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INSTERBOURG (Page 8:795)
INSTERBOURG, (Géog.) ville, district & bailliage de Lithuanie, dépendant de la Prusse brandebourgeoise, arrosé par la riviere d'Inster. On y fait une biere aussi forte que de l'eau - de - vie.
INSTIGATEUR (Page 8:795)
INSTIGATEUR, s. m. (Jurisprud.) signifie celui qui excite un autre à faire quelque chose. L'instigateur d'un crime est complice de celui qui l'a commis, & mérite aussi punition.
Instigateur signifie quelquefois un dénonciateur.
Voyez
INSTIGATION (Page 8:795)
INSTIGATION, s. f. (Jurisprud.) est lorsqu'on
excite quelqu'un à faire quelque chose, comme à
maltraiter quelqu'un, ou à commettre quelqu'autre
délit, à intenter un procès, ou lorsqu'on excite le
ministere public à poursuivre quelqu'un. Voyez
INSTILLATION (Page 8:795)
INSTILLATION, s. f. (Medecine.) terme de Pharmacie, signifie l'action d'appliquer quelque remede
liquide sur une partie fort sensible par gouttes; cela
se dit sur - tout des remedes que l'on applique sur les
yeux; tels sont les eaux ophthalmiques, les différentes
especes de collyre. Voyez
INSTINCT (Page 8:795)
INSTINCT, s. m. (Métaph. & Hist. nat.) c'est un mot par lequel on veut exprimer le principe qui dirige les bêtes dans leurs actions; mais de quelle nature est ce principe? Quelle est l'étendue de l'instinct? Aristote & les Péripatéticiens donnoient aux bêtes une ame sensitive, mais bornée à la sensation & à la mémoire, sans aucun pouvoir de réfléchir sur ses actes, de les comparer, &c. D'autres ont été beaucoup plus loin. Lactance dit qu'excepté la religion, il n'est rien en quoi les bêtes ne participent aux avantages de l'espece humaine.
D'un autre côté tout le monde connoît la fameuse hypothere de M. Descartes, que ni sa grande réputation, ni celle de quelques - uns de ses sectateurs n'ont pû soutenir. Les bêtes de la même espece ont dans leurs opérations une uniformité qui en a imposé à ces philosophes, & leur a fait naître l'idée d'automatisme; mais cette uniformité n'est qu'apparente, & l'habitude de voir la fait disparoître aux yeux exercés. Pour un chasseur attentif il n'est point deux renards dont l'industrie se ressemble entierement, ni deux loups dont la gloutonnerie soit la même.
Depuis M. Descartes, plusieurs Théologiens ont cru la religion intéressée au maintien de cette opinion du méchanisme des bêtes. Ils n'ont point senti que la bête, quoique pourvûe de facultés qui lui sont communes avec l'homme, pouvoit en être encore à une distance infinie. Aussi l'homme lui - même est - il très - distant de l'ange, quoiqu'il partage avec lui une liberté & une immortalité qui l'approchent du trone de Dieu.
L'anatomie comparée nous montre dans les bêtes des organes semblables aux nôtres, & disposés pour les mêmes fonctions relatives à l'oeconomie animale. Le détail de leurs actions nous fait clairement appercevoir qu'elles sont douées de la faculté de sentir, c'est - à dire, qu'elles éprouvent ce que nous éprouvons lorsque nos organes sont réunis par l'action des objets extérieurs. Douter si les bêtes ont cette faculté, c'est mettre en doute si nos semblables en sont pourvûs, puisque nous n'en sommes assurés que par les mêmes signes. Celui qui voudra méconnoître la douleur à des cris, qui se refusera aux marques sensibles de la joie, de l'impatience, du desir, ne mérite pas qu'on lui réponde. Non - seulement il est certain que les bêtes sentent; il l'est
Ces idées acquises successivement par la sensation & la réflexion, & représentées dans leur ordre par l'imagination & par la mémoire. forment le systeme des connoissances de l'animal, & la chaîne de ses habitudes; mais c'est l'attention qui grave dans sa mémoire tous les faits qui concourent à l'instruire; & l'attention est le produit de la vivacité des besoins. Il doit s'ensuivre que parmi les animaux ceux qui ont des besoins plus vifs ont plus de connoissances acquises que les autres. En effet on apperçoit au premier coup d'oeil que la vivacité des besoins est la mesure de l'intelligence dont chaque espece est douée, & que les circonstances qui peuvent rendre pour chaque individu les besoins plus ou moins pressans, étendent plus ou moins le systême de ses connoissances.
La nature fournit aux frugivores une nourriture qu'ils se procurent facilement, sans industrie & sans réflexion: ils sçavent où est l'herbe qu'ils ont à brouter, & sous quel chêne ils trouveront du gland. Leur connoissance se borne à cet égard à la mémoire d'un seul fait: aussi leur conduite, quant à cet objet, paroît - elle stupide & voisine de l'automatisme; mais il n'en est pas ainsi des carnassiers: forcés de chercher une proie qui se dérobe à eux, leurs facultés éveillées par le besoin sont dans un exercice continuel; tous les moyens par lesquels leur proie leur est souvent échappée, se représentent fréquem<pb-> [p. 796]
Le renard, beaucoup plus foible que le loup, est contraint de multiplier beaucoup plus les ressources pour obtenir sa nourriture. Il a tant de moyens à prendre, tant de dangers à éviter, que sa mémoire est nécessairement chargée d'un nombre de faits qui donne à son instinct une grande étendue. Il ne peut pas abattre ces grands animaux dont un seul le nourriroit pendant plusieurs jours. Il n'est pas non plus pourvu d'une vîtesse qui puisse suppléer au défaut de vigueur: ses moyens naturels sont donc la ruse, la patience & l'adresse. Il a toujours, comme le loup, son odorat pour boussole. Le rapport fidele de ce sens bien exercé l'instruit de l'approche de ce qu'il cherche, & de la présence de qu'il doit éviter. Peu fait pour chasser à force ouverte, il s'approche ordinairement en silence ou d'une perdrix qu'il évente, ou bien du lieu par lequel il sait que doit rentrer un liévre ou un lapin. La terre molle reçoit à peine la trace légere de ses pas. Partagé entre la crainte d'être surpris, & la nécessité de surprendre lui - même, sa marche toujours précautionnée & souvent suspendue décele son inquiétude, ses desirs & ses moyens. Dans les pays giboyeux où les plaines & les bois ne laissent pas manquer de proie, il fuit les lieux habités. Il ne s'approche de la demeure des hommes que quand il est pressé par le besoin, mais alors la connoissance du danger lui fait doubler ses précautions ordinaires. A la faveur de la nuit il se glisse le long des haies & des buissons. S'il sait que les poules sont bonnes, il se rappelle en même tems que les piéges & les chiens sont dangereux. Ces deux souvenirs guident sa marche, & la suspendent ou l'accélèrent selon le degré de vivacité que donnent à l'un d'eux les circonstan<cb->
On voit que les actions les plus ordinaires des bêtes, leurs démarches de tous les jours supposent la mémoire, la réflexion sur ce qui s'est passé, la comparaison entre un objet présent qui les attire & des périls indiqués qui les éloignent, la distinction entre des circonstances qui se ressemblent à quelques égards, & qui différent à d'autres, le jugement & le choix entre tous ces rapports. Qu'est - ce donc que l'instinct? Des effets, si multipliés dans les animaux, de la recherche du plaisir & de la crainte de la douleur; les conséquences & les inductions tirées par eux des faits qui se sont placés dans leur mémoire; les actions qui en résultent; ce système de connoissances auxquelles l'expérience ajoute, & que chaque jour la réflexion rend habituelles, tout cela ne peut pas se rapporter à l'instinct, ou bien ce mot devient synonyme avec celui d'intelligence.
Ce sont les besoins vifs qui, comme nous l'avons
dit, gravent dans la mémoire des bêtes des sensations
fortes & intéressantes dont la chaîne forme
l'ensemble de leurs connoissances. C'est par cette
raison que les animaux carnassiers sont beaucoup
plus industrieux que les frugivores, quant à la recherche
de la nourriture; mais chassez souvent ces
mêmes frugivores, vous les verrez acquérir, relativement
à leur défense, la connoissance d'un nombre de
faits, & l'habitude d'une foule d'inductions qui les
égalent aux carnassiers. De tous les animaux qui vivent
d'herbes, celui qui paroît le plus stupide est
peut - être le liévre. La nature lui a donné des yeux
foibles & un odorat obtus; si ce n'est l'ouie qu'il a
excellente, il paroît n'être pourvû d'aucun instrument
d'industrie. D'ailleurs il n'a que la fuite pour
moyen de défense: mais aussi semble - t - il épuiser
tout ce que la fuite peut comporter d'intentions &
de variétés. Je ne parle pas d'un liévre que des lévriers
forcent par l'avantage d'une vitesse supérieure,
mais de celui qui est attaqué par des chiens courans. Un vieux liévre ainsi chassé commence par
proportionner sa fuite à la vitesse de la poursuite.
Il sçait, par expérience, qu'une fuite rapide ne le
mettroit pas hors de danger, que la chasse peut être
longue, & que ses forces ménagées le serviront
plus long - tems. Il a remarqué que la poursuite des
chiens est plus ardente, & moins interrompue dans
les bois fourés où le contact de tout son corps leur
donne un sentiment plus vif de son passage, que sur
la terre où ses piés ne font que poser; ainsi il évite
les bois, & suit presque toujours les chemins; (ce
même liévre lorsqu'il est poursuivi à vue par un lévrier,
s'y dérobe en cherchant les bois). Il ne peut
pas douter qu'il ne soit suivi par les chiens courans
sans être vu: il entend distinctement que la poursuite
s'attache avec scrupule à toutes les traces de
ses pas? Que fait - il? après avoir parcouru un long
espace en ligne droite, il revient exactement sur ses
mêmes voies. Après cette ruse, il se jette de côté,
fait plusieurs sauts consécutifs, & par - là dérobe,
au moins pour un tems, aux chiens le sentiment de
la route qu'il a prise. Souvent il va faire partir du
gîte un autre liévre dont il prend la place. Il déroute
ainsi les chasseurs & les chiens par mille moyens
qu'il seroit trop long de détailler. Ces moyens lui
sont communs avec d'autres animaux, qui, plus
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