ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"921"> velles îles ne paroissent jamais qu'auprès des anciennes, & qu'on n'a point d'exemple qu'il s'en soit élevé de nouvelles dans les hautes mers. On doit donc regarder le terrein où elles sont, comme une continuation de celui des îles voisines; & lorsque ces îles ont des volcans, il n'est pas étonnant que le terrein qui en est voisin, contienne des matieres propres à en former, & que ces matieres viennent à s'enflammer, soit par la seule fermentation, soit par l'action des vents soûterrains.

Au reste, les îles produites par l'action du feu & des tremblemens de terre sont en petit nombre, & ces évenemens sont rares; mais il y a un nombre infini d'îles nouvelles produites par les limons, les sables, & les terres que les eaux des fleuves & de la mer entraînent & transportent à différens endroits. A l'embouchure de toutes les rivieres il se forme des amas de terre & des bans de sable, dont l'étendue devient souvent assez considérable pour former des îles d'une grandeur médiocre. La mer en se retirant & en s'éloignant de certaines côtes, laisse à découvert les parties les plus élevées du fond, ce qui forme autant d'îles nouvelles; & de même en s'étendant sur de certaines plages, elle en couvre les parties les plus basses, & laisse paroître les parties les plus élevées qu'elle n'a pû surmonter, ce qui fait encore autant d'îles; & on remarque en conséquence qu'il y a fort peu d'îles dans le milieu des mers, & qu'elles sont presque toutes dans le voisinage des continens où la mer les a formées, soit en s'éloignant, soit en s'approchant de ces différentes contrées. Tout cet article est entierement tiré de l'histoire naturelle de M. de Buffon, tome I. page 536 & suivontes.

Les îles proprement dites, different, ou par leur situation, ou par leur grandeur. A l'égard de leur situation, il y en a dans l'océan, dans les fleuves, les rivieres, & même dans les lacs & les étangs.

Pour ce qui est de leur grandeur, elles different extrêmement les unes des autres. Quelques îles sont assez grandes pour contenir plusieurs états, comme la Grande Bretagne, Ceylan, Sumatra, Java. Quelques unes forment un seul royaume, comme la Sicile, la Sardaigne, &c. D'autres ne renferment qu'une ville, avec un territoire médiocre, comme quantité d'îles de l'Archipel, de la Dalmatie, &c. D'autres n'ont qu'un petit nombre d'habitations dispersées; d'autres enfin sont sans habitans.

Il y a des îles qui paroissent avoir été toujours telles, il y en a d'autres qui ont commencé à paroître dans les lieux de la mer où elles n'étoient pas auparavant; d'autres ont été détachées du continent, soit par des tremblemens de terre, soit par les grands efforts de la mer, soit par l'industrie & par le travail des hommes. Il est certain qu'il se forme de tems en tems des îles nouvelles, non seulement par des attérissemens, comme celle de Tsongming à la Chine, dans la province de Nanking, ou par des coups de mer qui ont séparé des morceaux du continent, comme les anciens ont prétendu que la Sicile & peut - être la Grande - Bretagne ont été formées; mais il y en a même qui sont sorties de dessous les flots comme autrefois Santorin, & depuis les trois nouvelles îles qui se sont formées tout près d'elle, & c'est sur quoi on peut voir les mém. des missions du Levant, imprimes en 1715.

On est présentement assuré que le continent que nous habitons, & où se trouvent l'Europe, l'Asie & l'Asrique, est une grande île que la mer environne de toutes parts; on pourra dire sans doute la même chose de celui qu'on appelle le Nouveau Monde, lorsque l'on aura pénétré au nord & à l'ouest de la baie de Hudson: jusques - là on ignore quelles sont les limites septentrionales de ce continent. Les Arabes, faute d'avoir un mot particulier pour exprimer une presqu'île, donnent le nom d'îles à toutes les péninsules.

Les terres Arctiques, que l'on croyoit être un pays continu, sont vraissemblablement de grandes îles, dont on ne sait pas encore le nombre & l'étendue. La Californie, que l'on prenoit au contraire pour une île, est une partie du continent. Ce que l'on avoit crû être le commencement d'un grand continent, au midi de l'Amérique, s'est trouvé n'être qu'une île assez vaste, environnée d'autres petites îles.

On peut compter dix ou douze îles de la premiere grandeur: savoir en Europe, la Bretagne, l'Islande, la Nouvelle Zemble; en Afrique, Madagascar; en Asie, Niphon, Manilles ou Luçon, Bornéo, Sumatra; en Amérique, Terre - neuve & la Terre dé feu.

On compte ordinairement dix autres îles de différentes grandeurs: savoir dans la mer Méditerranée Européenne, la Sardaigne, la Sicile, Candie; dans l'Océan, l'Irlande; en Asie, Java, Ceylan, Mindanas, Célebes; en Amérique, Cuba, Saint - Domingue.

Il y a d'autres îles auxquelles on peut donner le surnom de moindres, parce qu'elles ne sont pas si grandes que les précédentes; comme l'île Zéland en Dannemarc; la Corse, Négrépont, Majorque, Chypre, dans la mer Méditerranee Européenne; Gilolo, Timor, Amboine, en Asie; la Jamaïque, en Amérique, dans la mer du Nord; l'île Isabelle, l'une des îles de Salomon, dans la mer du Sud.

Le nombre des petites îles est presque infini; on peut dire qu'elles sont innombrables, avec d'autant plus de vérité que l'on est encore bien éloigné de connoître toutes les mers. Il y reste à découvrir beaucoup de côtes, dont nous ignorons les détails, pour ne point parler de celles qui nous sont inconnues; on pourroit cependant faire trois classes de ces petites îles. La premiere seroit de celles qui, quoique seules & indépendantes des autres, ne laissent pas d'avoir de la célébrité; telles sont, dans la mer Baltique, Aland, Bornholm, Falster, Fune, &c. dans la mer Méditerranée, Rhode, Minorque, Corfou, Malte, Chio, Cérigo, Ivica, Céphalonie, &c. dans l'océan Atlantique, entre l'Afrique & le Brésil, Sainte - Hélene, l'Ascension & Saint - Thomé; près du détroit de Gilbraltar, Madere; & en Afrique, à l'entrée de la mer Rouge, Zocotora.

La seconde classe comprendroit les îles que l'on connoît sous un nom général, quoique la plûpart ayent chacune un nom particulier: les principales sont les Westernes, au couchant de l'Ecosse; les Orcades, au nord de l'Ecosse; les îles de Schetland, au nord - est des Orcades; les Açores, dans la mer du Nord; les Canaries, les îles du Cap - verd, dans la mer Atlantique; les îles de l'Archipel, dans la Méditerranée; les Lucayes & les Antilles, dans la mer du Nord; les Maldives, les Moluques, les Philippines, le Japon, les Mariannes, dans la mer des Indes & dans l'Océan oriental; les îles de Salomon, dans la mer du Sud.

La troisieme ciasse contiendroit les îles des fleuves & des rivieres; comme celle du Nil, du Niger, de Gambie, en Afrique; de l'Indus, du Gange & autres, en Asie; du fleuve de Saint - Laurent, du Misfissipi, de l'Orénoque, de l'Amazone, en Amérique; enfin celles de nos rivieres d'Europe dans le Pô, le Danube, le Rhône, la Seine, &c. les lacs d'Irlande, d'Ecosse, ont quantité d'îles; le lac de Dambée en Ethiopie, en a aussi plusieurs.

Il y a des îles artificielles; & presque toutes les places fortes, dont les fossés sont remplis des eaux d'une riviere, sont en ce sens de véritables îles Am<pb-> [p. 922] sterdam, & la plûpart des villes de Hollande, ne sont pas seulement des îles, mais chaque ville, selon son etendue, est composée d'un certain nombre plus ou moins grand de petites îles; la seule ville de Venise n'est autre chose qu'une fourmilliere d'îles jointes ensemble par des ponts.

On trouvera dans cet ouvrage les principales îles du monde, & quelquefois d'autres moins célébres, mais qui méritent de n'être pas oubliées à cause de leur position, ou pour d'autres raisons. (D. J.)

Isles aux Loups marins (Page 8:922)

Isles aux Loups marins, (Géogr.) îles de l'Amérique septentrionale dans l'Acadie ou Nouvelle Ecosse, situées entre le cap Fourchu & le cap de Sable, trois ou quatre lieues en mer. Ces îles, dont les unes sont d'une lieue, les autres de deux & trois de tour, s'appellent îles aux loups marins, parce que ces animaux, en quantité, y vont faire leurs petits. On y trouve encore un nombre prodigieux de toutes sortes d'oiseaux, & l'on en prend tant qu'on veut; mais les îles même sont difficiles à approcher à cause des rochers qui les environnent: elles sont couvertes de sapins, bouleaux, & autres bois semblables, qui n'y prennent guere d'accroissement. (D. J.)

Isles brulantes (Page 8:922)

Isles brulantes, (Géogr.) c'est un nom commun à toutes les îles qui ont des volcans; il y en a plusieurs dans le monde, sur - tout dans la mer, vers les côtes de la Nouvelle Guinée. (D. J.)

Isles Bonaventures (Page 8:922)

Isles Bonaventures, les, (Géogr.) îles de l'Amérique septentrionale dans le détroit d'Hudson, auprès des côtes du nord, à 63d 6'par estime, 43d de variation nord - est, à 50 ou 56 lieues de la petite île de Salisbury. On les trouve à l'entrée d'un grand enfoncement, dont on ne voit pas le bout. (D. J.)

Isle de l'Ascension (Page 8:922)

Isle de l'Ascension, (Géog.) cette petite île de l'Océan, entre l'Afrique & le Brésil, paroît manifestement formée ou entierement brûlée par un volcan éteint. Elle est d'ailleurs si singuliere par la nature de son terroir, par la figure & la position de ses montagnes, dont la vûe inspire une certaine horreur, qu'il faut ajouter quelques lignes à ce qu'on en a dit au mot Ascension.

Quoique cette île soit déserte, son histoire pourroit peut - être occuper assez long - tems un naturaliste; du - moins doit - on la regarder comme un point qui intéresse la Géographie & la Navigation. Tous nos vaisseaux de la compagnie des Indes orientales y abordent à leur retour dans ce royaume, & y prennent pour leur subsistance un grand nombre de tortues de mer. M. l'abbé de la Caille, qui s'y est trouvé le 15 Octobre 1753, profita de son séjour dans cette île pour en déterminer la latitude. Il l'a jugée, au lieu du mouillage ordinaire, de 7d 54'australe; & ayant eu le bonheur d'y observer une émersion du premier satellite de Jupiter, qui le fut aussi à Paris par MM. Maraldi & Delisle, cette observation lui a servi à établir la longitude de ce lieu de 16d 19'à l'occident du méridien de Paris. Voyez les Mém. de l'Acad. des Sc. année 1751. (D. J.)

Isle des Chiens (Page 8:922)

Isle des Chiens, (Géogr.) cette île, dans la mer du Sud, trouvée en 1616 par Jacques le Maire, n'est autre chose que l'île des Tiburons, que Magellan avoit découverte en 1520. Les pilotes ont souvent traité d'îles nouvelles & imposé de nouveaux noms à des îles qui avoient été découvertes longtems avant eux. Par exemple, l'île Sainte - Apollonie dans la mer des Indes, est la même que l'île de Bourbon. (D. J.)

Isles du Cap - verd (Page 8:922)

Isles du Cap - verd, les, (Géog.) îles de l'Océan Atlantique, sur la côte occidentale d'Afrique, à l'ouest du cap dont elles prennent le nom. Les Géographes en comptent douze, dont la plus grande est Saint - Iago; ce sont vraissemblablement les Gorgades de Pline: la connoissance s'en étoit perdue avec le tems, mais l'an 1460, Antoine Noli, Génois, au service du roi de Portugal, les retrouva, ou les découvrit au profit de cette couronne qui les a conservées. L'air y est très - chaud & mal - sain. Les Portugais y tiennent un vice - roi, qui fait sa résidence à Saint - lago. Long. 352 - 355, latit. 14 - 30 jusqu'au dix - neuvieme degré, selon la carte de la Barbarie, Nigritie & Guinée par M. Delisle. (D. J.)

Isle de l'Eléphant (Page 8:922)

Isle de l'Eléphant, (Géog.) île de l'Indoustan, sur la côte de Malabar; voyez - en l'article au mot Éléphant. J'ajouterai seulement que la pagode de cette île est une des choses les plus célébres dans les voyageurs portugais: ils nous disent que cette pagode est sur le penchant d'une haute montagne, où elle est taillée dans le roc même. Selon leur récit, elle a environ 120 pieds en quarré & 80 en hauteur. Entre plusieurs autres pieces qui y sont jointes, il y a 16 piliers de pierre, éloignés de 16 piés l'un de l'autre, qui ont chacun 3 piés de diametre; ils semblent destinés à soutenir cet édifice massif, dont la voûte n'est qu'un grand rocher. Aux deux côtés de la pagode, il y a 40 ou 50 figures d'hommes qui ont chacun 12 ou 15 piés de haut; quelques - unes de ces figures gigantesques ont six bras, d'autres ont trois têtes, & d'autres sont monstrueuses à d'autres égards. On en voit qui prennent une jolie fille par le menton, & d'autres qui déchirent en pieces des petits enfans. Voilà l'objet du culte des Indiens qui s'y rendent en foule! La terre n'offre par - tout qu'un spectacle de différentes superstitions humaines. (D. J.)

Isle de Fer (Page 8:922)

Isle de Fer, (Géogr.) la plus occidentale des Canaries, par laquelle les Géographes françois & autres, tant anciens que modernes, placent le premier méridien. Voyez Fer, île de, (Géog.)

J'ajoute ici, avec M. de Mairan, qu'il seroit sans doute plus sûr & plus commode de prendre pour point fixe un lieu plus connu, & dont la position fût mieux constatée; tel, par exemple, que l'observatoire de Paris, & de compter ensuite la longitude orientale ou occidentale, en partant du méridien de ce lieu jusqu'au cent quatre - vingtieme degré de part & d'autre; c'est ainsi que plusieurs astronomes & géographes le pratiquent aujourd'hui. Mais outre que cet usage n'est pas encore assez généralement établi, il seroit toujours important de connoître la véritable position de l'île de Fer, encore douteuse par rapport à Paris, pour profiter de quantité d'observations & de déterminations géographiques qui ont été faites relativement à cette île. Il résulte des calculs de M. Maraldi, que la partie de l'île de Fer, par où l'on fait passer le premier méridien, est plus occidentale que l'observatoire de Paris de 19d 53' 9"; cependant M. le Monnier l'astronome differe de 9'21" avec M. Maraldi, dans la détermination de la longitude de cette île, qu'il établit de 20d 2'30". Voyez les mém. de l'acad. des Sc. an. 1742. (D. J.)

Isle de Fernandez (Page 8:922)

Isle de Fernandez, (Géog.) voyez Fernando; j'ajouterai cependant que cette île, quoique déserte, pourroit être facilement cultivée, peuplée & fortifiée. Juan Fernando, qui la découvrit en allant de Lima à Baldivia, y mit quelques chêvres qui ont très - bien multiplié. Tous ses environs abondent en veaux marins; & Fernando s'y seroit établi, si l'Espagne eût voulu lui en accorder la patente.

Le célebre Georges Anson, lors de la derniere guerre des Anglois & des Espagnols, y ayant été jetté en 1741 par une tempête affreuse, trouva dans cette île abandonnée le climat le plus doux & le tertain le plus fertile; il y sema des légumes & des fruits, dont il avoit apporté les semences & les noyaux, & qui bien - tôt couvrirent l'île entiere. Des Espagnols qui y relâcherent quelques années après, ayant été faits prisonniers à Londres, jugerent, comme le dit M. de Voltaire, qu'il n'y avoit qu'Anson

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