ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"829"> se construisent comme les verbes avec leurs complémens: voilà l'homme, voici des livres; l'homme que voilà, les livres que voici; nous voilà, me voici. Ainsi voici & voilà ne sont d'aucune espece, puisqu'ils comprennent des mots de plusieurs especes, comme du, qui signifie de le, des, qui veut dire de les, &c. (B. E. R. M.)

INTERJETTER (Page 8:829)

INTERJETTER, v. act. (Gram. & Jurisprud.) il ne se dit guere qu'au palais & dans cette phrase: on interjette appel d'une sentence rendue. On voit que cette opposition doit être formée entre la sentence & son exécution; c'est pour cette raison qu'on s'est servi du mot d'interjetter.

INTÉRIEUR (Page 8:829)

* INTÉRIEUR, adj. (Gram.) Son corrélatif est extérieur. La surface d'un corps est la limite de ce qui lui est intérieur & extérieur. Ce qui appartient à cette surface, & tout ce qui est placé au - delà vers celui qui regarde ou touche le corps est extérieur. Tout ce qui est au - delà de la surface, dans la profondeur du corps, est interieur.

Les mots intérieures, extérieures, se prennent au physique & au moral; & l'on dit dans l'Architecture moderne: on s'est fort occupé de la distribution, de la commodité & de la décoration intérieures, mais on a tout - à - fait négligé l'extérieure. Ce n'est pas assez que l'extérieur soit composé, il faut que l'intérieur soit innocent. Le chancelier Bacon a intitulé un de ses ouvrages sur l'intérieur de l'homme, de la caverne: ce titre fait frémir.

INTÉRIEURE, vie (Page 8:829)

INTÉRIEURE, vie, (Morale.) c'est un commerce spirituel & réciproque qui se fait au - dedans de l'ame entre le créateur & la créature par les opérations de Dieu dans l'ame, & la coopération de l'ame avec Dieu. Les peres distinguent trois différens degrés par lesquels passe l'ame fidele, ou trois sortes d'amours auxquels Dieu éleve l'homme qui s'est occupé de lui. Ils appellent le premier amour de préférence, ou vie purgative; c'est l'état d'une ame que les touches de la grace divine, & les remords d'une conscience justement allarmée, ont pénétré des vérités de la religion, & qui occupée de l'éternité, ne veut plus rien qui ne tende vers ce terme. L'homme dans cette situation s'occupe tout entier à mériter les biens ineffables que la religion promet, & à éviter les peines éternelles dont elle menace. Dans ce premier état l'ame regle sa conduite sur ses devoirs, & donne toujours la préférence au créateur sur tout ce qui est créé. L'esprit de pénitence lui fait embrasser une mortification qui asservit en mêmême tems les passions & les sens, alors toutes ses pensées étant élevées vers Dieu, chaque action n'a d'autre principe ni d'autre fin que lui seul; la priere devient habituelle. L'ame n'est plus interrompue par les travaux extérieurs qu'elle embrasse cependant autant que les devoirs particuliers de son état ou ceux de la charité l'y obligent. Mais l'esprit de recueillement les fait entrer dans l'exercice même de la priere. Néanmoins la méditation se fait encore par des actes méthodiques. L'ame s'occupe d'une maniere réfléchie des paroles de l'Ecriture - sainte, & d'actes dictés pour se tenir dans la présence de Dieu. Dans l'ordre des choses spirituelles, les biens augmentent à proportion de la fidélité de l'ame; & de ce premier état elle passe bientôt à un degré plus élevé & plus parfait appellé vie illuminative ou amour de complaisance. En effet l'ame qui a contracté l'heureuse habitude de la vertu acquiert un nouveau degré de faveur, elle goute dans sa pratique une facilité & une satifaction qui lui rend précieuses toutes les occasions de sacrifice, & quoique les actes de son amour soient encore discursifs, c'est - à - dire, sentis & réfléchis, elle ne délibere plus entre l'intérêt temporel, & le devoir qu'elle doit à Dieu est alors son plus grand intérêt. Ce n'est plus assez pour elle de faire le bien, elle veut le plus grand bien, ensorte que de deux actes bons en eux - mêmes, elle accomplit toujours le plus parfait, parce qu'elle ne se regarde plus elle - même du moins volontairement, mais la gloire & la plus grande gloire de Dieu. C'est ce degré d'amour qui fait chérir aux solitaires le silence, la mortification, & la dépendance des cloîtres si opposés à la nature, & en apparence si contraire à la raison, dans lesquels cependant ils goùtent des sentimens plus doux, des plaisirs plus sensibles, des transports plus réels, que tout ce que le monde offre de plus séduisant; ces vérités sont d'expérience, & ceux qui ne les ont pas pratiquées ne peuvent ni ne doivent les comprendre, comme le dit le cardinal Bona; elles sont attestées par une suite constante d'expériences, depuis l'apôtre saint Paul jusqu'à saint François de Sales.

Rien n'apprend mieux à l'homme ce qu'il est que la connoissance du Dieu qui l'a formé; la grandeur du Créateur lui donne une juste idée de la petitesse de la créature; la disproportion infinie qu'il apperçoit entre l'être suprême & les hommes, lui apprend ce qu'ils sont, & combien sont méprisables les vanités qui les distinguent, & les frivolités qui les occupent. Ainsi les graces que Dieu n'accorde qu'aux humbles rendent encore leur humilité plus profonde. C'est la disposition où doit être l'ame fidelle pour arriver au troisieme degré de la vie intérieure appellée vie unitive ou amour d'union, & à laquelle les épreuves extérieures & intérieures servent de préparation. Cet état a été défini, un acte passif où il semble que Dieu agit seul, & que l'ame ne fait qu'obéir à la force impulsive qui la porte vers lui; mais cet état est rarement habituel, & il reste toujours des actes distincts qui spécifient les vertus. Dieu n'éleve ses Saints sur la terre à ce degré que d'une maniere momentanée par anticipation des biens célestes. C'est l'habitude de la contemplation & l'union de l'amour qui ont mérité dans plusieurs des Saints dont l'église a canonisé les vertus, ces extases, ces ravissemens, ces révélations qu'on doit regarder comme des miracles que Dieu, quand il lui plaît, fait éprouver à l'ame fidelle; mais qu'il ne nous appartient pas de demander. Ces états extraordinaires & ineffables, devenus l'objet de l'ambition de quelques mystiques, ont donné lieu a bien des illusions qui ont perdu ceux qui d'eux - mêmes ont voulu s'introduire dans le sanctuaire de ces graces de prédilection. Dieu n'en gratifie que celui qui s'en croit vraiment indigne, & dans lequel ces dons divins produisent une foi plus vive, une charité plus ardente, une humilité plus profonde, un dénuement plus parfait, une pratique plus généreuse de ce qu'il y a d'héroïque dans toutes les vertus. Les autres chez lesquels ces états surnaturels ne sont pas précédés de l'exercice des vertus & n'en perfectionnent pas la pratique, tombent dans une illusion bien dangereuse. Tel est l'état de ces femmes prétendues dévotes, dans lesquelles la sensibilité du coeur, la vivacité des passions & la force de l'imagination ont des effets qu'elles prennent pour des graces singulieres, & qui souvent ont des causes toutes humaines, quelquefois même criminelles. Ces déplorables égaremens ont donné lieu à des extravagances dont l'opprobre est retombé par une suite aussi ordinaire qu'injuste sur les opérations même de la grace. Il y a eu de faux mystiques dès le commencement de l'Eglise depuis les Gnostiques jusqu'aux Quiétistes, dont les erreurs, quoique condamnées précédemment dans le concile de Vienne, ont paru vouloir se renouveller le siecle passé. Voyez Quiétisme.

INTERIM (Page 8:829)

INTERIM, s. m. (Hist. mod.) nom fameux dans l'Histoire ecclésiastique d'Allemagne, par lequel on [p. 830] a désigné une espece de reglement pour l'Empire, sur les articles de foi qu'il y talloit croire en attendant qu'un concile général les eût plus amplement décidés. Ce mot interim est latin & signifie cependant ou en attendant, comme pour signifier que son autorité ne dureroit que jusqu'à la détermination du concile général.

Pour entendre ce qui regarde l'intérim, il est bon de savoir que le concile de Trente ayant été interrompu en 1548 & transféré à Bologne, l'empereur Charles V. qui n'espéroit pas voir cette assemblée sitôt réunie, & qui vouloit concilier les Luthériens avec les Catholiques, imagina le tempérament de faire dresser un formulaire par des Théologiens qui seroient envoyés pour cet effet à la diete qui se tenoit alors à Augsbourg: ceux - ci n'ayant pu convenir entre eux laisserent à l'empereur le soin de le faire dresser. Il en chargea trois théologiens célebres, qui rédigerent vingt - six articles sur tous les points controversés entre les Catholiques & les Luthériens. Ces articles concernoient l'état du premier homme avant & après sa chute dans le péché; la rédemption des hommes par J. C. la justification du pécheur; la charité & les bonnes oeuvres; la confiance qu'on doit avoir en Dieu que les péchés sont pardonnés; l'église & ses vraies marques, sa puissance, son autorité, ses ministres, le pape & les évêques: les sacremens en général & en particulier; le sacrifice de la messe, & la commémoration qu'on y fait des Saints leur intercession & leur invocation; la priere pour les défunts & l'usage des sacremens, auxquels ils faut ajouter la tolérance sur le mariage des prêtres & sur l'usage de la coupe. Quoique les Théologiens qui avoient dressé cette profession de foi, assurassent l'empereur qu'elle étoit très - orthodoxe, à l'exception des deux derniers articles; le pape ne voulut jamais l'approuver; & depuis que Charles V. l'eut proposée comme un reglement par une constitution impériale donnée en 1548 dans la diete d'Augsbourg qui l'accepta, il y eut des catholiques qui refuserent de se soumettre à l'interim sous prétexte qu'il favorisoit le luthéranisme; & pour rendre cette ordonnance odieuse, ils la comparerent à l'Hénotique de Zenon, à l'Ecthere d'Héraclius, & au Type de Constant. Voyez Hénotique, Ecthere & Type. D'autres catholiques l'adopterent, & écrivirent pour sa défense.

L'interim ne fut guere mieux reçu des Protestans, la plupart le rejetterent, comme Bucer, Musculus, Osiander, sous prétexte qu'il rétablissoit la papauté qu'ils pensoient avoir détruite; d'autres écrivirent vivement contre, mais enfin comme l'empereur agit fortement pour soutenir sa constitution jusqu'à mettre au ban de l'empire les villes de Magdebourg & de Constance qui refusoient de s'y soumettre; les Luthériens se diviserent en rigides ou opposés à l'interim & en mitigés, qui prétendoient qu'il falloit s'accommoder aux volontés du souverain; on les nomma Intérimistes; mais ils se réservoient le droit d'adopter ou de rejetter ce que bon leur sembloit dans la constitution de l'empereur. Ensorte qu'on peut regarder cet interim comme une de ces pieces dans lesquelles en voulant ménager deux partis opposés on les mécontenta tous deux; & c'est ce que produisit effectivement l'interim qui ne remédia à rien, fit murmurer les Catholiques & souleva les Luthériens.

Interim, (Jurisp.) se dit quelquefois figurément & par allusion à l'interim de Charles - quint, pour signifier quelque chose de provisoire; c'est ainsi qu'on dit jouir par interim ou exercer quelque fonction par interim, en attendant la décision de quelque contestation. (A)

INTERIMISTES (Page 8:830)

INTERIMISTES, s. m. pl. (Hist. Ec.) est le nom qu'on donna aux Luthériens, qui joignirent à leurs erreurs les 26 articles du decret fait à Augs bourg en 1548, dit interim, & accordé par l'empereur Charles V. aux Protestans, en attendant un concile général.

INTERLIGNES (Page 8:830)

INTERLIGNES. f. f. (Imprim.) ce sont des parties minces, de bois ou de métal, que l'on met entre chaque lignes, pour leur donner plus de blanc. On s'est servi long - tems d'interlignes de bois, saute d'autres; ce sont de minces reglettes de bois que l'on coupe à la longueur des lignes: mais l'eau qui les pénétre lorsqu'on lave les formes, les fait bomber en différens sens, ce qui produit de mauvais effets, & les rend, en peu de tems, hors d'usage. On y a d'abord suppléé par des petites parties de métal dites interlignes brisées, parce qu'elles sont en forme d'espaces fondues sur différens corps pour les avoir de plusieurs largeurs, afin de les faire servir à différens formats de livres. Ces secondes sortes d'interlignes ont un grand inconvénient, c'est qu'il arrive souvent qu'elles ne sont pas justes d'épaisseur entr'elles; comme elles se font sur quatre ou cinq moules différens, pour peu qu'un d'eux péche en tête, en pié, ou à une des extrémités du corps, il en résulte un défaut général. Enfin on a inventé des moules pour en faire d'une seule piece pour chaque format, ce qui rend l'ouvrage plus prompt, plus solide & plus propre. Voyez la fig. de ce moule dans les Planches de la Fonderie en Caracteres.

L'épaisseur des interlignes est de deux sortes; la plus usitée, & celle qui donne plus de grace à l'impression, est de trois points, mesure de l'échelle pour la proportion des caracteres, c'est - à - dire que les deux font l'épaisseur de la nompareille; l'autre est de deux points ou trois interlignes pour le corps de ladite nompareille. Celle - ci donne la distance juste qu'il y a d'un caractere à celui qui le suit dans l'ordre des corps, c'est - à - dire qu'un petit - romain & une de ces interlignes font ensemble le corps du cicéro; ou unie au cicéro font le saint - augustin.

INTERLINÉATION (Page 8:830)

INTERLINÉATION, s. f. (Gram.) ce qui se trouve écrit entre deux lignes. On donne aussi le nom d'interligne à l'espace vuide qu'on observe entre deux lignes, & qui peut être rempli de notes & de corrections.

INTERUOCUTEUR (Page 8:830)

INTERUOCUTEUR, s. m. (Gram.) nom que l'on donne aux différens personnages que l'on introduit dans un dialogue. Il faut attacher des caracteres différens à ses interlocuteurs, & les leur conserver depuis le commencement du dialogue jusqu'à la fin. Ces caracteres seront plus vrais, marqueront plus de goût, donneront lieu au poëte de montrer son génie, beaucoup plus s'ils sont différens que s'ils sont contrastés. Le contraste donne à tout un ouvrage un tour épigrammatique petit, factice & déplaisant.

INTERLOCUTOIRE (Page 8:830)

INTERLOCUTOIRE, adj. (Jurisprud.) se dit d'un jugement qui n'est point définitif, c'est - à - dire, qui ne décide pas le fond de la contestation, mais seulement ordonne quelque chose pour l'instruction ou l'éclaircissement de cette contestation: on dit quelquefois un jugement interlocutoire, & quelquefois pour abréger un interlocutoire simplement.

Tout interlocutoire est un préparatoire & un préalable à remplir avant le jugement définitif, mais il differe du simple préparatoire en ce que celui - ci ne concerne ordinairement que l'instruction, au lieu que l'autre touche aussi le fond. Un jugement qui ordonne que l'on fournira des défenses ou que l'on donnera copie ou communication d'une piece, est un simple préparatoire qui ne préjuge rien sur le fond, au lieu que l'interlocutoire ou préjuge le fond, ou du moins est rendu après avoir examiné le fond, comme quand on ordonne avant faire droit une enquête ou une descente, un plan, une visite. (A)

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