle - Jourdain (Page 8:924)

Isle - Jourdain, l'(Géog.) Castellum Ictium, petite ville de France dans le bas - Armagnac avec titre de comté. M. l'abbé de Longuerue n'a pas dédaigné d'en faire l'histoire dans sa description de la France, tom. I. pag. 197. Long. 18. 45. lat. 43. 40. (D. J.)

Isle - Longue (Page 8:924)

Isle - Longue, (Géog.) île de l'Amérique septentrionale sur la côte de la nouvelle Yorck. Elle s'étend de l'ouest à l'est, a environ cent mille de tour, & en plusieurs endroits huit à quatorze mille de large. Son terroir est excellent, & habité d'un bout à l'autre; elle appartient aux Anglois, & l'on y voit au printems les bois & les champs si garnis de roses & d'autres fleurs, qu'ils égalent plusieurs jardins d'Angleterre. (D. J.)

Isle de Jean Mayen (Page 8:924)

Isle de Jean Mayen, (Géog.) île de l'Océan septentrional, au nord des îles de Féro, au levant du Groenland, vers le 71 deg. de lat. & le 13 de long. Elle fut découverte en 1614 par Jansz Mayen; on la reconnoît par une haute montagne que l'on voit de loin. (D. J.)

Isles - nouvelles (Page 8:924)

Isles - nouvelles, (Géog.) on a donné ce nom à des terres situées par les 51 à 52 deg. de lat. méridionale, environ 50 à 55 au nord - nord - est du détroit de le Maire. On n'a commencé à en avoir des connoissances certaines qu'en 1707 & 1708 par le capitaine Poré de saint Malo; il parcourut deux fois cette côte, & trouva qu'elle pouvoit avoir 50 lieues est - sud - est, & ouest - nord - ouest; il est à présumer que ce sont les mêmes que le chevalier Richard Hawkins découvrit en 1693, étant à l'est de la côte déserte ou des Patagons, vers les 50 deg. de lat. méridionale; il fut jetté par une tempête sur une terre inconnue, & courut le long de ces côtes environ 60 lieues. Il paroît d'un autre côté que ces terres nouvelles ne sont pas les îles Sébaldes rangées en triangle, & qui sont séparées des îles nouvelles ou îles Malonines, comme M. de Lisle les nomme, au moins de 7 à 8 lieues. Voyez sur les îles nouvelles la carte de l'extrémité de l'Amérique réduite par M. Frezier, p. 263 de son voyage à la mer du Sud. (D. J.)

Isle des Pins (Page 8:924)

Isle des Pins, (Géog.) île de l'Amérique septentrionale, au midi de Cuba, dont elle est séparée par un canal de 3 à 4 lieues de largeur, par le 295 deg. de longit. L'île des Pins n'a que 10 ou 12 lieues de long, avec une haute montagne au milieu garnie d'arbres, dont la plupart sont inconnus en Europe. Les collines sont couvertes de forêts de pins hauts, droits, & assez gros pour servir de grands mâts à de petits bâtimens. On y trouve en quelques endroits des tortues de terre & des cancres blancs & noirs; les alligadors & les crocodiles rodent beaucoup autour de cette île. (D. J.)

Isles Piscadores (Page 8:924)

Isles Piscadores, ou îles des Pêcheurs, (Géog.) ce sont plusieurs grandes îles désertes, situées près de Formosa, entre cette île & la Chine, à 23 deg. ou environ de lat. septentrionale, & presque à la même hauteur que le tropique du cancer. (D. J.)

Isle de Quelpaerts (Page 8:924)

Isle de Quelpaerts, (Géog.) autrement appellée Fungma; c'est une île de la mer de Corée, au midi de cette péninsule, & placée par les Hollandois qui y firent naufrage en 1653, par les 33 deg. 32 min. de lat. nord, & par M. Bellin entre les 153 & 154 de long. les mêmes Hollandois lui donnent 15 lieues de circuit. (D. J.)

Isle de Résolution (Page 8:924)

Isle de Résolution, (Géog.) île de l'Améri<cb-> que septentrionale, au 62. 33 de variation nordouest; sa grandeur peut être de huit lieues est & ouest; elle forme l'embouchure du détroit de Hudson avec les îles Boutonnes. Les côtes de cette île, ainsi que celles de tout le détroit, sont à pic & d'une élévation prodigieuse. (D. J.)

Isle - royale (Page 8:924)

Isle - royale, (Géog.) autrefois nommée île du Cap - Breton; c'est une île de l'Amérique septentrionale que la France possede à l'entrée du golphe de S. Laurent, à 15 lieues de Terre - neuve, & séparée de l'Acadie par un détroit d'une lieue de large; elle ressemble à un fer à cheval écrasé, & peut avoir 80 lieues de tour. Son terroir est par - tout entrecoupé de lacs; on y trouve plusieurs bons ports. Elle est d'un grand avantage à cause de la pêche de la morue qui se fait sur ses côtes; Louisbourg, petite ville bâtie sur une langue de terre qui forme un bon port fortifié, en est le chef - lieu. (D. J.)

Isles du Vent (Page 8:924)

Isles du Vent, (Géog.) les îles du vent nommées par les Espagnols îles Balovento, & connues sous le nom d'Antilles, d'îles Caraïbes ou Cannibales & Camercanes, sont situées dans l'Océan près du golphe de la Trinité espagnole, s'étendant en forme d'arc depuis le onzieme degré de latitude au nord de l'equateur, jusqu'au dix - neuvieme degré dans l'estnord - est de saint Jean de Portorico; leur longitude étant estimée 63 deg. 18 min. 45 sec. à l'occident du méridien de Paris.

Lors de la découverte de ces îles par Christophe Colomb en 1492, elles étoient occupées par les Caraïbes, qui depuis furent contraints de les abandonner aux différentes nations qui les possedent aujourd'hui; ces sauvages se retirerent dans les îles de saint Vincent & de la Dominique, où jusqu'à présent ils ont vêcu en liberté.

Les François sont maîtres des îles de Tabago, de la Grenade & des Grenadins, de sainte Lucie, de la Martinique, des Saintes, de Marie Galande, de la Desirade, des deux parties de la Guadeloupe, de l'île de saint Barthelemy, de la moitié de saint Martin & de quelques autres petites îles.

Antigoa, Nieves, Montserrat, saint Christophe, la Barbade, la Barboude, la Redonde & l'Anguille appartiennent aux Anglois.

Saint Eustache, partie de saint Martin & Saba, sont sous la domination des Hollandois.

Les Danois se sont établis dans les îles de saint Thomas, de saint Jean & de sainte - croix; & les Espagnols ont des prétentions sur une partie des îles nommées les Vierges.

Les îles du vent étant exposées aux excessives chaleurs de la zone torride seroient inhabitables, si deux fois le jour l'air n'étoit rafraîchi par des vents d'est qui regnent constamment dans ce climat, excepté depuis la fin de Juillet jusqu'au quinze du mois d'Octobre, tems auquel l'air est sujet à de grandes variations qui produisent souvent d'horribles tempêtes nommées ouragans. Cette saison qu'on appelle hivernage se termine ordinairement par des pluies abondantes, auxquelles succedent dans plusieurs cantons des fievres & des maladies opiniâtres.

Outre ces incommodités, les Antilles sont sujettes à de fréquens tremblemens de terre. Cela n'est point surprenant, si l'on considere la nature du terrein formé de très - hautes montagnes entrecoupées de vallons, de ravines & de falaises escarpées, où l'on apperçoit les couches de terre, de pierres & de sable, le plus souvent confondues & sans ordre, renfermant à des profondeurs inégales plusieurs sortes de minéraux, parmi lesquels on trouve une grande abondance de fer.

La quantité de soufre naturellement sublimé au sommet des plus hautes montagnes & dans quelques vallons, les laves, les eaux thermales, & les nom<pb->

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