ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"755"> défendues par un canon du concile de Cognac, tenu en 1260. Malgré ces défenses, les abus subsisterent encore long - tems, & ne furent totalement abolis, du - moins en France, qu'après l'année 1444, où les docteurs de Sorbonne écrivirent à ce sujet une fort belle lettre adressée à tous les évêques du royaume.

INNOMBRABLE (Page 8:755)

* INNOMBRABLE, adj. (Gram.) qui ne se peut nombrer. L'acception de tous ces termes indéfinis varie dans l'esprit des hommes: pour un sauvage qui ne peut pas compter jusqu'à cinquante, l'innombrable commence au - delà de ce nombre.

INNOMINATI (Page 8:755)

* INNOMINATI les, (Hist. littéraire.) académiciens établis à Parme sous cette dénomination.

INNOMINE (Page 8:755)

INNOMINE, adj. en Anatomie, nom de différentes parties du corps humain, auxquelles les Anatomistes n'avoient point donné de nom.

La glande innominée, voyez Lacrymal.

Les os innominés, voyez Hanche & Iles.

Les nerfs innominés, voyez Trijumaux.

INNOVATION (Page 8:755)

INNOVATION, s. f. (Gouvernement politique.) nouveauté, ou changement important qu'on fait dans le gouvernement politique d'un état, contre l'usage & les regles de sa constitution.

Ces sortes d'innovations sont toûjours des difformités dans l'ordre politique. Des lois, des coutumes bien affermies, & conformes au génie d'une nation, sont à leur place dans l'enchaînement des choses. Tout est si bien lié, qu'une nouveauté qui a des avantages & des desavantages, & qu'on substitue sans une mûre considération aux abus courans, ne tiendra jamais à la tissure d'une partie usée, parce qu'elle n'est point assortie à la piece.

Si le tems vouloit s'arrêter, pour donner le loisir de remédier à ses ravages. . . . Mais c'est une roue qui tourne avec tant de rapidité; le moyen de réparer un rayon qui manque, ou qui menace! . . .

Les révolutions que le tems amene dans le cours de la nature, arrivent pas - à - pas; il faut donc imiter cette lenteur pour les innovations utiles qu'on peut introduire dans l'état; car il ne s'agit pas ici de celles de la police d'une ville particuliere.

Mais sur - tout, quand on a besoin d'appuyer une innovation politique par des exemples, il faut les prendre dans les tems de lumieres, de moderation, de tranquillité, & non pas les chercher dans les jours de ténebres, de trouble, & de rigueurs. Ces enfans de la douleur & de l'aveuglement sont ordinairement des monstres qui portent le desordre, les malheurs, & la desolation. (D. J.)

INNTHAL (Page 8:755)

INNTHAL, (Géog.) c'est à dire la vallée d'Inn, contrée d'Allemagne dans le Tirol, arrosée par la riviere d'Inn; Inspruck en est la capitale. (D. J.)

INOBSERVANCE, ou INOBSERVATION (Page 8:755)

INOBSERVANCE, ou INOBSERVATION, s. f. (Gram.) mépris, négligence, infraction des lois ou regles présentes. On dit l'inobservation des commandemens de l'Eglise, l'inobservation du carême, l'inobservance des constitutions d'un état.

INOCULATION (Page 8:755)

INOCULATION, s. f. (Chirurgie, Medecine, Morale, Politique.) ce nom synonyme d'insertion, a prévalu pour désigner l'opération par laquelle on communique artificiellement la petite vérole, dans la vue de prévenir le danger & les ravages de cette maladie contractée naturellement.

Histoire de l'inoculation jusqu'en 1759. On ignore l'origine de cet usage, dont les premiers medecins arabes sont peut - être les inventeurs. Il subsiste, de tems immémorial, dans les pays voisins de la mer Caspienne, & particulierement en Circassie, d'où les Turcs & les Persans tirent leurs plus belles esclaves. La Motraye, voyageur françois, l'y a vû pratiquer en 1712. C'est de - là vraissemblablement que cette coutume a passé en Grece, en Morée & en Dalmatie, où elle a plus de 200 ans d'ancienneté. Son époque n'a point de terme fixe en Afrique, sur les côtes de Barbarie, sur celles du Sénégal, ni dans l'intérieur du continent, non plus qu'en Asie, en divers endroits de l'Inde, particulierement à Bengale, enfin à la Chine, où elle a reçu une forme particuliere. Elle a été anciennement connue dans quelques parties occidentales de l'Europe, sur - tout dans la principauté de Galles en Angleterre; le docteur Schwenke l'a trouvée établie parmi le peuple en 1712, dans le comté de Meurs & le duché de Cleves en Westphalie. Bartholin en parle dans une lettre imprimée à Copenhague en 1673. On en trouve des vestiges dans quelques provinces de France, & particulierement en Périgord.

Il y a plus de 80 ans que l'inoculation fut apportée ou renouvellée à Constantinople par une femme de Thessalonique, qui opéroit encore au commencement du siecle présent, à peu - près de la même maniere qu'en Circassie. Cette femme & une autre greque de Philippopolis avoient inoculé très - heureusement dans la même capitale plusieurs milliers de personnes. Emmanuel Timoni & Jacques Pilarini, de la même nation, l'un premier medecin du grandseigneur, l'autre qui l'avoit été du czar Pierre, tous deux docteurs en l'université de Padoue, & le premier en celle d'Oxford, témoins l'un & l'autre pendant plusieurs années des succès constans des deux greques, adopterent cette pratique, & la firent connoître dans le reste de l'Europe. Timoni, par divers écrits latins publiés dans les transactions philosophiques au mois de décembre 1713, dans les actes des Savans de Leipsick en 1714, dans les éphémérides des curieux de la nature en 1717, dont l'un est rapporté par la Motraye à la suite de son voyage, comme l'ayant reçu du même Timoni au mois de Mai 1712; & Pilarini, par un petit ouvrage latin imprimé à Venise en 1715. Antoine le Duc, autre medecin grec, né à Constantinople, où lui - même avoit été inoculé, soutint une these en faveur de l'inoculation à Leyde en 1722, en recevant en cette université le bonnet de docteur, & publia une dissertation sur la même matiere. Tous attestent unanimement qu'ils n'ont jamais vu d'exemple d'un inoculé qui ait depuis repris la petite vérole.

Dès le mois de Février 1717, M. Boyer, doyen actuel de la faculté de Paris, dans une these soutenue à Montpellier, avoit osé dire & prouver, qu'il étoit plus à propos d'exciter par art une petite vérole bénigne, que d'abandonner à la nature une affaire de cette conséquence dans un cas où cette tendre mere sembloit se conduire en marâtre, &c.

La même année, ladi Vortley Montague, ambassadrice d'Angleterre à la Porte ottomane, eut le courage de faire inoculer à Constantinople son fils unique, âgé de six ans, par Maitland son chirurgien, & depuis sa fille à son retour à Londres en 1721. Alors le college des Medecins de cette ville demanda que l'expérience fût faite sur six criminels condamnés à mort. Après l'heureux succès de cette tentative, & d'une autre sur cinq enfans de la paroisse de S. James, la princesse de Galles fit inoculer à Londres, sous la direction du docteur Sloane, ses deux filles, l'une depuis reine de Dannemarck, & l'autre princesse de Hesse - Cassel, & quelques années après le feu prince de Galles à Hanovre. Mais tandis que les docteurs Sloane, Fuller, Broady, Schadwel, que l'évêque de Salisbury & plusieurs autres docteurs en Medecine & en Théologie confioient la vie de leurs enfans à l'inoculation, un medecin obscur & un apoticaire la décrioient dans leurs écrits, & un théologien prêchoit que c'étoit une invention du diable qui en avoit fait le premier essai sur Job. Le docteur Arbuthnot, sous le nom de Maitland, réfuta le premier par un écrit très - fort & très mesuré. Le mépris & le silence répondirent au théologien fanatique. [p. 756]

M. Jurin, docteur en Medecine, secrétaire de la société royale, recueillit avec soin, & publia pendant plusieurs années, dans les transactions philosophiques, & d'une maniere fort impartiale, le résultat des expériences de la nouvelle méthode, faites tant dans la Grande - Bretagne que dans la Nouvelle. Angleterre. Rebuté par les contradictions qu'il essuya, il se déchargea sur M. Scheuchzer de la continuation de ce travail, qui consiste dans une nombreuse collection de faits recueillis en différens lieux, attestés par des témoins connus & soigneusement discutés dans de longues listes d'inoculés, ainsi que de morts & de malades de la petite vérole naturelle, & dans des comparaisons raisonnées des unes & des autres. Ces pieces authentiques & le parallele qu'on peut faire par leur moyen des effets de l'une & de l'autre petite vérole, peuvent seules fournir des principes fixes, & servir de guide dans une recherche où la seule théorie pourroit nous égarer. Il n'est pas encore tems d'en tirer les conséquences.

L'écrit déja cité de Timoni sur l'inoculation, avoit été apporté en France en 1718 ou 1719 par le chevalier Sutton, précédemment ambassadeur d'Angleterre à la Porte, & la traduction en avoit été lûe au conseil de régence. Mais les succès de la nouvelle méthode ne furent bien connus parmi nous qu'en 1723, par une lettre imprimée que M. Dodart, premier médecin du Roi, se fit adresser par M. de la Coste, medecin françois, qui arrivoit de Londres. Outre un extrait fort bien fait des relations & calculs publiés jusqu'alors en Angleterre, cette lettre faisoit mention d'une consultation de neuf docteurs de Sorbonne en faveur des expériences de l'inoculation que l'auteur proposoit de faire à Paris. L'aveu de M. Dodart, le suffrage de MM. Chirac, Helvetius & Astruc, cités dans la même lettre, la these de M. Boyer, aujourd'hui doyen de la faculte, soutenue à Montpellier dès 1717, seroient plus que suffisans pour justifier les Medecins françois du reproche qu'on leur a fait de s'être de tout tems opposés à l'inoculation, quand on n'auroit pas vu depuis ce tems M. Senac premier medecin, M. Falconet medecin consultant du Roi, le célebre M. Vernage, M. Lieutaud medecin de Mgr. le duc de Bourgogne, & plusieurs autres, donner à cette méthode des témoignages publics de leur approbation. De quel droit attribueroit - on à tout un corps l'opinion de quelques - uns de ses membres, qui se croient obligés de proscrire sans examen tout ce qui leur paroît nouveau?

Quelques excès commis par de jeunes gens récemment inoculés, qui payerent leur imprudence de leur vie en 1723, fournirent un prétexte spécieux aux clameurs des ennemis de la nouvelle méthode, dont elles arrêterent les progrès à Londres & dans les colonies angloises. Le bruit qui s'en répandit en France & la mort de M. le duc d'Orléans régent cette même année, empêcherent les expériences qu'on se proposoit de faire. A peine ce prince eut - il les yeux fermés qu'on soutint dans les écoles de Medecine de Paris une thèse remplie d'invectives contre l'inoculation & ses partisans, & dont la conclusion étoit purement théologique: Ergo variolas inoculare nefas. Bien - tôt après, M. Hecquet, ennemi juré de toute nouveauté en Medecine, publia une dissertation anonyme, intitulée: Raisons de doute contre l'inoculation. Paris 1724. Sous ce titre si modéré, l'auteur se déchaînoit avec aveuglement contre la nouvelle pratique; son respect pour l'antiquité est son plus fort argument; & son plus grand grief contre l'opération qu'il proscrit, est qu'elle ne ressemble à rien en Medecine, mais bien plûtôt, ajoûte - t - il, à la magie. La relation des succès de la nouvelle méthode par M. Jurin, étoit la meilleure réponse qu'on pût faire aux déclamations de M. Hecquet. La traduction de l'ouvrage anglois par M. Noguet, medecin de Paris, ne parut qu'en 1725; elle étoit précédée d'une apologie de l'inoculation. Le journal des Savans n'en donna qu'un extrait très - superficiel & peu favorable, & ne parla qu'avec dédain & en passant, cette même année, de la lettre de M. de la Coste, publiée depuis deux ans. Celui - ci étant mort à - peu - près en ce tems, & M. Noguet ayant été placé medecin du roi à Saint - Domingue, où il est encore, l'inoculation fut oubliée en France.

Cependant elle faisoit de nouvelles conquêtes en Asie. Une lettre du P. Dentrecolles, missionnaire jésuite à Pekin, imprimée dans le recueil des lettres édifiantes & curieuses, tome XX. nous apprend qu'en 1724 l'empereur de la Chine envoya des médecins de son palais semer la petite vérole artificielle en Tartarie où la naturelle faisoit de grands ravages, & qu'ils revinrent chargés de présens. M. de la Condamine rapporte, dans son voyage de la riviere des Amazones, que vers ce même tems un carme portugais, missionnaire sur les bords de cette riviere, voyant périr tous ses indiens d'une petite vérole épidémique, presque toujours mortelle pour ces peuples, eut recours â l'insertion, qu'il ne connoissoit que par les gazettes, & sauva le reste de son troupeau. Son exemple fut suivi non - moins heureusement par un de ses confreres, missionnaire de Rionegro, & par un chirurgien de la colonie portugaise du Para, dont quelques habitans ont eu depuis recours au même expédient dans une autre épidémie.

En 1728, M. de Voltaire, dans une de ses lettres sur les Anglois, traita de l'inoculation en peu de mots, avec l'énergie & l'agrément que sa plume répand sur tout ce qu'elle effleure. Le moment n'étoit pas favorable: cette opération étoit alors négligée, même en Angleterre.

Une épidémie violente en releva l'usage dans la Caroline en 1738, & bien - tôt dans la Grande - Bretagne, où elle a marché depuis à pas de géant.

En 1746, des citoyens zélés de Londres firent une de ces associations qui ne peuvent avoir pour but que l'amour du bien public, & dont jusqu'ici l'Angleterre seule a donné l'exemple. Ils fonderent à leurs frais une maison de charité pour traiter les pauvres de la petite vérole naturelle, & pour inoculer ceux qui s'offriroient à cette opération. Depuis cette fondation, & depuis qu'on inocule les enfans - trouvés de cette capitale, les avantages de cette pratique sont devenus si palpables, les succès de M. Ramby, premier chirurgien de S. M. B. & de plusieurs célebres inoculateurs, si nombreux & si connus, que cette méthode n'a plus aucun contradicteur à Londres parmi les gens de l'art.

En 1748, M. Tronchin, inspecteur du collége des Medecins d'Amsterdam, introduisit l'inoculation en Hollande, & commença par la pratiquer sur son propre fils. Il en recommanda l'usage à Genève sa patrie, où elle fut adoptée en 1750. Deux des premiers magistrats de cette république en donnerent l'exemple sur leurs filles, âgées de seize ans. Leurs concitoyens les imiterent, & depuis ce tems la méthode de l'insertion y devint commune. Le public fut instruit de ses succès en 1725 par le traité de M. Butini, medecin de Montpellier aggrégé à Genève; & en 1753, par un mémoire de M. Guiot dans le second tome de l'académie de Chirurgie. Cette même année, au mois d'octobre, M. Gelée, docteur en Medecine, soutint à Caen une thèse en faveur de la petite vérole artificielle.

Ce fut aussi en l'année 1750 que l'inoculation pénétra dans le coeur de l'Italie. Il régnoit alors une violente épidémie sur la frontiere de Toscane & de l'état ecclésiastique. Tous les enfans y succomboient.

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