ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"893"> très - grand rapport: je crois alors fermement que dans tous les siecles & dans tous les lieux la superstition a des droits qui peuvent bien changer de forme, mais qui ne seront jamais entierement détruits.

Il y a dans le mercure de Juin 1688 un discours contre la superstition populaire des jours heureux & malheureux: cela n'est pas étonnant; mais le singulier, c'est que ce discours est de François Malaval, fameux écrivain mystique, qui donna dans toutes les extravagances du mysticisme. L'esprit humain, tantôt sage, tantôt fou, adopte également l'erreur & la vérité pêle - mêle. Ce Malaval devint aveugle à neuf mois, & mourut en 1719 à 82 ans. (D. J.)

Jours (Page 8:893)

Jours de férie, (Hist. ecclésiastiq.) dies feriales ou ferioe, signifioient chez les anciens des jours consacrés à quelque fête, & pendant lesquels on ne travailloit point, du verbe latin feriari, être oisif, chommer, fêter.

Ce mot a totalement changé d'acception, & signifie présentement les jours de travail, par opposition au dimanche & aux fêtes chommées, comme on voit dans le statut 27 d'Henri VI, chap. v. & dans Fortesme de laudibus leg. Anglioe.

Le pape S. Sylvestre ordonna que sabbati & dominici die retento, reliquos hebdomadoe dies feriarum nomine distinctos, ut jam ante in ecclesia vocari coeperant, appellari. De - là vient que dans les brefs ou calendriers ecclésiastiques, le lundi, mardi, mercredi, jeudi & vendredi sont désignés par les noms de feria prima, secunda, tertia, quarta, quinta & sexta.

Jours (Page 8:893)

Jours maigres, (Théolog.) jours où par un précepte de l'Eglise on ne doit point manger de viande. Voyez Abstinence.

Jours (Page 8:893)

Jours critiques, (Hist. mod.) dies critici. Voyez Critiques.

Jours (Page 8:893)

Jours, (Medecine.) pairs, impairs, principaux, radicaux ou critiques, indices ou indicateurs, intercalaires, vuides, &c. Voyez la doctrine medecinale sur les jours à l'article Crise.

Jour de l'An (Page 8:893)

Jour de l'An, (Hist. anc.) ou premier jour de l'année, a fort varié chez différens peuples par rapport au tems de sa célébration, mais il a toujours été en grande vénération.

Chez les Romains le premier & le dernier jour de l'an étoient consacrés à Janus; ce qui a eté cause qu'on le représente avec deux visages.

C'est des Romains que nous tenons cette coutume si ancienne des complimens du nouvel an. Avant que ce jour fût écoulé ils se faisoient visite les uns les autres, & se donnoient des présens accompagnés de voeux réciproques. Lucien parle de cette coutume comme très - ancienne, & la rapporte au tems de Numa. Voyez Etrennes, Voeux, &c.

Ovide a cette même cérémonie en vûe dans le commencement de ses fastes:

Postera lux oritur, linguisque anin sque favete: Nunc dicenda bono sunt bona verba die. Et Pline plus expressément liv. XXVIII, chap. j. Primum anni incipientis diem loetis precationibus invicem faustum ominantur.

Jours Alcyoniens (Page 8:893)

Jours Alcyoniens, (Hist. anc.) phrase que l'on trouve souvent dans les auteurs pour exprimer un tems de paix & de tranquillité.

Cette expression tire son origine d'un oiseau de mer, que les Naturalistes appellent alcyon, & qui, selon eux, fait son nid vers le solstice d'hiver, pendant lequel le tems est ordinairement calme & tranquille.

Les jours alcyoniens, suivant l'ancienne tradition, arrivent sept jours avant & sept jours après le solstice d'hiver; quelques - uns appellent ce tems - là l'été de S. Martin; & le calme qui regne dans cette saison engage les alcyons à faire leur nid & à couver leurs oeufs dans les rochers qui sont au bord de la mer.

Columella appelle aussi jours alcyoniens le tems qui commence qu 8 des calendes de Mars, parce qu'on observe qu'il regne pour lors un grand calme sur l'océan atlantique.

Jours, Grands - Jours (Page 8:893)

Jours, Grands - Jours, (Jurisp.) ou Hauts - Jours, étoient une espece d'assise extraordinaire, ou plûtôt une commission pour tenir les plaids généraux du roi dans les provinces les plus éloignées.

Il ne faut pas s'imaginer que ces sortes d'assises ayent été ainsi nommées parce qu'on les tenoit dans les plus longs jours de l'année, car on les tenoit plusieurs fois l'année & en différens tems; on les appella grands jours, pour dire que c'étoit une assise extraordinaire où se traitoient les grandes affaires.

Les grands - jours royaux furent établis pour juger en dernier ressort les affaires des provinces les plus éloignées, & principalement pour informer des délits de ceux que l'éloignement rendoient plus hardis & plus entreprenans; on les tenoit ordinairement de deux en deux ans.

Ils étoient composés de personnes choisies & députées par le roi à cet effet, tels que les commissaires appellés missi dominici, que nos rois de la premiere & de la seconde race envoyoient dans les provinces pour informer de la conduite des ducs & des comtes, & des abus qui pouvoient se glisser dans l'administration de la justice & des finances contre l'ordre public & général.

Les grands - jours les plus anciens qui ayent porté ce nom, sont ceux que les comtes de Champagne tenoient à Troyes; & ce fut à l'instar de ceux - ci que les assemblées pareilles qui se tenoient au nom du roi furent aussi nommées grands - jours.

La séance même du parlement, lorsqu'il étoit encore ambulatoire, étoit nommé grands - jours. Les parlemens de Toulouse, Bordeaux, Bretagne, & quelques autres tenoient aussi leurs grands - jours.

Depuis que les parlemens ont été rendus sédentaires, les grands - jours n'ont plus été qu'une commission d'un certain nombre de juges tirés du parlement pour juger en dernier ressort toutes affaires civiles & criminelles par appel des juges ordinaires des lieux, mêmes les affaires criminelles en premiere instance.

Les derniers grands - jours royaux sont ceux qui furent tenus en 1666 à Clermont en Auvergne, & au Puy en Velai pour le Languedoc.

Nos rois accorderent aux princes de leur sang le droit de faire tenir des grands - jours dans leurs appanages & pairies; mais l'appel de ces grands - jours ressortissoit au Parlement, à moins que le roi ne leur eût octroyé spécialement le droit de juger en dernier ressort.

Plusieurs seigneurs avoient aussi droit de grandsjours, où l'on jugeoit les appellations interjettées des juges ordinaires, des crimes qui se commettoient par les baillifs & sénéchaux & autres juges dépendans du seigneur. Ces grands jours seigneuriaux ont été abolis par l'ordonnance de Roussillon, qui défend à tout seigneur d'avoir deux degrés de jurisdiction en un même lieu: quelques pairs en font cependant encore assembler, mais ils ne jugent pas en dernier ressort.

Nous allons donner quelques notions sommaires des grands - jours dont il est le plus souvent mention dans les ordonnances & dans les histoires particulieres.

Grands - jours d'Angers ou du duc d'Anjou, étoient pour l'appanage du duc d'Anjou; ils furent accordés par Charles V. à Louis son frere, duc de Tours & d'Anjou, avec faculté de les tenir, soit à Paris ou dans telle ville de ses duchés qu'il voudroit. [p. 894] Louise de Savoye, mere du roi François I, fit en 1516 ériger des grands - jours en la ville d'Angers; on en tint aussi pour le roi dans cette ville en 1539.

Grands jours d'Angoulême étoient ceux des comtes d'Angoulême. Voyez le recueil de Blanchard à la table.

Grands - jours de l'archevêque de Rouen, ou hautsjours, étoient une assise majeure qui se tenoit en son nom. Un Arrêt du parlement de Rouen du 2 Juillet 1515 ordonna qu'ils se serviroient du terme de hautsjours, & non d'échiquier. Voyez le recueil d'arrêts de M. Froland, pag. 34.

Grands - jours d'Auvergne, sont ceux qui se tinrent dans cette province, tant à Clermont & Montferrand, qu'à Riom. Il y en eut à Montferrand en 1454, & sous Louis XI. en 1481, tant pour l'Auvergne que pour le Bourbonnois, Nivernois, Lyonnois, Forez, Beaujolois & la Marche; ils s'ouvrirent à Montferrand: on les y tint encore en 1520, & à Riom en 1542 & 1546. Voyez Grands - jours de Berry.

Grands - jours de Beaumont; il est parlé des grandsjours de ce comté dans des lettres de Charles VI. du 6 Mai 1403.

Grands - jours de Beaune ou de Bourgogne, étoient ceux qui se tenoient pour la province de Bourgogne avant l'érection du parlement de Dijon: il jugeoient sans appel.

Grands - jours de Berry ou du duc de Berry. Jean I, duc de Berry, eut le droit de faire tenir les grandsjours pour juger les appellations que l'on interjettoit du sénéchal de Poitou & d'Auvergne, du bailli de Berry & de ses autres juges inférieurs dont il est parlé dans Joannes Galli, quest. 250, & dans les anciennes ordonnances.

Grands - jours de Bourbonnois, voyez Grands - jours d'Auvergne & Grands - jours de Moulins.

Grands - jours de Bourgogne, voyez Grands - jours de Beaune.

Grands - jours du duc de Bretagne; on donnoit quelquefois ce nom au parlement de cette province avant qu'il fût sédentaire, comme on peut voir par l'ordonnance de Charles VIII. de l'an 1495.

Grands - jours de Champagne, voyez Grands - jours de Troyes.

Grands - jours de Brie; le duc d'Orléans, frere de Charles VI, y en faisoit tenir. Voyez les lettres de 1403.

Grands - jours de Châtelleraut, voyez le recueil de Blanchard.

Grands - jours de Clermont en Auvergne, voyez Grands - jours d'Auvergne.

Grands - jours de Clermont en Beauvoisis, voyez le recueil de Blanchard.

Grands - jours de Dombes; le parlement de cette principauté, qui tenoit anciennement ses séances à Lyon par emprunt de territoire, devoit aller tenir ses grands - jours en Dombes deux fois l'année, suivant un édit de Louis III, prince souverain de Dombes, du mois de Septembre 1571.

Grands - jours de Limoges, voyez le recueil de Blanchard.

Grands - jours de Lyon furent tenus en 1596.

Grands - jours du comté du Maine, étoient ceux qu'y faisoit tenir le duc d'Anjou, comte du Maine, auquel ils avoient été accordés par des lettres de 1371.

Jours (Page 8:894)

Jours (grands.) La cour des grands - jours de la ville de S. Michel en Lorraine, étoit déja établie en 1380. Il y a sur ce tribunal une ordonnance de René d'Anjou, duc de Lorraine, du 4 Mars 1449. Le duc Charles III. en confirma l'établissement sous le titre de cour de parlement & grands - jours de saint Michel, le 8 Octobre 1571. Le 3 Décembre 1573 il en régla les fonctions. Il y a une ordonnance du même prince touchant l'appel des sentences de la cour des grands jours de S. Michel, du 8 Octobre 1607. Louis XIII. supprima ces grands - jours en 1635, tems auquel il occupoit la Lorraine par ses armes.

Grands - jours de Montferrand, voyez Grands - jours d'Auvergne.

Grands - jours du duché de Montmorency, c'étoient ceux que les seigneurs de Montmorency faisoient tenir dans leur pairie. Voyez les lettres - patentes citées par Blanchard à la table.

Grands - jours de Moulins furent tenus en 1534, 1540 & 1550.

Grands - jours de Normandie; les ducs de cette province en faisoient tenir, soit à Rouen, ou même quelquefois à Paris; on les appelloit les hauts - jours. Voyez le recueil d'arrêts de M. Froland, pag. 74.

Grands jours d'Orléans, c'étoit le duc d'Orléans qui les faisoit tenir dans son appanage: il en est parlé dans des lettres de Charles VI. du 6 Mai 1403.

Grands - jours de Paris; Charles le Bel ordonna que l'on en tînt dans cette ville, & que l'on y fit la recherche des criminels.

Grands - jours de Poitiers ou des comtes de Poitou, furent tenus en 1454, 1531, 1541, 1567, 1579 & 1634.

Grands - jours des reines, étoient ceux qui leur étoient accordés dans les terres qu'on leur donnoit pour leur douaire: il en est fait mention dans l'ancien style du parlement, chap. 23.

Grands - jours de Riom, voyez Grands - jours d'Auvergne.

Grands - jours de Soissons, étoient ceux du comte de Soissons. Voyez le recueil de Blanchard à la table.

Grands - jours de Tours; le parlement de Paris en tint dans cette ville en 1519, 1533, 154.

Grands jours de Troyes, appelles aussi la cour de Champagne, étoient des assises publiques & générales que les comtes de Champagne tenoient à Troyes, pour juger en dernier ressort les affaires majeures & celles qui étoient dévolues par appel des assises des bailliages, & principalement les causes des barons de Champagne, lesquels relevoient immédiatement du comté. Cette prérogative fut accordée aux comtes de Champagne à cause de leur dignité de palatins. Leurs grands jours se tenoient trois ou quatre fois l'année; ils étoient composés d'un certain nombre de juges choisis dans l'ordre de la noblesse; on y appelloit les causes selon le rang des bailliages; on y observoit les formes judiciaires, c'est - à - dire qu'on les jugeoit par enquêtes ou par plaids, selon la nature de l'affaire. Quand ces jugemens pouvoient servir de reglemens, on les inséroit dans le recueil des coutumes de Champagne. Depuis que Philippe le Bel eut réuni cette province à la couronne, les grands - jours de Troyes se tenoient en son nom, comme comte de Champagne; il ordonna en 1302 que ces grands - jours se tiendroient deux fois l'année: le roi y envoyoit huit députés du parlement, entre lesquels étoient plusieurs prélats; ils renvoyoient au parlement de Paris les affaires dont la connoissance pouvoit l'intéresser. Voyez les mémoires de Pithou.

Grands - jours de Valois; le duc d'Orléans y en faisoit tenir, suivant ce qui est dit dans des lettres de Charles VI. du 6 Mai 1403.

Grands - jours de Vertus; Charles VI, par des lettres du 6 Mai 1403, accorda au duc d'Orléans son frere le droit d'y faire tenir des grands - jours.

Grands - jours d'Yvetot, ou hauts - jours d'Yvetot; ce droit fut confirmé aux seigneurs d'Yvetot par des lettres de Louis XI. de 1464. Voyez la dissertation de l'abbé de Vertot sur le royaume d'Yvetot.

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