ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"925"> breux amas de pierres ponce, prouvent évidemment l'existence des volcans dont le pays est intérieurement dévoré.

Malgré ces dangers les îles sont extrémement peuplées & très - bien cultivées. Les habitans y jouissent entr'autres avantages du plus beau ciel du monde; point d'hiver ni de frimats. Les montagnes en tout tems sont couvertes de verdure, & les vallons arrosés de rivieres & de sources d'une eau pure qui est très bonne dans beaucoup d'endroits. Les bestiaux y multiplient à merveille; la terre y produit des arbres d'une énorme grosseur, dont le bois incorruptible s'emploie aux ouvrages de charpente, de menuiserie & de marqueterie; d'autres sont propres à la teinture, & beaucoup portent d'excellens fruits. Les bananes, les patates, le magnoc & plusieurs autres racines, font la principale nourriture des habitans, qui receuillent aussi beaucoup de riz & de maïs; les plantes tant potageres que médecinales naturelles au pays, y sont en abondance, & les exotiques s'y naturalisent parfaitement bien.

Autour des petites îles desertes, & dans les culsde - sac ou baies, la mer fournit & tortues & beaucoup de bons poissons, dont les especes sont inconnues en Europe.

Les vaisseaux qui font le commerce des Antilles, en rapportent beaucoup de sucre & de caffé, du coton, de la casse, du caret, du cacao, de l'indigo & du rocour.

Isles de dessous le vent (Page 8:925)

Isles de dessous le vent. Ce que l'on a dit au sujet des îles du vent convient assez bien aux îles de dessous le vent. Celles - ci sont beaucoup plus grandes & situées à l'occident des premieres, en se rapprochant du golfe du Mexique; elles sont au nombre de quatre principales, dont Hispaniola ou saint - Domingue se trouve aujourd'hui partagée entre les François & les Espagnols; ces derniers possedent en entier les îles de Cuba & de Portorico, & la Jamaïque appartient aux Anglois.

On peut ranger au nombre des îles de dessous le vent toutes celles qui sont situées sur les côtes de Vénezuela & de Carac, dont l'île de Curacao occupée par les Hollandois, est une des plus renommée par son commerce avec les differentes nations qui fréquentent ces parages. (M. L. R.)

Isle (Page 8:925)

Isle, (Jardin. & Hydr.) est une langue de terre élevée dans l'eau & revêtue de murs, & isolee de tous côtés avec quelque puits qui y communiquent; les fontainiers en pratiquent au milieu des grandes pieces d'eau, ainsi que l'on en voit à Fontainebleau, à Dampieres & autres lieux. (K)

ISLEB (Page 8:925)

ISLEB, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans le cercle de la Haute Saxe, au comté de Mansfeld. Long. 29. 28. lat. 51. 45.

Isleb n'est mémorable que pour avoir été le lieu de la naissance & de la mort de Luther; je ne dirai rien de sa vie, M. Bossuet entre les Catholiques, Seckendorf, Jean Muller, Christian Juncker & Bayle entre les Réformés, vous en instruiront complettement.

Mais M. de Voltaire va vous peindre, ou plutôt je vais donner l'esquisse du tableau qu'il a fait de cette grande révolution dans l'esprit & dans le système politique de l'Europe, qui commença par un moine augustin.

« A peine eut - il pris l'habit de son ordre à l'âge de 22 ans, que ses supérieurs le chargerent de prêcher contre la marchandise qu'ils n'avoient pu vendre. La querelle ne fut d'abord qu'entre les Augustins & les Dominicains; on ne prévoyoit pas qu'elle iroit jusqu'à détruire la religion romaine dans la moitié de l'Europe.

Luther, après avoir décrié les indulgences, examina le pouvoir de celui qui les donnoit aux Chré<cb-> tiens; un coin du voile fut levé. Les peuples plus éclairés voulurent juger ce qu'ils avoient adoré; ils requirent une réforme qui n'étoit pas possible; ils se séparerent de l'église. Pour parvenir à cette scission, il ne falloit qu'un prince qui la secondât; le vieux Frédéric électeur de Saxe, surnommé le sage, celui - là même qui, à la mort de Maximilien, eut le courage de refuser l'empire, protégea Luther ouvertement. Cette révolution dans l'église eut un cours semblable à celles par qui les peuples ont détrôné leurs souverains; on présenta des requêtes, on exposa des griefs; on finit par renverser le trône. Il n'y avoit point encore néanmoins de séparation marquée, en se moquant des indulgences, en demandant à communier avec du pain & du vin; en parlant intelligiblement sur la justification & sur le libre arbitre; en voulant abolir le monachisme; en offrant de prouver que l'Ecriture - sainte ne dit pas un mot du purgatoire, &c.

Léon X. qui dans le fond méprisoit ces choses, fut obligé comme chef de l'Eglise, d'anathématiser & Luther, & ses propositions. Luther anathématisé ne garda plus de mesure, il composa son livre de la captivité de Babylone; il exhorta les princes à secouer le joug de Rome. On brûla ses livres, & Léon X. fulmina une nouvelle bulle contre lui. Luther fit brûler la bulle du pape & les décrétales dans la place publique de Wittemberg. On voit par ce trait si c'étoit un homme hardi; mais on voit aussi qu'il étoit déja bien puissant: dès - lors une partie de l'Allemagne fatiguée de la grandeur pontificale, embrassoit les intérêts du réformateur, sans trop examiner les questions de l'école qui se multiplioient tous les jours.

Les thèses les plus vaines se mêloient avec les plus profondes, tandis que les fausses imputations, les injures atroces, les anathêmes nourrissoient l'animosité des deux partis. Les grossiertés du moine augustin, aujourd'hui si dégoutantes, ne révoltoient point des esprits assez grossiers; & Luther avec le ridicule d'un style bas, triomphoit dans son pays de toute la politesse romaine.

Le théâtre de cette guerre de plume étoit chez les Allemans & chez les Suisses, qu'on ne regardoit pas alors pour les hommes de la terre les plus déliés, & qui passent pour circonspects. La cour de Rome savante & polie, ne s'attendoit point que ceux qu'elle traitoit de barbares pourroient, la bible comme le fer à la main, lui ravir la moitié de l'Europe, & ébranler l'autre.

Cependant Luther ayant pour ennemi son empereur, le roi d'Angleterre, le pape, tous les évêques & tous les religieux, ne s'en étonna pas. Caché dans une forteresse de Saxe, il brava l'empereur, irrita la moitié de l'Allemagne contre le souverain pontife; répondit au roi d'Angleterre comme à son égal, posa, fortifia, étendit son église naissante, & mourut le 18 Février 1546, à 63 ans, trois mois, huit jours, regardé par son parti comme une illustre réformateur de l'Eglise, & par les Catholiques romains comme un insigne hérésiarque ».

Les savans préferent les éditions qu'il a données lui - même de ses oeuvres depuis 1517 jusqu'à sa mort, à toutes les éditions postérieures. (D. J.)

ISLEBIENS (Page 8:925)

ISLEBIENS, s. m. pl. (Théol.) est le nom que l'on donna à ceux qui embrasserent les sentimens d'un théologien luthérien de Saxe, appellé Jean Agricola, natif d'Isleb, disciple & compatriote de Martin Luther, avec lequel néanmoins il se brouilla pour les sentimens, parce qu'Agricola prenant trop à la lettre quelques paroles de l'Apôtre saint Paul touchant la loi judaïque, déclamoit contre la loi & [p. 926] contre la nécessité des bonnes oeuvres, d'où ses disciples furent appellés antinomiens. Luther obligea Agricola à se dédire; mais il laissa des disciples qui suivirent ses maximes avec chaleur. Prateol. de heresib. Bayle, Dict. crit. Voyez Antinomiens.

ISMAÉLITE (Page 8:926)

ISMAÉLITE, s. m. & f. (Hist.) descendant d'Ismael. On appelle ainsi spécialement dans les histoires anciennes & modernes, les Arabes qui sont de la postérité d'Ismaël, fils d'Abraham & d'Agar, servante de Sara. Ismaël épousa une égyptienne dont il eut douze enfans, qui s'emparerent de l'Arabie, la partagerent entre eux, & furent la tige des Ismaélites, des Agaréniens, des Arabes, des Sarrasins, &c.

Tous ces peuples idolatres pousserent la superstition, au rapport d'Euthymius Zigabenus, jusqu'à honorer de leur culte une pierre qu'ils nommoient brachthan; & quand on leur en demandoit la raison, les uns répondoient que c'étoit à cause qu'Abraham avoit connu Agar sur cette pierre; les autres, parce qu'il y avoit attaché son chameau, en allant immoler Isaac.

Cette pierre adorée par les Arabes, & qu'ils prenoient pour le dieu Mars, étoit toute noire & toute brute: ridetis temporibus priscis, Persas fluvium coluisse, informem Araboe lapidem colunt, dit Arnobe; hé comment ne le diroit - il pas? Lui - même avoue qu'avant sa conversion, il avoit adoré de semblables pierres, comme si elles eussent eû quelque vertu divine; si quando conspexeram lucubratum lapidem, & ex olivi unguine sordidatum, tanquam inesset vis presens, adulabar, astabam, ce sont ses propres termes.

La mere des dieux que les Phrygiens adoroient avec un zele tout particulier, n'étoit qu'une simple pierre; ils ne donnerent qu'une pierre aux ambassadeurs romains qui souhaitoient d'établir à Rome le culte de cette divinité, dit Tite - Live, l. XXIX. c. xj.

Quelque blâmable que fût l'idolatrie de ceux qui adorerent la pierre dont Jacob fit un monument, qu'il oignit, & qu'il crut devoir consacrer à Dieu, cette idolatrie étoit plus tolérable que celle des descendans d'Ismaël; car la pierre de Jacob lui avoit servi de chevet pendant une nuit qu'il avoit passé pour ainsi dire avec Dieu; tant les songes & les visions qui l'occuperent, représentoient des choses célestes! Les Ismaélites ne pouvoient pas tenir le même langage de leur prétendue pierre d'Agar. Scaliger a ramassé une grande érudition au sujet de la pierre de Jacob, dans ses observations sur Eusebe, n°. 2150; mais le savant Pocock n'est pas moins curieux dans ses recherches sur la pierre du culte des descendans d'Ismaël; consultez cet auteur dans ses notes, in specimine hist. arab. p. 113; je n'en veux extraire qu'un mot.

La pierre noire qu'ils vénerent, dit - il, est placée dans un des coins du temple de la Mecque, & est élevée à près de trois coudées de terre. Ils supposent que c'étoit l'une des pierres précieuses du paradis; qu'elle fut envoyée à Abraham lorsqu'il bâtissoit le temple, & que ce fut l'ange Gabriel qui la mit entre ses mains. Elle avoit été au commencement plus blanche que la neige, mais elle devint noire à ce qu'ils prétendent, pour avoir été touchée par une femme qui avoit ses mois, ou comme disent quelques arabes, à force d'avoir été touchée & baisée.

Il y a une autre pierre considérable à la Mecque toute blanche, & non moins vénérée; celle - ci passe pour être le sépulchre d'Ismaël, & est placée dans une espece de parquet, proche les fondemens du temple.

Après tout lés Ismaëlites ne sont pas les seuls peuples chez lesquels les pierres ayent reçus des honneurs divins; c'est - là, je pense, une des premieres idolatries du monde, avant que l'art de la Sculpture fut connu, on représenta les dieux par de simples pierres, & les boetyles furent les plus anciennes idoles. Voyez Boetyles. (D. J.)

ISNE (Page 8:926)

ISNE, (Géog.) ville impériale d'Allemagne en Souabe, dans l'Algow, sur le ruisseau d'Isne, à 6 lieues S. O. de Kempten, 7 N. E. de Lindaw, 25 S. O. d'Ausbourg. Long. 27. 45. lat. 47. 33. (D. J.)

ISNICH (Page 8:926)

ISNICH, (Géog.) ville de la Turquie asiatique, dans la Natolie, où elle occupe la place de l'ancienne Nicée; mais elle n'a rien de remarquable aujourd'hui qu'un aqueduc, ne présente à la vûe que les tristes ruines de son ancienne splendeur, & contient à peine trois cent mauvaises maisons, la plupart habitées par des Juifs; ses murs sont presque tous raccommodés de piés - destaux de marbre & de granite. Son territoire est fertile en fruits & en vin; on peut dans un vent favorable faire le trajet de Constantinople à Isnich en sept heures; car elle est à 25 lieues de Constantinople, sur le bord d'un lac poissonneux qui a 40 milles de tour, & qui donne son nom turc à la ville. C'est le lac Ascanius des anciens, & le Nixaca des Grecs modernes. Tavernier dit que ce lac s'appelle Chabangioul, à cause de la ville de Chabangi, qui est aussi sur ses bords à 5 ou 6 milles de Nicée. Long. de la ville d'Isnich 47. 45. lat. 40. 15. (D. J.)

ISOCHRISTES (Page 8:926)

* ISOCHRISTES, s. m. pl. (Théol.) nom d'une secte qui parut vers le milieu du sixieme siecle. Après la mort de Nonnus, moine origéniste, les Origénistes se diviserent en Protoctistes ou Tétradeles & en Isochristes. Ceux - ci disoient: si les apôtres font à présent des miracles & sont en si grand honneur, quel avantage recevront - ils dans la résurrection, s'ils ne sont égaux à Jesus - Christ? Cette proposition fut condamnée au concile de Constantinople en 553. Isochriste signifie égal au Christ.

ISOCHRONE (Page 8:926)

ISOCHRONE, adj. (Mech. & Géom.) se dit des vibrations d'un pendule, qui se font en tems égaux. Voyez Pendule & Vibrations.

Les vibrations d'un pendule sont toutes regardées comme isochrones, c'est - à - dire, comme se faisant toutes dans le même espace de tems, soit que l'arc que le pendule décrit soit plus grand ou plus petit: car quand l'arc est plus petit, le pendule se meut plus lentement, & quand l'arc est plus grand le pendule se meut plus vîte: cependant il est bon de remarquer que les vibrations ne sont pas isochrones à la rigueur, à moins que le pendule ne décrive des arcs de cycloïde; mais quand il décrit de petits arcs de cercles, on peut prendre ces petits arcs pour des arcs de cycloïde, parce qu'ils n'en different pas sensiblement. Voyez Oscillations, Cicloïde & Tautochrone, &c.

Ligne isochrone, est celle par laquelle on suppose qu'un corps descend sans aucune accélération; c'est - à - dire de maniere qu'en tems égaux il s'approche toujours également de l'horison, au lieu que quand un corps tombe en ligne droite par sa pesanteur, il parcourt par exemple 15 piés dans la premiere seconde, 45 dans la seconde, &c. de sorte que dans des tems égaux il ne parcourt pas des parties égales de la ligne verticale. Voyez Descente, Accélération & Approche.

M. Léibnitz a donné dans les actes de Léipsic, pour le mois d'Avril de l'année 1689, un écrit sur la ligne isochrone, dans lequel il montre qu'un corps pesant avec un degré de vîtesse acquise par sa chute de quelque hauteur que ce soit, peut descendre du même point par une infinité de lignes isochrones qui sont toutes de même espece, & qui ne different entre elles que par la grandeur de leurs parametres: ces courbes sont des paraboles appellées secondes paraboles cubiques. Il montre aussi la maniere de trouver une ligne par laquelle un corps pesant venant à

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