ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"805"> elle ne détruisoit pas cependant celle de Crete, parce que c'étoit le peuple du monde qui avoit le plus d'amour pour la patrie, & la force de ce grand principe l'entraînoit uniquement dans ses démarches. Ne craignant que les ennemis du dehors, il commençoit toujours par se réunir de ce côté - là, avant que de rien entreprendre au - dedans, ce qui s'appelloit syncrêtisme, & c'est une belle expression.

Les lois de Pologne ont de nos jours leur espece d'insurrection, leur liberum veto; mais outre que cette prérogative n'appartient qu'aux nobles dans les dietes, outre que les bourgeois des villes sont sans autorité, & les paysans de malheureux esclaves; les inconvéniens qui résultent de ce liberum veto, font bien voir, dit M. de Montesquieu, que le seul peuple de Crete étoit en état d'employer un pareil remede, tant que les principes de leur gouvernement resterent sains. Esprit des lois, liv. VIII. chap. 9. (D. J.)

IN - TAKER (Page 8:805)

IN - TAKER, s. m. (Hist. mod.) nom que l'on donna autrefois à certains bandits qui habitoient une partie du nord d'Angleterre, & faisoient souvent des courses jusque dans le milieu de l'Ecosse, pour en piller les habitans.

Ceux qui faisoient ces expéditions s'appelloient Out - parters, & ceux qu'on laissoit pour recevoir le butin, In - takers. Dict. de Trév.

INTARISSABLE (Page 8:805)

* INTARISSABLE, adj. (Gram.) qu'on ne peut tarir. Ce mot est emprunté de l'amas des eaux. Il se prend au simple, comme dans cet exemple; cette source est intarissable. Les plus grandes chaleurs de l'été, les sécheresses les plus longues ne diminuent point la quantité de son produit. Au figuré, comme dans celle - ci: le fond des idées de cette homme est intarissable.

INTÉGRAL (Page 8:805)

INTÉGRAL, adj. (Math. trans.) le calcul intégral est l'inverse du calcul différentiel. Voyez Dieférentiel.

Il consiste à trouver la quantité finie dont une quantité infiniment petite proposée est la différentielle; ainsi supposons qu'on ait trouvé la différentielle de xm qui est m xm - 1 d x. Si on proposoit de trouver la quantité dont m xm - 1 d x est la différentielle; ce seroit un probleme de calcul intégral.

Les Géometres n'ont rien laissé à desirer sur le calcul différentiel; mais le ealcul intégral est encore très - imparfait. Voyez Différentiel.

Le calcul intégral répond à ce que les Anglois appellent méthode inverse des fluxions. Voyez Fluxions.

Le calcul intégral a deux parties, l'intégration des quantités différentielles qui n'ont qu'une variable, & l'intégration des différentielles qui renferment plusieurs variables. On n'attend point de nous que nous entrions ici dans aucun détail sur ce sujet: puisque ce ne sera jamais dans un ouvrage tel que celui - ci que ceux qui voudront s'instruire du calcul intégral en iront chercher les regles. Nous nous contenterons d'indiquer les livres que nous jugeons les meilleurs sur cette matiere, dans l'ordre à - peu - près dans lequel il faut les lire.

On commencera par les leçons de M. Jean Bernouilli sur le calcul intégral, imprimées en 1744, à Lausanne, dans le Tom. II. du recueil de ses oeuvres. On continuera ensuite par la seconde partie du Tom. II. du traité anglois des fluxions de M. Maclaurin. Après quoi on pourra lire la quadrature des courbes de M. Newton, & ensuite le traité de M. Cottes, intitulé Harmonia mensurarum, imprimé à Londres en 1716. On trouvera dans les actes de Leipsic de 1718, 1719, &c. & dans le Tom. VI. des mem. de l'acad. de Pétersbourg, des memoires de Mrs Bernoulli & Herman, qui faciliteront beaucoup l'intelligence de ce dernier traité. On peut aussi avoir recours à l'ouvrage de Dom Walmessey, qui a pour titre' analyse des rapports, &c. & qui est comme un commentaire de l'ouvrage de M. Cottes. Dans ces ouvrages on ne pourra guere s'instruire que de la partie du calcul intégral, qui enseigne à intégrer ou a réduire à des quadratures les quantités qui ne renferment qu'une seule variable. Tout ce que nous avons sur la seconde partie, c'est - à - dire, sur l'intégation des différentielles à plusieurs variables, ne consiste qu'en des morceaux séparés, dont les principaux se trouvent épars dans le recueil des oeuvres de M. Bernoulli, & dans les memoires des académies des Sciences de Paris, de Berlin & de Pétersbourg. M. Fontaine de l'académie royale des Sciences, a composé sur cette matiere un excellent ouvrage qui n'est encore que manuscrit, & qui est rempli des recherches les plus belles, les plus neuves & les plus profondes. C'est le témoignage qu'en a porté l'académie dont il est membre. Voyez l'histoire de cette académie 1742.

Au reste sans avoir recours aux différens écrits dont nous avons fait mention plus haut, on peut s'instruire à fond du calcul intégral dans l'ouvrage que M. de Bougainville le jeune a publié sur cette matiere en deux volumes in - 4°. Il y a recueilli avec soin tout ce qui étoit épars dans les différens ouvrages dont avons parlé; il a expliqué ce qui avoit besoin de l'être, & a réuni le tout en un seul corps d'ouvrage qui doit faciliter beaucoup l'étude de cette partie importante des Mathématiques. Mademoiselle Agnesi, savante mathématicienne de Milan, avoit aussi déjà recueilli les regles de calcul intégral dans un ouvrage italien, intitulé institutioni analitiche, &c. mais l'ouvrage de M. de Bougainville est encore plus compler. (O).

Intégrale (Page 8:805)

Intégrale, s. f. (Géom. trans.) on appelle ainsi la quantité finie & variable, dont une quantité différentielle proposée est la différence. Ainsi l'intégrale de d x est x, celle de m xm - 1 d x est xm. Voyez Différentiel & Intégral. (O).

INTÉGRER (Page 8:805)

INTÉGRER, v. act. (Géom. transc.) c'est trouver l'intégrale d'une quantité différentielle proposée. (O).

INTEGRANT (Page 8:805)

INTEGRANT, adj. (Phys.) se dit des parties qui entrent dans la composition d'un tout. Elles different des parties essentielles en ce que les parties essentielles sont absolument nécessaires à la composition du tout, ensorte qu'on n'en peut ôter une sans que le tout change de nature, au lieu que les parties intégrantes ne sont nécessaires que pour la totalité, & pour ainsi dire le complément du tout. C'est ce qu'on entendra facilement par cet exemple: le bras n'est qu'une partie intégrante de l'homme; le corps & l'ame en sont des parties essentielles. (O).

INTEGRE, INTEGRITÉ (Page 8:805)

* INTEGRE, INTEGRITÉ, (Gram. & Morale.) la pratique de la justice dans toute son étendue & dans toute sa rigueur la plus scrupuleuse mérite à l'homme le titre d'integre. Voyez Justice. C'est la qualité principale d'un juge, d'un arbitre, d'un souverain. C'est dans le sacrifice de ses propres intérêts qu'on montre sur - tout son intégrité.. L'intégrité suppose une connoissance délicate des limites du juste & de l'injuste; & ces limites sont quelquefois bien déliées, bien obscurcies. Si on rapportoit à la notion du juste ou de l'injuste toutes les actions de la vie, & si l'on réduisoit, comme il est possible, toutes les vertus à la justice, il n'y auroit pas un homme qu'on pût appeller integre.

Les mots integre & intégrité ont encore quelques acceptions. Un ouvrage n'a pas son intégrité lorsqu'il n'est pas achevé. Les Juifs prétendent observer aujourd'hui même leur religion dans toute son intégri - [p. 806] . Quelques précautions que l'on prenne pour conserver les substances naturelles dans leur integrité, on y réussit difficilement; & un cabinet d'histoire naturelle seroit moins durable, & ne l'emporteroit guere en utilité sur un recueil de desseins peints par d'habiles maîtres. La matiere & la forme sont requises à l'intégrité du sacrement. Que sert à une vierge d'avoir conservé l'intégrité de son corps, si elle a négligé l'intégrité de son ame? Ces exemples suffisent pour fixer l'acception des mots integrité & intégrité.

INTELLECT (Page 8:806)

* INTELLECT, s. m. (Gramm. & Philosoph.) c'est l'ame en tant qu'elle conçoit; de même que la volonté est l'ame, en tant qu'elle a le desir ou l'aversion. Si une substance est capable de sensation, elle entendra, elle aura des idées. L'expérience lui apprendra ensuite à lier ces idées, à raisonner, à aimer, à haïr, à vouloir. L'intellect est commun à l'homme & à la bête; la volonté aussi. L'intellect de la bête est borné, celui de l'homme ne l'est pas. La bête ne veut pas librement; l'homme veut librement. L'homme est plus raisonnable; l'animal est plus sensible. Lorsque l'homme ne sent pas, il peut refléchir; lorsque la bête ne sent pas, elle ne peut refléchir, elle dort.

INTELLECTUEL (Page 8:806)

* INTELLECTUEL, adj. (Gramm.) qui appartient à l'intellect, à l'entendement. Les objets sont intellectuels ou sensibles. On comprend sous la classe d'intellectuels tout ce qui se passe au dedans de nous; & sous la classe de sensibles, tout ce qui se passe au dehors. Il y a entre les objets sensibles & les objets intellectuels, la différence de la cause & de l'effet.

On dit cependant intellectuel dans un sens opposé à matériel. Ainsi les anges sont des substances intellectuelles; l'ame est un être intellectuel. Dans le sommeil, dans l'extase, dans le transport des passions, les puissances intellectuelles sont suspendues; elles sont exaltées dans l'enthousiasme. Dans la contemplation des vérités purement abstraites, les puissances intellectuelles sont seules en action; elles agissent en concurrence avec les puissances sensibles, dans la contemplation des choses morales. On conçoit dans le premier cas; on aime ou l'on hait, en même tems que l'on conçoit, dans le second. C'est la raison pour laquelle il est plus doux de s'occuper de certains objets; & lorsqu'on dit que certaines vérités sont plus intéressantes, soit à rechercher, soit à méditer que d'autres; c'est que le coeur ou les organes intérieurs du desir & de l'aversion sont agités, dans le même tems que l'esprit s'en occupe. On refléchit, & l'on jouit. La situation la plus douce est celle qui résulte de l'action combinée de l'entendement, du coeur, & des organes destinés à la satisfaction des desirs; & il n'y a guere que l'amour capable de nous procurer cet enchantement où tant de causes agissent d'intelligence.

INTELLIGENCE (Page 8:806)

* INTELLIGENCE, s. f. (Gramm.) ce mot a un grand nombre d'acceptions différentes, que nous allons déterminer par autant d'exemples.

On dit cet homme est doué d'une intelligence peu commune, lorsqu'il saisit avec facilité les choses les plus difficiles.

Les rapports infinis qu'on observe dans l'harmonie générale des choses, annoncent une intelligence infinie.

Milton nous peint l'Eternel descendant dans la nuit, accompagné d'une foule d'intelligences célestes.

Un mauvais commentateur obscurcit quelquefois un passage, au lieu d'en donner l'intelligence.

Un pere de famille s'occupera particulierement à entretenir la bonne intelligence entre ses enfans.

Un grand politique se ménage dans toutes les cours des intelligences. Il en avoit dans cette place, lorsqu'il forma le dessein de l'attaquer.

Comment ne pas succomber, lorsque le coeur & l'esprit sont d'intelligence?

Sans intelligence, comment saisir les principes?

D'intelligence, on a fait intelligent, intelligible; & l'on a distingué deux mondes, le monde réel & le monde intelligible, ou l'idée du monde réel.

INTEMPÉRANCE (Page 8:806)

INTEMPÉRANCE, s. f. (Morale.) terme générique qui se prend pour tout excès opposé à la modération dans les appétits sensuels, & spécialement pour le vice contraire à la sobriété. Voyez Sobriété.

C'est assez de dire ici que l'intempérance prise en ce sens, change en poison les alimens destinés à conserver nos jours. Une vie sobre, réglée, simple & laborieuse, retient seule dans les membres de l'homme la force de la jeunesse qui, sans cette conduite, est toujours prête à s'envoler sur les aîles du tems. L'art de faire subsister ensemble l'intempérance & la santé, est un art aussi chimérique que la pierre philosophale, l'Astrologie judiciaire & tant d'autres. Enfin les remedes de la Medecine pour la guérison des maladies qui naissent de l'intempérance, ne sont eux mêmes que de nouveaux maux, qui affoiblissent la nature, comme plusieurs batailles gagnées ruinent une puissance belligérante.

L'appétit desordonné des plaisirs de l'amour, autre source de langueur & de dépopulation dans les états, s'appelle impudicité, incontinence. Voyez Incontinence. (D. J.)

Intempérance (Page 8:806)

Intempérance, (Medecine.) ce mot est employé quelquefois par les Medecins comme par les Moralistes, pour exprimer l'habitude d'user avec excès d'une ou de plusieurs des choses non naturelles. Voyez Non naturelles (Choses.) Mais il est pris beaucoup plus communément par les uns comme par les autres dans un sens moins général: il signifie selon son acception la plus ordinaire, un excès habituel dans l'usage du boire & du manger.

Cette erreur de régime est directement opposée à la tempérance ou à la sobriété. Voyez Tempérance, Sobriété.

L'intempérance est regardée avec raison par les Medecins comme la source la plus féconde des maladies de toute espece; cependant Hippocrate & Sanctorius, qui sont parmi les medecins anciens & modernes, ceux qui nous ont donné les observations & les loix diététiques les plus exactes, ne desapprouvent point, prescrivent même que les personnes qui jouissent d'une bonne santé se livrent de tems - en - tems à quelque excès de débauche; ils prétendent qu'on détermine utilement par ce secours des évacuations qui ramenent le corps à un état d'équilibre, de légéreté, de liberté qu'il perd peu - à - peu, lorsqu'on mene une vie trop uniforme; mais outre que cette loi ne paroît pas fondée sur des observations suffisantes; des excès rares ne constituent pas l'intempérance. Voyez Régime. (b)

INTEMPÉRIE (Page 8:806)

* INTEMPÉRIE, s. f. (Gram.) il ne se dit que de la mer, de l'air, du climat, des saisons, & des humeurs.

Il y a intempérie dans l'air, lorsqu'il est trop froid ou trop chaud, relativement à la saison. Voyez Air, Atmosphere.

Dans la mer, lorsque son agitation en rend la navigation périlleuse. Voyez Mer.

Dans un climat, lorsque les habitans en sont fatigués. Voyez Élément.

Dans les humeurs, lorsqu'il s'y excite un mouvement contraire à l'état de santé.

Dans les saisons, lorsqu'elles sont plus chaudes ou plus froides qu'on n'a coutume de les éprouver sous le climat.

A proprement parler, il n'y a point d'intempérie dans la nature; mais l'homme a imaginé ce terme.

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